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HOMICIDE — HOMMES DE L’INTELLIGENCE

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d) Cette remarque concerne également le veneficium magicum et le maleficium.

é) Dans l’assassinat avec guet-apens et préméditation ; dans l’empoisonnement au moyen de substances vénéneuses et naturelles ; dans le meurtre commis pour gagner une somme d’argent, en agissant au nom d’une tierce personne, comme le font les sicaires ; dans le proditorium, où le meurtrier se cache sous l’apparence de l’amitié, il n’y a que des circonstances aggravantes, mais non pas de nature à changer l’espèce même du péché. Layman, Theologia moralis,

I. III, De jusUlia, tr. III, c. iv, n. 1, t. i, p. 289.

m. Prohibition. — 1° Avant d'être prohibé par le décalogue, l’homicide fut, dès l’origine du monde, condamné par la loi naturelle, inscrite au fond de la conscience. Néanmoins, le premier crime commis par le fils aîné d’Adam fut l’homicide, ou plutôt le fratricide. Pour lui faire comprendre l'énormité de ce forfait, Jéhovah lit entendre au coupable cette terrible sentence : La voix du sang de ton frère crie de la terre vers moi. Maintenant tu es maudit de la terre, qui a ouvert sa bouche pour recevoir de ta main le sang de ton frère. Quand tu la cultiveras, elle ne te donnera plus ses fruits ; mais tu seras errant et fugitif sur la terre. Gen., iv, 10-12. En même temps que la voix redoutable de Jéhovah, celle de la conscience bourrelée par le remords retentissait au plus intime de l'être du malheureux fratricide, lui donnant cette conviction profonde que la seule peine adéquate au meurtre était l’effusion du sang du meurtrier luimême. « Mon crime est trop grand pour que je puisse obtenir le iiardon, s'écria-t-il. Vous me chassez aujourd’hui de cette terre : je serai errant et fugitif, et quiconque me trouvera, me tuera. > Gen., iv, 13-14.

2 '.près le déluge, Dieu, parlant aux enfants de Noé, défend de nouveau l’homicide, sous la peine la plus sévère : celle du talion. « Si quekpi’un verse le sang humain, son sang à lui sera répandu aussi, car l’homme est fait à l’image de Dieu. » Gen., ix, 0. Et, pour inculquer à tous le respect de la vie de leurs semblables, le Seigneur prescrit que même les animaux qui auraient versé le sang humain soient punis de mort. Gen., ix, 5. Toutes ces prescriptions sont renouvelées dans la loi donnée par Dieu à Moïse ; elles y sont réitérées plusieurs fois, et en détail. Exod., xxi, 12-29 ; Num., XXXV, 16-33. On les retrouve dans le livre de la Sagesse,

II, 21-23.,

3° Dans le Nouveau Testament, Jésus-Christ promulgue de nouveau les prescriptions du décalogue, .Matth., XXVI, 52, et l'écho s’en retrouve jusque dans l’Apocalypse, xiii, 10. Mais, pour diminuer le nombre des meurtres parmi les hommes. Jésus condamna la vengeance individuelle. Alatth., v, 21-21. Dejjuis, les siècles sont là pour témoigner que, dans tous les temps et dans tous les pays, ce crime est devenu infiniment moins fréquent chez les peuples chrétiens que dans les nations infidèles, parmi lesquelles la vie humaine a toujours compté pour si peu et compte encore pour si peu, à l’heure actuelle. Dans ces nations, en elTet, maintenant, comme aux siècles passés, l’avorlement volontaire, le meurtre des enfants mal conformés, celui des petites filles ou des garçons que les parents jUKent inutiles pnur eux, le meurtre des esclaves, les combats de gladiateurs ou de boxeurs, qui se donnent la mori pour amuser les foules de spectateurs : toutes ces abominations et autres semblables ne sont pas considérées comme des crimes de lèsehumanité. Ce ne sont pas Us déclamations des rhéteurs, les chants des poètes ou les lois civiles qui les feront disparaître. Seules les prescrijilions de rfivangile et les Ids de l’figlise ont contribué cfficncement à mettre en sûreté la vie des hommes, quand tous les décrets des législateurs, même prononçant

les peines afîlictives les plus graves contre les meurtriers, produisaient si peu de résultats, même au sein des sociétés qui se prétendent civilisées, mais cjui. par orgueil et par esprit de folle indépendance, repoussent de toutes leurs forces le frein salutaire de l’autorité religieuse. Plus ces sociétés s'écartent de la voie indiquée par l'Évangile, plus elles retournent rapidement aux horreurs de l’infidélité.

