Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/267

Cette page n’a pas encore été corrigée
519
320
HYPOSTATIQUE (UNION)


où la triiiité des personnes n’existeraiL pas eL où Dieu serait, par sa substance même, personnel. S. Thomas, Sum.theoL, HT', q.n, a. 2, ad l""' ; Cajélaii, in h. loc ; cf. q. iii, a. 1, 2. En conséquence, en Dieu, c’est la personne qui, d’une manière qui lui appartient en propre, élève à l’unité de son liypostase la nature humaine ; mais la nature divine, en raison même de son identité avec la personne, peut être dite secondairement, et parce que subsistante, terme de l’union. Ibid. Il est donc exact de dire que les natures divine et humaine sont unies en Jésus-Christ, bien que cette union soit une union, non en nature, mais en personne. Il ne faut pas craindre d’affirmer cette union des natures, au sens où la théologie le permet, et qui est le sens des Pères, encore hésitants sur la terminologie à employer et dont les expressions dépassent parfois la pensée. Voir col. 49C. Cf. Thomassin, De incarnationc, t. III, c. v, n. 2. — 2. L’incommunicabilité qui appartient en propre à la personne comme telle n’empêche pas le Verbe de faire participer l’humanité à sa personnalité divine ; la nature humaine n’ajoute rien à la divinité, infinie en perfection, et se suffisant pleinement dans sa subsistence ; mais c’est au contraire la personne divine qui tire à elle, qui élève jusqu'à elle, qui, pour employer le mot consacré par la scolastique, assume (adsumil) la nature humaine et la perfectionne. En raison de son infinie perfection et de sa subsistence transcendante, le Verbe peut ainsi assumer la nature humaine de manière à la faire subsister, par une union substantielle, dans sa personnalité ou hypostase divine. Cette personnalité reste inchangée, mais elle commence, dès l’incarnation, à subsister dans la nature humaine, tout comme elle subsiste de toute éternité dans la nature divine. Toutefois, ce n’est pas la nature humaine qui fait que le Fils de Dieu est une personne, puisqu’il l’a été de toute éternité, mais elle fait seulement qu’il est homme, tandis que la personne divine est absolument constituée d’après la nature divine. Cf. Sum. theol., IIP, q. iii, a. 1, ad 1°'", 2'"", 3'"". Dans l’union comme avant l’union, la personnalité divine reste donc incommunicable : la nature humaine ne constituant pas un sujet nouveau, mais étant simplement appelée à l’honneur de participer substantiellement à l’hj’postase du Fils de Dieu. Telle est la doctrine reçue unanimement chez les scoastiques, nonobstant des divergences assez profondes sur la portée des arguments employés, cf. Scot, /n IV Sc/i ;., l. III, dist. II, q.i ; mais, dans sa substance cette doctrine s’impose à tous, quels que soient les systèmes des écoles touchant l'élément formel constitutif de l’union hypostatique. 2° L’autre terme extrême de l’union : l’humanité. — Sous cet aspect, le problème didactique de l’union hypostatique embrasse deux questions principales. Dans la première on se demande dans quel ordre la nature humaine, considérée dans toutes les parties qui la composent, a été prise par le Verbe. Dans la seconde, on essaie de résoudre le problème des éléments eux-mêmes auxquels s’est étendue l’union hypostatique. — 1. Il est évident que toute l’humanité et ses parties ont été prises simultanément par le Verbe dans l’union hypostatique. L’ordre dont il est question ici n’est donc pas un ordre de temps, mais un ordre de nature et de causalité. Dans l’humanité, en effet, certaines parties moins nobles n’ont pu être prises par le Verbe qu’en raison d’autres parties plus nobles. Dans cet ordre de causalité, on peut dire, avec tous les théologiens scolastiques (sauf Gabriel Biel, In IV Sent., ]. III, dist. I, q. ii, a. 3, dist.ii, dont la doctrine doit être notée d’erreur, Suarez, De incarnationc, disp. XVII, sect. IV, n. 4), que, dan| l’ordre des parties essentielles, l'âme fut la raison de Vassomptibililc du corps, qui, en effet, ne peut être pris par le Verbe

