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HUSSITES — HLTTEN


sacrement. Il est donné avec de' l’eau ordinaire. La communion sera donnée sous les deux espèces. La <'onfession auriculaire, les œuvres de pénitence, le l)urgatoire, le culte des saints, les jours de fête et de jeûne sont supprimés, comme ignorés par la liible. Plus tard. Ziska et ses fidèles trouvent encore que les apôtres n’avaient pas de maison, que le Sauveur n’avait pas dit aux prêtres de s’enfermer dans des cloîtres, mais d’aller dans le monde entier. Ils conseillent donc de détruire les presbytères et les monastères avec leurs habitants. On prêche surtout sur le Tabor que tout ce qui contredit le service de Dieu et tout péché (simonie, réception d’argent pour fonctions spirituelle-3 et bulles) doivent être déracinés de la chrétienté. Le jour de la rédemption est proche, toutes les villes chrétiennes sauf cinq doivent être anéanties par le feu, et maudit soit celui qui ne trempe pas son épée dans le sang des ennemis de Dieu. Les théories de Ziska et de ses illuminés à froid mettaient donc en coupe sombre toute la tradition catholique.

En 1420, les Praguois oucalixlins utraquistes avaient rassemblé en quatre articles leurs revendications pour les présenter à l’empereur Sigismond : 1° liberté de prédication ; 2° communion sous les deux espèces pour tous les croyants ; 3° renonciation du cierge aux possessions terrestres ; 4° punition des péchés mortels (simonie, réception d’argent pour fonctions spirituelles). Les taborites ne discutèrent pas. Se lançant dans l’action, ils battirent Sigismond. Avec le prestige du succès. Ils rallièrent à nouveau les utraquistes sous leurs drapeaux. Au même moment, Ziska faisait acte d’autorité parmi les siens. En 1421, il faisait massacrer par un de ses lieutenants ses adeptes qui, de plus en plus pénétrés de l’enseignement wicliflste. avaient versé dans les théories panthéistes et anarchistes beghardes et adamites. Voir Beghabds et Adaahtes. C'était une concession sanglante faite par le chef taborite aux utraquistes qui n’avaient pas admis les grossiers manques de révérence des victimes au sacrement choisi comme signe du parti.

En somme, de 1415 à la mort de Ziska (1424), c’est bien le taboritisme qui conduit pratiquement les groupes hussites.

Après la mort de Ziska, des quatre partis nouveaux formés parles hussites, voir Calixtins, t.u, col. 1365, l’utraquisnie seul survécut après sa prise de contact avec le concile de Bâle, sa victoire de Lipan, près de Bœhmischbrod, sur les taborites et les orphaniens, et sa reconnaissance officielle en Bohême par les Compadala d’Iglau (1436). Voii Calixtins, col. 1366 ; Bale (Concile de), col. 121-122. Deux hommes, par ambition personnelle tout autant que par conviction religieuse, lui donnèrent vigueur, après la mort de Sigismond (1437), pour se faire une influence. Georges Podiébrad, roi de Bohême, Jean de Rokytsana, évêque de Prague, maintinrent jusqu'à leur mort (1471) à l’utraquisme son caractère officiel, en luttant contre les « frères bohèmes » dont les théories puritaines et totalistes avaient plus ou moins sauvé depuis 1448 les épaves du taboritisme. Voir Bohèmes (Frères), t. ii, col. 31-34. Les prédications de saint Jean de Capistran avaient d’ailleurs déjà fait leur œuvre depuis 1451-1452. Elles enlevèrent finalement toute vie à l’utraquisme lui-même, à l’avènement de Ladislas II (1471). Le pape n’avait jamais approuvé cette doctrine, pas plus qu’il n’avait acceplé les Compadala reconnus par le concile de Bâle le 15 janvier 1437. Pie II, par l’intermédiaire du nonce Fantini, les révoquait tous deux le 13 aût 1462. Cf. Communion eucharistique sous les deux ESPÈCES, t. iii, col. 566.

III. Conclusion.

Le caractère terrible de l’idée hussite fut de n'être pas restée dans le domaine de la

tliéorie pure. Elle voulut vivre par la terreur et le sang. Pendant vingt ans, ses adeptes, puritains, révolutionnaires, anarchistes, mystique--, ont fait de la Bohême, de la Silésie, de la Bavière, de l’Autriche, de la Saxe et du Brandebourg un véritable désert. Antisociaux par programme, les hussites furent de véritables sauvag ; s pour réaliser les erreurs wiclifistes qui ruinent toute liberté humaine, toute hiérarchie, tout droit de propriété. Un demi-siècle plus tard, le chancelier Fisher, faisant au pailement anglais les remontrances qui, selon lui, devaient arrêter le roi Henri "VIII dans la voie de l’indépendance, trouvait prudent de lui rappeler les excès de la grande hérésie bohémienne. Cf. Stephens et Husl, A hislory of ihe English Church, 8 vol., t. iv, par Gairdner, p. 104. Par les ruines et les carnages dont ils ont couvert l’Allemagne du xve siècle, les hussites relevaient plus encore des tribunaux militaires que de l’officiâlîté ccclésias tiqua.

