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d’expliquer l’iiuanialioii ou la trinité en regard du dogme catholique L’art. Hypostase a précisément démontré que les hérésies même « les plus opposées, sabellianisnie, arianisme, trithéisme, nestorianisme, monophysisme de toute espèce, reposent toutes sur un iirincipe philosophique faux. Dans les questions triniu'àres elles allirment que toute substance, y compris l’ojdi ?. divine, par là même qu’elle est singulière, ne peut être commune à plusieurs individus distincts. Aussi, là où il n’y a qu’une essence singulière, il n’y a aussi qu’un seul sujet dont elle est l’essence. Donc, en Dieu, ou bien, s’il n’y a qu’une essence, il n’y a aussi qu’une hj’postase ; ou bien, s’il faut admettre trois hypojtases, il faut admettre pareillement trois essences. Dans les questions christologiques, ils posent en principe qu’une oùsia singulière et entière est nécessairement en elle-même et par soi subsistante, et, à cause même de cette conception, que la dualité des natures en Jésus-Christ implique la dualité d’hypostases, hypostase divine et hypostase humaine, ou bien, au contraire, que l’unité d’hypostase oblige à conclure à l’unité d’essence ou de nature. » Franzelin, De Virbo incarnato, Rome, 1874, p. 177. Le dogme catholique a obligé, au contraire, les Pères de l’I^glise à considérer avec plus d’attention les idées d’essence, de nature, d’hypostase, de personne, et d’introduire dans ces concepts philosophiques les nuances et les distinctions que les hérétiques ne savaient pas y mettre. « Les Pères ont remarqué que, si la raison seule ne peut arriver à concevoir comment l’essence singuhère est ou peut être commune à plusieurs individus, la foi nous oblige cependant à admettre qu’il en est ainsi de l’essence divine ; de même, qu’il est certain qu’une substance singulière, entière, réellement existante, la nature humaine dans le Christ, n’est pas par soi un homme distinct du Verbe, mais cjue c’est le Verbe lui-même devenu homme par cette nature humaine prise par lui et faite sienne. En raison de cette double vérité révélée, ils comprenaient que la définition philosophique péchait par quelque endroit, et ne pouvait s’appliquer à l’essence infinie de Dieu ni à la substance créée, mais subsistant selon un mode surnaturel ; et qu’en conséquence, faux était le principe des hérétiques, qui concevaient toute substance singulière comme une hypostase, ne pouvant être commune à plusieurs individus distincts et devant nécessairement subsister par soi et séparément. » Ihid., p. 177-178. De là l'évolution que nous avons signalée, relativement au concept d’hypostase, pris d’abord selon son acception ordinaire de réalité subsistant en soi et non point en autrui. Voir Hypostase, col. 385 sq. Nous n’avons pas à revenir ici sur cette évolution de la philosophie chrétienne, et nous nous contentons de la rappeler en vue d’une intelligence plus cornplète des controverses relatives à l’union hypostatique.

2° Les controve'-ses du II^ sicck. — Les hérésies antérieures au m'e siècle, et concernant la personne de Notre-Seigneur Jésus-Christ, ne visent pas directement l’union et le mode d’union des natures en une personne unique. Elles sont toutefois l’occasion pour les Pères de l'Église de formuler le dogme de l’unité substantielle du Christ, Dieu et homme ; mais la controverse ne porte pas, directement du moins, sur ce point spécial du dogme catholique. Le gnosticisme, aboutissant au docélisme, niait la réalité même de l’incarnation : Jésus, le Jésus de l'Évangile, n’est que le réceptacle passager d’un don supérieur, émané de Dieu. Voir Basilide, t. ii, col. 471 ; Docétisme, t. iv, col. 1484-1501 ; Gnosticisme, t. vi, col. 1461-1462 ; Marcion. Cette erreur est, pour les Pères qui l’ont combattue, l’occasion d’affirmer que le Verbe n’est pas en Jésus comme en un réceptacle, mais que le Verbe

