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HYPOSTATIQUE (UNION)


des controveises et des iuyumeiils dans Waddiiig, Annales minorum (cf. Frassen, op. cit., disp. II, a. I, sect. II, q. ii, concl.) ; dans (jenér, l’rodronms ad Iheologiam, Rome, 17()7, p. 30 ; Suarez, De mijsteriis vitæ Christi, disp. Xl.VlI, sect. iii, n. 6 ; De Lugo, De incarnalione, dist. XIV, sect. iii, n. 39 sq. ; les théologiens de Wurzljourg (Holtzklau), De Deo Verbo incarnalo, II. 271. Aujoiird’lmi ropinion des dominicains semble avoir prévalu : les franciscains eux-mêmes, à l’exception de Fr. Collius, De sanguine Christi, ne se prononcent plus résolument pour l’opinion contraire. Cf. Frassen, loc. cit. Tous les théologiens admettent néanmoins que Notre-Seigneur a perdu de son sang, qu’il n’a pas repris ensuite dans l’unité de sa personne, soit à la circoncision, soit même à la passion. Cf. Legrand, op. cit., dissert. VI, c. ii ; Gonet, op. cit., disp. IX, c. vii, § 4, n. 155. Ce dernier point, relativement à l’union hyposlalique, a été autrefois un grand sujet de discussions théologiques. Voir S. Thomas, In JV Sent., t. IV, dist. XLIV, q. ii, a. 2, q. ii ; Sum. iheol., III", q. 1.IV, a. 2, ad 3°m ; Quodl, V. ; Bacon, In IV Sent., t. III, dist. XXI, q. i, a. 3 ; Suarez, De incarncdione, disp. XV, sect. vi, n. 22 ; Vasquez, In Sum. S. Thonue, III », disp. XXXVI, c. viii ; De Lugo, De incarnalione, disp. XIV, sect. v ; Arriaga, Disputaliones theologiav, In III » ’0 2). Thomse, De incarnalione Verbi, disp. XXIII, sect. m ; Raynaud, Christus Deus homo, 1. II. sect. iii, c. iii, n. 198, Opéra, Lyon, 1665, t. i, p. 138 ; Gretser, De crucc Christi, Ingolstadt, 1698, c. xcvii ; Léon III, voir Baronius, Annales, an. 804 ; Salmanticenses, op. cit., disp. X, dub. iii, etc.

G" Les analogies de l’union liypostalique. — Dans l’exposition que les Pères font du dogme de l’union hypostatique, toutes les comparaisons dont ils se servent s’éclairent l’une par l’autre ; mais elles se rapportent toutes finalement à la comparaison fondamentale de l’union de l’âme et du corps. Voir col. 476, 499, 501, 504. Chez les scolastiques, les mêmes comparaisons se retrouvent ; mais il semble que chaque école affectionne une comparaison déterminée et s’attache à la faire ressortir spécialement.

1. Comparaison de l’union de l’âme et du corps. — Saint Thomas et avec lui la plupart des théologiens maintiennent et développent cette analogie comme étant la plus importante pour faire mieux saisir l’union hypostatique. Ils laissent de côté d’autres analogies moins expressives, et évitent les termes dont les Pères se servent pour exprimer l’intime mélange de l’une et l’autre nature en Jésus-Christ. Aussi bien, deux aspects du problème les attirent surtout vers la comparaison de l’union de l’âme et du corps. Cette comparaison, en elïet, est bien propre à faire ressortir l’unité substantielle d’être qui existe dans le Christ et fait pour ainsi dire tle l’humanité l’instrument du Verbe. De même que l’àme et le corps ne font qu’un seul tout substantiel, l’homme, de même le Verbe, s’unissant la nature humaine, ne forme qu’un seul Christ, dans l’unité de personne du Fils de Dieu lui-même. Et cependant, de même que le corps et l’àme demeurent, dans leur union, distinct l’un de l’autre, de même la nature divine, dans l’union hypostatique, est unie sans confusion à la nature humaine. C’est dans ce sens qu’il faut retenir la célèbre comparaison du symbole d’Athanase. Si l’on prétendait en tirer la conclusion que le Verbe s’unit à l’humanité comme une forme, à l’instar de l’âme s’unissant au corps, pour former une nature unique, on tomberait dans l’hérésie : de ce côté, l’aiialoaic n’existe plus. Voir Sum. thenl., III^ q.ii, a. 1, ad 2’iiii ; In IV Srnl., I. III, dist. II, q. I, a. 3, q. i, ad 2°™ ; dist. V, q. i, a. 2. ad Sim’: t. III, dist. VI, q. ii, a. 3, ad 7°"’. Les attributs de l’àme ne peuvent être rapportés au corps et vice versa ; mais ils peuvent fort bien qualifier les uns et les autres

