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HYPOSTASE


IIIS q. II, a. 5, ad 2°™ ; q. xvi, a. 12, ad 2°™ ; Alexandre de Halès, Summa, I*, q. lv, m. i, a. 1, 2 ; Pierre Lombard, Sent., t. I, dist. XXXIV, c. i ; Armand de Bellevue, De dcclaratione lerminorum, t. II, c. xlii, XLVi, XLVii. Cf. Didace Ruiz, De Trinitate, disp. XXXII. sect.x ; Petau, Z)e rrin(7a^e, l. IV. c iii, n. 1012. L’hypostase est appelée res naturw, parce qu’elle est la réalisation concrète par l’individu de la nature, c’est-à-dire de l’espèce. — 5. Hoc aliquid, pris dans sa signification, non pas transcendentale. voir S. Thomas, De verilate, q. i, a. l.mais prédicameirtale, Sum. IheoL, I », q. lxxv, a. 2, ad ! <"". Au terme aliquid (aliiid quid) se rapportant à la nature ou à l’espèce, l’adjectif hoc ajoute la singularité et la détermination du sujet, telles que les comporte l’hjpostase. 1% q. XXXI, a. 2. — 6. Persona. — C’est, comme on l’a déjà indiqué, l’hypostase de nature rationnelle. L’hypostase est le genre, la personne est l’espèce. Alors que les grecs emploient indifféremment hypostase et personne, les latins conservent la distinction des deux termes, tout en maintenant l’identité des sujets désignés, lorsque l’hypostase désigne un sujet doué d’intelligence.

3° Notion générale de l’hypostase chez les anciens scolastiqucs. — La plupart des théologiens du moyen âge n’ont étudié l’hypostase ou la personne qu’en fonction du mystère de l’incarnation. Il ne faut donc pas chercher chez eux une métaphysique spéciale fie l’hypostase ; bien plus, on rencontre encore dans leurs écrits un tel flottement d’idées et d’expressions qu’il devient difilcile de les cataloguer dans un système ou une école bien déterminés. Ainsi l’autorité de saint Thomas est revendiquée dans la plupart des écoles postérieures, et le docteur angélique est un de ceux qui se sont exprimés le plus nettement. Il faut donc, au seuil de la théologie du moyen âge, se contenter d’esquisser la notion générale d’hypostase, telle qu’on la trouve réellement dans les auteurs : l’attribution de systèmes bien déterminés ne peut être faite qu'à des théologiens appartenant en général à une époque postérieure. Il convient toutefois de rechercher plus spécialement quelle a été la vraie pensée de saint Thomas d’Aquin : on le tentera à la suite de l’exposé des différents systèmes.

En général, les théologiens du moyen âge acceptent, sans la discuter, la définition de Bocce : Persona est naturæ rationalis individua substantia. Voir col. 393. Un des premiers maîtres de la scolastique, Alain <lc Lille, reprenant cette définition, Distinctioncs, P. L.. t. ccx, roi. 00<S, en donne l'étymologie. res per se una, Theologicae regulæ, rcg. 32, col. (137, étymologie évidemment fausse, qu’acceptent néanmoins Albert le Grand, Gilbert de la l’orée, Pierre de Poitiers. Garnier de Rochefort. Cf. Hrann. lassai sur la philosophie d’Alain de Lille, dans la Revue des sciences ecclésiastiques, 1898, t. I, p. 499 sq. Fidèles au processus de la pensée latine, leur regard tombe de prime abord sur la nature et seulement ensuite sur rhpostase ; l’hypostase ou la personne leur apparaissent comme le résultat d’un complément, d’un perfectionnement de la nature. La nature est ce qui est commun à tous, la personne ajoute à la nature l’ensemble des propriétés lndii(luelles. S. Anselme, Cur Drus homo, P. /, ., t. ci.vin, roi. 278 D’ailleurs, les éc|uivoqucs créées par l’emploi du terme substantia, an lieu de subsistenlia, leur imposaient l’obligation d’insister sur le caractère de singularité, de séparation, de distinction, d’intégralité, de totalité, d’incommunirabilité, qui doit s’ajouter à la substance de nature rationnelle |)0ur constituer la personne : - Le su|)pôl inclut dans son concept la raison de totalité, d’intégralité, de jicrfec lion ; (c’est ce que signifie] l’individualité, l’hicommunicabilité, l'ôtre par sol, distinct et séparé, la réalité

