Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée
573
568
HYTOSTATIQUE (UNION) — II Y l’OTIIÈQUE

579

ICONOCLASME

580

des inahométans. On prétend que le calife Soliman (714-717) favorisa sa noniinalion et que son successeur, Omar II (717-720), essaya de lui inculquer la doctrine du Prophète. Léon III voulut d’abord préluder à l’abolition des images par les voies de la persuasion ; mais plus tard, quand la résistance dépassa son attente, il recourut à la force et commit les plus graves attentats contre la liberté de conscience. Il révéla sa cruauté dès l’an 722, en contraignant les juifs à recevoir le baptême, en réduisant par des mesures barbares les montanistes (ou manichéens) au désespoir et plusieurs au suicide. Énergique, mais sans expérience dans les choses religieuses, dépourvu de toutes les qualités requises dans un réformateur de l’Église, conseillé par des prêtres nourris de préjugés étroits, Léon ne s’effrayait pas d’une lutte qui allait accroître la confusion dans son empire et ébranler puissamment la paix, d’autant plus qu’il n’était pas facile d’amener la majorité du clergé et surtout des moines, ni la masse du peuple, à renoncer au culte des images, si profondément enraciné. » Hergenrœther, Histoire de l’Église, trad. Bélet, t. iii, p. 57-58.

Dans l’-épiscopat oriental des premières années du vme siècle, un important parti iconomaque se rencontre, dont les membres jouissent auprès de l’empereur d’un puissant crédit. Parmi ces évêques, on remarque Théodore d’Éphèse, fils de Tibère II, conseiller secret, Thomas de Claudiopolis et Constantin de Nacolia en Phrygie ; ils ont avec eux le patrice Besser, renégat de Syrie redevenu chrétien. Mansi, t. xii, col. 967 ; t. xiii, col. 100, 105, 108. Le mouvement d’hostilité contre les images se dessine dès l’année 725 ; d’accord avec les trois évêques, Besser paraît d’abord en avoir l’initiative. Constantin de Nacolia, déjà sévèrement blâmé par son métropolite Jean de Synnade, se rend à Constantinople, en vue de gagner à sa cause le patriarche saint Germain. Celui-ci, qu’une lettre de Jean de Synnade a dûment prévenu, ne se laisse point surprendre, mais répond habilement aux arguments scripturaires invoqués par Constantin ; l’entretien se termine par la capitulation de l’iconomaque, qui promet même de mettre un terme à ce scandale. Promesse hypocrite qui ne fut point tenue. Mais l’hérésie naissante a trouvé désormais un adversaire redoutable : Germain de Constantinople, après son entrevue avec Constantin de Nacolia, s’empresse d’écrire à Thomas de Claudiopolis une longue lettre dans laquelle il défend énergiquement la pratique de l’Église. P. G., t. xcviii, col. 156 sq. Germain est le premier champion de l’orthodoxie. Devant l’échec de ses courtisans, force est à l’empereur de se découvrir et d’intervenir personnellement. Son premier édit paraît en 726, déclarant que les images sont des idoles formellement réprouvées par l’Écriture. Exod., xx, 4, 5. Léon n’ordonne pas seulement, comme le laisse croire une traduction latine de la Vie de saintÈtienne le Jeune, Baronius, Annales, an. 726, de suspendre les images plus haut a tin de les soustraire à la vénération des fidèles. L’iiistoire du spathaire Jovinus, obligé d’eruployer une échelle pour atteindre l’icône du.p ; 7To ; àvTiçtiJVï|Tr ;  ; et de la briser ensuite à coups de marteau, et l’émeute de Chalcoprateia, Théophane, Chronogr., an. 6215 ; Mansi, t. xii, col. 969, prouvent qu’il s’agissait d’une véritable destructron. Quoi qu’il en soit, a cette déclaration d’hérésie, bientôt connue, souleva un long cri d’indignation à travers l’empire. Des officiers mécontents en profitèrent pour lever l’étendard de la ïévolte au nom de l’orthodoxie. C’étaient Agallianos et Etienne, qui exerçaient un commandement dans la Grèce et dans les Cyclades. Leur Hotte força l’entrée de la Propontide, mais elle fut battue dans les eaux de la capitale, le 18 avril 726, et Léon

