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HYPOSTASE


ou de deux natures physiques, dont résulterait une seule personne morale, au sens de Nestorius ; c’est vraiment une lis postase unique ou une personne réelle dans laquelle Ihunianité est unie au Verbe, sans ajouter quoi que ce soit, du chef de l’union, à la Trinité. Le canon 7 professe la dualité des natures, divinité et humanité, persistant sans confusion, sans mélange, dans l’unité de l’hyposlnse. Le canon 8 rejette l’interprétation inonophysite de la formule cyrillienne [v.^ yji’. ; -où M£o3 A^v’^'^’'^siscpxoaÉvrj. Le canon 9 maintient, malgré la dualité des natures, l’unité d’adoration. De toutes ces décisions ressort la différence de signification des termes cpji’. ; et JTTojTaa’.c. L’h}-postaseest l’individu complet, la personne ; la nature concrète, « pj^i ;, peut n’être pas tSioùTTÔîTaro ; et subsister par conséquent /aO’j-o’cïTaatv dans la personne même du Verbe.

Après le concile de Cttulcédoinc.

1. Chez l(S

catholiques. — - a) Les eonciles et les documents pontificaux subséquents n’apportent aucune précision nouvelle. Dans l’Église latine comme dans l’Église grecque, la terminologie est fixée, les équivalences de signilications sont établies. Voir concile de Braga (561), can. 1, ’Denzinger-Bannwart, n. 231 ; Honorius I « ^ Epist., ii, ad Sergiun^ (634), n. 252 : concile de Latran (649), proclamant, can. 1, trois sut)sistences consubstantielles en Dieu, n. 254 ; cf. can. 6, 7, 8, 9, unité de personne et dualité de natures dans le Christ, n. 259-262 ; symbole de Tolède (XI « ) (675), identification de subslantia et de natura, n. 275, 276, 277, 278 ; très personæ, una subslantia, n. 279, 280 ; 1res pcrsonx unius natura’, n. 281 ; persona Filii incarnata, n. 282 ; una persona, duse naturse, n. 283 ; in duabus naturis, tribus exslat substantiis, n. 284 ; en quel sens, trois substances, voir plus loin ; gemina subslantia diuinitatis et humanitatis in Christo, n. 285 ; S. Agathon, Epist. dogmatica ad impcratores, n. 288 : III concile de Constaiitinople (680) : naturalis di/ferentia in eadem una subsistentia, èv (xù-fi zri iiii j-oi-.i’^v., n. 290, 292 : XV « Concile de Tolède (688), expliquant en quel sens on peut dire, avec le XI concile de Tolède, deux ou trois substances dans le Christ, divinité, âme. corps, n. 295 : enfin, concile de Francfort (791), duas substantias, una persona, avec l’exclusion de la formule ambiguë du XI’î concile de Tolède, n. 312. Ainsi se trouve fixée la terminologie catholique. « Mais, remarquons-le bien. l’Église, en prononçant sur le fait, n’indiqua point comment on devait le concevoir. Elle prit dans la langue usuelle, et suivant leur signification courante, les deux mots de nature et de personne et elle affirma qu’en Jésus-Christ on devait voir une seule personne et deux natures. Comment cela se faisait-il ? Comment cela était-il possible ? Quel rapport fallait-il donc établir entre les notions de nature et de personne ? Qu’est-ce qui caractérisait l’une et l’autre ? L’Église ne le dit pas et n’avait pas à le dire : elle est chargée de définir, de constater, non d’appliquer et de justifier rationnellement. Ce dernier rôle est celui des théologiens. » Tixeront. Des concepts de nature et de personne. etc., loc. cit., p. 581.

b) Mais avant d’aborder l’étude de ce développement théologique, il importe encore de fixer notre attention sur l’équivalent grammatical latin d’hijpostase, à savoir, le mot : subsistentia. On a vu plus haut, col. 378, que les Pères latins traduisaient’jzôrs-.aai ; par subslantia. De là une source de difficultés dans la terminologie. Rufin, au début du ve siècle, expliquant le différend survenu, au synode d’Alexandrie, au sujet du mot hijpostase, préfère traduire j-oTta^i ; par subsistentia, supprimant par là toutes les équivoques possibles. H. E., t. I, c. xxix, P. L., t. xxi, col. 449. Substanlia et essentia répondent désormais à ojtrta. Cf. Petau, De Trinitate. t. IV, c. iv, n. 16. Avant Rufin,

