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HYI’OSTASE


note (le l’éditeur ; Stentrup, l’rielectiones dogmalicse de Verbo incurnalo, InsprucU, 1 882, part. I, t. i, p. 390 ; P. de Kégiioii, Éludes de théologie positive sur la sainte Trinité, Paris, 1892, t. i, c. iii, p. 1.S9 sq. ; J. Lelireton, Les origines du dogme de la Trinité, Paris, 1910, p. 349, note 4 ; Bcthune-I’.aker, The meaning oj homoousios in the Constantinopoliian creed, dans Texts and studies, t. vii, p. 74 sq. ; Jannsens, Summa theoloyica, Fribourg-en-BrisgaLi, 1901, t. iv, p. 124-125.

2. Sens concret du mot uTioaiaa’.i ;. — Une remarque préalable s’impose. Nous l’empruntons au P. de Régnon, op. cit., p. 143 : « Aristote distinguait les premières usies (essences concrètes) et les secondes usies. Sans conteste, les premières usies sont les substances individuelles. Quant aux secondes usies, on leur donne parfois le nom d’essences. Cette traduction n’est exacte que si l’on y attache un sens véritablement réaliste, c’est-à-dire si on jn-end l’usie non comme une idée abstraite, mais bien comme une réalité substantielle existant dans l’individu. »

La même remarque s’applique au terme ÛTioaTaj-. ;. Pour le traduire exactement par subsislentia, il faut prendre ce dernier mot, non dans le sens d’une simple modalité, comme pourrait l’insinuer la forme grammaticale de sa terminaison, mais bien dans le sens formel d’une réalité substantielle et individuelle. Dans le langage grec, on ne dit pas : « Pierre a une hypostase », mais on dit : « Pierre est une hypostase, » comme on dit : « Pierre est une substance. » Le mot hgpnstn.sp est concret, comme le mot personne. Aussi Pelau observait-il justement, op. cit., t. IV, c. III, n. G, que les anciens Latins, qui ont traduit jxdaTasi ; par subsislentia, donnaient au mot latin un sens concret qu’il a perdu en scolastiqiie. Ils ne disaient pas : Pater habet subsisienliam : ils disaient : Pater est subsislentia. Sur le sens concrel d’Ci/idaTaui ;, voir S. Anastase le Sinaïte, Hodegos, c. ii, P. G., t. Lxxxix, col. 57-60 ; l’auteur du De sectis, actio I, P. G., t Lxxxvi, col. 1197-1200 ; Théodore Abucara, Opusc., disp. II, P. G., t. xcvii, col. 1472. Suarez, Metaph., disp. XXXIV, sect. i, n. 5, affirme, en se référant aux actes des VI « et VIP conciles œcuméniques, que le sens abstrait se rencontre parfois chez les Pères et dans les textes conciliaires ; mais cette affirmation est sans fondement. Voir les textes invoqués, dans Mansi, Cnncii, t. xi, col. 455 sq. ; t. xii, col. 1121, 1136, 1140. Vasquez reconnaît expressément que le sens concret est le seul sens du mot hypostase, chez les Pères. In II]^"" nnrt.Sum. theol. S. Tltomie, disp. XVI, c. m ; disp. XXXII, c. ii, n. 11.

3. Premières applications du mot hypostase aux questions Irinilaires. — a) Double signification. — Le sens primitif d’u ; roaTaatç persistant dans le langage des Orientaux, les Pères se trouvèrent assez embarrassés dans l’application de ce terme aux problèmes trinitaires. L’être subsistant, la réalité objective se trouvent tout aussi bien dans l’essence divine que dans chacune des personnes. De là, avant qu’un accord soit intervenu et ait fixé, pour l’Église entière, la signification d’oùai’a et dj : toaTaaiç, un flottement inévitable se produisit dans l’emploi de l’un et de l’autre. Réalité objective, être subsistant, j ;  : '><jT3 ; ai ; a toujours cette signirn^ntion, à telpoint que souvent, voir plus loin, col. 404, les Pères emploient, comme synonyme d’i~o ! jTa^t ;, j^apÇt ;, existence. Mais, s’il s’agit de désigner la réalité subsistante en Dieu, l’objet de cette désignation peut être tout aussi bien l’essence, l’oùcria, que ilucune des trois personnes prises individuellement. Ces deux sens se retrouvent parallèlement, non seulement chez des écrivains différents, mais chez le même auteur. Saint.Jean Damascène nous en avertit : « Le mot hypostase, écrit-il, a deux signilications. Tantôt, il signifie simplement l’exis tence ; suivant cette signification, usie et hypostase sont la même chose. Voilà pourquoi certains Pères ont dit les natures ou les hypostases. Tantôt, il désigne ce qui existe par soi-même et dans sa propre existence. Suivant cette signification, il désigne l’individu numériquement diflérent de tout autre, par exemple, Pierre, Paul, un certain cheval. » Dialectique, c. xi.ii, P. G., t. xciv, col. 612. Cf. c. XI, xxii, xxx, ibid., col. 573, 589, 592-596. Voir également l’auteur du IJe sertis, actio VI, n. 2, P. G., t. lxxxvi, col. 1240 ; Léonce de Byzance, Capita Iriginta contra Severum, c. XXVII, P. G., t. Lxxxvi, col. 1912.

