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ICONOCLASME


quelques-uns avaient assisté aux réunions d’Hiéria, tandis que d’autres restaient sous l’influence difficile à effacer de leur maître Constantin. Le patriarche Paul IV lui-même, en prenant possession de son siège le 20 février 780, avait prêté le serment iconoclaste qui l’enchaînait à l’hérésie. L’armée enfin, pleine d’admiration pour deux princes qui l’avaient menée à la victoire, animée en même temps d’une haine sectaire que les milieux hétérodoxes où elle se recrutait n’avaient pas de peine à nourrir, l’armée restait hostile aux images et aux moines.

Entre 781 et 784, la prudente Irène avait commencé par faire élire plusieurs prélats iconophiles. Théophane, an. 6268. Puis le 31 août 784, elle obtenait du patriarche Paul IV mourant la rétractation solennelle de ses erreurs et l’anathènie aux hérétiques. A Paul IV succédait, le 25 décembre de la même année, le secrétaire impérial Taraise, qui, sans tarder, condamnait les décisions doctrinales d’Hiéria, s’appliquait à regagner à la vérité la majorité des Constantinopolitains, et, heureuse initiative, demandait un concile général.

Cette demande entrait pleinement dans les vues d’Irène, qui, le 29 août 785, envoyait une ambassade au pape Hadrien pour lui proposer la convocation du concile en question. Mansi, t. xii, col. 984-986 ; Théophane, an. 6276, 6277 ; Yila Tarasii patriarch., édit. Heikel, dans Ignatii diaconi Vila Tarasii archiepiscopi ConslanlinopoUiani. Acla Socielatis scienliarum Fennicêe, t. xvii (1891), p. 397, 18-401, 19. Elle disait même au pontife : « Dieu, qui veut nous conduire tous à la vérité, demande que votre paternelle sainteté paraisse elle-même à ce concile et vienne jusqu’à Constantinople, pour confirmer les anciennes traditions au sujet des vénérables images. » Mansi, loc. cil. Le pape répondit à Irène et à Constantin VI par une lettre latine détaillée, Mansi, loc. cil., et col. 1055-1072. où il exprimait sa joie de voir les empereurs revenus à l’orthodoxie et les félicitait de leur zèle à rétablir le culte des images. Dans la dernière partie de sa réponse, Hadrien se montrait fort étonné cependant que la lettre impériale sollicitant la confirmation de l’élection de Taraise, eût donné à ce dernier le titre d’universalis palriarcha. Taraise avait, suivant l’ancienne coutume, envoyé au pape une synodica ; le pontife romain se réjouissait de la profession orthodoxe qu’elle contenait même à l’égard des saintes images, mais par contre il avait été attristé de ce que, de simple laïque et de soldat encore botté (apocaligus), Taraise fût subitement devenu patriarche. Cette manière d’agir était en opposition avec les saints canons, et le pape ne pouvait ratifier sa consécration s’il n’était un fidèle coopératcur pour relever le culte des saintes images. Hefele, op. cit., t. iii, p. 748 sq.

Le nouveau patriarche de Constantinople n’avait pas manqué de notifier aussi aux trois hiérarques melkites la nouvelle de son élévation ; en outre, il les avait priés d’envoyer chacun deux représentants. Malheureusement les courriers byzantins n’ayant pu arriver jusqu’aux patriarches, à cause de l’hostiHté -des.rabes, ils n’amenèrent d’Orient que deux sj’ncelles appartenant l’un à.Mexandrie et l’autre à Antioche. Mansi, t. xii, col. 1128 sq. Quant aux délégués de Rome, ce furent deux apocrisiaircs désignés par le pape en personne, l’archiprêtre romain Pierre, le prêtre et abbé Pierre de Saint-Sabas.

