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IIYPOSTASE


dépendance, la loLalilé (le la nature. « l'ûitç el j ;  : ôataa'. ; sont synonymes. Quant à la personne, elle « n’est que la nature intelligente, en tant qu’elle existe à part soi, eomplète en soi, ramassée en soi, indépendante des individus qui l’entouronl : c’esl la if^a'- ; T£À£Îa, y.aO' âauTrîv, par là même et dans l’ordre où elle existe a-jTeçùJaio ;, maîtresse d’elle-menie, se possédant, et se rapportant à elle-niènre les manifestations de son activité. » 'fixeront, Des concepts de nature et de personne dans les Pères et les écrivains ecclésiastiques des V^ et VIe siècles. dans a. Revue d’histoire et de littérature religieuses, t.viv., p. 583. Si Jésus-Christ avait possédé, avec la nature divine, une nature humaine complète, il eût, d’après ces principes, possédé deux hypostases, deux personnes. Afin de maintenir l’unité physique du Christ, Apollinaire, logique avec lui-même, supprime dans la nature lium"ïiine l'élément caractéristique de la personnalité, c’est-à-dire l'âme intelligente, le vou ;, et en reporte au Verbe lui-même le rôle et les fonctions. Voir 'II L(xxèx. [j.£poç TTÎŒTiî, 30, 31 ; fragment 119, édit. Lictzmann, Apollinaris von Laodiceu und seine Schule, 1, Tubinguc, 1904, p. 178, 179. Sur la terminologie d’Apollinaire, voir Driiseke, Apollinarius von Laodicea, dans Texte und Untersuchungen, Leipzig, 1892, t. II, p. 183 sq.

2. Théodore de Mopsuestc.

Apollinaire fut condamné au concile de Constantinople (381). L'école d’Antiothe s’est montrée ardente à poursuivre sa doctrine : il est donc logique qu’elle insiste, par voie d’opposition, sur la nécessité de maintenir en Jésus une nature humaine complète, parfaite, tsÀjia. Mais, comme le concept philosophique de l’hypostase reste le même, à savoir une nature concrète, complète et parfaite, Théodore de Mojjsuesle, le premier père du nestorianisme, devra admettre, en Jésus-Christ, à côté de la personne divine, une personne humaine, ou, plus exactement, afin de sauvegarder la terminologie catholique, à côté de l’hypostase divine, l’hypostase humaine, les deux s’unissant, d’un lien purement moral, pour constituer la personne, le r.oi’jaioTzoy. Dans la terminoloiiie de Théodore, cpûat ; est encore l'équivalent d’jjrddTaat ?, et le TrpôatoTcov n’indique qu’un tout moral, non un individu. Le rpciacoî^ov de Théodore détruit donc l’unité substantielle et physique du Christ. Cf. De incarnationc, viii, P. G., t. lxvi, col. 981 ; cf. V, col. 969-970 ; xi, col. 983, 984.

3. Ncstorius.

Nestorius reprend, à peu de choses près, les concepts et la terndnologie de Théodore ; il identifie, en christologie, le sens des mots jJiôaTaai ;, çjjtç, et même, d’une certaine manière, -po’aMTiov, appliqué aux individus physiques ou naturels. Ces mots désignent la substance première, l’usie concrète. Le livre d’Héraclidc, trad. Nau, Paris, 1910, p. 42, 43, 136, 137, 138, 145, 194, 212, 213, 232, 233, 266, 272, 273. L’hypostase, disons-nous, désigne la même réalité que le 7 : po'^o) : iûv naturel et s’oppose à ce que Nestorius appelle, dans sa christologie, le 7 : poa’o ::ov moral d’union. Ibid., p. 127, 128, 168, 183, 195, 202, 213, 223, 272, 273, 282. Cf. Tixeront, Histoire des dogmes, t. iii, p. 28-32. Il y a donc, pour Nestorius, deux prosôpons, le prosôpon naturel ou physique, identique à l’essence concrète, à la nature, à l’hypostase, el le prosôpon d’union ou moral. Cf. Jugie, Nestorius et la controverse neslorienne, Paris, 1912, c. m. Cette terminologie plus précise possède, sur celle de Théodore, l’avantage de paraître mieux manifester l’unique personnalité (entendue au sens du rpoj")rov moral) de Jésus-Christ après l’union des deux natures-hypostases. En réalité, elle est tout aussi défectueuse et aboutit aux mêmes erreurs. En parlant d’identité établie par Nestorius, entre l’hypostase et le prosôpon naturel ou physique, il faut toutefois s’entendre. L’iiypostase, la nature, ïo-hia même, désignent l'être considéré concrètement Le prosôpon semble, au contraire, chez Nestorius, avoir un sens abstrait : on le traduirait assez exactenient par personnalité, plutôt que par personne. Ce sens permet a Nestorius de jouer sur les mots et d'établir, entre les deux natures divine et humaine, un don mutuel de leur personnalité naturelle, d’où résulte la personnaIilé morale du Christ. Le prosôpon est ainsi une propriété de l’hypostase et de la nature plutôt que l’hypostase et la nature elles-mêmes. Voir d’AÎès, Autour de Xeslorius, dans les Recticrches de science religieuse, t. V, p. 242-243. Voir aussi les observations du P. Cavallera sur l’ouvrage du P. Jugie, Bulletin de littérature ecclésiastique de Toulouse, novembre 1912, p. 409-410 ; janvier 1919, p. 79-88 ; Junglas, Die Irrlehre des Nestorius, dans Der Katholik, 1913, p. 437-447 ; Jugie, op. cit., c. iv.

