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dans Recherches de science religieuse, lOlG, p. 17-3J) affirme que/e Fi/s deD/eu es/ Dieu, et que, sa/îs modification dans l’essence divine, l’humanilé lui a été unie el lut déifiée ; qu’ainsi, c’est le même qui, en Jésus, est Dieu et homme, éternel parce queDieu. Cf. Hahn, §151, p. 181. Une des hérésies de Paul de Samosale était précisément d’affirmer qu’en Jésus, le Christ était autre que le Verbe. Cf. S. Athanase, Contra Apollinarem, t. II, c.)ii, P. G., t. XXVI, col. 1136. Voir plus loin, col. 4C5. 7. La doctrine des Pères latins de cette époque est identique. Le plus important témoignage est celui de Tertullien. TertuUien affirme suivre la règle de loi apostolique. Or, de la façon dont il énonce le symbole, il fait ressortir la croj’ance de l’Église en l’unité du Christ, à la fois Dieu et homme. « La règle de la foi est telle : nous croyons en un seul Dieu qui a fait toutes choses par son Verbe… Ce Verbe, appelé son Fils, s’est manifesté à différentes reprises, au nom de Dieu, aux patriarches, et enfin, par l’esprit et la vertu de Dieu le Père, dans la Vierge Marie, s’est fait chair dans son sein, et est né d’elle. C’est Jésus-Christ, ce Jésus qui a prêché la nouvelle loi et la promesse nouvelle du royaume des cieux, qui a fait des miracles, a été attaché à la croix, est ressuscité le troisième jour, s’est élevé aux cieux à la droite du Père… » De præscriptione, n. 13, P. L., t. ii, col. 26. Dans cette profession de foi, les attributs de l’humanité sont donnés à la divinité. La même unité du sujet s’aflirme dans la profession de foi du début du traité Aduersus Praxeam. n. 2, P.L., t. II, col. 156 : c’est le Verbe, Fils deDieu, qui a été envoyé par le Père dans la Vierge, est né d’elle à la fois Dieu et homme ; c’est Jésus lui-même, ce Jésus qui est mort. Au n. 27, Tertullien conclut ; videmus duplicem statum non confusum, scd conjunctum, in una persona, Dcum et hominem Jesum, col. 190. D’ailleurs tout le traité de Tertullien Advcrsus Marcionem est rédigé pour réfuter la prétention hérétique d’un Christ sans corps réel ; le De carne Christi établit la réalité de l’humanité de Jésus. Le mot conversio, dont à plusieurs reprises se sert Tertullien pour désigner l’assomption de l’humanité par le Fils de Dieu, n’implique pas l’idéed’un changement dans la divinité. Cf. n. 3, P. L., t. iii, col. 10. Si TertuUien insiste sur le fait de la nativité de Jésus, que niaient ses adversaires, c’est que précisément cette nativité temporelle démontre la vérité de l’incarnation. Le Christ de Tertullien est » le Christ des Écritures, vrai Fils de Dieu et vrai fils de l’homme, composé théandrique, procédant de Dieu selon l’esprit, et, selon la chair, d’une mère vierge. En se revêtant de chair, le Verbe n’a rien perdu de sa divinité, mais il s’est manifesté dans la chair. La divinité, par sa nature, échappe à tout changement : il n’y a donc pas eu confusion de deux substances en un tiers produit qui ne serait ni Dieu ni homme, mais bien conjonction en une personne de deux substances, dont chacune accomplit distinctement les actes qui lui sont propres. » D’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905, p. 198. Sur la christologie de Tertullien, lire le c. iv de l’ouvrage du P. d’Alès.

8. Novatien, malgré certaines précautions de langage, que justifient d’aiUeurs ses préoccupations apologétiques, identifie en Jésus l’homme et Dieu : La sainte Écriture, dit-il. De Trinitate, c. xi, P. L.. t. iii, col. 904, annonce que Dieu est le Christ, tout aussi bien qu’elle annonce que cet homme lui-même est Dieu : elle décrit Jésus-Christ homme, tout autant qu’elle décrit le Seigneur CItrist Dieu. Cette dualité d’éléments le met en garde contre les formules qui attribuent à Dieu la mort et les soulTrances ; il a soin de le préciser. Cf. c. xxv, col. 934-936. En tout cas, l’unité personnelle de Jésus est affirmée par Novatien : « Si l’expression una persona ne se trouve pas explicitement

