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HYPOSTATIQUE (UNION


s’est uni le corps, c’est pour indiquer l’ordre d’intention, et non pour représenter l'âme comme un moyen terme physique, faisant le trait d’union entre le Verbe et le corps humain. Voir S. Thomas, Sum. theoL, III', q. VI, a. 1, 3, 4 ; et les commentateurs soit du Maître des Sentences, t. III, dist. II, soit de la Somme théologique, loc. cit., soit de la Somme Contra génies, t. IV, c. XLm, XLiv. Cette thèse est théologiquement certaine, Suarez, De incarnationc, disp. XVII, sect. iv, n. 4 ; elle seule rend compte de l’union hypostatique pendant le triduum de la mort du Christ. Suarez, De mijsteriis vilee Christi, disp. XXXVIII, sect. ii, n. 4. C’est la doctrine traditionnelle, enseignée par les Pères de l'Église. Petau, De incarnalione, t. XII, c. xix, n. 5 sq. Ensuite, malgré la controverse relative à l’information du sang par l'âme, voir t. vi, col. 585, il est théologiquement certain que le sang du Christ est uni immédiatement et hypostatiquement au Verbe, car il appartient à l’intégrité de la nature humaine. Cette assertion repose : a) sur le dogme de la présence réelle dans l’eucharistie sous les espèces du sang. Le Christ dit : « Ceci est mon sang », ce qui n’est vrai qu’en fonction de l’union hypostatique qui seule justifie la communication des idiomes ; cf. Heb., ii, 44 ; b) sur la valeur infinie attribuée à ce sang précieux, valeur inexplicable en dehors de l’union hypostatique, cf. I Pet., I, 19 ; Eph., i, 7 ; IJoa., i, 7 ; c) sur la déclaration de Clément VI, dans la bulle du jubilé de 1343, Denzinger-Bannwart, n. 550 ; d) sur la quasi-unanimité des théologiens à enseigner cette doctrine : seuls, en effet, Durand de Saint-Pourçain, In I V Sent., t. IV, dist. X, q. I. n. 16, et le supplément de Gabriel Biel, In IV Sent, t. IV, dist. XLIV, q. i, enseignent que le sang fut uni à l’hyposlase du Christ, parce qque faisant partie du corps, seul uni hypostatiquement ; mais cette opinion n’a trouvé aucun écho dans la tradition des écoles catholiques. Voir, sur le développement de ces preuves et sur la doctrine des théologiens résumant celle des Pères, Suarez, De incarnalione, disp. XV, sect. VI, et Salmanticenses, op. cit., disp. X, dub. ii. L’objection provenant de ce que le sang est perpétuellement en transformation, la nutrition lui apportant de nouveaux cléments remplaçant ceux qui s’en détachent, est réfutée par certains théologiens, voir Legrand, De incarnationc Verbi divini, diss. VI, c. ii, a. 2, concl. v ; mais il ne convient pas d’y attacher une importance particulière, la physiologie nous faisant voir, pour le corps lui-même, une semblable difliculté. La solution de cette difficuIté est simple : aussitôt qu’un élément nutritif est sufiisamment assimilé, il est informé par l'àme et uni hypostatiquement ; aussitôt que l'œuvre de désagrégation commence à s’accomplir, en vertu des lois mêmes de la vie, ces éléments que le corps doit rejeter ne sont plus informés par l'âme et unis hypostatiquement. Sur tous ces points, voir Suarez, disp. XV ; De Lugo, De incarnalione, disp. XIV, sect. n ; la théologie de Wurzbourg. De incarnalione, n. 305, et, parmi les auteurs contemporains, Stenlrup, De Verbo incarnalo, Solcriologia, th. xuv ; Pesch, Prælecliones dogmalicæ, t. IV, n. 132. L’union hypostatique s’est-elle étendue aux cheveux, aux dents, aux ongles, aux humeurs et aux liquides du corps ? Nous retrouvons ici toutes les controverses aussi subtiles qu’inutiles quc nous avons signalées à projjos de l'âme forme du corps humain. Voir t. a, col. 585-586. Cf. Suarez, loc. cit., sect. VII. La même question se pose pour les accidents corporels et spirituels. Ibid., sect. viii. Une chose est absolument certaine, c’est que tous ces éléments furent, sinon unis hypostatiquement, tout au moins pris par l’hyposlase du Fils de Dieu.

