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HUTTEN — HUYGENS


de ressources, il parcourut l’Allemagne et pendant quelque temps enseigna les belles-lettres à Rostock. En 1512, il publia un poèma Ad divum Muximilianum Cscs. Aug. bello in Vendos euntem Ulrici von Hutten cx/ior/(7/(o, in-4°, janvier 1512, et l’empereur ne manqua p « s de le rccompsenser généreusement. Alors il passa en Italie, afm d’y étudier le droit, selon le désir de son père : mais pressé par le besoin, il s’enrôla dans l’armée impériale. Peu après^ il était de retour en Allemagne, .yant appris que son cousin Jean de Hutten avait été assassiné par ordre du duc Ulrich de Wurtemberg, il publia contre ce prince divers écrits satiriques qui établirent sa renommée et le rendirent populaire en Allemagne. Dès lors il laissa libre cours à sa verve qui s’exerça contre les moines et la domination des grands. Il prit parti pour Reuchlin contre les dominicains, au sujet des écrits des juifs qu’un décret de l’empereur Maximilien ordonnait de détruire, et publia pour célébrer la défaite des scolastiques : Trinmphus Jocloris Reuchlin. Habes, siadiose ledor, Joannis Capnionis viri preeslantissimi encomion triumphanli illi ex devictis obscuris viris, id est theologislis Coloniensibus et fratribus de ordine priedicatorum ab EleuIherio Byscno dccantalum, in-4°, s. 1. n. d. Il prit une part très active à la publication, et semble être l’unique auteur du second volume des Epistolx obscurorum virnrum, collection de pamphlets aussi habiles que violents contre l'Église romaine et ses institutions. En 1515, il alla de nouveau en Italie et visita Rome, qu’il dut quitter à la suite d’une rixe avec quelques Français : pareille aventure lui arriva à Bologne. De retour en Allemagne, il vint à.Vugsbourg, où il fut reçu par' l’empereur ÏNlaxùnilicn, qui l’arma chevalier et le couronna comme poète. Retiré au château de Steckelberg, il continue sa lutte contre Rome et publie l'écrit de Laurent Valla : De jalso crédita et cmenlita donalione Constanlini Maqni : il le fait précéder d’une préface dédiée à Léon X, qu’il comble d'éloges afin de pouvoir mieux jeter le blâme et le ridicule sur ses prédécesseurs. Malgré ses attaques répétées contre la religion, Ulrich de Hutten trouva un prolecteur dans la personne de l’archevêque de Mayence, Albert, margrave de Brandebourg ; avec ccjui-ci il se rendit à la diète d’Augsbourg, et essaya de décider les princes à s’unir sous le commandement de l’empereur pour faire la guerre aux Turcs, A ce sujet il publi ; i ; Ad principes Germaniie ut bellum Turcis invebenl Kxhortatoria, Stcckclberg, 1510, et il ne manqua pas cette occasion pour altaquer les papes et conseiller aux princes de secouer leur autorité..près avoir pris part à une guerre contre Llrich de Wurtemberg, qu’il poursuivait toujours de sa haine, il reprit la lutte contre Rome, publia une chronique sur la conduite du pape vis-à-vis des empereurs dans tous les siècles, et divers traités parmi lesquels ; De unilate Ecclesiii' conservanda et scli'.smote quod luit intcr Ilenricum IV et Gri-yorium VU pupam, cujusdam ejusdeni Irmpnris Itieotogi liber in Fuldensi bibliotlKcn ini’cntus ab Hutleno, in-l", Mayence, 1520, et De schismate extinguendo et vera libertale ecclesiastica adscrcnda, qu’il trouva à Boi)parl dans l’archevêché de Trêves. L’archevêque de Mayence comprit enfin qu’il ne pouvait continuer à protéger un pareil pamphlétaire, et il finit même par défendre, sous peine d’cxcommunicallon, d’acheter ou de lire ses écrits, i'.c fut vers cette époque, 1520, f]u t Irich de Hutten se mil en nUlion avec Luther, auquel jusqu’alors il s'était peu intéressé, ne voyant dans les commencements de la Héloinie qu’une querelle de moines. Après avoir erre rpielque temps, il trouva asile au château d’Kbernburg chez François de Sickingen, et de la répandit en Allemagne de nombreux pamphlets en vers et en prose, en latin