Pour les divers cas particuliers d’homicides, voir

    1. AVORTEMENT##


AVORTEMENT, EmBRYOTOMIE, DuEL, IxFANTICIDE,

Suicide, Guerre, Vengeance.

Layman, Theolngia moralis, t. III, tr. III, part. III, c. IV, n. 1 sq., 2 in-fol., Venisc, 1683, t. i, p. 289.sq. ; Fenaris, Prompta bibliotheca canonica, juridica, moralis, theologica. au mot Assassinitim, 10 in-4'>, Rome, 1785-1790, 1. 1, p.280285 ; S. Alphonse, Theologia moralis, l. III.tr. IV, n.360sq.. 4 in-4, Rome, édit. Gaudé, 190.5-1912, t. i, p. 620 sq. ; Palmieri, Opus theologicum moralein Busembaum mediillam. tr. VI, £)e pricccptis decalogi, sect. v, c. i, 7 in-8°, Prato 1889-1893, t. ii, p. 596 sq. ; Ojetti, Stinoi>sis rerum moraliwn et juris pontificii alpliabeiico ordine digesta, 2 m-4°, Prato, 1905, au mot Homicidium, t. ii, p. 15 sq. ; Noldin, Summa theologica moralis, 3 in-S", Inspruck, 1908, t. ii, p. 356 sq.

T. Oktolan.

    1. HOMMES DE L’INTELLIGENCE##


HOMMES DE L’INTELLIGENCE. H. C. Lea, Histoire de V Inquisition au moyen âge, trad. S. Reinach, Paris, 1901, t. ii, p. 486, pense que la secle des hommes de l’intelligence n’adopta ce nom que pour dissimuler son anilialion à l’association proscrite des frères du libre esjirit. Ce n’est pas probable : l’unité proprement dite d’une secte du libre esprit au moyen âge est loin d'être établie, voir t. vi, col. 801-804, et parler d' « affiliation a l’association proscrite » est se lancer en plein arbitraire. Les hommes de l’intelligence eurent des idées communes avec les groupements hérétiques cpii, tout en professant des théories diiïérentes, se réclamèrent de la liberté de l’esprit : voilà tout ce qu’il est permis d’allirmer. 0° ; int à leur dénomination, elle s’explique sans doute par ce fait, qu’un des articles de leur créance était que r Esprit-Saint allait éclairer l’intelligence des hommes plus que par le passé, plus même qu’il ne l’avait fait dans les apôtres, qui n’avaient eu que l'écorce de la vérité. A la suite d’une révélation, Guillaume d’Hildernisse aurait dit quod eram lotaliter alileratiis et sine labore et studio intelligebam sacram Scriptural » clarius quam anle, et quod non poteram decipi, et quod prædicationes meæ erant ultra humanum intcllectum. Cf. Errores scctæ hominum intelligentiæ, dans Baluze, Miscellanea, Paris, t. ii, ]). 286, 295. Les sectaires se croyaient en possession des lumières du Saint-Esprit ; ils étaient donc les « intelligents ». I Jusqu'à quel point les enseignements de deux femmes, la Bloennadinne de Rru elles et Marie de Valenciennes, qui écrivirent, la première vers 1330, la seconde vers la fin du xne siècle, voir t. vi, col. 800807, frayèrent la voie aux hommes de l’intelligence, c’est ce qu’il est impossible de détenniner. Nous savons seulement que le fondateur de la secte fut un laïque, Gilles le Chantre ou Sanphers, lequel se mit à dogmatiser à Bruxelles, vers 1399. Il recruta des adhésions particulièrement dans les r.mgs des femmes, à Anvers et dans tout le Brabant. La principale recrue fut un carme, Guillaume d’Hildernisse, né vers 1358, dans un village de ce nom, aux environs d’Anvers.

Vers 1410, Pierre d’Ailly, évêque de Cambrai, de qui dépendait Bruxelles, instniisit un procès contre Guillaume, devenu le chef de la secte après la mort de Gilles le Chantre. Guillaume se rétracta, mais avec des restrictions et en des termes tels que ses partisans virent dans son langage la confirmation plutôt que le rejet de ses doctrines. En 1411, Pierre d’Ailly reiirit la poursuite. Guillaume fut conduit à Cambrai.