4. Saint Cyrille d' Alexandrie. — L’unité de personne et d’hgposlase avait toujours été reconnue dans l'école d’Alexandrie. Origène, voir plus haut, parle de la personne du Christ et il admet les 6jo çiiusi ;. De princ, t. I, en, n. 1 ; Cont. Cclsum, !. III, c. xxviii, P. G., t. XI, col. 130 ; le témoignage d'Éphreni d’Antioche nous apprend que saint Pierre d’Alexandrie professait en Notre-Seigneur deux natures, une hypostase et une personne. P. G., t. ciii, col. 996. On trouve dans lépître de Denys d’Alexandrie contre Paul de Samosate, en parlant de Jésus-Christ, j’v zpdnc)~0'i xai [J.ÎX j-o’jtaa'. ; rpdatD^Toj. Cf. Mansi, Concil., t. i, col. 1043. Didyme l’Aveugle s’abstient de parler des deux natures, pour mettre en relief l’unité du Christ : il prépare les voies à saint Cyrille. Chez saint Cyrille d'.lexandrie, adversaire de Nestorius, le mot hypostase n’a pas toujours le même sens. A Antioche, chez les uestoriens, ï-Jîtiç et G-otjTau. ; étaient équivalents et désignaient la substance concrète par opposition au -pôcrw-fjv moral. A Alexandrie, le mot hypostase conserve toujours, même sous des acceptions différentes, le sens de réalité, de chose existante, par opposition aux pures abstractions et aux simples apparences. Quelquefois même, c’est là sa seule signification. Voir plus haut, col. 372. De même, l’union xaO' ino’araaiv signifie, sous la plume de saint Cyrille, l’union selon la réalité, selon la vérité, zata àXrJOêtav, l’union physique jiar opposition à l’union morale. Voir Apologelicus pro Xll capitibus contra Theodorclum, anat. il, P. G., t. lxxvi, col. 401. Parfois aussi, le terme liypostase, considéré comme synonyme de « pijtjt ;, a un sens distinct de -pdaw-ov, il signifie la nature concrète considérée comme réalité, abstraction faite de son mode de subsistence, voir anath. iii, Denzinger-Bannwart, n. 115 ; ou encore Scholia de incarnationc, c. x, P. G., t. lxxv, col. 1381. Jamais cependant il n’est pris comme sj-nonyme d’oj<i ; a, essence spécifique, encore que saint Cyrille emploie parfois ©Jai ; en ce sens. Sur ce sens abstrait de ouæ :  ;, voir De' recta fuie ad Auguslas, 46, 31, 32, 38, P. G., t. lxxvi, col. 1400, 1376, 1388 ; De recta fide ad Theodosium, 43, col. 1200 ; Epist., ii, ad Successum, P. G., t. Lxxvii, col. 244-245 ; Epist., i, ad Ncstorium, col. 45 ; Scolia de incarnalione, P. G., t. lxxv, col. 1385. Toutefois, ce sens est controversé. Voir J. Lebon, Le monophysisme scvérien, Louvain, 1909 ; Jugie, op. cit., p. 180-181. Enfin, et c’est le plus fréquemment, saint Cyrille identifie les trois termes çûaiç, ÛTtûCTTau'. ; et -pdafDTTov. L’hypostase est la nature-personne que l’on retrouve dans la formule apollinariste [lia fûsi ; -ou Wîoj iVÔYOj cTEsapzoaivTi, que saint Cyrille croyiiit emprunter à saint Athanase. Cf. Justinien dans son 'OtxoLoyia j : 13T£"> ;. Mansi, Concil., t. ix. col. 545, 381. Pour l’identification de y-'^'-^ et d'û ::o'5Taat ;, voir Apologelicus pro A7/ capitibus contra Theodorclum, anat. ii, P. G., t. lxxvi. col. 401 ; £p(sL, xvii, col. IIP ; xLv, xLvi, n. 2, 4, P. G., t. lxxvii, col. 232, 241, 245.