le sujet qui possède l’àme et le corps ; de même, à l’unique personne du N’erbe, on peut attribuer les pré<licats de la divinité ou de l’humanité. In IV Sent., I. III, dist. Vil, q. I, a. i, ad 1°J". Cette unité substantielle permet de saisir comment l’humanité est l’i instrument joint » au Verbe, l’instrument possédé par la personne divine, qui se sert de l’iiumanité pour réaliser l’œuvre divine de la rédemption, « de même que le corps est l’organe de l’esprit en tant qu’esprit, c’est-à-dire non dans les fonctions de la vie animale, mais dans les actions dirigées par les forces spirituelles, que la langue est l’instrument de la pensée et que les autres membres servent à l’expression des sentiments respectueux et inten.’iennent dans toutes les œuvres d’art. Les thomistes émettent une opinion semblable lorsqu’ils qualifient constamment l’union « d’union personnelle » : ils comparent le rapport dont il s’agit entre le corps et l’âme spirituelle à celui qui existe entre une chose et celui qui la possède comme sa véritable et parfaite propriété. » Scheeben, La dogmatique, trad. franc., t. iv, p. 734. Cf. S. Thomas, Sum. theoL, III », q. xviii, a. 1, ad 2uin ; Conl. génies, I. IV, c. xli ; Compendium Iheologim, c. ccxii.

Cette comparaison a été reprise sous un aspect plus particulier par le grand commentateur de saint’rhoinas, Cajétan, In Sum. S. Thomie, III », q. ii, a. 6. L’analogie est prise par Cajétan dans la réunion de l’âme séparée à son corps, au moment de la résurrection. L’âme séparée a sa subsistence propre, qiu, par le fait de la réunion, devient la subsistence même du corps. La comparaison est bien choisie pour faire comprendre la thèse particulière de Cajétan relativement à l’élément formel constitutif à l’union hypostatique. Voir col. 526 et Hypostasf, col. 415.Tolet critique vivement cette comparaison. In Sum. S. Thomie, III », q. ii, a. 6, , nota 3. Les critiques de Tolet ne paraissent pas, en soi, justifiées : elles s’expliquent facilement, étant donnée la position prise par Tolet dans le problème philosophique de la personnalité du Christ. Voir Hypostase, col. 420. Sur la comparaison de l’âme et du corps, voir Salmanticenses, De incarmdione, à’s^. III, dub. t, n. 11, 14.

2. Comparaison de l’union de la greffe et du tronc. — La seconde comparaison, moins usitée chez les Pères, est empruntée à la vie organique des plantes : elle consiste dans le rapport d’une greffe avec le tronc dans lequel elle est entée. Le but de cette comparaison est de faire comprendre que l’union hypostatique pro^^ent non de la nature des choses, mais d’un acte libre de la volonté, et que, dans l’union, les deux natures gardent leur propre vie sans confusion. L’analogie n’est ici que très imparfaite, puisqu’elle ne s’éteud pas au rôle que joue, comme sujet de la personnalité, le Verbe par rapport à l’humanité du Christ. Il semblerait que la grelïe, infusant une vie nouvelle au tronc, dût être le terme de comparaison du Verbe, et que le tronc dût représenter l’humanité : c’est l’analogie suggérée par Eccli., xxiv, 16, et surtout par saint Jacques, i, 21, Xo’y’j ; j|jLçjTo ;. En réalité, les théologiens exposent à l’inverse l’analogie. L’implantation est prise liar eux comme la compai’aison classique de l’union hypostatique précisément parce que le tronc, étant le principe dominateur, représente le Verbe, la greffe, unie au tronc, représente l’humanité, et l’enracinement du tronc dans la greffe représente l’union hypostatique elle-même. Cf. Durand de Saint-Pourçain, In I V Sent., l.Ul, dist. I, q. i, a. 3 ;.lexandre de Halès, Summa, III », q. vii, iii, i, a. 1 ; S, Bonaventure, In IV Sent., t. III, dist. VI, a. 2, q. i. Mais il s’en faut que cçs trois théologiens présentent la comparaison avec la même force. Chez Durand, l’image dé l’implantation est grossière et superficielle : le contact établi jinr l’implantation entre le tronc et la branche