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IIYPOSTASE


1277, 194J. Celle enhyposlasie est possible : Léonce en fournit les comparaisons qui, évidemment, ne donnent qu’une idée imparfaite de l’enliypostasie de l’humanilé dans la personne du Verbe. Enhyposlasiés sont les caractères iadividuants, puisqu’ils ne sont ni de simples accidents, ni la nature-subsislence ; enhypostasiés également, le corps et l'àme qui conservent, dans le coniposé humain, leur nature propre, col. 1277, 1280, 1304. On verra à Hypostatique (Union) tout le parli que Léonce tire de la théorie de l'âvuTidataTov pour exposer l’union des deux natures dans la personne unique du Verbe.

3° Les principes posés par Léonce servent de guide à toute la théologie grecque des vi"", vii^ et vin'e siècles en matière christologique. L’auteur du De scciis n’apporte aucune idée originale. Il distingue les deux sens du mot hypostase, le sens vulgaire : réalité, consistance, qui se vérifie aussi bien dans les accidents que dans les substances, et le sens philosophique : ce qui existe en soi et par soi. Par là, double également est l'èvuTtoîîTaTov : tout ce qui possède une réalité peut être dit enhypostasié : les accidents sont ainsi enhyposlasiés dans la substance ; mais, à proprement parier, l'être enhypostasié est celui qui existe en soi et par soi (c’est-à-dire dans l’hj’postasequi lui est propre). L'àvu-o’jTaTov signitie pareillement et ce qui n’a aucune réalité (un être imaginaire) et ce qui existe dans un sujet (les accidents par exemple). De sectis, act. VII, n. 1, P. G., t. Lxxxvi, col. 1240-1241. On explique avec ces données la terminologie dilTicile de saint Cyrille.

