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assez laborieux, eulames sous Clement IX, puis repris sous Clément X, eurent la satisfaction de voir leurs efforts aboutir. Par bref apostolique du 10 octobre 1673, Clément X rétablit l’université de Louvain dans tous ses droits antérieurs.

A son retour de Rome, Huygens fut nommé lecteur, ou professeur de théologie, au collège du pape Adrien VI. Cette nomination marque le début de sa grande aclivité littéraire. C’est alors, en eflet, qu’il commença celle longue série de volumes et de publications dans laquelle on a le regret de saisir trop souvent l’influence des idées jansénistes. Étant encore étudiant, il s’était plus ou moins épris des doctrines de VAiigiistiniis. Dans la suite, lié d’amitié avec Antoine Arnauld et Quesnel, il fut de ce groupe assez compact de leurs adhérents loiivanisles auquel appartenaient aussi van Vianen, De Swæn, Pasmans.Hennebcl et van Espen. Ses ojjinions et ses accointances lui attirèrent des contradictions et des polémiques dont nous retrouverons la trace plus loin, dans la nomenclature de ses travaux. Il succéda en 1677 à François van Vianen comme président du collège Adrien VI. Un de ses premiers soins, dans cette nouvelle charge, fut d’édicter pour l’établissement un règlement en harmonie avec les tendances sévères et rigoristes du jansénisme. Il continua d’ailleurs à imprimer, comme précédemment, aux études théologiques autour de lui un essor considérable. Jamais peut-être professeur ne rédigea et ne fit défendre sous sa direction un aussi grand nombre de thèses publiques ; et il faut ajouter que ses thèses, ordinairement choisies avec un grand souci de l’aclualilé, sont de celles cjui étreignent et embrassent complètement les sujets qu’elles abordent. Ne pouvant les cm mérer toutes, nous en donnerons au moins plus loin quelques spécimens assez caractéristiques. Plusieurs, on n’en sera pas surpris, ont trait aux controverses de l’auteur soit avec les jésuites Bolck et De Vos, soit avec Martin Ste ; aert, docteur de Louvain lui aussi, mais très opposé aux idées et tentatives novatrices. Grâce à son prosélytisme scientifique et aux formes multiples sous lesquelles il se manifestait, Huygens jouissait d’une haute considération dans les milieux universitaires. Voici l’appréciation qu’en donne un recueil contemporain, les Fasli doctorales S. FacuUatis théologie se : Habebatur Huygenias scholx thcotoiicae decus ; in proponcndis argumentis et solvendis difficultcitibus adeo erat acutus, iil nihil eo tempore jucundius vidcretur quam audire in disputationibiis acadrmicis Huijgenium argumeniantem et Steijærtium prsesidenlem, quocum illi fuerunt continua quoad doctrinam de gratia dissidia. En 1681, il fut promu à l’une des chaires les plus importantes, celle à laquelle ressortissait le commentaire du livre des Sentences de Pierre Lombard et de la Somme théologique de saint Thomas. Le 30 septembre 1687, il était élu membre de 1’ « étroite faculté de théologie », c’est-à-dire de ce groupe spécial de professeurs qui était dépositaire de l’autorité directrice dans la faculté ; mais à cause des tendances que reflétaient ses Ii%Tes, ses thèses et tout son enseignement, ni le saint-siège ni le gouvernement ne consentirent à ratifier son élection, et ses démarches pour triompher de la défiance qu’il inspirait à l’un et à l’autre furent vaines. Lorsque, en 1699, il s’avisa, en désespoir de cause, de réclamer à ce sujet auprès du conseil du Brabant, le roi fit défense au conseil de s’occuper de cette affaire. Vers Jp. m"me époque, le 29 avril 1697, et pour les mêmes raisons, l’archevêque de INIalines, Ht mbert de Precipiano, en lui retirant la juridiction dr.ns son diocèse, le conti’aignait à cesser tout ministère de confesseur et de prédicateur. Mais ces hi miliations méritées ne l’cmirêchèrent point de poursuivre avec une rare constance sa carrière de professeur, de président et d’écrivain. D’ailleurs, en