b) Applications. — ci.’l’TtciîTaa’. ; équinalentd’oxxyi-v.. — En parlant de la substance divine, il n’est pas rare de trouver (en dehors du sabellianisme, dont on n’a pas à parler ici, voir ce mot) hypostase synonyme d’essence ou de nature. L’accusation de trithéisme, portée au iiie siècle, devant le pape Denys, contre Denys d’Alexandrie, parce que ce dernier professait la théorie des trois hypostases divines, est une preuve manifeste de l’équivalence accordée par beaucoup aux termes essence et hypostase. Voir S. Athanase, De decrclis Nicœnæ synodi, n. 21) ; De sententia Dionysii, n. 13, P. G., t. XXV, col. 461, 497-500. Cf. Duchesne, Histoire ancienne de l’Église, Paris, 1906, t. i, p. 486. Mais nous possédons des textes positifs : S. Irénée, Cent, hær., t. V, c. xxxvi, P. G., t. VII, col. 1221 ; S. Grégoire le Thaumaturge, dans S. Basile, EpisL, ccx, n. 5, P. G., t. xxxiT, col. 776. Saint Grégoire de Nvsse fait cette identification parlant de la notion d’un Verbe àv oùaia et d’un Esprit èv’j-oo-cinn, c’est-à-dire existants en soi, substantiels. Oratio catechetica, c. iv, P. G., t. XLV, col. 20. Cf. Contra Eunomium, t. I, P. G-, t. XLV, col. 305. Dans le discours catéchétique, c. i, j-ocjtaa’.ç, appliqué au Verbe, signifie sa réalité, ibid., col. 13 ; c. v, col. 21 ; c. ii, col. 19-20 ; même sens pour l’Esprit-Saint, mais c. iii, col. 20, il prend le sens de personne. Kafl’jTroataaiv, c. vi, signifie selon la réalité, substantiellement, c. vii, col. 28, 32. Saint Cyrille de Jérusalem appelle j-dîTaaiv, Cat., vi, n. 5, la substance de Dieu ; Cal., xvi, n. 5, la substance de l’Esprit-Saint. P. G., t. xxxiii, col. 545, 924. Saint Épijjhane identifie les deux termes usie et hypostase en plusieurs endroits, Hetr., lxxiv, n. 4 ; lxix, n. 70 ; parce que consubstantiels, le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont chacun ivj : td’î-atoç. Cf. Ancoratus, n. 6, 10, P. G., t. XLii, col. 481, 317-320 ; t. xliii, col. 25-26. Même remarque pour saint Athanase, De decretis Niceenie synodi, n. 27, P. G., t. xxv, col. 465 ; De synodis, n. 41, P. G., t. xxvi, col. 765 ; Epi.-it. ad Afros, n. 4, ibid., col. 1036 : Tomus ad Antiochenos, n. 5. 6, ibid., col. 800-801 ; Oral., iv, contra arianos, n. 1, ibid., col. 468.

Réciproquement, on trouve, quoique plus rarement, des exemples de l’emploi d’oùaia dans le sens d’hypostase ; c’est-à-dire de substance individuée complète. Gn signalera simplement en passant Arius, dont l’autorité est suspecte : néanmoins il est curieux de voir cju’il emploie indifféremment oùuiai et j-otitâsî’. ;, ))our désigner les personnes du Père et du Fils. S. Athanase, Oral., i, contra arianos, n. 1 ; De synodis, n. 15, P. G., t. XXVI, col 24, 708. Mais la lettre encyclique d’Alexandre d’.Mexandrie, rapportée par Socrate, fait mention de l’oùaia du Père, P. G., t. xviii, col. 576 ; cf. col. 537 : oiioioç xaT" ojjiav. Voir cette identification dans Origène, De oratione, n. 15, P. G.. t. XI, col. 165 ; In Joannis Evangelium, t. ii, n. 18, P. G., t. XIV, Col. 153 : mais parfois l’identification est marquée par nn corroctif indiquant la singularité parfaite de l’essence : Origène dit îBiav oJaiav, n. 6, ibid., col. 128, ou encore oùtnav xaxà TTîÇ’.y ?* ?’) » t. i, n. 42, ibid., col. 104. Au dire de FhfMius, P. G., t. ciii, col. 400, Pierius d’.Mcxaiulrie (iii<’s.) aurait parlé de