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ICONOCLASME


images et « que du mélange des luttes dogmatiques, artistiques, politiques dont elle fut l’occasion, sortit l’organisation définitive de l’Europe chrétienne au moyen âge ».

Autre conséquence, plus grave encore, de cette querelle. A la faveur de ces dissensions sans cesse ranimées auxquelles le peuple prenait nécessairement part, l’habitude du schisme, déjà trop familière aux Byzantins, ne fit que s’enraciner en eux plus profondément encore. Et si, malgré tout, une fête de l’Orthodoxie consacrait, le 11 mars 843, le triomphe de la doctrine catholique touchant le culte des images, il n’en restait pas moins que ces tristes querelles avaient achevé de préparer une rupture avec Rome, devenue ainsi inévitable. Vladimir Soloviev, La Russie et l’Église universelle, Paris, 1889, p. xliv sq., a dit de l’hérésie iconoclaste que « ce fut la plus violente, mais aussi la dernière des hérésies impériales. Avec elle, toutes les négations indirectes et masquées de l’idée chrétienne étaient épuisées. Après la condamnation des iconoclastes, le dogme orthodoxe fondamental (l’union parfaite du créateur et de la créature) était déterminé dans toutes ses parties et devenait un fait accompli. Mais le septième concile œcuménique, qui a achevé cette œuvre, avait été réuni sous les auspices du pape Adrien l" et avait accepté comme norme de ses décisions une épître dogmatique de ce pontife. C’était encore un triomphe de la papauté ; ce ne pouvait donc pas être « le triomphe de l’orthodoxie ». Ce dernier fut remis à un demi-siècle quand, après une réaction iconoclaste comparativement faible (celle de la dynastie arménienne), le parti des orthodoxes anticatholiques réussit enfin, en 842, à vaincre sans le secours du pape les derniers restes de l’hérésie impériale et à l’englober avec toutes les autres dans un anathème solennel. En effet, l’orlhodoxie byzantine pouvait triompher en 842 : sa lumière et sa gloire, le grand Photius, apparaissait déjà à la cour de la pieuse impératrice Théodora (celle qui fit massacrer cent mille hérétiques pauliciens) pour passer bientôt au trône des patriarches œcuméniques. Le schisme inauguré par Photius (867) et consommé par Michel Cérulaire (1054) était intimement lié au

« triomphe de l’orthodoxie » et réalisait complètement

l’idéal rêvé depuis le iv » siècle par le parti des orthodoxes anticatholiques. Le vrai dogme définitivement établi, toutes les hérésies condamnées sans retour et le pape devenu inutile, il ne restait qu’à couronner l’œuvre en se séparant formellement de Rome. C’était aussi la solution qui convenait le mieux aux empereurs byzantins, qui comprirent enfin qu’il ne valait pas la peine d’éveiller, par des compromis dogmatiques entre le christianisme et le paganisme, la susceptibilité religieuse de leurs sujets et de les jeter dans les bras de la papauté quand on pouvait très bien concilier une stricte orthodoxie théorique avec un état politique et social purement païen. Fait très significatif et pas assez remarf(ué : depuis 842, il n’y eut plus un seul empereur hcrétiqueou hérésiarque à Constantinople et la cancorde entre l’Église et l’État grecs ne fut pas une seule fois sérieusement troublée. Les deux pouvoirs se comprirent et se donnèrent la main ; ils étaient liés cnsemlile par une idée commune : la négation du christianisme comme force sociale, comme principe moteur du progrès historique. Les empereurs embrassèrent à tout jamais l’orthodoxie comme dogme abstrait et les hiérarques orthodoxes bénirent in smculit sœculorum le paganisme de la vie publique. » Théodore Sludite, le dernier grand catlioliquc de Byzance, availdonc jeté en vain au successeur de Pierre ce cri désespéré : « Sauve-nous, pasteur suprême de l’Église qui est sous le ciel, nous périssons I ilcôiov f, ; j.à ;. apy.-o !  ; xT|V tt] ; jr.’’jjç.av’jj’]LLr, ii’x ;, i-oÀAJasOa.