on peut citer comme ayant fait usage du terme subsistentia, au milieu du iv siècle, Victorin de Pettau ; mais ce n’est pas dans le sens d’une attribution personnelle et distincte. Adversus Arium, t. I, n. 30 ; t. II, c. IV, P. L., t. viii, col. 1062, 1092 ; cf. Petau> loc. cit., c. III, n. 5. Ou bien ce terme est interpolé, op. cit., t. III, c. IV, VIII, IX, et peut-être aussi t. II, c. IV, col. 1101, 1105, 1092 ; cf. de Régnon, op. cit., p. 236-241. Saint Augustin, quoique postérieur à Rufin, traduit encore J-o’aTaa’. ; par subslantia. De Trinitate, t. VII, c. iv, v, vi, /-". L., t. xlii, col. 939-946 ;. cꝟ. t. V, c. VIII, IX, n. 9, 10, col. 917, 918. On retrouve parfois chez saint Augustin, entre l’essence et la personne, la distinction du commun et du singulier. De Trinitate, I. VII, c. vi, n. 11, col. 942. On trouve su fc/stenlia chez Fauste de Riez, Episl., vii, P. L., t. lvii, col. 858 ; chez le diacre Paschase, De Spirilu Sancto, t. I, c. IV, P. L., t. Lxii, col. 13, et peut-être chez le pseudo-Ambroise, In sijmbolum apostolorum, P. L., t. XVII, col. 507 ; cf. note, col. 511. Désormais ce mot est dans le langage courant. Rustique, Contra acephalos disputatio, en fait un emploi fréquent, et toujours comme traduction d’C-oaiac/ ;  ;, avec les différentes nuances de signification que les grecs donnent à ce mot. P. L., t. lxvii, col. 1192, 1238. L’Église elle-même, à cette époque, comme le remarque Facundus d’Hermiane, Pro defensione Irium capitutorum, l. I, c. iii, P. L., t. Lxxii, col. 538, consacre cette équivalence grammaticale par la lettre dogmatique de Jeanll au sujet de la formule Unus de Trinitate passus est. Voir ci-dessus, col. 390 ; Denzinger-Bannwart, n. 201. Voir la même équivalence établie dans la lettre dogmatique de saint Agathon, Denzinger-Bannwart, n. 288, lue au VI » concile œcuménique ; dans les lettres synodales de Rome et de Milan, lues au même concile. Mansi, Concil., t. xi, col. 286. Les traductions latines des canons orientaux soulignent la même équivalence. Cf. anathématismes de saint Cyrille au concile d’Éphèse, trad. de Marins Mercator, anat. ii, iv, Denzinger-Bannwart, n. 114, 116 ; concile de Chalcédoine, trad. de Rustique, n. 418 ; concile de Constantinople, can. 1, 4, 5, 7, 8, 13, n. 213, 216, 217, 219, 220, 226. Dans la préface à la traduction du VII « concile œcuménique, Anastase le bibliothécaire avertit expressément qu’il traduit’jno’aTaaîi ; par subsistentia. Interprelatio V 1 1^ sijnodi, prwfatio, P. L., t. cxxix, col. 195 : cf. Petau, op. cit., t. IV, c. m. Sur ces rapprochements, voir Stentrup, Zum Begriff der Hypostase, dans Zeitschrift fur kalholische Théologie, Inspruck, 1877, p. 78 sq. Il est à noter que, dans ces textes, le mot subsistentia est toujours pris dans un sens concret, comme substance, hpostase, essence, personne. Petau, loc. cit., n. 6. De plus, la désinence qu’il affecte en latin semble imposer, en français, l’orthographe que nous avons observée ici : subsistence et non pas subsistance.

c) Dans son Liber de persona et duabus naturis contra Eutychetem et Nestorium, Boèce (première moitié du vie siècle) a une terminologie quelque peu différente, en ce qui concerne la traduction latine d’J-o’aTaa’. ; et l’équivalent grec de subsisirntia. Il définit, c. i, la nature : unamquamque rem informons speciflca differonlia. P. L., t. lxiv, col. 1342, et, c. iii, la personne : natura ? rationalis individua substaniia, col. 1343. Subslantia est ici l’équivalent latin d’j-oaTaa ;  :: n Boèce rencontre les deux verbes latins subsistere et substarc et il les distingue par leurs relations avec les accidents. Subsistere, dit-il, signifie n’avoir pas besoin d’accidents pour être ; substare signifie servir de sujet aux accidents pour qu’ils puissent être. Ces définitions lui permettent de distinguer entre l’individu et l’espèce ou, si vous le voulez, entre la substance première et la substance seconde. En bon réaliste, il déclare