Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/275

Cette page n’a pas encore été corrigée

53r

IIYPOSTATIQUE (UNION ;

536

S. Augustin, Jn Joannis Evangrliiim, tr. CVUI, n. 5, P. L., t. XXXV, col. 1916 ; Contra sermoncm arianorum, c. VIII, n. 6, P. L., t. xlii, col. 088 ; cf. De Trinitule, t. XV, c. XXVI, n. 46, t. xlii, col. 1081 ; Scrm., clxxiv, c.ii, n. 2, t. xxxviii, col. 941 ; Cassien, £)c incarnalione Christi, t. I, c. iii, P. L., t. L, col. 21 ; S. Fiilgence, De fidi’, n. 16, P. L., t. Lxv, col. 679 ; cf. EpisL, xvii, c. iii, n. 7, col. 456 ; Ad Trasimiindum, t. III, c. xvi, col. 280 ; Fulgence Ferrand, Epist., v, ad Sevcrum, n. 3, P. L., t. Lxvii, col. 912 ; Epist., iii, ad Anatoliiim, n. 15, col. 904 ; S. Vincent de Lérins, Commonitorium, n. 15, P. L., t. l, col. 658 ; S. Léon le Grand, Epist., xxxv, ad Julianum, c. iii, P. L., t. Liv, col. 807 ; S. Grégoire le Grand, Moral., t. XVIII, c. LU, n. 85, P. L., t. Lxxvi, col. 89-90 ; Epist., lxvii, ad Qiiiricum, t. Lxxvii, col. 1205 ; Rustique, Contra acephalos disputatio, P. L., t. lxvii, col. 1188 ; et, plus près de la scolastique, Hugues de SaintVictor, De sacramentis, P. L., t. ci.xxvi, col. 394 ; Summa Sententiarum, tr. I, c. xv, col. 70-71 ; Jean de Corbie, De Vcrlio incarnato, collât, ii, col. 319.

De toutes ces autorités, la plus digne de retenir l’attention du théologien catholique est celle de saint Léon le Grand, dans sa Lettre à Ju/zen. Toutefois deux autres autorités sont à signaler, celle des anathémalismesiiet m de saint Cyrille, Dcnzinger-Bannwart, n. 204, 205, et du symbole d’union, P. G., t. lxxvii, col. 176 ; cf. Adversus nolentes confiteri S. Virginem esse deiparam, n. 4, P. G. t. lxxvi, col. 260, et celle du VI" concile œcuménique, approuvant, dans la XI « session, la célèbre lettre synodale de saint Soplirone de Jérusalem, où se trouve nettement formulée l’affirmation de la vérité que l’on rappelle ici. Mansi, t. XI, col. 461. Est-il nécessaire de voir, avec Thomassin, op. cit., . III, c. XII, dans ces assertions des Pères, l’affirmation que l’union hypostatique n’aurait pas pu se faire si la nature humaine n’avait pas été unie en même temps que conçue ? Léonce de Byzance, qui connaissait bien la valeur des affirmations traditionnelles, s’oppose formellement à cette manière d’interpréter la pensée des Pères. Solutio argumentorum Severi, P. G., t. lxxxvi, 2, col. 1943. Il est impossible de dirimer cette controverse : Ne cherchons pas ce qui n’est pas, de peur de ne pas trouver ce qui est, disait avec sagesse Pierre de Poitiers, Sententiarum liber, part. IV, c. X, P. L., t. ccxi, col. 1172.

La théologie du moyen âge recueillit cette assertion dogmatique de toute la tradition catholique, et saint’Thomas la formule ainsi, Sum. theoL, III*, q. xxxiii, a. 3 : « Si la chair du Christ avait été conçue avant d’être épousée par le Verbe, elle aurait eu à un moment donné une hypostase indépendamment de l’hypostase du Verbe de Dieu ; ce qui est contraire à la nature de l’incarnation, d’après laquelle nous supposons que le Verbe de Dieu a été uni à la nature liumaine et à toutes ses parties dans l’unité de l’hypostase. Il n’eût pas été d’ailleurs convenable que le Verbe de Dieu détruisit par son incarnation l’hypostase préexistante de la nature humaine ou de l’une de ses parties. C’est pourquoi /7 est contraire à la foi de dire que la chair du Christ a été d’abord conçue et ensuite prise par le Verbe de Dieu. »

