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H Y P O S TA TIQUE ( L N ION)


moins bincèrenient que Iciiis adversaires l’absolue unité individuelle du Christ, la divinité proprement dite de Jésus. Ils ne divisaient pas l’unique Seigneur ; l’union en personne n’était pas une pure adhésion morale, une relation extrinsèque du fils de Marie au Fils de Dieu… De part et d’autre on confessait un seul et mtme Verbe incarné, vrai Dieu et vrai homme, consubstantiel au Père et à nous, sans mélange, sans confusion, sans transformation essentielle des éléments, sans séparation du Dieu et de l’homme quant .1 l’existence individuelle. De part et d’autre ou rejetait avec horreur l’impiété de Nestorius et la folie (l’Eutyches… ; la différence était totalement et exclusivement dans l’exposition dogmatique et scientifique de la christologie ; la querelle provenait d’un immense malentendu sur le sens des formules : une nature de Dieu le Verbe incarné, et (en) deux natures après l’union. » J. Lebon, op. cit., p. 508-509. Le patronage du pseudo-Denys l’Arcopagite, voir Denys L Aréopagite (Le pseudo-), t. iv, col. 12^, dont se réclamaient les sévériens, suffirait à lui seul à indiquer leur orthodoxie réelle. Le pseudo-Denys semble s’être peu intéressé aux controverses christologiques de son temps. Il n’a ni la formule ufa çJcj’.ç, ni la formule oJo sjasi ;  : « Le Verbe, ou plutôt Jésus simple s’est composé (jjvîtîÛï, ) sans changement et sans confusion (àvaÀÀo’.fo-rok La : 13jy/JT(o ;) avec une iiumanité complète. Il était vraiment Dieu et entièrement homme (Lxt’oùiiav oat, / àÀr/J’o ; x’Aiç, » i-’i : ’>/), mais cependant, tout en étant homme, il était au-dessus de l’homme. // n’opérait pas en Dieu les choses divines, ni les choses humaines en liomme, mais il nous présentait une nouvelle opération théandrique d’unDieudevenu homme « , i-jr, y.y()yj-o ; l}iryjLy.r, 7]/ T’va t>, v (tîavôpîzfiV ï’^iy.’î'.yi’/ f, ; j.’.v -£-o/, ’.t : j ; j.ivo ;. Cf. Tixeront, op. cil., t. iii, p. 134. Toutefois, nonobstant leur ortho<loxie réeUe, les sévériens différaient verbalement des catholiques, et au malentendu sur la terminologie il faut ajouter leur entêtement à ne pas vouloir entendre et accepter les explications des catholiques. Par leur opposition systématique aux formules du concile de {^halcédoine, ils méritent vraiment d’être qualifiés comme hérétiques. Cf. Eutychès, col. 1599. Enfin la fornmle occidentale de l’union hypostatiquc, dua’naiuræ in una persona, par sa ressemblance même avec celle de Nestorius et des Antiochiens, paraissait suspecte aux monophysites les plus ortliodoxcs. L’unique tlifférence, qui séparait cette formule des formules nestoriennes, consistait dans l’ailirmation, par les catholiques, d’une seule hypostase ; au point de vue des grecs, cette différence était capitale ; mais les monophysites entendirent alors VJ-’i-j-’x- ::; des catholiques dans le sens du -po^’.irov de Nestorius : inconséquence ou ruse de leurs adversaires chalcédoniens. Cf. Lebon, op. cit., p. 509-510. De là, l’impossibilité d’arriver à une entente véritable.

2. La théologie dijophiisile hétérodoxe. -— Nous en avons étudié déjà l’évolution à projios des antécédents du nestorianisme et au sujet du nestorianisme lid-même et de la théologie de Théodore et de Nestorius. Ii’i, la théologie hétérodoxe est, avant tout, préoccupée de sauvegarder en Jésus-Christ la dualité de ce que nous appelons, après saint Léon et le concile de Challédoine, les natures, divinité et humanité. La déduction Ihéologiquc consiste ici a partir du même principe l)liilosophique admis par le monophysisme. l’équi ; i)cn(e de çj^.- et d’Iro^T » / ::. Voir col. -192. Le iriot -yii’t-’, /, d’importation occidentale, présente, vons-nous dit. un sens abstrait qui |)crmpt aux dyol’iiysites nestoricns d’y Iroiiver la formule indiquant, <-n Jésus-tJirisl. l’imité de prr.sonnniilr. Toute la "léoloKic ncsiorienne repose donc sur l’identification les termes ; jî ;  ; et iroiTa’j ::, tout comme la théo logie eutychienne. Nous avons vii, Hypostase, col. 394, les déductions que les représentants du nestorianisme en Perse ont tirées de ce principe. L’union hypostatique, pour eux, n’existe pas, puisque le Christ comporte deux hypostases, c’est-à-dire deux réalités concrètes, deux natures individuelles, la divinité et l’humanité. Il ne faut parler que d’union prosopique, union dans la personnalité, et dans une personnalité constituée par la complaisance du Verbe pour l’humanité : c’est l’union morale opposée à l’union physique des monophysites et des catholicpies.