est bien Jésus, qu’il est Dieu et que ce même Jésus qui est Dieu est aussi homme. Des réfutations que les Pères, notamment saint Irénéeet Tertullien, ont faites du docétisme, voir t iv, col. 1493-1 196, on a retenu ici, col. 451-152, les textes qui ont trait directement à l’unité substantielle du Christ, Dieu et homme. A la conception gnostique se rattache le docétisme de Cérinthe, voir ce mot, t. II, col. 2153-2154, dont saint Ignace, saint Polycarpe et plus tard saint Irénée et saint Hippolyte nous ont conservé les idées originales, et l'ébionisme, voir t. IV, col. 1990, si voisin des erreurs de Cérinthe et de Carpocrate en matière christologique. C’est encore en luttant contre l’adoptianisme naissant et proposé par la secte des aloges, voir ce mot, 1. 1, col. 898-901, que les Pères ont l’occasion de formuler la doctrine catholique. Cf. d’Alès, op. cit., p. 104-109. Ici, c’est la divinité même de Notre-Seigneur qui est directement en jeu. Voir aussi Ei.césaites, t. iv, col. 2236. L’hérésie des patripassiens et du monarchianisme, voir ces mots, servit également à préciser la pensée catholique sur la distinction du Père et du Verbe, la réalité de l’incarnation du Fils et l’unité substantielle de Jésus. C’est à propos de toutes ces hérésies de la primitive époque, que les Pères ont pu nous laisser les formules rapportées plus haut et qui marquent la doctrine catholique relativement à l’union hypostatique.

Nous avons dit que ces différentes hérésies ont été pour les Pères l’occasion de formuler le dogme de l’unité substantielle du Christ, à la fois Dieu et homme. C’est donc une erreur de ne distinguer dans le christianisme, même aux ii « et nie siècles, que deux grands courants d’opinion (c’est l’erreur de Harnack, dans son Histoire des dogmes, touchant le dogme christologique), l’un, docète, où le Christ est considéré comme un Dieu incarné, l’autre, ébionite, où il s’agit plutôt d’un homme divinisé. Entre les deux théories extrêmes et opposées, lesquelles, chacune en son genre, accentuent un côté du Sauveur au détriment de l’autre, l'Église tient un juste milieu : elle donne à l’humanité comme à la divinité l’importance qu’il convient de leur attribuer : la nature divine est propre au Verbe, la nature humaine lui est adventice ; il les unit toutes deux dans sa personne ; seulement cette personne est divine et, par ces motifs, l'élément divin prévaut dans le Christ. Cf. Voisin, op. cit., p. 350-351.

3° Premières précisions dans la controverse, an iiie siècle. — 1. Les antécédents du nestorianisme. — L’adoptianisme naissant enseignait, à la suite des ébionites, que Jésus, fils de Marie, n’est qu’un homme, élevé par l’adoption divine à la dignité de Fils de Dieu. De là, la nécessité, pour les partisans de cette hérésie, de rejeter le IV « Évangile et, en général, les écrits johanniques. S. Épiphane, Hser., li, n. 4, 18, 22. 28, 30, 32-34, P. G., t. xli, col. 892, 921, 928, 936, 941, 945-953. Tout en maintenant le contact de la divinité avec l’humanité de Jésus-Christ, ou plutôt avec JésusChrist lui-même, simple homme, cette hérésie en venait à poser le principe d’une union purement morale entre Dieu et le Christ. Le Christ ne se distingue des autres hommes que par l’habitation spéciale de l’Esprit-Saint, qui en fait, après le baptême dans le Jourdain, le Fils de Dieu. Telle fut la thèse soutenue à Rome sur la fin du ii"e siècle, par Théodote le Corroyeur. Voir S. Épiphane, Hær., liv, P. G., t. xli, col. 961 ; pseudoTertullien, Liber de præscriptionibus, c. lui, P. Z-., t.ii, col. 72-73. Théodote fut excommunié par le pape Victor, mais sa doctrine se répandit dans une secte nouvelle, celle des melchisédéchiens, soutenue par un autre Théodote, le banquier. Sur cette hérésie et les deux Théodote, saint Hippolyte avait donné d’assez nombreux renseignements, dans son ouvrage, aujourd’hui perdu, sur toutes les hérésies, ^J/Ta-aa, ren-