subjectée en soi et non en autrui. Ainsi la nature humaine du Verbe incarné n’est pas une personne parce qu’elle est unie à une autre personne. » Hugues de SaintVictor, ou plutôt Jean de Corbie, auteur du De Verbo incarnato, t. III, q. v, P.L., t. clxxvii, col. 298299. Pour Albert le Grand, le concept de personne inclut l’unité, la singularité, l’incommunicabilité. L’unité a son principe dans la matière ; la singularité, dans les notes Individuantes ; l’incommunicabilité, dans la division, la séparation d’avec une autre hypostase. In JV Sun :., t. III, dist. V, a. 11 ; cf. a. 11-13. Alexandre de Halès voit aussi, dans la distinction ou détermination de la substance rationnelle, le principe formel de la personnalité : Pour constituer la personne, il faut une triple détermination ou distinction, singularité, incommunicabilité, dignité : la troisième se troue dans l’homme, Socrate (par exemple), en ce que son humanité ne se trouve pas unie à une forme plus digne, mais demeure distincte de tout sujet plus digne ; c’est cette thstinction qui s’oppose à la possibilité d’union avec une substance plus parfaite. » Summa, III », q. vi, m. IV. Cf. q iii, m vi. Saint Bonaventure a une terminologie identique. Cherchant ce qui manque à l’Homme-Dieu pour que sa nature humaine soit une personne, il répond que des éléments constitutifs de la personne, il en manque un à la nature humaine du Christ. Ces éléments sont la distiiution de singularité, la distinction d’incommunicabilité, la distinction de dignité suréminente. Or, l’union de la nature humaine avec la personne divine fait perdre à l’humanité du Christ le troisième élément. In IV Sent., I. III, dist. V, a. 2, q. ii, ad 1°°>. Il ne faudrait cependant pas comprendre cette réponse de saint Bonaventure comme si en Jésus-Christ la nature humaine possédait, indépendamment de l’hypostase dans laquelle elle est unie à la nature divine, la singularité et l’incommunicabilité, ce qui en ferait une réelle hypostase. On tomberait alors dans l’erreur adoptianiste encore répandue au moyen âge et enseignée par quelques auteurs. Or, saint Bonaventure y rép.ugne absolument, toc. cit.. ad 21™ ; cf. dist. VI, a. 1, q. i. Pour ce docteur, il y a identité de concept et de réalité entre l’hypostase de nature rationnelle et In personne S’il ne parle que du troisième élément, c’est que celui-là seul affecte la personne comme telle, les deux premiers se rapportant à n’importe quelle hypostase ; il ne veut nullement conclure à l’unité de personne et à la dualité d’hy]iostasc en Jésus-Christ. Cf. Jannsens, Summa Iheologica, Fribourg-cn-Hrisgau, 1901, t. iv, p. 260. Guillaume d’Auxerre interprète également en ce sens la substantia individua de la définilion boéticnne. Summa, I. III, c. I. Richard de Saint-Victor, De Trinitate, I. IV, c. XXII, /'. L., t. cxcvi, col. 91.5, a|)pliquant cette définition aux i)crsonnes divines, substitue le mot existence au mot substance, parcc c}ue rien en Dieu ne peut être conçu comme substans, cf. Alexandre de Halès, Summa, I », q. i.ix, m. m ; S. Thomas, Sum. theol., I', q. XXIX, a. 3, ad 1°™, et, par le terme existence incommunicable, Richard entend toute réalité qui n’est » as communicable à une autre, soit comme iiartic, soit comme élément constitutif ou accident inhérent, soit comme entité sustentée par elle. Cf. Occam, In IV Sent., t. I, dist. XXIII. q. un. Sur la terminologie de Richard de Saint-Victor, voir Pelan, De Trinitate, I. IV, c. III, n. 7, S. Gilles de Home, s’inspirant de Pierre Lombart, //i / V.SVnL, l. III, dist. IV, p.iii, q. un., a. 2, ad 3°™, fait reposer dans la séparation d’avec les autres individus la totalité qui confère la personnalité à la nature concrète.

Pour tous les auteurs cpic l’on vient de citer, voir Thoniassjn. De inrarnalionr, I. III, c. xxi, et auxquels il ne serait pas impossible d’ajouter quelques noms, II paraît exagéré de vouloir les ranger dans une école