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HOMMES DE I/lTi : i.LIGENr.E— IIONGNANT


Il (lut abjurer de nouveau, ef fui rondamné ; i être enfermé pendant trois ans dans un des châteaux de l'évêquc, après avoir subi l'épreuve de la purfiation canonique. Faut-il rattacher aux hommes de l’intelligence un frère Thoenken ou Antoine, dont les sentiments hérétiques furent punis, en 1411, par la dégradation et un bannissement de dix années hors du Brabanl ? Cf. P. Fredericq, Corpus dociimenlorum Inquisilionis hareticic pravitatis Ncerlandkæ, Gand, 189(i, t. II, p. 198. H. Haupt, Realencijklopâdie, 3e édit., Leipzig, 1900, t. viii, p. 311, estime que oui ; c’est possible, mais non prouvé. Nous ignorouF l’histoire ultérieure de Guillaume d’Hildernisse ; ses adhérents s’aventuraient encore à prêcher sa doctrine subversive, dix ans apres sa rétractation, dans les villes et les bourgades brabançonnes.

Panthéisme, illuminisme, avènement du troisième âge de l’humanité, l'âge du Saint-Esprit, et de la liberté spirituelle », légitimation de tous les instincts de la chair, mépris des bonnes œuvres, de l'Église, du sacerdoce, telles sont les doctrines saillantes professées par les hommes de l’intelligence. Autant qu’on peut l’entrevoir à travers le texte du procès de Pierre d’Ailly, Gilles le Chantre ne formula pas toutes ces idées. C'était un esprit sans culture, étranger aux spéculations subtiles, mais un illuminé de la pire espèce, qui paraît avoir sombré dans la folie pure. Il déclarait tout simplement être le sauveur des hommes ; par lui on verrait le Christ, comme, par le Christ, le Père. Le Saint-Esprit lui avait dit qu’il était transféré à l'état d’un enfant de trois nus. Il prétendait agir sous l’inspiration de l’Esprit ; il s’en autorisait pour aller, un jour, tout nu sur le chemin. Sous ce même prétexte, il ne tenait aucun compte de la loi du jeûne et de l’abstinence, et, en général, des préceptes de l'Église. La luxure n’avait à ses yeux rien de répréhensible ; les délectations charnelles étaient « délectations du paradis ». Comme Gilles le Chantre, les femmes qui entrèrent dans la secte semblent y avoir vu surtout la suppression de toute barrière morale. On n’avait pas assez de reproches et de mauvais traitements pour l’une d’elles qui restait chaste. Une certaine Séraphia, une des autorités de la secte, disait ouvertement que l’acte de la chair en dehors du mariage est purement naturel comme le manger et le boire, et sans péché. Guillaume se défendit, au cours du procès, d’avoir prôné ces doctrines scandaleuses. Mais la sincérité de ses dénégations fut toujours suspecte. En tout cas, d’autres doctrines furent soutenues par lui qui aboutissaient logiquement à des conséquences pernicieuses, celles-ci par exemple : tout ce que l’homme fait ne contribue en rien à son salut ou à sa damnation, mais seulement la passion du Christ, qui a satisfait pour tous ; l’homme extérieur ne souille pas l’homme intérieur ; l’homme intérieur ne sera pas damné. Sans parler de formules plus explicites que la rumeur publique lui attribua, ces propositions étaient susceptibles d’entraîner loin, surtout quand on admettait, avec Guillaume, que l’homme intérieur pouvait avoir de Dieu une illumination et un embrassementtcls que l'éternité serait assurée, que l’on comprendr ; ât l'Écriture mieux et autrement qu’auparavant, unde et quandoquc asscrui quod mallem prædicarc sccundum sensum proprium et intelleclum mciim (remarquez cette expression qui confirme ce que nous avons dit de l’appcllatior

« hommes de l’intelligence » ) qiiam seciindum Scripluram. Cf. Baluze, loc. cit.. p. 287. A l’insiar de beaucoup de ceux qui saluèrent l’arrivée de l'âge du Saint-Esprit et de la « liberté spirituelle » et la cessation

de la loi présente, Guillaume professa le panthéisme, mais sous une forme relativeiuent discrète, disant que Dieu est partout, dans les jiierrcs, dans les mem bres de l’homme et dans l’enfer, ainsi que dans le saciement de l’autel, et que chacun possède Dieu parfaitement avant de communier, et niant la résurrection future, parce que, disaii-il, nous sommes les membres du (Christ et quc lu tête n’est pas ressuscitée sans les membres : il rejetait aussi l’eucharistie et l’enfer. Quant à l’antisacerdotalisiue de Guillaume, un mot l’exyjrime tout entier : Asserui icvrluLiunvm habuisse contra presbytères et audivisse voccm dicrnleni : Ego veni ad nwrti l’icandum presbyteros. Cf. Baluze, loc. cit., p. 287.

