Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

-477

HYPOSTATIQUE (UNION)

478

3. La condamnation de Neslorius marque un premier progrès dOi : matiqiie certain. Elle déclare aulhentiquement riiércticité du concept de l’union purement morale et volontaire, la ajvà ; £ : a, et son opposition formelle avec le concept catholique traditionnel de l’unité substantielle du sujet en Jésus-Christ, Dieu et homme à la fois, unité qui implique l’union réelle et physique. Mais elle ne va pas plus loin, et la formule définitive de l’union réelle et pliysique est encore à trouver. Saint Cyrille, il est vrai, dans ses douze anathématismes, voir t. iii, col. 2509-2511, avait bien proposé au concile d’Éphèse, qui condamna l’hérésie nestorienne, une doctrine christologjque positive ; mais bien que représentant la doctrine christolotjique des Pères clu concile, les anathématismes n’ont reçu aucune consécration officicUe. Voir Éphèse, t. v, col. 148. Ils reflètent d’ailleurs une pensée qui, tout en étant parfaitement catholique et traditionnelle, se présente cependant avec une nuance très particulière : l’union physique. Anal., m ; selon la réalité, Anat., II, l’unité substantielle du Christ, Anat., ix, x, xi ; la communication des idiomes, Anat., xii, y sont nettement affirmées ; la dualité des personnes est réprouvée. Anal., IV (sur l’apijarente contradiction de cet anathémalisme avec les aflirmations du symbole d’union, voirt.iii, col.2514) ; inaistout enreconnaissant que Jésus-Christ, Dieu et homme tout ensemble, Anat., VI, est le Verbe même de Dieu fait chair. Anal., viii, saint Cyrille, dans ses anathématismes, ne formule pas d’une façon suflisamment claire la dualité des natures ; il ne parle pas des deux z-Jm :  ;, comme il en parle dans le symbole d’union. Aussi les monophysites abuseront-ils de sa terminologie pour revendiquer l’autorité de saint (Cyrille en faveur de leur hérésie. Pour aboutir à la fenmule délinitive de l’union hypostatique (bien que le mot se trouve déjà dans saint Cyrille, Anal., ii), une nouvelle controverse, Ifi controverse eutychienne, sera nécessaire. Elle permettra à l’Église de préciser exactement la véritable position doctrinale de l’orthodoxie et d’imposer à la théologie catholique les formules définitives, en réprouvant des hérésies également dangereuses et dianiétralement opposées et en choisissant des termes dont le sens, bien précisé, ne peut plus se prêter à des é [uivoques pernicieuses.

La controverse eutychienne.

Voir Eutychès

et EuTYCHiANisME, t. V, col. 1582 sq. Il suflit de rappeler ici les conclusions doctrinales de cette controverse. « lîutychès reconnaît donc : 1. qu’il n’y a qu’une personne en Jésus-Christ, celle du Verbe : 2. que le Verbe a pris sa chair véritable et non apparente, de la Vierge Marie, et qu’il est à la fois Dieu parfait et homme parfait ; 3. que la Vierge Marie nous est consubstantielle ; 4. qu’il n’y a pas eu de mélange de l’humanité et de la divinilé, mais que le Verbe est resté sans changement ; 5. que les docètes, Valentin, .Apollinaire et tous ceux qui attribuent une origine céleste à la chair du Christ sont dignes d’analhème. » Voir t. V, col. 1590. Ces aflirmations sont, en soi, orthodoxes, mais Eutychès fut jugé digne d’anathème, parce qu’il s’obstina à ne reconnaître, en Jésus-Christ, après l’union, qu’une nature. Peut-être voulait-il donner à cette allirmation le sens que saint Cyrille attribuait à sa formule ; jia çûj ç zo’j.’iyr)j7-.z3.yL">[j.ivT„ mais il ne sut pas cxpliqncr sa pensée : au contraire, attribuant à Jésus, par une distinction subtile, un corps humain, mais non pas un corps d’homme (voir l.v, col. 1591), il semblait nier la consubstantialité de Jésus avec nou> ; loiil au moins avouait-il n’avoir « pas dit que le corps du Solj^ncur notre Dieu nous fût con%ubslanliel. Cf. Mansi, t. vi, col. 741. I.es controverses suscitées par l’eutychianisme se continuèrent, après Eutychès, dans les discussions monophysites.

