Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/273

Cette page n’a pas encore été corrigée
531
532
IIYIOSTATIQIE (UNION)


dernier compli’ment de riiumanité dans le Clirist : pas n’est nécessaire de supposer que cette humanité requière un terme, une perfection autre que celle même de l'être divin pour l’agréger à i’hypostase du Verbe. Gonet, loc. cit., n. 51-68. Cf. Jean de SaintThomas, In Suin. S. Thomx, IIl", q. ii, disp. IV, a. 3, n. 4. Les autorités patristiques invoquées par Thomassin, /)e jnf((r ;  ! (//(onÊ, 1. III en entier, militent en faveur de l’opinion communément reçue dans l'école thomiste, puisqu’elles impliquent l’union pour ainsi dire physique des deux natures. Cf. Witasse, Traclatus Iheologici, De Vcrbi dit’ini incarnalione, Venise, 1738, c[. vii, assert, i ; Legrand, op. cit., diss. VI, a. 2. Quant à la raison qu’apporte Suarez, loc. cit., n. 22, plaçant dans ce mode substantiel le fondement réel de la relation prédicamentale, il ne semble pas qu’elle soit irréfutable : l’union immédiate de l’humanité au Verbe et par le Verbe ne constituet-elle pas un fondement réel et très suffisant de la relation par le changement qu’elle apporte dans la nature humaine ? Ftindamentum cjus non est aliqiiid médium inter natiiram nssumptani et personam, sed mutatio qua tracta est humanitas ad cssc penonse ; quæ in ipsa natiira nihil aliud est. qiiam pas.s/o ex actionc nnitiva provenicns. qua dépendons jacla est a persona. Sur l’union immédiate, voir, au sujet de l'école franciscaine. De Rada, t. iii, contr. IV, a. 6 ; sur l’ensemble de la question, Kleutgen, Théologie der Yorzeil, t. iii, sect. II.

b) C’est une union tout surnatarelle. — Le surnaturel peut être surnaturel qiioad modum, ou extrinséquement, ou bien quoad substantiam. c’est-à-dire intrinsèquement. « Que faut-il entendre par surnaturel ? C’est, pour un être, ce qui dépasse les proportions de la nature de cet être, sans lui être pourtant contraire, qiiod excedit proportionem naturæ, dit souvent saint Thomas. Plus explicitement : ce qui dépasse les forces et les exigences naturelles de cet être, mais lui conviendra s’il lui est gratuitement donné. L’erreur du naturalisme est précisément de confonilre surnaturel et contre-nature. Le surnaturel est dit relatif, lorsqu’il dépasse seulement telle nature déterminée, par exemple, la nature humaine, mais non point la nature angélique. Le surnaturel est dit absolu, ou divin, lorsqu’il dépasse toute nature créée ou créable…Le surnaturel sera essentiellement différent selon qu’il dépassera toute nature créée et créablc, soit par ses causes intrinsèques, soit seulement par ses causes extrinsèques. Les causes intrinsèques d’une chose sont les principes essentiels qui la constituent ce qu’elle est. Aristote et les scolastiques les appellent cause matérielle et cause formelle. Or, il est clair qu’une chose ne peut être, par sa cause matérielle, supérieure à toutes les natures créées et créables. Mais si cette supériorité lui convient par sa cause lormelle, par le principe intrinsèque qui la constitue et la spécifie, on dira qu’elle est surnaturelle quoad substantiam vel essentiam. Elle excède, en efïet, par son essence même, non seulement toutes les forces créées, mais toutes les natures créées ou créables. Telle est l’essence même de Dieu, et aussi la grâce sanctifiante, participation de la nature de Dieu, cf. S. Thomas, .Sam. iheol., I* II' » ', q. cxii, a. 1, ainsi que les vertus infuses et les dons qui dérivent de la grâce habituelle comme les propriétés d’une essence. Ibid., q. ex, a. 3, 4. Par contre, les causes extrinsèques d’une chose sont la cause efficiente et la cause finale. Ce qui est surnaturel, non point par sa cause formelle ou spécificatrice, mais seulement par ses causes extrinsèques, est appelé surnaturel quoad modum… Les cadres de cette division du surnaturel s’imposent, semble-t-il, à tous les théologiens. » Garrigou-Lagrange. Le surnaturel essentiel et le surnaturel modal, dans la