3° Le résultat ou terme « Mal de l’union : l’ht/postase ( composée : — L’union de la nature humaine au

Verbe de Dieu a pour résultat de constituer NotreSeigneur Jésus-Christ, V Homme-Dieu. L’exposé didactique de la théologie scolastique relativement à l’hypostase composée de Notre-Seigneur Jésus-Christ étudie un aspect particulier de l’union hypostatique, aspect déjà souligné par les Pères et les conciles, mais qu’il fallait étudier de plus près, afin de préciser la terminologie catholique sur ce point. — 1. Le terme 'jù'/lii'. ; signifiant l’union intime, substantielle de la nature divine et de la nature humaine en JésusClirist, quoique employé de préférence par les sévériens, voir col. 441, a cependant été accepté, consacré, canonisé par le magistère de l'Église. Le symbole, inséré dans les actes du concile d'Éphèse, Hardouin, t. i, col. 1640, et rappelant la doctrine attribuée au concile de Nicée contre Paul de Samosate, comporte , l’expression : i’v -poa’o-ov cjûvOstov iI. Osotrixoç oùpavioj za : àvOp’i)-£aç crapLo'ç ; le mot tjvOîj ;  ;, employé comme synonyme d’union, mais non de mélange, se retrouve également dans le II* concile œcuménique de Constantinople, can. 4, Denzinger-Bannwart, n. 216 ; le pape Agathon, dans sa lettre dogmatique, n’hésite pas à dire que le Christ ex (natnris) inconluse, inscparabililer et incommutabiliter est compositus, ibid., n. 288 ; bien plus, au VI* concile œcuménique, la lettre de saint Sophrone comporte ces mots, approuvés par le concile : « Nous adorons le Fils, Verbe incarné, et nous disons que son hypostase unique est composée, aiav aJToij tt, -/ j-oaTasiv À£yo|j.ôv o-jvOiTov, et nous la reconnaissons existant en deux natures. Hardouin, t. iii, col. 1260. Cf. II « concile de Constantinople, can. 7, Denzingcr-Bannwart, n. 219. Les Pères de l'Église n’ont pas hésité à employer eux aussi l’expression : hypostase ou personne composée, en parlant du Christ. Voir les textes dans Petau, De incarnalione, t. III, c. xii, n. 6 ; dans Thomassin, De incarnalione, t. III, c. vi, n. 3 ; dans Suarez, De incarnalione, disp. VII, sect. n ; dans Vasquez, De incarnalione, disp. XVI, c. ii. Toutefois, il convient de remarquer que, quelque soit rcmjiloi fait par les conciles et les Pères de cette expression, jamais il n’a été défini que la personne ou l’hyposlase du CiuMst fût composée. Cette assertion de Suarez, de Vasquez, loc. cit., et de De Lugo, De incarnationc, disp. X, n. 3, repose sur une confusion : le canon où se trouve airirmée cette doctrine est de Cyrus d'.lexandrie et non du concile. Cf. Hardouin, t. lii, col. 1341. — 2. Lorscju’il s’agit d’cxpliciucr la portée exacte de cette assertion, les théologiens scolastiqucs exposent les différents points de vue de la question. « Il est manifeste (lue, si nous envisageons la personne du ^'erbe en elle-même, elle est l’absolue simplicité, l’acte pur, incapable de rien acquérir et d’entrer comme partie composante dans un tout, à la manière dont les êtres incomplets s’unissent à l'être coniplct. « Hugon, Le mystère de l’incarnation, Paris, 1913. p. 202. Ce point de vue, acccplé par tous les Ihéologicns, est. certainement celui ((u’envisagent saint Honavenlure, //) IV Sent., t. III, dist. VI, a. 1, q. ii, allirmant que cette expression est verbum calumniabile ; ^coi. In IV Sent., t. III, dist. VI, q. iii, estimant (|U’il vaul mieux nier que la personne du Christ soit composée : loute leur école, et, parini les modernes, très spéciak’nient Tiphaine, op. cit., c. i-xiv, s 'élevant avec force contre les théologiens qui s'écartent sans raison des formules livrées par les anciens théologiens et ne savent pas distinguer entre ces deux proposilions : le Christ est composé, proposition vraie, et la personne ou Vhypostase du Christ c.it composée, proposilion fausse et â rejeter. Toulofois, il ne faut pas rejeter tout à fait l’expression : l)>poslasc ou personne composée, expression consacrée par lanl de Pères et par cerltins conciles. Saint Bonaventure explique que, si l’hypo-