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HONGNANT —HONGRIE


historique, Paris, 1712, t. v, p. 'S63 ; Micliault, Mélanges historiques et philologiques, t. ii, p. 254 ; Journal des savants, 1727, p. 124 ; Hurter, Nomenclator, 3e édit, , Inspruck, 1910, t. IV, col. 1123, 1315, 1389, 1403.

P. Bernard.

    1. HONGRIE##


HONGRIE. — I. Rapide aperçu de l’histoire de la Hongrie, permettant de se rendre compte de sa situation actuelle au point de vue religieux. II. Organisation de l'Église catholique romaine et situation intellectuelle des catholiques, en Hongrie.

I. Aperçu rapide de l’histoire de la Hongrie. — La Hongrie (en hongrois, Magyarorszâg), bornée au nord et à l’est par les monts Carpathes, au sud par le Danube et la Save, forme un ensemble géographique d’une rare unité, délimité par la nature elle-même. Malgré ses frontières naturelles, ce territoire fut le lieu de nombreuses migrations des peuples, .vant l'époque chrétienne, il fut occupé par les Thraces et les Celtes ; les Romains allèrent jusqu’au Danube ; la Pannonie et la Dacie firent alors partie de l’empire romain. Les Huns, sous la conduite d’Attila, occupèrent ces territoires, qui devaient plus tard appartenir aux Avars. Leur puissance fut brisée par Charlemagne ; les peuples, plus ou moins soumis, restèrent dans le pays. En 895, un autre peuple, venant de l’est, pénétra, par trois points différents, sur le territoire où il allait se fixer ; le peuple magyar, guidé par ses sept chefs dont le plus important était Arpàd, fit encore des incursions dans les pays voisins, mais vaincu à Mersebourg, trahi à Augsbourg par les Allemands, il décida de rentrer dans la fertile contrée du Danube et d’y vivre en paix.

La religion chrétienne avait été apportée en Pannonie par les légions romaines ; les Huns détruisirent tout ce qui en subsistait à leur arrivée : à l'époque de Charlemagne, le christianisme fit une nouvelle apparition.

Cyrille et Méthode, en travaillant à la conversion des Slaves, avaient créé quelques centres chrétiens dans la région ouest de la Pannonie ; au milieu du ixe siècle, des églises subsistaient encore ; les Magyars les respectèrent, car eux aussi croyaient en un Dieu unique, « père de l’humanité, créateur du monde, maître de toutes choses, veillant sur son peuple ». Le duc Geiza, qui dirigeait alors les Magyars, avait compris la nécessité pour son peuple de se rapprocher des peuples voisins en adoptant leur religion ; cédant à l’influence de sa femme, la princesse.Adélaïde, sœur du duc de Pologne, Mieczyslaw, il se convertit au christianisme et reçut, avec son fils, le liaptême des mains d’Adalbert, archevêque de Prague. 985. Dès lors, la conversion du pays fit de rapides progrès. En 997. Geiza mourut, son fils Etienne lui succéda ; il avait épousé Gisèle, sreur du duc Henri de Bavière. Des missionnaires vinrent en grand nombre en Hongrie ; les Allemands étaient animés d’un zèle inouï, car ils avaient en vue, selon les désirs de l’empereur, non seulement la conversion du pays, mais sa soumission à l’empire. Le duc Etienne, ne voulant pas admettre la suzeraineté de l’empereur, appela plus de prêtres italiens ; il décida que le peuple devait adopter li religion chrétienne, ce qui, trois ans plus tard, était nn fait accompli ; il fonda des évêchés, des monastères, puis, tous ces préparatifs étant terminés, il envoya Astrik, évoque de Kalocsa et supérieur du monastère des bénédictins de Pannonhalma, à Rome, pour solliciter du pape Sylvestre II la reconnaissance du nouveau pays comme royaume chrétien. Le pape acquiesça à ce désir, envoya une couronne avec laquelle le duc Fvtienne fut couronné roi de Hongrie, le 17 août 1001, i Esztergoni, ville qui resta toujours la métropole religieuse de la Hongrie ; de plus, Sylvestre II accordait an roi le titre d". apostolique »,