se trouva libre de répandre son hérésie, rendue obligatoire par décret. » Pargoire, L’Église byzantine, p. 254. Cf. Nicéphore de Constantinople, Breviarium, dans Opuscula hislorica, édit. de, Boor, Leipzig, 1880, p. 57-58 ; Théophane, Chronographia, an. 6218 sq. ; Mansi, t. xiii, col. 100-128. Vita Germant patriarchse, n. 10-18, dans MajooxoçoâTc’.o ; ’y.K’I. : ’M-<, y.r, Constantinople, 1884, t. ii, p. 3-17. A en croire les chroniqueurs byzantins, un autre événement de cette même année 726 détermina l’empereur à réaliser ses projets. Entre les Cyclades Théra et Thérasia, au nord-est de l’île de Crète, un volcan, faisant subitement éruption du sein de la mer, causa de grands ravages aux îles et aux côtes environnantes. Pour Léon III et Besser, il y avait là un châtiment de Dieu manifeste, attiré sur l’empire par la vénération idolâtrique des images, donc une raison décisive de continuer leur œuvre salutaire. Théophane, loc. cit. ; Nicéphore, Breviarium, p. 57.

III. La résistance orthodoxe et la persécution DE Léon l’Isaurien (729-740). — Il semble que tout d’abord, jusqu’en 729, le basileus se soit peu préoccupé d’obtenir une sanction doctrinale à ses mesures. Mais le 17 janvier de cette année, il se décide à frapper un grand coup, en mettant Germain en demeure ou d’abdiquer ou de contresigner le décret de 726. Fidèle à ses déclarations précédentes, le patriarche proteste, et se retire dans sa propriété de Platanion. Nicéphore de Constantinople, Breviarium, p. 58 ; Théophane, Chronographia, an. 6221 ; Vita Germant, op. cit., n. 25-27. C’est alors que, deux jours après, le 19, se produit l’émeute de Chalcoprateia, provoquée par la besogne infâme de Jovinus. Le 23 du même mois, le syncelle Anastase, créature de Léon III, prend officiellement possession du siège de saint Germain, entraînant dans son erreur une partie de l’épiscopat byzantin.

Cependant, dans les Églises melkites, soustraites de par leur situation à la juridiction de l’empereur, des voix s’élèvent pour défendre la légitimité des pratiques iconophiles. Ce sont celles de Jean de Damas et de Georges de Chypre. Théophane, Chronographia, an. 6221 ; Mansi, t. xii, col. 265-270 ; Liber pontificalis, édit. Duchesne, t.i, p. 415, 416. Le pape saint Grégoire II (715-731), à qui saint Germain en a appelé, avant même de recevoir cet appel, fait entendre lui aussi sa parole : aux promesses, aux menaces, aux prétentions exprimées par Léon III, il répond point par point, avec une énergie apostolique dont le basileus a peine à s’accommoder. A la lettre intronistique d’Anastase, il réplique par une menace de déposition si l’intrus ne s’amende. Cf. Liber pontificalis, t.i, p. 415, note 45. Grégoire III lui succède en 731 et fait paraître la même fermeté, à peine monté sur le siège pontifical. Mansi, t. xii, col. 267-270 ; Théophane, Chronographia, an. 6221 ; Liber pontificalis, t. i, p. 415, 416. A cinq reprises, par des lettres adressées à Anastase et aux deux empereurs, Léon et Constantin (Copronyme), il réclame en faveur de l’orthodoxie persécutée. Au surplus, il n’attend pas plus longtemps pour mettre au point la question doctrinale. Vn concile de quatre-vingt-seize membres se tient le 1° novembre 731, à Rome, à la Confession de saint Paul ; on y décide ut si guis deinceps, antiquæ consuctudinis apostolicae Ecclesiæ tenentes fidclem usuni cohtemnens, adversus eanidem venerationem sacrarum imaginum, videlicet Dei et Domini nostri Jesu Christi et Genitricis ejus semper virginis immaculatæ atque gloriosæ Mariæ, beatorum apostolorum et omnium sanctorum deposilor atque destructor et projanalor vel blasphemus extilcrit, sit extorris a corpore et sanguine Domini nostri Jesu Christi, vel totius Ecclesiæ unitate atque compage. Liber pontificalis, t. i, p. 416.