« t en langue vulgaire. ]>xcomnuinié par la bulle que

Léon X lança contre Luther, il en publia lui niêiuc le texte, l’accompagnant d’un commentnire satirique ; BuUa Leonis X contra errores Lulheri et sequucium. in-4 ». Contre le prédécesseur de ce pape il avait écrit : Julius, dialogas quomodo Julius II pontifex maximus posl mortem, cæli jores pulsando, a janilore D. Petro intromilli nequiveril, in-8°. Ulrich de Hutten employait tout son talent à prêcher la révolte, voulant soulever l’js campagnes, puis les villes contre le clergé et contre la noblesse. Il n’y réussit pas ; et ses amis le trouvèrent compromettant. Il dut donc se séparer de François de Sickingen et passa en Suisse. Il séjourna à Bâle, dont le sénat lui fit un don considérable et où il espérait trouver un appui dans Érasme : mais celui-ci réconduisit, et alors Ulrich de Hutten se retira dans une île du lac de Zurich, au château d’Ufnau, où il mourut (l’une maladie contractée dans les camps. A bon droit il est considéré comme un des précurseurs de la Réforme ; ce fut un révolutionnaire qui, par ses attaques répétées contre l'Église, prépara l’Allemagne à suivre Luther dans sa révolte contre Rome. Dans ses écrits et en particulier dans Klagen geqen Lœtz, 2 vol., 151P, et Ad Bilibaldnm patricium Norimbuigensem epistola ville suae ralionem exponens, .Xugsbourg, 1518, il donne de nombreux détails sur sa vie et sur les motifs qui le guidaient dans sa lutte contre le clergé et la noblesse. Ses Opéra poetica furent lé.uiis et publiés à Bftle. in-8', 1523..Ses œuvres complètes furent éditées par E. J. H. Munch, 5 in-8°, Tubingue, 1821-1825 ; par Boecking, Opéra qure repcriri poluerunl, 7 in-S", Leipzig, 1859 sq.

J. Burckard, Commentarius de faiis et meritis U. de Hulien, cui comphires hiiius epislolie etnlid inqeniiejtis monitmenta intégra siinl inserla, ; i in-S", AVolfenbuttcl. 1717-1723 ; J.-t-". Christ, Coiumenlatio de nioribus, scriptis et imaginibu.s U. ab Hutten, eqnitis gennanici, in-4°, Magdebourg, 1717 ; L. Schubart, Leben iind Character U. von Hutten, in-S", Leipzig, 1816 ; Chr. J. Wagenseil, Ulrivli non Hutten, nacit seinem Leben, seinem Cliaracler, und seinein Scliri/ten geschilderl, in-S », Nuremberg, 182.3 ; J. Zellcr, Ulrich de Hutten, sa oie, ses œiu>res, son temps, in-8, Paris, 1819 ; V. ChauffourKestner, Études sur les râ/nnnateurs ilu A /e siècle, in-18, Paris, 1853, t. t ; D. K. Strauss, Ulricti von Hutten, 2 in-S", 1858-1860 ; 2° édit., 1871 ; Brunet, Manuel du libraire. in-8°, l^aris, 1862, t. iii, p. 339 ; J.-G.-Th. Gr : esse, Trésor de livres rares et précieux, in 1°, Dresde, 1862. t. iii, p. 397102 ; Realenencyclopàdie liir protestnntische Thenlogie und Kirche, Leipzig, 1900. t. viii, p. 491-196 ; Ilefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1921, t. vin b, p. 725, 7.32, 7.34, 752, 776, 805, 806, 807, 808, 813, 816, 822, 825, 855.

B. HEUHTEBlZli.

HUYGENS Gommaire était né à Lierre le 26 février 1()3I. Il lit, croit-on, ses humanités dans sa ville natale. Envoyé à l’université de Louvain pour y suivre les leçons de philosophie et admis ; i la « pédagogie du Faucon », il était proclamé second au concours général de la faculté des arts, en 1618. Il entra ensuite comme étudiant en théologie au gratul collège du Saint-Esprit, que dirigeait alors.Jean Sinnicliius. Quatre ans plus tard, il était rappelé au Faucon et chargé d’y faire un cours <le philosopiiie. (>e poste lui valut, en vertu des privilèges de l’université et de la faculté des arts, une prébende canoniale au chapitre de SaintBavon à Gand ; il ne prit toutefois possession de son canonicat qu’en IfiO.'i, et dès 1668 il le résigna en faveur de son frère Guillaume. Son enseiunem.'Ul au collège du Faucon se cotdinua pendant scMze ans avec grand succès. Mais il poursuivait simultanément ses éludes de théologie, et le » novembre 1()68 il obtenait le bonnet de docteur en cette science. Vers la fin de la m.'nie année, il partit pour Rome avec son collègue Odibric Randaxhe, en vue d’y négocier, au nom de l’université, la restitution du privilège de nomination à certains bénélices ; et les deux députés, après les pourparlers