lui reconnaissait un certain nombre de privilèges et confirmait les dispositions prises en vue de l’organisation des diocèses. Dès lors, l'Église occupa la première place dans l'État, que le roi organisa sur le modèle de l’empire carolingien, mais en laissant subsister quelques usages nationaux. Il fonda dix évêchés ; l’archevêché d’Esztergom eut pour suffragaiits Gyôr, Veszprém, Pécs, Vàcz et Eger. En 1010, Kalocsa fut élevé au rang d’archevêché, avec Bihar, la Transylvanie et Marosvâr comme suflragants. Des couvents furent créés à Zobor, à Pécsvarâd, à Zalavàr et à Bakonybél. Les droits des archevêques et des évêques étaient réglés par la constitution stéphanique ; les biens attribués aux évêchés leur restaient attachés, non aux évêques personnellement ; les ecclésiastiques devaient s’occuper de l’instruction du peuple et veiller au maintien de la justice, les laïques devaient obéissance aux prêtres, mais ne pouvaient témoigner contre eux. Le haut clergé, jouissant des mêmes droits que la noblesse, fut tenu comme elle de défendre la patrie. Soixante églises furent construites sous le règne d’Etienne ; il fonda plus de cent couvents, créa des hôpitaux, et aussi des hôtelleries pour les pèlerins Il consacra son royaume à notre grande Dame, qui devint la palrona Hungarise ; son image fut brodée sur les drapeaux, et, sous le règne de Bêla IV, les monnaies furent frappées à l’effigie de la Vierge. Etienne eut à combattre quelques révoltes du paganisme ; il laissa vivre en paix les catholiques orientaux, qu’il considérait comme des « frères séparés », et fit même construire, près de Veszprém, un couvent pour des religieuses grecques. Le fondateur du royaume chrétien de Hongrie lui donna des bases solides qui en assuraient la pérennité, car, en 1896, les Magyars célébraient, par des fêtes nationales, l’existence millénaire de la Hongrie.

Le roi Etienne ayant eu la douleur de perdre son fils unique, Imre, son successeur fut choisi parmi sa famille ; des dissensions éclatèrent : le trône étant occupé par des rois peu énergiques, le paganisme crut pouvoir réapparaître ; l'évêque de Csanàd. Gellért, fut jeté par les païens dans le Danube, en 1046. Le roi André rétablit l’ordre, qui ne fut plus troublé qu’une fois sous Bêla I" (1060-106 ; i), mais ce fut un de ses successeurs, Ladislas (1077-1095), qui vit le christianisme régner sans conteste dans son royaume. Un synode eut lieu h Szaboles, 1092 ; différentes décisions y furent prises, concernant le célibat des prêtres, l’indissolubilité du mariage, la célébration des fêtes religieuses, etc. Après la réunion de la Croatie à la Hongrie, Ladislas y fonda l'évêché de Zàgrâb, il fit construire des églises, créa des monastères, prit des mesures pour la conversion des Ismaélites et des Bulgares, qu’il avait accueillis ; il prescrivit que tout accusé devait être interrogé, dans les trois jours, par un juge. Il eut à repousscr une invasion des Coumans, encore païens. Durant son règne, l'Église fut quelque peu soumise à l’autorité royale ; il mourut en 1095. considéré comme un héros national par les Hongrois, qui lui décernèrent le titre de Grand, et comme un saint par l'Église, qui le canonisa, en 1192 ; pendant son règne, Rome avait placé au nombre des saints le roi Etienne et son fils Imre, Gellért, etc.

Ki’ilmàn (1095-11 tt) améliora et compléta les lois de Ladisla.' ; il supprima les procès de sorcellerie

« parce que les sorciers n’existent pas ». Les réformes

de Grégoire Vil furent adoptées en Hongrie. Bêla III semblait avoir quelque prédilection pour la civilisation bzantine : son mariage avec Marguerite do l-'rance, strur de PIiilippe-.uguste, dissipa les craintes du clergé, qui fut tout à fait rassuré en voyant les dispositions prises par le roi pour recevoir les croisés. Voulant appeler les cisterciens, il leur fit construire une