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HYTOSTATIQUE (UNION) — II Y l’OTIIÈQUE
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ICONOCLASME


main, sous prétexte de détruire les images, sur les vases sacrés, les ornemeuts sacerdotaux, les linges liturgiques et autres objets du culte. Ibid., col. 329-332.

V. La persécution de Constantin "V (761-775). — On a tenté de faire du Copronyme un des grands empereurs byzantins, comme on s’est essayé à réhabiliter les basileis iconoclastes en général. C’est la thèse bien connue de l’historien grec Paparrigopoulo, Histoire de la civilisation hellénique, Paris, 1878. Cette œuvre de réaction historique, assez délicate, n’a pas été sans tomber dans l’exagération. Le travail de M. Lombard, Constantin V, empereur des Romains (740-775), dans la Bibliothèque de la faculté des lettres, Paris, 1902, en est la meilleure preuve. « Si l’on comprend dans une certaine mesure, écrit le P. Pargoire, que l’Isaurien, une fois engagé, ait cru devoir à son impérial orgueil de poursuivre, d’ailleurs très modérément, la lutte entamée, on comprend moins que le Copronyme, point lié par l’initiative de son père et averti par l’insuccès de l’expérience faite, ait jugé bon de rouvrir l’affaire, d’y épuiser son indomptable énergie, d’y sacrifier la tranquillité et la vie de ses sujets. Rien, à tout le moins, ne l’excuse de s’être porté à dogmatiser contre l’épiscopat tout entier, même celui que son influence avait fait si iconoclaste, et d’être allé, lui, prince orthodoxe, déterrer du pied dans la nécropole des vieilles hérésies je ne sais quelles opinions saugrenues contre la Vierge et les saints. » Compte rendu de la thèse citée de A. Lombard, dans Vizant. Vremeny., t. xi (1904), p. 154 sq.

Armé des décrets conciliaires d’Hiéria et d’une haine farouche, Constantin V déclare la guerre aux iconophiles. On le voit jeter les reliques à la mer, à commencer par celles de sainte Euphémie. Théophane, an. 6258. Non content de détruire les saintes images, il les fait remplacer çàetlà par des peintures d’oiseaux et de paysages qui donnent aux édifices du culte des airs de volières et de vergers. Vita I Stephani Junioris, col. 1120. Plusieurs de ces édifices se transforment en casernes ou en écuries ; d’autres sont abattus et sur leurs emplacements s’élèvent des dépôts de fumier. Théophane, an. 6259 ; Nicéphorele patriarche, col. 493. La guerre aux saints tourne bientôt à la folie : tout ce qui parle d’eux doit disparaître, tout, jusqu’à l’épithète de ay.o :, que l’on supprime même dans les expressions topographiques. Aducrsus Constantinum Cabal., n. 21 ; Vita I Stephani Junioris, col. 1144 ; Vita Nicelæ Med., n. 28. Cependant les ordres de l’empereur ne rencontrent pas partout la soumission. "Autant l’épiscopat s’était fait docile, autant le monachisme montrait de hardiesse à défendre la cause des saintes icônes. En punition de cette iconophilie et aussi peut-être à cause du nombre important de recrues qu’il soustrayait à l’armée, Constantin lui voua une haine implacable. Déclarant le mot de moine aussi indigne d’être prononcé que celui de saint, il ne désigna jamais les religieux qu’en disant : « ces néfastes ». Pour éteindre leur maudite engeance, il porta la peine de mort contre les supérieurs qui recevraient des novices. Vita Nicetæ Med., n. 29 ; Breviarium. p. 71, 72 ; Nicéphore le patriarche, col. 524 ; Vita I Stephani Junioris, col. 1112, 1136, 1137. Pour imposer l’observation de cet édit, pour imposer aussi la définition dogmatique de 753, il fit des martyrs. » Pargoire, L’Église byzantine, p. 259.

C’est en 761 que s’ouvre la persécution. Le 16 mai de la même année, en effet, périt un reclus des Blakhernes, Pierre le Calybite, Aeta sanctorum, maii t. III, p. 625 ; octobris t. viii, p. 128 ; en juin (d’après Acia sanctorum, junii 1. 1, p. 402), c’est Jean de Monagria qui est cousu dans un sac et jeté à la mer. Le 28 novembre 764 voit mourir Etienne le Jeune, cf.

