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IIYPOSTATIQUE (UNION)


Jean de Saint-Thomas, De incarnatione, q. ii, disp. IV, a. 2, n. 5. — 2. L’opinion commune des thomistes, enseignant que le terme formel de l’union hypostatique est l’humanité elle-même, en tant que prise par le Verbe. Suarez, loc. cil., n. Il ; Jean de Saint-Thomas, loc. cit., n. 6 ; Vasquez, In Sum. S. Thnmæ, disp. XIX, c. n. — 3. L’opinion de Scot, In IV Sent., 1. lU, dist. XI, q. i ; de Durand de Saint-Pourçain, ibid., dist. V, q. ii, reprise par Suarez, affirmant que le terme formel de l’union hypostatique est l’union elle-même, en tant que cette union est constituée par un mode substantiel intrinsèque disposant l’humanité à la subsistence divine. Voir plus loin, col. 530. Pour la discussion de ces opinions, voir Jean de Saint-Thomas, loc. cil. ; Suarez, loc. cil. D’auttes auteurs concilient les trois opinions. Voici, à titre fl’exemple, comment s’exprime, sur ce point, Frassen, In IV Senl., t. III, t. i, disp. I, a. 1, sect. I, q. iii, concl. 2’* : Incarnalio considerala ul COMUUNiCATio substanliae divinæ, habet pro lermino perso nalikilem Verbi : ul hvmanatio, seu incarnalio, ejus lerminus est humanilas ; ul viiitio, terminus ejiis formatis est unio.

