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ICONOCLASME


Sur ces entrefaites, le basileus met à exécution le projet, qu’il nourrit depuis quelque temps, d’agrandir et de fortifier le patriarcat conslaiilinopolitain. L’Isaurie, son pays natal, est détachée d’Antioche par décret impérial et, avec la métropole de Séleucie et environ une vingtaine d’auttes sièges, réunie à Constantinople ; ses prétentions annexionnistes s'étendent jusqu'à l’illyricum, qu’il espère soustraire à la juridiction de Rome. Cf. Duchesne, L’illyricum ecclésiastique, dans Églises séparées, Paris, 1905, p. 229-279. En attendant, furieux de la sentence conciliaire, il s’empare des revenus que l'Église romaine retire du patrimoine de saint Pierre, en Sicile et dans les provinces méridionales. Le légat pontifical qui doit lui remettre les décrets portés par le concile est arrêté et jeté dans une prison de Sicile. Enfin, la rage au cœur, Léon équipe une flotte, la dirige sur l’Italie, avec mission de vaincre les résistances du pape et des populations italiennes. La flotte sombre dans l’Adriatique, et l’empereur s’en venge sur les Siciliens et les Calabrais, qu’il charge d’impôts. Représailles d’un homme impuissant : mieux vaut pour lui désormais se contenter de consolider son œuvre. Cette œuvre, il la confie en mourant, le 18 juin 740, à son fils Constantin V Copronyme, qui la continuera avec une ardeur égale, mais avec plus de cruauté. Mansi, t. xii, col. 299 ; Théophane, Chronographin, un. 6224. IV. Le conciliabule iconoclaste d’Hiéria (753). — Constantin V Copronyme s’employa, dès son accession au trône, à propager la doctrine paternelle. Le conflit devint plus aigu que jamais : on pouvait se croire revenu aux plus mauvais jours des anciennes persécutions. Mal en prit toutefois au jeune basileus de cette politique sanguinaire. Son lieau-père, le général Artavasde, s’appuyant sur les orthodoxes et profitant de l’impopularité du gouvernement iconoclaste, lève l'étendard de la révolte, se déclare le protecteur des saintes icônes et enlève Constantinople à Copronyme. Anastase, l’ignoble Anastase, ne fait pas de diiïicultés à changer d’opinion et de maître ; il couronne le rebelle, et rétablit immédiatement les images. Son revirement est complet, lorsqu’il excommunie Constantin, comme hérétique et renégat. Mais celui-ci, marchant sur sa capitale, la reprend, et, après avoir infligé à Artavasde un châtiment exemplaire, punit également Anastase, dont il n’a pas de peine à obtenir le retour à l’iiérésic (novembre 742). Il était de bonne politique de consolider les résultats obtenus plutôt que d’en chercher de nouveaux. A cet eflet, l’empereur s’en tient pendant plusieurs années à la tolérance relative dont Léon 111, son père, avait dû s’accommoder. Cependant, eu 752, le moment lui semble venu de demander à l'épiscopat vendu à sa [lersonne la décision doctrinale et les analhèines qui l>euvent appuyer les décrets de réprcs.sion de l'État. De petites assemblées préparatoires se réunissent çà et hi, dont les résultats satisfont de tout point les vues de l’empereur. Théophane, Chronograpliia, an. (3244. Puis c’est le grand concile projeté qui s’ouvre, le 10 féTier 753, au palais impérial d’Hiéria, dans la banlieue bilhynienne de Constantinople. Trois cent I rente-huit évoques y prennent part et bicn que les patriarcats d’Antioche, de Jérusalem et d.Alexandrie, non plus que le pape, n’y soient représentés, ilse pro<lame (jecuménjque. A défaut du patriarche Anastase, mort depuis quelques mois, c’est Théodose Apsimar (l'Éphèse, le coiilident de Léon III, qui prend la présidence. Constantin de Nacolia n’est plus, ni Thomas de Claudiopolis, mais l’un et l’autre ont d’heureux ( onlinuatenrs dans Sisiniiins Pastillas de Pcrgé en l’amphylie et dans Basile Tricacabos d’Antioche en Pisidic. Mansi, t. xii, col. 1010 ; Théophane, Chronoijraphiu, an. 6245 ; Aduersus Conslunliniim Cttbalin.,

n. 15, P. G., t.xcv, col. 332 : Vila I Slephani Junioris P. G., t. c, col. 1121 ; Nicéphore de Constantinople, Breviarium, p. 65, 66.