Revue thomiste, 1913, p. 321-324. Cf. Billot, De gratia, p. 79, note ; Gr.ce, t. vi, col. 1583. Cette terminologie, qu’on ne trouve pas d’ailleurs chez les anciens scolastiques, n’implique nullement que le surnaturel essentiel soit une substance. Toute participation de la vie divine, reçue dans une créature, est ontologiquement un accident, que les théologiens placent réductivement dans la catégorie de qualité. Le surnaturel essentiel, quoad substantiam, est donc une participation accidentelle de la vie divine : Dieu luimême, et Dieu seul, constitue le surnaturel substantiel, c’est-à-dire le surnaturel incréé. La substance surnaturelle créée est une chimère qui répugne à la raison, quoi qu’en ait pensé sur ce point certains théologiens comme Ripalda, De en^e supernaturali, disp. XXIIl, CXXXII, sect. xl ; Becan, In Sum. S. Thomæ, I", tr. I, c. IX, q. v ; cf. Suarez, De Deo, t. II, c. ix, n. 15 : Ysambert, In Sum. S. Thomæ, I*, q. xii, disp. IV : Franzelin, De Deo vero, th. xiv, corollarium. Ces principes une fois rappelés, il devient clair que l’union hypostatique est surnaturelle, d’une < : surnaturalité : qui dépasse toute autre. Il ne s’agit pas ici d’un surnaturel modal, mais il est évident que l’union surnaturel du Verbe à l’humanité relève du surnaturel intrinsèque ou essentiel. Sans doute la cause efficiente de l’incarnation est surnaturelle, puisque c’est la Trinité elle-même qui est cette cause ; mais la réalité même de l’union est, en soi, surnaturelle, « car il n’existe et ne peut exister dans la nature absolument rien cjui se puisse comparer avec cette union transcendante des deux substances dans l’unique personne du Verbe. C’est même im surnaturel tout à fait à part et qui ne se retrouvera jamais ailleurs. Les autres formes du surnaturel ne sont que des participations accidentelles de Dieu : participation transitoire de sa vertu propre, lorsque, par la causalité instrumentale, la créature concourt à la production de la grâce ou des miracles ; participation permanente de son opération propre, comme, dans la vision et l’amour béatiflques, nous voyons et aimons ce que Dieu voit et aime toujours, voir Intuitive fVfSionj ; participation habituelle de son essence propre, comme nous recevons, par la grâce sanctifiante, un écoulement physique de sa nature, une vraie communion avec lui : diuinse consortes naturæ. Il Pet., i, 4. Mais dans tous ces exemples nous restons dans l’ordre accidentel. L’union hypostatique est la communication substantielle de Dieu, attendu que l’humanité n’a pas d’autre subsistence et d’autre existence que celle du Verbe. Il n’est pas vrai, assurément, que la nature humaine devienne substantiellement divine, ni que la nature divine devienne substantiellement humaine, mais il est vrai, à cause de l’unité de personne, que Dieu est substantiellement homme et que cet homme est substantiellement Dieu. Ainsi le surnaturel hypostatique est le surnaturel substantiel, le terme suprême des communications divines. » Hugon, loc. cit., p. 186-187.

c) C’est une unioji qui dépasse toute autre union. — C’est, dit saint Thomas, Sum. theol., IIP, q. ii, a. 9, la plus grande de toutes les unions, non pas si l’on regarde les termes extrêmes de l’union hypostatique considérés respectivement l’un par rapport à l’autre : l’un est infini, l’autre fini : ils seront donc, pris en eux-mêmes, toujours infiniment distants. Mais si on les considère dans l’unique sujet qu’ils constituent, « leur union l’emporte sur toute autre union ; car ruiiite de la personne divine dans laquelle les deux natures sont unies, est la plus grande des unions ». « L’union est d’autant plus étroite que le sujet où elle s’accomplit est plus un en lui-même et plus étroitement uni à chacun des deux extrêmes qui s’enlacent par elle. Or, la persoime dans laquelle se réalise l’union