Toute la bibliographie : sources et travau.x, qui touche à la question hussite se trouve dans les articles : Bale, Calixtins, Communion sous les deux espèces, Bohèmes (les Frères), IIus.

Plus spécialement, on consultera :

I. Sources.

Hôfler, Fontes reruni Aiislriacarum scriptnres, t. vi : grande chronique des Taborites de Jeaa Lukowetz et de Nicolas de Pehirimow ; t. vu : traduction allemande des annales tchèques du temps des hussites, éditées comme ur volume dans les F’onles rcrum Bohemiciiriim de Peizel. Dobrowsky et Palacky. Le v « volume des Fontes rerum Bolieinirariim contient une édition correct* des chroniques les plus importantes du temps de> hussites, Prague, 1893, ù savoir les chroniques de Laurent de Br©zova, le C’rronicon iiniDersi’atis Pragensis, et la chronique de Bartossek de Drahonic dans l'édition de Jaroslav GoU. Loscith, le Mémoire du chanoine de Breslau Kicola& Tempelfeld do Brieg sur l'élection de Georges de Podiébrad. Contribution à la critique de l’histoire des hussites de Cochlaus, dans Archiv œsterr. Geschichte, t. LXi ; Grtinhagen, Geschiehtsqiiellen der Ilussitenkriege, Breslau, 1871, formant le vi" vol. des Berum Silesiacarum ; Les histoires du maître Jean Léon (Die atteste Erzàhlung von der siegreichen Verteidigimg der StadtBriixgegendie Hussilen. 1421). édité par Schlesinger, Prague, 1877 ; Palacky, Urkundlichc Beitràge ziir Geschichte Bôhmens iind seiner ^ochbarlànder im Zeitaller Ceorgs V Podiébrad, Vienne, 1860.

II. Travaux.

Loserth.Die Kirc/ien uiid KIosterstiirm der Htissiten, dans Zeitschrift jiir Geschichte iind Politik. t. V, p. 259 ; dans plusieurs de ses écrits, notamment dans l’introduction à Wiclif : De eucharistia, Loserth a accentué que les taborites sont les élèves de Wiclif ; Preger, Ueber lias Verhàltnisz der Taboriten zu den Waldensern des XI V J ahrhunderts, dans Abhawilungen der Miinchner Académie, t. xxvni, fasc. 1 ; Loserth et Haupt, Waldenserlum und Inquisition im s. ô. Deutschland, Fiibourg-en-Brisgau, 1890 ; Bezold, Kônig Sigismund und die Reichskriege gegen die Hussiten, 3 vol., Munich, 1872 ; Zur Geschichte des Hussiteniums, 1874 ; Théobald, Hussitenkrieg, Wittenberg, 1610 ; Grùnhagen, Die Hussitenkdmpfe der Schlesier, 1420-1435 ; Loserth, Urkund. Beitràge zur Geschichte der hussitischen Bewegung und der IIussitenkrie(,e mit besonderer Beruchsicliiigung Mcilirens und der mdlirish Hussitischen Sôldner. Notizenblatt des Vereins jiir die Geschichte Màhrens imd Schlesiens, Brijnn, 1896, n. 7, 8, 11, 12.

Sur les controverses des Silésicns avec les hussites au temps de Georges Podiébrad, il existe une riche bibliographie. Voir Codex diplomaticus Lusitaniæ superioris II, qui contient les origines de la guerre hussite en HauteLusace.

P. MONCELLE.

    1. HUTTEN (Ulrich de)##


HUTTEN (Ulrich de), pamphlétaire idlemand, né le 25 avril 1488 au château de Stetkelberg, sur le Mein. mort dans l’ile d’Ufnau du lac de Zurich le 31 août 1523. Ses parents le cou lièrent à l'âge de onze ans à l’abbaye de Fulda, dans l’espoir de le voir obtenir plus tard ce riche bénéfice ecclésiastique. Mais vers l'âge de seize ans, il quitta secrètement le monastère et alla étudier à Erfurl, à Cologne et à Francfort-sur-l’Oder, où il prit le degré de m lître es arts. Bien que dépourvu