On a peu de renseignements sur la marche du concile Les actes en sont perdus et nous n’avons son opo ; ou décision finale, suivie des anathématismes, que par les actes du VIP concile œcuménique. Mansi, t. xiii. col. 208-356. On notera que le siège patriarcal, laissé vacant par la mort d’Anastase, n’avait pas reçu de titulaire avant l’ouverture du synode, sans doute pour attirer plus facilement aux vues de l’empereur les ambitieux. Cependant aucun des chefs iconoclastes ne fut élu. Le 8 août, l’assemblée s'étant transportée à Sainte-^Iarie des Blakhernes, le choix impérial désigna Constantin, ex-évêque de Sylée en Pisidie, un homme qui était semblable au basileus et par le nom et par les mœurs, un çaToiav/Ti ; plutôt qu’un -aToiâp/ïj ;. Théophane, Chronograpliia, an. 6245 : Nicéphore, . Bri’uiariiim. p. 05 ; Vila I Slephani Junioris, col. 1112. Enfin, le 28 du même mois, eut lieu sur le forum la proclamation solennelle des décrets conciliaires. Dans la discussion dogmatique qu’ils contenaient, il faut relever la raison invoquée par les évêques iconoclastes pour établir l’impossibilité de peindre des images de Jésus-Christ en particulier. Ou l’on prétend, disait-on. représenter tout Jésus-Christ, homme et Dieu, et alors on circonscrit la divinité et l’on confond les natures ; ou bien on ne figure que l’humanité, et, dans ce cas. on divise ce qui doit être uni, on fait un corps àOéwtov et l’on tombe dans le nestorianisme. Mansi, loc. cit.. col. 252-260. On ajoutait que l’eucharistie est l’unique image que le Sauveur nous ait donnée de lui-même. Ibid., col. 261-264. Quant aux images de la Vierge et des saints, on prétendait suivre la seule et véritable doctrine de l'Église, en les repoussant comme des idoles et en considérant leur culte comme une forme d’idolâtrie. Ibid.. col. 273. Pour appuyer ces déclarations, on mettait en avant de nombreux textes, scripturaires et patristiques, habilement choisis et tronqués. Conclusion pratique : « Nous décrétons, disait-on, que, dans les églises des chrétiens, toulc image matérielle et toute peinture doit être enlevée comme une chose odieuse et abominable. » Ibid., col. 323. « Que personne désormais n’ose plus commettre un acte aussi impie et aussi néfaste que la fabrication d’une icône. Quiconque à l’avenir osera en faire une ou l’adorer, ou la placer dans une église ou la cacher dans une demeure particulière, sera déposé s’il est évêque ou prêtre, anathématisé s’il est laïque ou moine. Il sera puni par les lois impériales comme rebelle aux commandements de Dieu, et ennemi de la doctrine des Pères. » Ibid., col. 327. Si*ivaient les anajthèmes reproduisant, sous la forme qui leur est propre, les décisions doctrinales. Le dernier était porté contre les grands iconophiles, Germain de Constantinople, deorges de Chypre et surtout Mansour, surnom donné ; saint Jean Daniascènc (le synode, par un jeu de mots grecs, déclarait que la Trinité les avait emportés tous les trois : /, -.y.'i ; toi- : Tc : '. ; LT.')- :.I. : ', ). Ibid.. col. 356. On notera avec intérêt qu’en raison sans doute de certaines dispositions inquiétantes de l’empereur, le conciliabule de 753, en (iépit de son iconophoble, reconnut très haut la légitimité de l’invocation et la puissance de rintcicession de la Vierge et des saints. Ibid..vo. 345-348. Constantin ne parlait pas moins que de rejeter le culte des reliques et l’invocation des saints ; il aurait même pensé à nier la maternité divine de Marie. Théophanc, an. 6255. 6258, 6258> : Nicéphore patr., Opern. /'. G., t. c. col. 341 ; V17fï.icctiv Mcdicirnsis, dans.Acta sanctonim, aprilis t. i, ad app., p. xxiv, n. 28. C’est aussi pour réprimer la cupidité plutôt que le /("le de certains indélicats, que le synode défendit de mettre la