Saint Sophrone († 638) ne se hasarde pas dans ces spéculations théologiques ; d’une manière traditionnelle et claire, il se contente d’exposer, à propos du mystère de la trinité et du mystère de l’incarnation, l'équivalence des termes, çûai ; et ojjta, d’une part, et, d’autre part, jTTo'îTaatç et "pdaco-ov. Voir Epislola synodica ad Sergium, P. G., t. lxxxvii, col. 3153, 3156, 3157 ; Orat., ii, in SS. Deiparas annuntiationem, col. 3220, 3221. — Saint Maxime († 662), dans ses Opusc. theol. et polem., P. G., t. xci, est plus abondant dans l’exposé des notions philosophiques. Mais ses explications reproduisent à peu de chose près les spéculations de Léonce de Bj’zance. La substance, c’est l’espèce, la nature, ce qui existe en soi, d-£p 'saTÎ x.aO' éocj-/iv. L’hypostase est l'être réel doué d’une essence ou d’une nature. L’essence s’oppose donc à l’hypostase comme le commun au particulier ou au singulier, col. 153, 260. Il faut bien distinguer de l’oùaia l’ivojCTiov, qui n’existe que dans l’essence dont il dépend. De même, de l’hypostase se distingue rèvjT : o’aTa-rov, qui n’existe que dans l’hypostase. L'être enhypostasié s’unit dans la subsistence à un autre, distinct de lui, pour former une personne, col. 150. L’hypostase et la personne s’identifient, col. 152. MaisVbrj-ônzaxow peut être aussi un simple accident, ou encore des qualités essentielles qui s’ajoutent à la nature. En aucun cas il ne peut exister sans l’hypostase. Aucune nature concrète ne peut être àvu^tda-aTO ;, c’est-à-dire sans hypostase ; de même, une hypostase sans nature est inconcevable. L’hypostase renferme en soi non seulement les éléme.ts spécifiques de la nature, mais encore toutes les propriétés de l’individu. Opusc, col. 261, 264 ; cf. col. 205. — Saint Anastase le Sinaïte († 700), dans r//ode(70, s-(V/ « (/ux), s’attache à déduire de 1 É : riture et des premiers conciles la signification théologique des mots substance, nature, hypostase, personne. C’est par l'Écriture qu’il définit la personne (Ps.lxxix, 4 ; XXVI, 8 ; lxvi, 2 ; xxx, 17) qu’on ne saurait identifier avec l’essence ou la nature, c. viii, P. G., t Lxxxix, col. 133, 137. Le mot nature, ojejîç, indique une réalité, l'être qui n’est point de simple apparence, mais qui confère aux choses leur essence, to itôv -payaâ -()/ bi(j’jn : o ;, c. xix : c’est donc le synonyme d’oùaia jxaç.çt ; ou encore d’existence. Le concile de Nicée, dans les questions trinilaires, a distingué neltement la substance de l’hypostase : on ne peut donc les confondre. Le concile d'Éphèse, dirigé contre Nestorius, a jnécisé l’unilé individuelle de l’hypostase, c. ix, col. 140. C’est à la lumière de ces principes qu’il faut expliquer les formules de saint Cyrille d’Alexandrie, c. X, col. 149 sq. On trouve également chez saint.Anaslase la définition de l'être enhypostasié : c’est la théorie même de Léonce de Byzance qui est reprise. 4° Il faut faire une place à part à saint Jean Damascène († 7 19), le théologien par excellence, dont les formules sont restées définitives en Orient. L’hypostase, pour saint Jean Damascène, ne se confond pas entièrement avec la substance individuelle concrète : « L’hypostase est le particulier subsistant à part soi : c’est une substance avec ses accidents cqui jouit d’une existence indépendante, propre et séparée des autres hypostases, elTectivement et en acte, 'jro’jTaat ; ci xô fj.spi/'.ov (saTi) xai xaO' iauTO Cçe^rd ;, oùat’a tiç ; j.£- : à pu.Zc'6rL6-tj>'/, -r, v Laû' aùio ij-apÇiv, toiaipÉTojç Lai à7 : 0TeTr||j.Évco ; twv mi ;  : à)v jjrûTiaædJV èvîpyjLa Lai /ipayjj.axi LXripfiiaajxsvTi. De duabus in Christo voluntatibus, a. 4, P. G., t. xcv, col. 132, 133. Cf. Conl. Jacob., n. 8, t. xciv, col. 1439. Il semble bien que les accidents dont parle Jean Damascène sont, non pas les accidents physiques, mais les particularités, les différences spécifiques, jvzoaTaT'.La ; O'.âçopaç. no'.ôxr-'x ;, y apaLt£pl’JTiLà ioto’iiaxa, qui, inséparables de la substance concrète, sont les marques de son individuation, P. G., t. xciv, col. 594, note 23. et le texte explicatif tiré de Théodore Abucara. La nature ne peut exister comme chose réelle sans hypostase, àvjzdjTaTo ;. tout comme l’hypostase ne peut exister sans essence, àvoûaioç. De fuie orlh., t. III, n. 9, t. xciv, col. 1016, 1017 : Con/ra Jacob., n. 11, col. 1441 ; De natura composita contra acephalos, c. v, t. xcv, col. 120. Cf. S. Anastase le Sinaïte, i/odf 170s, c. ix, ôjxè/iyàpçjat ; à-po'7'oro ;, P. G., t. Lxxxix, col. 148. Une nature réelle et concrète est donc ou hypostase ou enhyposlasiée. Nous voyons ainsi réapparaître le terme Èvj-djTatov. « Le mot svu~o’axaTOv, explique saint Damascène, signifie quelquefois l’existence, ij-apÇiv, et, dans ce sens, nous l’appliquons non seulement à la substance, ojaia, mais encore à l’accident, quoique celui-ci ne soit pas èvj-daxaxov. mais plutôt soutenu par autre que soi, IzipoJ7 ; ojxaxov. Quelquefois, ce même mot signifie l'être subsistant en soi, c’est-à-dire l’individu, bien qu'à proprement parler, celui-ci ne soit pas Èvj-daxaxov, mais l’hypostase même. Donc, en toute rigueur du terme, ce qu’on nomme Èvj-djxaxov est ce qui ne subsiste pas en soi-même, mais est considéré dans les liypostases, àXÀ' Iv xaï ; j-ojxâTEai 6sfopojijL£voy. Ainsi, la forme ou la nature humaine n’est pas considérée dans une sienne hypostase, âv îSia jzoaxâaEi oj ŒtopEixat, mais dans Pierre, dans Paul et les autres hypostases d’hommes. Ou bien encore èvjTrdaxaxov est ce qui se compose avec quelque chose différente en substance, pour former un tout et compléter une seule hypostase composée. Ainsi l’homme est composé de l'àme et du corps : ni l'âme seule, ni le corps seul ne sont appelés des hj’postases, mais ils sont èvjrdjxaxa, et ce qui résulte des deux est l’hypostase de tous les deux. Car, à proprenient parler, l’hypostase est ce qui subsiste en soi par sa propre et individuelle subsistence : 'Tîtdaxaaiç yàp Lupiwç xô xaO' éa-jxô î6'.oa’j(Txœx(o ; OipixxàaEvov laxi xe Lai XsyExai. Dialectique, c. XLiv, P. G., t. xciv, col. 615, D’après ces principes, observe M. Tixeront, op. cit., t. iii, p. 498, < une nature peut être Èvj-dejxaxo ; de plusieurs façons : d’abord quand elle existe en soi et comme un tout indépendant (Lafj* Éajxv/) : elle est alors à elle seule une