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HYPOSTATIQUE (UNION)


gne sans fin. Heb., vii, 24 ; xiii, 8 ; Luc, i, 33 ; Joa, xir, 34 ; Ps. cix, 4 ; Dan., vii, 24 ; Rom., vi, 9, etc. Les Pères ont toujours entendu ces textes dans le sens de l’indissolubilité de l’union hypostatique. S. Irénée, Conl. hser.. t. III, c. xvi, n. 9, P. G., t. vii, col. 928 ; S. Atlianase, Contra Apollinarem, t. I, n. 12 ; t. II, n. 5, 16, P. G., t. XXVI, col. 1113, 1140, 1160 ; S. Grégoire de Nysse, Anlirrheticus, n. 5, P. G., t. xlv, col. 1257 ; S. Amphiloque, Fragm., ix, P. G., t. xxxix, col. 105 ; Leporius (qui avait d’abord soutenu l’erreur de Marcel d’Ancyre), L(7>e//us emendationis, n. 6, P. L., t. xi, col. 1226 ; Cassien, De incarnalione Chrisd, t. VI, c. XXII, P. L., t. L, col. 185 ; S. Cyrille d’Alexandrie, Quod unus sil Christus, P. G., t. lxxv, col. 1292 ; S. Vincent de Lérins, Commonitorium, c. xiii, P. L., t. L, col. 656 ; S. Léon le Grand, Serm., lxviii, c. i ; Lxxi, c. II, P. L., t. Liv, col. 372, 387 ; S. Fulgence, Ad Trasimundum, t. III, c. xvi, P. L., t. lxv, col. 280. Les documents officiels de l’Église ont consacré cette doctrine : l’union des natures subsiste incommutabililer, dit saint Agathon, Denzinger-Banmvart, n. 288 ; inséparablement, 7.y>^J. :  ! -'j> :, dit le III'> concile de Constantinople, ibid., n. 290. Plus expressément encore, le XP concile de Tolède, approuvé par Innocent III, définit que les deux natures, dans le Christ, ont été unies en une seule personne, de telle façon que la divinité ne pourra jamais être séparée de l’humanité, ni l’humanité de la divinité. Ibid., n. 283. Aussi, parmi les théologiens catholiques qui ont fait l’exposé didactique des vérités touchant l’union hj’postatique, on ne constate aucune note discordante : la doctrine traditionnelle est acceptée sans discussion ; il ne semble même pas que l’on se soit attardé dans les écoles h l’exposer directement et pour elle-même. Cf. Petau, De incarnalione, t. XII, c. xviii. Le principe théologique invoqué pour réfuter cette erreur est celui qu’énonce saint Thomas, Sum. theol., III », q. L, a. 2 : « Ce que la grâce de Dieu nous accorde ne nous est jamais retiré sans qu’il y ait de notre faute… (cf. Rom., xi, 29). Or, la grâce d’union, par laquelle la divinité a été unie à la chair du Christ en personne, a été beaucoup plus grande que la grâce tl’adoption par laquelle les autres hommes sont sanctifiés ; elle est aussi plus permanente de sa nature, parce que cette grâce se rapporte à l’union personnelle, au lieu que la grâce d’adoption n’a pour but qu’une union d’affection. Or, nous voyons que la grâce d’adoption ne se perd jamais, à moins qu’on ne fasse une faute ; donc, le Christ n’ayant pu pécher, il est impossible que l’union de sa divinité avec son corps fût jamais détruite. » — b. Ces mots indiquent la position du problème dans la théologie du nio>en âge. 11 s’agit bien plutôt de savoir si, pendant le tridiium de la mort du (>lirist, l’âme étant réellement séparée du corps, l’union hypostatique a cependant continué d’exister tant avec l’ànic qu’avec le corps..Saint Thomas, loc. cit., conclut ainsi son argumentation : « Aussi, comme, avant la mort du Christ, sa chair a été unie selon la personne et l’hypostase au Verbe de Dieu, de même, après la mort, elle est restée unie, de manière que l’hypostase du Verbe de Dieu était, même après la mort, l’hypostase même du corps du Christ, selon la doctrine de saint Jean Damascène », De fide orth., I. III, c. xxvii, P. G., t. xr.iv, col. 1096. Ainsi donc, le problème se pose : alors, en effet, que toute la tradition catholique est ferme touchant l’indissolubilité, de l’union hypostatique dans la gloire et le règne éternel de l’Homme-Dicu, certains Pères ont manifesté des hésitations en ce qui concerne la permanence de l’union hypostatique relativement au corps séparé de l’ânu-, pendant le tri(hnmi de la mort. C’est le texte de Matth., xxvii, 46, qui leur fait difficultc. Il ne semble pas, bien qu’on l’affirme parfois,