La séance d’ouverture du VU » concile œcuménique eut lieu le 1 7 août 786, dans l’église des Saints-Apôtres, à Constantinople..Mais dès cette première réunion, une émeute militaire éclata, qui obligea les souverains à dissoudre le concile. Ce fut une joie pour les évêques iconoclastes, qu’on entendit s’écrier : « Nous avons vaincu. » Théophane, an. 6278 ; Théodore

Studite, Laudatio Platonis, P. G., t. xax, col. 804-849, n. 24 ; Vila Tarasii, p. 403, 34 ; Mansi, t. xii, col. 1000, 1016. Beaucoup d’évêques s’en allèrent et les légats du pape les imitèrent. La joie des iconoclastes ne fut cependant pas de longue durée. Irène ne fit que temporiser. On la vit en septembre se rendre au camp de Malagina en Thrace et là, par un beau coup de main, désarmer et licencier les troupes mutines ou suspectes. Cela fait, des courriers partirent, en mai 787, dans toutes les directions de l’empire, convoquant les évêques à un nouveau concile, non plus à Constantinople encore peu sûre, mais à Nicée, ville assez rapprochée de la capitale. Et le 24 septembre de cette même année, dans l’église Sainte-Sophie de Nicée, devant les légats romains de retour, plus de trois cents évêques tenaient la première session du concile définitif. Vila Tarasii, p. 404, 21 ; Théophane, an. 6279.

Des huit sessions de ce concile, la quatrième, la sixième et la septième sont les plus intéressantes au point de vue dogmatique. La quatrième (i" octobre 787) est destinée à prouver par la sainte Écriture et par les Pères, la légitimité du culte des images ; après l’anathème jeté aux iconoclastes, on y propose le décret dogmatique ; le concile y prend le titre de saint et d’œcuménique, déclarant qu’il est réuni à Nicée par la volonté de Dieu et sur l’ordre de la nouvelle Hélène, Irène, et du nouveau Constantin. Mansi, t. xiii, col. 130. La sixième session (5 ou 6 octobre) apporte à l’ordre du jour l’oooç du conciliabule d’Hiéria (753) et sa réfutation ; les prétentions des évoques iconoclastes y sont vigoureusement condamnées, et leurs sophismes mis à nu. Mansi, t. xiii, col. 205-364. Dans la septième session (13 octobre), lecture est donnée par Théodore de Taurianum, de l’ooo ; du présent concile. Le décret conciliaire répète le symbole de Nicée et de Constantinople sans le Filioque, prononce l’anathème contre Arius, Macédonius, et leurs partisans, reconnaît la doctrine d’Éphèse touchant Marie, mère de Dieu, confesse avec les Pères de Chalcédoine le dogme des deux natures dans le Christ, condamne avec le V" concile les erreurs d’Origène, d’Evagrius et de Didyme (sans dire mot des Trois Cliapilres), professe avecle VI « concile œcuménique la doctrine des deux volontés dans le Christ, et déclare conserver intactes les traditions écrites et non écrites, sans en excepter la tradition relative aux images. Il termine ainsi : « Les représentations de la croix et les saintes images, qu’elles soient peintes, sculptées, ou de quelque matière que ce soit, doivent être placées sur les vases, les habits, les murs, les maisons et les chemins ; par ces images, nous entendons celles de Jésus-Christ, de sa mère immaculée, des saints anges et de tous les saints personnages. Plus on regardera ces images, et plus le spectateur se souviendra de celui qui est représenté, s’efforcera de l’imiter, se sentira excité à lui témoigner respect et vénération {’m-y.cy.’i’/ L%<. T’. ; j.ï, Tv.ï, v —y>TL’yjf, nr/), sans lui témoigner toutefois une latrie proprement dite (t>, v àLï/i’.vï, LxTor.av) qui ne convient qu’à Dieu seul ; mais il leur offrira, en signe de sa vénération, de l’encens et des lumières, ainsi que cela a lieu pour l’image de la sainte croix et pour les saints Évangiles (pour les lÎTrcs), et pour les vases sacrés ; telle était la pieuse coutume des anciens, car l’honneur témoigné à une image revient à celui qu’elle représente. Quiconque vénère une image (-^.o’jLj/i :) vénère la personne qui y est représentée. Si quelqu’un pense et enseigne autrement et condamne ce que l’Église consacre, soit le livre des Évangiles, ou l’image de la croix, ou une image quelconque, ou des reliques d’un martyr, ou si quelqu’un travaille à détruire les traditions de l’Église catholique, ou emiiloie à des usages profanes les vases sacrés ou les monastères qu’on doit respecter,