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Il Y POSTA TIQUE (UNION)


les plus expressives. — C’est chez saint Ignace i)nncipalenicnt que se rencontrent certaines expressions, marquant nettement, en Jésus Clirist, l’unité de sujet et la dualité des natures : Ad Ëpli.,

, 2, medicus au tem unus est, et carnalis et spiriiualis genitus et ingeniius, in carne existens Deus, in morte vita vera, et ex Maria et ex Deo, primiim passibilis et tune impassibilis, Jésus Clirislus Dominus nostrr. Cette juxtaposition des qualités appartenant à la divinité avec celles qui sont propres à l’iiuinanité et cela dans le nicme sujet, Jésus, se retrouve, ! &/(L, Ad Smijrn., i, 1 ; xx, ’2 ; Ad Polyc. , iii, ’2 ; Episl. ad Diognetem, vii.2-4 ; xi, 4, 5 ; Hernias, Pastor, Sim., V, v, 1-3 ; VI, i, 2-7 ; IX, xii, 1-8. D’ailleurs, il ne serait pas difiicile d’alipner, pour les Pères apostoliques, deux séries de textes parallèles, les uns affirniant la réalité de la divinité : S. Clément, / Cor., XXXVI, 1 ; Epist. Barnabse, xii, 19 ; S. Ignace, Ad Magn., viii., ; Ad Rom., iKcr. ; S. Ignalii martyrium, ii, 4, dans Funk, t. ii, p. 278 ; Martyrium Polijcorpi, x ,

3, -}ix, 2 ; Epist.adDiognetem, ii, 2 ; pseudo Clémi’ut.77. Cor., I, 1 ; les autres insistant sur la réalité de lliumanité, S. Ignace, Ad Tral., ix, i ; Ad Smi/rn., ii ; cf.i, 1, 2 ; Ad Magn., xi ; S. Polycarpe, Ad Phil., vii, 1 ; et d’en déduire, comme on le peut faire des textes similaires de l’Évangile, la vérité de l’union hypostatique.

Les Pères du II’et du iw siècle.

1. Pères apologistes.

— La croyance au dogme de l’union hypostatique s’afRrme dans la croyance « en Jésus-Christ, Notre-Seigneur, Fils du Très-Haut, qui est descendu du ciel par l’Esprit-Saint, pour sauver les hommes, et qui, né de la sainte Vierge sans fécondation et sans corruption, a pris notre chair et est apparu aux hommes ». Aristide, Apologia, 15, P. G., t. xcvi, col. 1121. Même profession de foi chez saint Justin, Apol., I, n.’13, 53, 63, m ; Apol., II, n.6, 13 ; 7)/VII. cum Triiphone, n. 48, 100, P. G., t. VI, col. 345, 405, 424, 428, 453, 405 ; 580, 709. La communication des idiomes est nettement marquée chez Tatien, qui parle du Dieu souffrant, Oratio adversus grsecos, n. 13, P. G., t. vi, col. 836 ; cf. n. 21, col. 852, où Tatien annonce « un Dieu né dans la forme de l’homme », 0 ; ov èv àvO^oirroj ; j.op<prj Ycy’jvévai. Méliton de Sardes a une formule déj ; N plus expressive : parlant du Christ, il affirme que lui-même (ô aÙTÔç) étant à la fois (ôaciù) Dieu et homme parfait, nous a manifesté ses deux natures (rà ; ojo aÙToij oùa’a ;), sa divinité, au moyen des miracles accomplis pendant les trois années qui ont suivi son baptême, son humanité, pendant les trente années qui ont précédé ce baptême. Fragm., 1, P. G., t.v, col. 1221.

2. Saint Irénée formule une doctrine qui mérite de retenir notre attention : elle accuse en effet un progrès marqué dans le sens des formules postérieures. La règle de foi, Cont. hær., t. I, c. x, n. 1, P. G., t. vii, col. 549, est qu’il faut croire « en un seul Jésus-Christ, Fils de Dieu, incarné pour notre salut ï ; cꝟ. t. III, c. IV, n. 2, col. 856 ; d’ailleurs, en toutes ses explications et défenses du dogme catholique, Irénée suppose explicitement le fondement même de l’union hypostatique, à savoir que le Verbe, Fils unique du Père, est consubstantiel au Père, t. I, c. xxii, n. l, col. 609 ; t. II, e. xiii, n. 6 ; c. xvii, n. 7 ; c. xxx, n. 9, col. 745, 764, 822 ; t. III, c. vi, n. 1 ; c. viii, n. 3, col 860, 867 ; t. IV, c. ii, n. 1 ; c. vii, n. 4, col. 970, 992 ; et le Verbe, Fils de Dieu, n’est autre que Notre-Seigneur Jésus-Christ, t. II, c. xxx, n. 9 ; I. III, c. xvi, n. 9 ; c. xvii, n. 1 ; e. xviii, n. 7 ; I. V, prsef., col. 822, 928, 929, 936, 1120. Cf. Demonstratio apostolicæ preedicationis, n. 30, 31, édit. Weber, Fribourg-en-Brisgau, 1917. Mais il convient de recueillir les traits particuliers sous lesquels Irénée décrit l’union hypostatique : a) Les Écritures démontrent qu’en Jésus-Christ, c’est un seul et même sujet qui à la fois est Dieu et homme. Jésus n’est pas le réceptacle du Christ, descendu du ciel pour habiter en