dans ses œuvres, elle s’y trouve équivalemment. L’union de l’humanité et de la divinité est une permixtio, une annexio, une connexio et permixtio sociala, une transductio ; Jésus est ex ulroque connexus, conte.itus, concrclus. » Cf. c. xi, xxiv, col. 932. Tixeront, Histoire des dogmes, t. i, p.356. Les Tractatus Origenis, qu’on a voulu, sans raison suffisante d’ailleurs, attribuer à Novatien, présentent une doctrine semblable. Deux natures en Jésus-Christ, vi, édit. de Mgr Batiffol, Paris, 1900, p. 69 ; cf. xiv, p. 154, mais unies si intimement que c’est vraiment le Verbe qui a revêtu la chair, quia pris la chair, qui a reçu la chair de l’homme, v, p.49, ."l ; XVII, p. 184. Voir également une doctrine fermement proposée dans la lettre attribuée à saint FéUx I", Denzinger-Bannv^’art, n. 52.

9. Des indications plus vagues se retrouvent chez d’autres auteurs latins, établissant cependant d’une façon sufiisante la foi en l’unité substantielledu Christ, dans l’Église catholique, au cours et à la fin du iiie siècle. Voir S. Cyprien, Testimonia adversus judœos, t. II, c. VI., et dans le De idolorum vanitate, n. 10-12, P. L., t. IV, col. 700-702, 577-579. Le langage d’Arnobe, Adversus nationes, t. I, passim, manque de précision : on sent que la théologie de cet écrivain est remplie de formules vagues. Tout en affirmant la divinité de cet homme Jésus. Arnobe, en effet, se défend d’affirmer que Dieu soit mort sur la croix ; celui qui est mort, c’est l’homme qu’il avait revêtu et portait en lui, c. Lxii, P. L., t. V, col. 802. Le langage de Lactance est plus ferme : la communication des idiomes ne l’effraie pas. C’est bien un Dieu qui a été affligé et méprisé ; qui a souffert de la part des mortels et des méchants ; qui n’a même pas manifesté sa majesté au moment de sa mort, mais s’est laissé conduire sans défense au jugement, et, parce que mortel, mettre à mort. Institutiones, t. IV, c. XXII, XXVI, P. L., t., col. 518, 526-531.

On pourrait multiplier les auteurs et les textes, mais ce que nous avons dit de la tradition catholique au ii « et au iiie siècle est suffisant pour établir que les Pères envisagent le Christ comme un sujet, une personne unique, en laquelle la divinité et l’humanité réellement existantes sont unies d’une façon assez intime pour ne pas briser l’unité ontologique de ce sujet unique. La formule de l’union hypostatique n’existe pas encore dans l’expression, mais son sens jaillit des termes mêmes qu’emploient les auteurs catholiques. Aussi bien, avons-nous déjà trouvé chez saint Hippolyte, chez saint Irénée, chez Méliton de Sardes des formules de la notion d’hypostase, de subsistence. L’union substantielle est presque indiquée par le prêtre Malchion, contre Paul de Samosate, affirmant le Fils unique « substantiel, ûO^iw^Ox’. dans le Sauveur, id est unitum esse secundum substantiam, Fragm., iv, P. G., t. x, col. 259. Aussi notre étude exige désormais que nous nous en tenions ^aux formules plus directement préparatoires de la formule définitive. Ces formules préparatoires seront l’œuvre des écrivains du we siècle, surtout des Pères grecs. L’unité ontologique du Christ est présupposée à toutes ces formules : la communication des idiomes atteste constamment la foi en cette unité. Nous ne relèverons donc pas spécialement ce qui a trait à ces deux points, et nous nous en tiendrons strictement à la préparation directe de la formule de l’union hypostatique.

4° Préparation immédiate de la formule catholique par les Pères du /re siècle. — 1. A Alexandrie. — Saint Alexandre d’Alexandrie, avant saint Athanase, a laissé une profession de foi « en Jésus-Christ, Notre-Seigneur, qui a pris chair en vérité et non pas en apparence. .., a été crucifié, est mort, sans que la divinité en ait reçu de diminution, est ressuscité des morts, s’est élevé au ciel où il est assis à la droite de la majesté ». Epist. ad Alexandrum Constantinop., n. 12, P. G., t. xiii, .