5 » L’union elle-même. — Les théologiens scolastiques distinguent avec soin Vnnion de V assomplion. Cf. S. Thomas, Sum. theoL, III », q. ii, a. 8. L’assomption est l’action par laquelle la personne du Verbe éternel prend dans l’unité de subsistence la nature humaine : l’union est le terme de cette action. L’assomption, considérée activement, ne se rap))orte qu’au Verbe, passivement, qu’à la nature humaine ; l’union se rapporte aux deux natures divine et humaine. In IV Sent. t. III, dist. V, q. i, a. 1, q. nr. Voir une bonne comparaison de deux concepts dans Janssens, op. cit., p. 181-184. C’est sur le point de l’union que le développement théologique du problème christ ologique s’est fait sentir d’une façon particuhère. Le problème dans la théologie catholique se présente sous deux aspects. Les théologiens, recevant de la révélation, promulguée par l’Église, le dogme de l’union substantielle et hjpostatique dans le Christ, cherchent à rendre raison de cette union substantielle et hypostatique ; ils cherchent en conséquence à déterminer dans le Christ l’élément formel constitutif de l’unité d’hypostase ; en d’autres termes, ils reprennent le problème au point où l’avait laissé la théologie grecque de Léonce et du Damascèiie, pour approfondir davantage la question, depuis longtemps controversée : pourquoi la nature humaine, en Jésus-Christ, n’est-elle pas une personne ? En second lieu, les théologiens s’eflorcent de mettre en reUef les caractères mêmes de cette union intime et substantielle des deux natures en Jésus-( ; hrist et, par là, mettent au premier plan des problèmes que la théologie des Pères n’avait abordés qu’en passant. — 1. L’élément formel constitutif de l’union hypostatique. -- a) Coup d’œil d’ensemble sur les opinions catholiques. - - Sur ce point, qui a pris dans la théologie catholique depuis le xme siècle une importance telle qu’il semble absorber en lui-même toute la partie proprement scolastique du traité de l’incarnation, le progrès théologique se fait remarquer très particulièrement. Nous avons retracé les évolutions de la pensée chrétienne sur ce point à l’art. HvposTASE, en étudiant successivement les différentes opinions catholiques sur la notion de personne. On se contentera donc ici de résumer très brièvement les conclusions que ces différents systèmes tirent des prémisses posées, relativement à l’élément constitutif de l’union hypostatique. — a. Les anciens scolastiques ne semblent pas avoir de système arrêté. Leurs foimules, encore qu’elles soient exprimées en tennes métaphysiques, ne dépassent pas dans leur compréhension l’étendue rlu dogme hii-môme. Il n’y a qu’une personne en Jésus-Christ, parce qu’il n’y a qu’un sujet incom municable, existant à part soi ; la nature humaine, n’existant que par le Verbe, ne forme qu’un seul suppôt avec la divinité. Il ne semble pas que la théologie de saint’Bonaventure, d’Alexandre de Halès, d’Albert le Grand, de Guillaume d’Auxerre, dépasse cette conception encore toute dogmatique. Voir col. 409. — b. L’opinion scotiste accuse un progrès sur ces premières formules encore vagues. L’élément formel de la personnalité étant, pour Scot et son école, la négation de toute dépendance vis-à-vis d’un suppôt supérieur, l’unité substantielle et hypostatique s’affirme dans le Christ par là même que la nature humaine dépend actuellement de l’hypostase du Verbe. La dépendance par rapport au Verbe fait que cette nature ne peut être une personne, et qu’au contraire elle entre dans l’individualité substantielle du Verbe de Dieu. Pour l’exposé et la critique de cette théorie, voir col. 411. — c. La théorie deTiphaine, reprise par Franzelin, Pesch, Stentrup et bon nombre de théologiens contemporains, ne diffère en somme que verbalement de la théorie scotiste. L’élément constitutif de la personnalité étant, non pas quelque chose de négatif, comme chez Scot, mais quelque chose de positif, à savoir, la totalité d’être, la nature humaine en Jésus-Christ ne peut être une personne parce qu’elle ne possède pas par elle-même sa totalité, son être complet et individuel ; elle entre dans la totalité de l’hypostase du Verbe incarné et par là se trouve hypostatiquement unie au Fils de Dieu. Sur cette théorie, ses arguments, ses défenseurs, voir col. 413. — -<I. Suarez et ses partisans admettent deux réalités pour constituer la personne : d’abord, la nature individuelle ou l’essence, qu’ils identifient avec l’existence ; ensuite la subsistence, c’est-à-dire un mode substantiel distinct de l’existence, et qui, couronnant la nature, l ; i rend entièrement incommunicable. Ce mode est l’élément formel constitutif de la personnalité. En Jésus-Christ, la nature humaine n’est donc pas une personne, parce qu’il lui manque cette perfection substantielle qu’est la subsistence. Cette subsistence, en effet. est suppléée excellemment par la subsistence même du Verbe. Sur les inconvénients de cette doctrine, voir col. 418. — e. La théorie de Cajétan, reprise par la plupart des thomistes de l’école dominicaine, admet que la substance est complétée, terminée dans l’ordre substantiel par la personnalité, qui lui donne son cachet définitif ; le fait de s’appartenir à elle-même tout entière, la met à l’abri de toute atteinte du dehors ; et l’existence, réellement distincte d’ailleurs de l’essence, réalise le tout. La subsistence est intermédiaire entre la substance et l’existence : elle couronne la substance ; elle est couronnée par l’existence. Ces trois perfections sont subordonnées de telle sorte que l’une est le terme et le complément essentiel de la précédente. La nature est essentiellement perfectionnée par la subsistence comme la puissance par son acte, la subsistence est essentiellement perfectionnée par l’existence qu’elle prépare et qui est son couronnement définitif. La subsistence, mode substantiel préalable à l’existence, voilà l’élément constitutif de la personnalité. Dans cette conception, la nature humaine en.lésus-Christ n’est pas une personne, parce qu’elle manque à la fois de sa subsistence propre et de son existence propre, suppléées toutes deux par la personnalité du Verbe. Cette doctrine rend compte exactement du terme dogmatique : l’union LaO’j-oîtii-v, selon la subsislenrc. Sur les criticpies à formuler sur cette théorie, voir col. 415.

— I. Enfin, une théorie attribuée à Capréolus, et qui semble refléter exactement la pensée du docteur angélique, se différencie sur un jioint important de la théorie de Cajétan. Tout en admettant la distinction réelle de l’essence et de l’existence, ce svsièine voit