Les conclusions d’une telle position Ihéologique sont innombrables. Nous en avons énuméré les prinlipales en exposant succinctement le système christologiquc .de Nestorius. Voir col. 471 sq. Nous souliunerons ici simplement le processus thèologique ciui est à la base de toutes ces erreurs. Au fond, monophysisme et nestorianisme, s’inspirant des données de la philosophie rationnelle, ne concevaient aucune distinction entre les concepts de nature et d’hyposlase. Les controverses trinitaires, qui avaient abouti, dans l’exposé du mystère, à la distinction du terme ojaia et du terme O-ojTaa’.ç, voir Hypostase, col. 379 sq., n’ont eu, tout d’abord, aucune influence sur la terminologie à employer en christologie. « Oui, sans doute, les théologiens du ive siècle, et principalement les Cappa<lociens, distinguaient en Dieu la « nature » et les « hyjiostases » ; ces luttes contre l’arianisme avaient eu pour résultat de fixer la terminologie scicntilique du dogme trinitaire et, par le fait même, de déterminer l’objet de la croyance avec pins de clarté et de précision. Mais les Pères admettaient cette distinction au sujet du mystère de la sainte Trinité, sans jiroposer d’explication philosophique, sur la différence qui existe entre > nature » et « personne ». Lorsqu’il s’agit de Dieu, l^asile, les deux Grégoire, Épiphane, tous les orthodoxes et l’évêque do Laodicée lui-même (.polliiiaire), distinguent trois lu/postases et une nature ; la nature divine n’est pas une essence spéci tique commune à plusieurs individus ; elle est numériquement une, c’est la’monade » : ôij.’/Aoyojij.jv tr)v TptaBa, ’j.ovâôa’; / -y.ifi : Lx : tp^aoa jv uovio’.. S. Épiphane, User., LXii, n. 8, P. G., t. xi.i, col. io53 ; cf. Petau, De Trinitate, t. IV, c. xra-xiv. Mais lorsqu’il s’agit des créatures et des nolions rationnelles de nature » et d’ « hypostase ils opposent çj3 : v (ou aussi ojdîav) à j-OCTTa^tv, comme 1e qui est général et commun à ce qui est propre ou particulier. Les Cappadocicns eux-mêmes ignorent en quoi une nature individuelle est distincte d’une hypostase. On comprend, dès lors, que la doctrine trinitaire ne leur ait pas été d’une grande utilité pour la solution du problème christologicpie. C’est même un lait assez étrange qu’aucun d’eux ne formule le <logme de l’incarnation, en disant que la divinité et l’hiimaiiitê sont unies dans le Christ /a8’'jr.ih-x- ; -/, mais restent distinctes zaTï zJz : ’L.i surplus, la doctrine orthodoxe sur ce mystère présentait au regard de la raison une dilhculté plus grande que la do( Irinc trinitaire. Ici, en effet, les deux termes à concilier appar1 iennent à la sphère du divin, et il n’éLiit point malaisé d’admettre que nos connaissances rationnelles des rapports de la nature et de la personne ne peuvent sapjdiquerà l’être incompréhensible… Mais l’humanité du Christ est de l’ordre des choses isibles ; elle est semblable à la nôtre. Or, la raison ne dit-elle pas qu’une nature individuelle subsiste par clle-meme et constitue pnr conséquent une personne ? Comment la nature Inimainc peut-elle être unie à la nature divine de.Jésus Christ, sans détriment))our l’unité d’hyposlase ? Pour expliquer ce mystère, il ne sulllsait pas de considérer cpie les notions rationnelles ne peuvent >-’ai)))li<|iier de la im’me façon aux choses créées et à J.)len : il fallait recoiinaitrc que, dans les créatures