Sur cette assertion dogmatique se grefïent dans la théologie scolastique deux conclusions subsidiaires : a. Il est theologiquement certain que la conception de la chair du Christ a été faite en un instant. Le premier instant de l’existence de la chair du Christ fut aussi l’instant de son animation par l’âme raisonnable, de telle façon que l’humanité du Sauveur fut parfaite dès ce premier instant. Cf. S. Thomas, toc. cit., a. 2. Sur la note théologique de certitude à appliquer à cette doctrine, voir Suarez, De mysteriis vitse Christi, <lisp. XI, sect. ii, n. 5. Pour accorder les données

physiologiques de l’époque avec celle assertion certaine, les théologiens éprouvent de grandes diincultés. On sait, en effet, que la physiologie du moyen âge n’admcllait l’information du corps humain par l’âme raisonnable qu’après 40 jours, l’état antérieur du corps étant transitoire et ordonné à l’état définitif par les informations successives par l’âme végétative et par l’âme sensitive. S. Thomas, Cont. génies, t. II, c. Lxxxix. Sur la solution à apporter à cette difficulté, voir Suarez, loc. cit., sect. ii, n. 12. On recourt, en somme, au miracle. Mais, dans l’hypothèse de la l)hysiologie moderne, qui admet que le fœtus, dès sa conception, est informé par l’âme raisonnable, ces difficultés disparaissent. Cf. Tilmann Pesch, Instilutiones psychologiæ, Fribourg-en-Brisgau, 1896, p. 428 sq. ; Cliristian Pesch, Prselccliones dogmaticæ, ibid., 1909, t. IV, n. 159. Pour l’opinion des anciens théologiens, voir les références dans Suarez, loc. cit., n. 11.

— b. Les théologiens scolastiques admettaient générnlement qu’en considérant les choses du côté de la nature humaine unie au Verbe, il fallait concevoir l’union hypostatique comme comprenant trois actions dont l’effet sans doute est simultané, mais que la logique nous oblige à distinguer : la création de l’âme raisonnable du Christ, la génération de son humanité et l’assomption de cette humanité par le Verbe de Dieu. C’est par la simultanéité du résultat qu’il faut expliquer les affirmations des Pères à ce sujet. Voir col. 534. Cette doctrine semble résulter des affirmations de saint Thomas, Sum. theoL, III », q. iv, a. 2 ; q. VI, a. 3, a. 4, ad3"’" ; /n7VSenL, t. III, dist. V, q. iii, a. 1, ad 2°’" ; d’Alexandre de Halès, Summa, III*, q. viii, m. II ; elle est expressément enseignée par Durand de Saint-Pourçain, In IV Sent., t. III, dist. XV, q. ii, n. 4 ; par Scot, ibid., dist. I, q. i, etc. Mais cette doctrine généralement admise a été contredite par certains théologiens de l’école thomiste, par exemple, Cabrera, In Sum. Iheol. S. Thomas, III », q. ii, a. 11, disp. IL Sur la discussion de cette divergence, voir Suarez, De incarnalione, disp. VIII, sect. i ; Gonet, III », tr. I, disp. VI, a. 4.

e) C’est une union indissoluble. — Cette assertion peut être justifiée, soit par rapport à l’indissolubilité de l’union hypostatique dans la vie glorieuse où est entré Jésus après sa résurrection et son ascension, soit en fonction de la séparation survenue entre l’âme et le corps du Sauveur, pendant le temps qui sépara sa mort de sa résurrection. Sans doute le principe théologique sur lequel repose la doctrine catholique est identique dans les deux cas ; mais la question du triduum de la mort possède des aspects qui obligent le théologien à la considérer à part. — a. Marcel d’Ancyre, en distinguant le Logos du Fils, distingue aussi deux royaumes du Christ : le royaume du Logos, qui seul est éternel, le royaume du Fils, qui doit finir avec la fin du monde, laquelle entraîne avec elle la fia de tout corps humain. Voir col. 466. Ces spéculations font comprendre pourquoi « Marcel hésitait à accorder à la chair prise par le Verbe une existence et une union avec lui indéfinies. En soi, disait-il, la chair ne saurait convenir à Dieu, et encore que par la résurrection elle ait acquis l’immortalité, elle n’est IKis pour autant devenue plus digne de Dieu, lequel est au-dessus de l’immortalité. On peut donc croire cpie, après la parousie, le Verbe se dépouillera de son iuimanité et rentrera en Dieu comme il y était avant la création (d’après I Cor., xv, 28). Que deviendra cette humanité ? Nous l’ignorons, puisque l’Écriture ne le dit pas. o Fragm., cxvii-cxxi. Tixeront, op. cit., l. II, p. 40. Cette erreur est directement opposée aux assertions de la sainte Écriture, où le Christ, c’est-à-dire l’Homme-Dieu, nous est formellement dit devoir être éternel, posséder un sacerdoce éternel ou un rè-