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cet homme, mais cet homme même qu’est Jésus est le Verbe, le Fils unique de Dieu, le Christ, le Sauveur, qui s’est incarné pour nous ; en telle sorte que le Fils (lu TrèsHaut et le Fils de David sont II même personnage, que l’enfant porté par Siméon, Jésus, né de la Vierge Marie, est lui-même le Fils de Dieu, lumière des hommes ; cꝟ. t. III, c. XVI, n. 1-3 ; I. I, c. ix, n. 3. Cf. Demonstraj tix), n. 38, 39, 40, 61 sq. Les hérétiques font erreur, précisément parce qu’ils soutiennent qu’autre est celui qui est né et qui a souffert, et autre celui qui est descendu, impassible, du ciel : une telle croyance détruit l’unité du Christ Jésus gui est le Verbe même de Dieu, Fils unique du Père, t. III, c. xvi, n. 6, 9, col. 925, 928. Cf. Demonstratio, n. 99. — b) Par là, le Fils de Dieu est le fils de l’homme, et celui qui est devenu ce que nous sommes, est vraiment le Dieu Fort, t. IV, c. xxxiii, n. 11, col. 1079. Cf. Demonstratio, n. 37, 93. — c) Appartiennent donc au même sujet les perfections propres à la divinité éternelle, et les perfections humaines provenant de l’assomption de l’humanité par le Christ : « L’invisible est devenu visible, l’incompréhensible, compréhensible, l’impassible, passible, le Verbe s’est fait homme, récapitulant l’univers en lui-même, possédant en lui même, comme Verbe de Dieu, le principal sur toutes les choses supracélestes. spiritu-elles et invisibles, et le principal sur toutes les choses visibles et corporelles », t. III, c. xvi, n. 6, col. 926. Il y a donc une double génération du Fils de Dieu, l’une éternelle, de la substance même du Père, l’autre temporelle, de la substance de sa mère, la Vierge Marie, t. III, c. xix, n. 2 ; cf. c. iv, n. 2, col. 940. J 856. Par là aussi l’incarnation est une pure gêné- " ration du Verbe de Dieu, Tfjv aâcxosiv -f] : y.aôapà ; Y^vvrjaEwç Toï Aoyoj To3 tkûj, t. III, C. xix, n. 1, 3 ; c. XX, n. 4 ; t. IV, c. ix, n. 2 ; t. V, c. xix, n. 1, col. 939, 941, 944, 997, 1175. Cf. Demonstratio, n. 43. 53, 54. C’est le Verbe lui-même qui a souffert et qui est mort dans.sa chair et nous a rachetés dans son sang ; qui nous a donné dans l’eucharistie le calice de son sang et son corps comme pain, . IV, c. xxiv, n. 2 ; cꝟ. t. V, c. xti, n. 4 ; t. III, c. xviii, n. 5 ; t. V, c. ii, n. 2, col. 1050, 1171, 935. 1124. Cf. Demonstratio apostolicse predicatioms, n. 34, 86 92 ; — rf) Bien plus, saint Irénée parle de l’union selon l’hypostase : t. III, c. xvi, n. 5, col. 925, il prouve par l’Évangile et par les Épîtres de saint Jean l’unité de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, et il conclut que ces textes condamnent » les croj’ances blasphématoires qui divisent le Seigneur, autant qu’il est en elles, affirmant qu’il est fait de deu.K hypostases différentes, ex altéra et altéra subslantia ». Qu’en ce texte la version latine sub.’iiantia réponde au grec’jt.’Jj- % !  ::, voir Hypostase, col. 374.

3. Saint Hippolyte a la même doctrine et parfois des expressions plus théologiques encore que saint Irénée : on retrouve la même doctrine de la dualité de natures en l’unité du même sujet. De Antichristo, n. 3, P. G., t. x, col. 732 ; Contra hæresim Nocti, n. 15, 16, 18, col. 824, 825 ; Philosophoumena, l.K, c. xxxiii, xxxiv, P. G., t. XVI, col. 515-5 ; Fragm. in ps. ii, 7, cité par Théodoret, Êranistes, Dial. II, P. G-, t. Lxxxiii, col. 173. L’union hypostatique est d’ailleurs clairement e.N primée dans le Contra hæresim Noeti, a. 15, oîi l’auteur affirme que la chair a sa subsistance dans le Verbe, oLO’r, aâpç zaô’éajTYjv ôiya toj Aôyo-j jzejcTTàvai r ; S’JvaTO, otà to îv Aoy(.) ttjv aJaTajiv ëysiv. Cette unité dans la subsistencefait que Verbe, coéternel au Père, a pris en s’incarnant tout ce qui appartient à l’humanité, sauf le péché, et a uni en lui les deux réalités, celle qu’il tient du Père, dans le ciel, comme Verbe, et celle qu’il recueille sur terre, du vieil Adam, en s’incarnant par la Vierge, n. 17, col. 825. Cf. Philosophoumena, loc. cit. Voir d’Alès, La théologie de saint Hippolyte, Paris, 1906, p. 25-29.