Clugnet et Pargoire, Vie de saint Auxence et mont Saint-Auxence, Paris, 1904. p. 47-55 ; le 20 novembre

766, André le Cretois. Paul de Crète, Paul le Jeune, Acta sanctorum, octobris t. ^T^, p. 127, sont aussi des martyrs de cette époque. La prison du Prétoire, où s’entassent les victimes, compte jusqu’à 342 moines, tous plus ou moins mutilés. Vita I Stephani Junioris, col. 1160. Et qui racontera toutes les scènes ignobles dont Constantinople et les provinces offrent le scandale ? A la fin de 764, on voit le patriarche Constantin monter à l’ambon et jurer sur la vraie croix qu’il renonce aux images, ce qui ne l’empêche pas d’encourir la disgrâce du basileus, et peu après d’être exilé et décapité. Et c’est un eunuque qui le remplace ! Théophane, an. 6258. Un autre jour, le 21 août 765, l’Hippodrome offre le spectacle odieux de moines donnant chacun la main à une femme et défilant ainsi sous les huées de la populace. Théophane, an. 6257 ;. Nicéphore de Constantinople, Breviarium, p. 74 ; Nicéphore le patriarche, col. 524. L’année suivante, c’est toute une bande de sinistres mandataires que le persécuteur envoie aux iconophiles des provinces. Parmi eux se distingue le stratège des Thrakésiens, Lakhanodracon.

« Mieux que ses collègues, Lakhanodracon

sut répondre aux désirs du maître. En allant rejoindre son poste, il saccagea le couvent de Pélécète et traîna trente-huit de ses moines au martyre. Arrivé chez lui, il réunit tous les religieux et religieuses de son gouvernement dans la plaine d’Éphèse et leur enjoignit, sous les peines les plus graves, d’avoir à se marier entre eux, séance tenante. Après quoi, débarrassé des récalcitrants par l’exil, il livra les images à la destruction, les reliques au feu, les monastères au pillage et bientôt, dans le thème des Thrakhésiens, plus un seul vestige de vie religieuse ne resta. Chronographia, an. 6258, 6263 ; Vila I Stephani Junioris, col. 11641165. » Pargoire, L’Église byzantine, p. 261.

VI. La réaction iconophile. Le VII® coNaLE ŒCUMÉNIQUE, II « DE NicÉE (787). — Le 14 septembre 775, Constantin V mourait, laissant l’empire à son fils Léon IV Khazare. Cet événement allait marquer le déclin de la persécution. Le nouveau basileus, malgré son attachement aux doctrines iconoclastes, aimait la compagnie des moines et appliquait assez mollement les anciens décrets. A le voir sévir contre certains fonctionnaires iconophiles, on put craindre un moment un retour à la politique sanguinaire du règne précédent. Le parakimomène Théophane, l’une de ses victimes, avait à peine succombé que Léon TV mourait lui-même le 8 septembre 780. Théophane, an. 6272. Constantin VI, son fils unique, n’avait que six ans : Irène, sa veuve, allait prendre les rênes du gouvernement. Or Irène était une amie passionnée des icônes. De beaux jours s’annonçaient pour l’orthodoxie.

Celle-ci, d’ailleurs, H’avait jamais été vaincue. En 763, le jour de la Pentecôte, on avait vu les patriarches Cosinas d’Alexandrie, Théodore d’Antioche et Théodore de Jérusalem, en communion avec Rome, crier, du haut de l’ambon, anathème à l’hérésie byzantine. Mansi, t. xii, col. 680 ; Vita Joannis cpiscopi Gothiae, dans Acta sanctorum, junii t. ^^I, p. 167, note 2. En

767, un concile tenu à Jérusalem et représentant les trois mêmes sièges, s’était prononcé dans le même sens. Mansi, t. xii, col. 272. Enfin, en 769, d’accord avec ses prédécesseurs, surtout Grégoire II et Grégoire III, Etienne III avait consacré la quatrième session d’un synode célébré au Latran, à examiner et à condamner l’œuvre d’Hiéria. Mansi, t. xii, col. 720, 721, 722, 900 ; Liber pontificalis, t. i, p. 476, 477.

Cepei’.dant l’impératrice Irène allait se heurter dans son œuvre à de sérieux obstacles. Elle devait compter avec l’iconophobie d’un grand nombre d’évêques, dont