Voir t. v, col. 1601 sq. Le point commun à toutes les affirmations monophysites, c’est la doctrine d’une seule nature en Jésus-Christ après l’union. Les sévériens, hétérodoxes en terminologie, parce que rejetant les formules de Chalcédoine, semblent avoir admis l’unité de nature au sens de saint Cyrille. Néanmoins, leur opposition aux formules du concile sullit à les ranger au nombre des hcrétioues. Voir Eutychès, col. 1599 ; Hérésie, t. vi, col. 2218-2219.

Sur les préliminaires et les discussions du concile de Chalcédoine qui termina dogmatiquement l’affaire de l’eutychianisme, voir Chalcédoine, t. ii, col. 2190 sq.

V. Définitions plus précises du dogme. — 1° Lettre dogmatique de saint Léon à Flavien, cvêque de Constantinople. — Cette lettre, P. L., t. liv, col. 763, cf. Cavallera, Thésaurus, n. 677-687, propose des formules qui. tout en maintenant les acquisitions doctrinales d’Éphèse, évitent les tendances et la terminologie moins exacte de saint Cyrille et de l’école d’Alexandrie.

En voici les passages importants :

C. II. Nesciens quid deberet deVerbi Dei incarnatione sentire, nec volens ad pro merenduni intelligentia ? lumen insanctarumScriptiirarum latitudine laborare, illam salteni coniniuncm et indiscretam confessioneni sollicito reccpisset auditii, qua fidelium uni versitas profitetiir : credere se in Dcum Patrcm oninipotentem et in Jesum Christum Filiuni cjus unicum, Doniinum nostrum, qui natus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine. Quibus tribus sententiis omnium fere ha » reticorum machina ; destruuntur. Cuni cnini Deus et omnipotens et Pater creditur, consempitcrnus eidem Filius domonstratur, in nullo a Pâtre dillerens, quia de Dec Dcus, de omnipotent eonini pot pns.dea’liTno natus est coa ; lenius, non posterior tenipore, non inferior potestate, non dissimilis sloria, non divisas essentia ; idem vcro sempiterni Geniloris l’nigenitus scmpiternus natus est de Spiritu Sancto ex Maria Virgine. Quae nativilas temporalis illi nativitali divinse et scinpiternip niliil minuit, nihil contulit, scd tolam se rcparando honiini… impendit. .. Non cnim superare posscmus pccoati et niortis auctorcm. nisi naturani nostram ille suscipcrct et suam taccret, qucm nec pcccatum contaminarc, nec mors potuit dctinere. C.on(epfus quippe est de Spiritu Sancto intra uleruni Matris Virginls, cpia> illum, ila salva virjiinilate cdidit qucmadmodum salva virginitatc conccpil…

Nec fruslratorlp loquens, ita Ncrhuni dicorcl cnrncm facluni, ut cdilus utero Virginis Christ us habprrt lorniam liominis, et non habcret niatcrni corporis veriintrm. An forte idro

Ignorant ce qu’il devait croire sur l’incarnation du Verbe de Dieu, et ne voulant pas scruter sur ce point la sainte Écriture, il (Eutychès ) aurait dû, au moins, s’en tenir au symbole que tous connaissent et professent, et croire en Dieu, le Père tout-puissant, et en .lésus-Clirist, son Fils unique, Notre-Scigneur, né par le Saint-Esprit de la Vierge Marie. Ces trois propositions suffisent presque pour vaincre toutes les hérésies. Car celui qui croit en Dieu le Père tout-puissant, reconnaîtra que le Fils est coéterncl au Père, dont il ne diffère en rien, parce ipi’il est Dieu de Dieu, toutpuissant du tout-puissant, coéternel (le l’éternel, n’étant ni inférieur quant au temps, ni moindre quant à la puissance ni inégal quant A la majesté, ni séparé tpiant à la substance. Et ce Fils éternel d’un Père éternel est né par le Saint-Esprit de Marie In Vierge. Cette naissance temporelle n’a rien retranché, rien ajouté à la naissance divine et éternelle ; son unique raison d’être a clé le salut des hommes… car nous ne pouvions dominer l’auteur du péché et de la mort, si Lui, qui n’est pas souillé du péché et qui n’a pas ù craindre la mort, n’avait pris notre nature et ne l’avait faite sienne. Il a été conçu par le Saint-Esprit dans le sein de la Vierge, qui l’a enfanté sans qu’elle perdît sa virginité, de même qu’elle l’a conçu sans qu’il y fût porté atteinte…

( J.ul < liés) n’aurait pas alors pensé que le Verbe s’est fait chair dans ce sens que le (Christ né du sein de la Vierge avait une forme humaine, sans avoir un corps véritable de la même