« Qui veut faire l’ange fait la bête » : les prétendus
« hommes de l’intelligence » en furent, à leur heure,

une preuve saisissante.

I. SoinCES. — Errores seclic hoininiini inlcllitjciitiie et processus faclus contra fratreni W illeliiiiini de Ilildenessem ordinis B. Maria" de Monte Carmeli per Pelriini de Alliaco ppiscopu/n Cameræee.iem anno Christi MCCCCXI, dans Baluze, Miscellanea, Paris, t. ii, p. 277-297 ; C. Du Plessis d'.rgentré, Colleetio jiidiciorum de nouis erroribus qui ab initio duodecimi Sicculi ad annum 1713 in Ecelesia proecripli sunt et notati, Paris, t. ii, p. 201-209 ; P. Fredericq. Corpus documenloriun Inquisilionis hærelicæ pravitatis Seerlandicæ, Gand, 1889, t. I, p. 267-279.

II. Travaux.

Raynaldi, Annal., an. 1411, n. 11 ; ( Paquot], Mémoires pour servir à l’Iiisloire littéraire des PaysBas, Louvain, 1766, t. viii, p. 94-103 ; C. U. Hahn, Gescliichte der Kelzer im Mitlelalter, Stuttgart, 1847, t. ii, p. 5265, '52 ; A. Jundt, Histoire du panthéisme populaire au moyen âge, Paris, 1875, p. 111 ; E. Varenberg, art. Gilles le Ctianlre, dans la Biographie nationale, publiée par l’Académie royale de Belgique, Bruxelles, 1883, t. vii, p. 771-772 ; A. Wauters, art. Guillaume d’Hildernisse, dans la Biographie nationale, Bruxelles, 1884, t. viii, p. 481-484 ; J.-J. Altmeyer, Les I)réeurseurs de la Réforme au.v Pays-Bas, Paris, 1886, t. i, p. 82-84 ; H. C. Lea, A history o/ the Inquisition o/ the middle aqes, New York, 1888, t. ii, p. 405-406 ; trad. S. Reinach, Paris, 1901, t. ii, p. 486-487 ; II. Haupt, dans a Realencyklopàdie, 3e édit., Leipzig, 1900, t. viii, p. 311-312 ; G. Eckhoud. Les libertins d’Anvers : légende et histoire des loïstes, Paris, 1912, p. 74.

F. Vernet. HONGNANT Claude-René, jésuite français, né à Paris le 14 novembre 1671, entré au noviciatle 7 septembre 1687, professa la philosophie et la théologie et tut associé à la rédaction des Mémoires de Trévoux, où il publia de noml>reux articles de critique littéraire et Ihéologique. En réponse au livre de l’abbé d’Houtteville : La religion prouvée par les faits, Paris, 1722, il r.'digea les Lettres de l’abbé *** à Monsieur iabbe Houtteville, Paris, 1722 ; Suite des lettres de l’abbé *** à Monsieur l’abbé Houtlcville, ibid., 1723. Cf. Journal des savants, 1723, p. 204 sq., 277 sq. Ces lettres furent attii- ' Iniées au P. Rouillé, S. J., qui protesta dans les Observedions sur les écrits modernes, t. viii, p. 69 ; il est probable que l’abbé Desfontaines n'était pas étranger à leur publication et qu’il en avait retouché le style. Dans la discussion soulevée par le P. Le Brun de l’Oratoire sur la forme de la consécration de l’eucharistie, le P. Hongnant intervint pour défendre la thèse de Claude de Saintes et d’Ysambert : Apologie des cmciens docteurs de la faculté de Paris, Paris, 1728. Cf. Mémoires de Trévoux, juillet 1728, p. 1306 ; Journal des savants, 1729, p. 181 sq. L’ne polémique plus ardente s’engagea au sujet de la publication du nouveau bréviaire de Paris. Le P. Hongnant publia une première Lettre sur m le nouveau bréviaire de Paris imprimé en 1736, s. 1. n. d., . suivie d’une Remontrance ou seconde lettre à M. l’archevêque de Paris, puis dune Troisième lettre sur le nouveau bréviaire de Paris, dirigée contre le P. Vignicr de l’Oratoire, qui avait pris la défense du bréviaire. La première lettre du P. Hongnant fut condamnée au feu par arrêt du Parlement le 8 juin 1736. Le P. Hongnant mourut à Paris le 15 mars 1745.

Sommervogel, Bibliothèque de la C de Jésus, t. iv, colJ 433-435 ; Oudin, dans MorOti, Le grand dictionnaire