dépit de ses polémiques et de ses démêlés avec le :  ; autorités civiles ou ecclésiastiques, il sut toujours garder l’estime et la sympathie d’un grand nombre de ses collègues de l’université. A deux reprises, en 1678 et en 1679, il fut porté par leur choix aux honneurs du rectorat, qui n’était alors conféré que pour un semestre. H mourut à Louvain, le 27 octobre 1702 et fut inhumé dans la chapelle de ce collège Adrien VI dont il avait eu la direction durant vingt-cinq ans. Dans l’épitaphe qu’on lui consacra, il est proch mé ingénia siimmus, doetrina et pictate eximius, labnribus pro Ecclesia indefessus, pro vcritate fortis et conslans, inler persccutiones invictus. Tout en rendant hommage à ses grandes qualités, l’impartiale histoire est bien obligée de constater cfue ses luttes pour la vérité, ses persécutions, ses vertus de force, de fermeté et d’endurance ne sont pas de celles qui ont fait les martjrs ou les confesseurs de la foi catholique.

Huygens fut un travailleur infatigable, un écrivain abondant et fécond, un esprit singulièrement apte et ardent au labeur de l’étude, de l’enseignement et de la controverse, plus docile malheureusement aux inspirations de l’amour-propre et aux influences des petites coteries cpi’aux directions du saint-siège.

Voici la liste de ses principaux travaux. Un seul a été rédigé en fli mand et un en français, les autres sont en latin. Je les indique sommairement et en suivant autant que possible l’ordre chronologique des premières éditions. " Aenleydinge tas de i : aeractige lie/de Godls door de hennisse Godts ende door het nitleggen van dcre rærvolgende ende neer andere vragen : Wat dot is Godl beminnen, op wai manière, hæ secr, om wat reden Godl nroet bemind worden, welck zyn de Merk-bcekenen van desc licjde, en hoe men die lie /de kan bekomen, in-12, Louvain, 1673. C’est, sur l’rmour de Dieu, un résumé complet ou peu s’en faut des théories jansénistes. 2° Mcthodus remitlendi et retincndi pcccala, in-8, Louvain, 1674. Il en parut, trois ans plus tard, une traduction française : Méthode que l’on doit garder dans l’usage du sacrement de pénitence pour donner et différer l’absolution, in-12, Prélart, 1677. Mais, par un décret du 28 août 1681, l’Inquisition espagnole interdit ce livre, « comme contenant des propositions ou déjà condamnées dans Jansénius, ou téméraires, et une doctrine qui peut éloigner les fidèles de la fréquentation et les confesseurs de l’administration du sacrement de pénitence. » L’année m. "me de sa publication, la Mcthodus fut attaquée dans un volume intitulé : Responsio brevis ad librum cui titulus : Mcthodus remittendi…, authore Francisco Carolo Reymakers, theologo, in-12, Louvain, 1674. Reymakers était un pseudonyme. L’auteur de la Réponse, qui parut à Bruxelles et à Mayence à peu près en même ttmps qu’.’i Louvain, était le frère mineur François Cauwe. Hujgens répliqua par : 3° Apologia Gummari Huygens Lyrani pro methodo remittendi et retincndi peccala, adversus Responsionem brevem authore, ut se vocal, Francisci Caroli Reymakers, in-8°, Louvain, 1674. 4° Compendium theologiæ, id est, thèses ex / parle, ja jj.v et //a //aj £). Thomæ, hebdomadalim defensse ab anno 1672 usque ad 1679, in collegio Adriani VI pontificis, prseside ex. viro Gummaro Huygens, in-4 », Lou’ain, 1679. Ce recueil, enrichi des thèses des années subséquentes, fui réimprimé en 1684 et 1687. Vers le mi’me umps la plupart des louvanistes favorables au jansénisme cherchaient pareillement à répandre leurs idées au moyen de thèses lancées dans le public. Il y avait là une tactique savamment combinée que Steyært, l’irréductible adversaire des novateurs, signalait en ces termes : Notum est, cnm thèses hujusmodi majores hic volitare solercnt, etsie variis collegiis, ex una lamen mente eas prodiisse. Distributus eral labor, sed unum opus. In hac thesium colleclione constare