I. Sources.

lovctes conciliaires. Pour le VII « œcuménique, Mansl, Concil., t. xii et xni ; pour le concile iconoclaste de 815, Hetele, Hist. des conciles, trad. Leclercq, t.in, p. 1217 sq. ; D. Serruys, Les actes du concile iconoclaste de l’an 815, dans les Mélanges d’archéologie et d’hisloire, 1903, t. XXIII. — 2° Écrits théologiques contemporains : S. Jean Damascêne, les trois Apologies du culte des images, 11 pb : To-j ; S’.aôâÀAovTa ; tàç àyiaç eîLôvaç, P— G., t. xciv, col. 1231-1240. N’appartiennent pas à Jean les trois opuscules : De sacris imaginibus adversus Constantinum Cabaliniim, P. G., t. xcv, col. 309-344 ; Epistula ad Theophilum impcratorem, ibid., col. 345-385 (date de 845) ; Opuseulum adversus iconoclastas, P. G., t. xcvi, col. 1348-1361 (date de 771) ; Germain de Constantinople, Spisf. ad Thomam episc. Claudiopoleos, Mansi, t. xiii, col. 108sq. ; Nicéphore le patriarche, Antirrheticas « I-III « adv. Constant. Capron. et Apologelicus pro sacris imaginibus, dans Mai, Biblio-Iheca, t. v ; P. G., t. c, col. 206 sq. ; Pitra, Nicephori pa-Iriarchæ Opéra, d&ns Spieilegium Solesmense, t. i, p. 332-503 ; t. IV, p. 233-380 ; Kerameus, Nicéphorc patr., S-^jj.ooaov…, Anal.Hierosol, 1. 1, p. 454-460 ; Théodore Studite, Anlirrheticus, édit. Sirmond, v ; P. G., t. xcix, col. 327 sq. ; du même, lettres diverses, P. G., t. xcix, col. 903 sq. — 3° Documents historiques : Théophane, Chronographia (fait suite à celle de Georges le Syncelle), de l’an 284 à l’.an 813, édit. de Boor, 2 vol., Leipzig, 1883-1885, et P. G., t. cviii, col. 63 sq. ; cf. Hubert, Observations sur la Chronologie de Théophane, dans la Byzantinische Zeitschrifl, 1897, p. 471 sq. ; Theophanes continuatus (biographies des empereurs ayant régné depuis 813, continuation de Théophane), P. G., t. cix, col. 15 sq. ; Nicéphorc le patriarche, Breviariuni rerum post Mauritium gestarum, édit. de Boor, Lpipzig, 1880, et P. G., t. c, col. 995 sq. ; Léon le Grammairien, Chronicon, P. G., t. cvm ; Georges le Moine, Clironicon (s’arrête à la mort de Théophile en 842), édit. de Murait, Saint-Pétersbourg, 1859 ; P. G., t. ex, col. 41 sq. ; édit. de Boor. Leipzig, 1904 ; Joseph Genesios (x" s.), LiDre des Rois, P. G., t. cix. — 4° Vies de saints : Vila 1 Slephani Junioris, dans CoteUer, Monumenta Ecclesiæ græcæ, t. iv ; P. G., t. c, col. 1069-1185 ; Vita II Stephani Jim/oris, dans’L’LLriVrLô ; f.XnloyiyJii ry-jD.riyrj-. suppl. archéol. aux t. xxiv-xxvi, 1896, p. 71-79 ; Vita Andrex in Crisi, dans Ac(a sanctorum, octobris t. viii, p. 135 ; Vita Nicephori patricu-chæ, édit. de Boor, dans Nicephori arcliiepiscopi Conslanlinopol. opuscula historica, Leipzig, 1880, p. 139-217 ; Vila Theophanis Confessoris, édit. de Boor, dans la Chronogr., t. ii ; P. G., t. cviii, col. 9 sq., et d’après le cod. Monac, édit. ICrumbacher, dans Silzungsberichte der philos.-philol. und der hist. Klasse der K. bayerischen Akademie der Wissenschaflen, 1895, p. 389-399 ; Vila Tarasii patriarchæ, édit. Heikel, dans Ignalii diaconi Vita Tarasii archiepisc. Constantinop., extrait des Acta Societatis scient. Fennicæ, 1891, t. xvii ; Vitce Theodori Studitie (la première par Michel, la seconde par un Studite), P. G., t. xcix, col. 233-.328 et 113-232 ; Laudatio Platonis, par Théodore Studite, dans P. G., t. xcix, col. 804-849.

II. Travaux anciens.

J. Daillé, De la créance des Pères sur le fait des images, in-S », Genève, 1641 (trad. lat., Leyde, 1642) ; G. Morel, Traité de l’usage des images approuvées par le septième concile général de Nicée, avec le traité de saint Jean Damascêne des images, plus l’origine des icnnomaqucs, puis de Zonaras, le tout traduit du grec, in-S", Paris, 1562 ; S. Maiolus, Uistoriarum totius orbis omniumque temporum décades « XVI " pro defensione sacrarum imaginum, in-4°, Rome, 1585 ; J. Molanus, De historia sacrarum imaginum et picturarum, pro vero earum irsu contra abusus, libri IV, in-4°, Louvain, 1594, dans Zaccaria, Thésaurus théologiens, nG2, t. ix, p. 402-561 ; et édit. Paquot, in-4, Louvain, 1771 ; N. Alexandre, De iconoclastarum hæresi disserlalio, dans Zaccaria, Thésaurus theol., 1762, t. IV, p. 64-83 ; L. Maimbourg, Histoire de l’hérésie des iconoclastes et de la translation de l’empire aux l’rançais, in-4, Paris, 1674 ; 2 édit., 1675 ; 2 in-12, 1078 ; 2 in-16, 1683 ; 3e édit.. 2 in-12, 1679 ; trad. en hollandais, en italien, m polonais ; Talhot, Ilistoria iconoclastarum, in-S", Paris, 1674 ; Fr. Spanhciin, Ilistoria imaginum restituta, in-8°, Leyde, 1686 ; Philadclphiiis Libicus, De sacris imaginibus dissertatio, dans Calogcra, Raccolta d’opusroli, 1750, t. XLli, p. 1-186 ; t. xuii, p. 1-110 ; Wietrowski, Ilistoria de lurresi iconoclastarum in compendium reducla, in-12, Prague, 1722 ; in-fol., 1723 ; Waltsgott, /)c iconolalria christianoriim idololatrica. in-i". Halle, 17.56 ; Walch, Kelzrrhistorie, 1782, t. ix ; Schlosscr, Geschirhle der BildersIUrmrnden Kaiser des ai-Irômischen Beiches, in-8°, Francfort, 1812 ; Marx, Der Bil-