que précisément parce qu’uni à l'àme, il forme une nature humaine complète. L’expression mediante anima est d’ailleurs empruntée par la scolastique aux Pères. Voir Petau, De incarnationc, t. IV, c. xi ; Thomassin, De incarnationc, t. IV, c. ix. Originairement, cette formule fut employée pour satisfaire à un besoin tout pratique, provoqué par les idées que se faisaient les ariens et les païens. D’après ces idées, on disait que l’adoption de la chair était impossible à Dieu, d’une part, parce que Dieu, de même que l’esprit humain, deviendrait l'âme de la chair… et, d’autre part, parce que la chair est trop éloignée de Dieu. » Scheeben, La dogmatique, trad. franc., Paris, 1882, t. iv, n. 503. Dans la scolastique, la formule mediante anima précise cette double signification conformément à la métaphysique aristotélicienne : « On dit que le Verbe est uni au corps par l’intermédiaire de l'âme ; en tant que le corps appartient par l'âme à la nature humaine que le Fils de Dieu se proposait de ijrendre ; mais cela ne signifie pas que l'âme est une sorte de milieu qui lie ce qui est uni. » S. Thomas, Sum. theoL, III », q. l, a. 2, ad 2°'". De même, si dans l'âme on compare entre elles les diverses parties potentielles, la partie supérieure, l’esprit, est la raison immédiate d'élever les autres parties à l’union avec le Verbe ; dans l’ordre de l’intention, c’est encore le tout, parce que complet et en quelque sorte parfait, qui a la priorité sur les parties intégrantes Voir Salnianticenses, disp. IX, dub. unie, ? 1-3. Les théologiens, sauf Durand de SaintPourçain, In IV Sent., t. III, dist. II, q. ii, sont unanimes sur ces points : les controverses ne commencent que lorsqu’il s’agit de savoir si l'âme a été prise, dans l’humanité, pour elle-même ou parce que co-principe constituant l’humanité : an illa (anima) fuerit prius assumpla ut quod, vcl solum ut quo ? Cf. Suarez, loc. cit., sect. v ; Gonet, Clypeus, De incarnationc, disp. X, a. 1, n. 7, 8. De plus, toute une école soutient que, dans l’ordre de l’exécution, la subsistence du Verbe fut d’abord communiquée à l'âme, et ensuite, par l'âme au corps et seulement enfin au composé humain, l'âme étant dans l’homme la partie essentielle à qui convient d’abord et naturellement la subsistence, le corps recevant de l'âme qui l’informe cette subsistence, et, enfin, le composé la possédant parce que résultant de l’union de l’un et de l’autre. Sua.rez, 16jrf., n. 3. Que l'âme ait été dans l’ordre de la nature et de la causalité la raison pour laquelle le Verbe s’est uni aussi le corps, cela n’implique nullement que, pendant le triduura de la mort du Sauveur, l’union hypostatique ait été rompue entre le Verbe et le corps séparé de l'âme. Voir plus loin. L’ordre transcendantal de l'âme au corps demeurait toujours dans l'âme du Christ et suffit à maintenir le bien-fondé de la théorie scolastique. Sum. theol, III', q.vi, a. 1, ad 3°". Cf. q. l, a. 2, ad 2°". Sur tous ces points, voir les commentaires des théologiens sur le Maître des Sentences, t. III, dist. II, et sur la Somme Ihéologique, IIP', q. vi, a. 1-5, et q. l, a. 2 ; mais très particulièrement S. Bonaventure et Gilles de Rome. Cf. Suarez, disp. XVII.. — 2. L’extension de l’union hj-postatique est une question soulevée à propos de l’information du corps humain par l'âme intellectuelle. Voir Forme du corps humain, t. ^^, col. 546-586. Tout d’abord, les théologiens enseignent unanimement que le corps du Christ a été uni non seulement à l’hjpostase du Verbe, mais qu’il lui a été uni hypostatiquement, c’est-à-dire de façon à entrer comme élément substantiel constitutif de la personne : c’est ce qui permet la communication des idiomes eu tout ce qui concerne les expressions signifiant les souffrances, la passion, la mort du Fils de Dieu. Le Verbe s’est uni hypostatiquement non seulement l'âme, mais l’humanité, donc le corps même du Christ. Si l'âme est dite être la raison pour laquelle le Verbe