que Tertullien, Advcrsus Praxenm, c. xxx, P. Lt. II, col. 195, l’ait entendu « d’une séparation personnelle d’avec le Père : c’est l’effet de la sentence inexorable qui livre son humanité à la mort. » A. d’Alès, La théologie de Tertullien, p. 80. D’autres auteurs catholiques ont parlé de l’abandon de la nature humaine par le Verbe, au moment même de la mort. S. Hilaire, //] Matlhitum, c. xxxiii, n. 6, P. L., t. ix, col. 1074-1075 ; mais d’autres textes fixent l’orthodoxie de la pensée du docteur de Poitiers, De Trinitate, . VIII, n. 8 ; t. IX, n. Il ; t. X, n. 51-65 ; 1. IH, n. 15, P. L., t. X, col. 242, 290, 383, 393, 84 (voir, sur cette controverse, Hilaire (Saint), t. vi, col. 2433-2434, et sur l’orthodoxie de saint Hilaire, voir dom Coustant, Pra’tatio generalis, n. 176-181, P. L., t. ix, col. 8487) ; S. Épiphnne, Hær, xx, P. G., t. xli, col. 276 : Lxix, n. 62, P. G., t.XLii, col. 308. EusèbedeCésaréc, Demonstratio evangeliea, t. IV, c. xiii, P. G., t. xxii, col. 288 ; Leporius, Libellus emendationis, n. 9, P. L., t. XI, col. 1228 ; S. Ambroise, Expositio Evangelii sec. Lucam, t. X, n. 127, P. L., t. xv, col. 1836 ; les évêques esjiagnols Vital et Constant, dans leur lettre à Caprœolus, évêque de Carthage, P. L., t Lni, col. 849. Cf. Petau, op. cit., t. XII, c. xix. Dom Coustant, op. cit., n. 166-168, col. 80-81, fait remarquer les différences doctrinales qui séparent les Pères de certains hérétiques qui ont soutenu apparemment les mêmes erreurs : les hérétiques attribuaient au Verbe une crainte véritable de la passion, tandis que les Pères hésitent simplement devant l’apparente contradiction que comporte l’affirmation de la mort attribuée à l’auteur même de la vie ; et, de jilus, leur hésitation se traduit simplement par l’affinualion de l’efiacement de la divinité, au seul moment de la mort, par rapport au corps et non à l’âme de Jésus-Christ. D’ailleurs, l’ensemble de la tradition catholique est resté ferme sur ce point particulier. Les Pères affirment la persistance <le l’union hyjjostatiquc, même au moment de la mort, dans le Christ. N’est-ce pas d’ailleurs l’anirmation implicitement contenue dans l’article du symbole, par lequel nous croyons en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, qui… a soujjcrt, est mort ? Parmi les Pères, ayant explicitement professé cette doctrine citons en particulier : S. Athanase, Contra Apollinarem, I. II, n. 16, P. G., t. xxvi, col. 1159 ; S. Léon le Grand, Serm., lxviii. De passione Domini, xvii, c. I, P. L., t. liv, col. 375 ; voir d’autres autorités dans Petau, op. cit., t. XII, c. xix ; dom Coustant, op. cit., n. 181, col. 87. Sur l’explication de Matth., xxvii. 46, voir Hugues de Saint-Victor. De sacramentis, 1. II. dist. I, c. X. Parmi les théologiens jilus récents, on consultera avec profit Suare7., Z)c nnjsteriis viliv Christi, disp. XXXVIII, scct. ii ; Stentruj), Soteriologia, th. XLii. Toutefois pendant le triduum de la mort, le Christ ne pouvait plus être dit un homme, l’àme étant séparée du corps. L’opinion contraire, du Maître des Sentences, t. III, dist. XX^I, et d’Hugues de SaintVictor, loc. cit., c. XI, ne peut être défendue. Voir Petau, 1. XH, c. XX, n. 3. — c. L’indissolubilité de l’union hyiiostatique fut l’occasion, an xv siècle, d’une querelle entre franciscains et dominicains. Le sanq du Christ, répandu dans la passion, est-il devenu hijpostatiqucmrnl uni au’Verbe ? Déjà, sous le pontificat de Clément VI, â Barcelone, un prédicateur avait été blâmé par les inquisiteurs i)Our avoir soutenu la séparatian. La controverse devint plus vive un siècle plus tard, lorsqu’un franciscain, le bienheureux Jaccpies de Marchia, fut accusé d’hérésie par les dominicains pour avoir enseigné la même doctrine. La question fut portée devant Pie II, qui interdit la discussion, en laissant les adversaires libres de garder leur opinion, les dominicains étant pour l’affirmative, les franciscains iiour la négative. Denzinger-Hannwart. n. 718. Voir le résumé