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depuis l’iitain VI (1378), elles ne devaient pas rencontrcx' iininédiate : iie : it l’aivlidote énergique contre leur propagalion.

C’eit bien, en etl’eU une crise d’autorité de. plus graves que traverse l'Église en 1400. Et si, en Bohême, elle se fait sentir davantage, c’est qu’une question de nationalités vient se greffer sur elle. L’université de Prague était divisée comme celle de Paris entre quatre nations : Bohême, Bavière, Saxe, Pologne ; les Tclièques voyaient dans la supériorité numérique de'. Allemands, auxquels se joignaient souvent les Polonais, une atteinte à leurs droits. La jouissance des fondations amenait de violentes disputes, et les discussions sur des questions de technique, comme celle du nominalisme et du réalisme, qui auraient dû rester dans la sérénité de l'école, faisaient trop voir des Allemands nominalistes, mais des Allemands d’abord, nominalistes ensuite, luttant avec àpreté contre des Tchèques, réalistes sans doute, mais des Tchèques tout d’abord. Dans l’exercice des fonctions religieuses, la réserve faite par l’opinion sur l’incapacité morale et doctrinale des créatures impériales, se doublait d’un grief plus grave encore, que l’on faisait à l’intrus allemand. Comme les prébendes bohémiennes, l’administration bohémienne était livrée aux Allemands comme hypothèque légale du vote de l’Yancfort-sur-le-Mein, ville où on élisait les empereurs. Et, contre cette situation, le peuple tchèque n’avait pas de recours. Vence.-.las, roi de Bohême et empereur du Saint-Empire romain germanique, après des débuts de sagesse, s'était bientôt montré avare, débauché, cruel. Entièrement adonné à une vie honteuse, il n’avait plus pris aucun souci des aiïaires publiques, et, après avoir mérité le double surnom d’Ivrogne et de Fainéant, il aboutissait en 1400 à une obscure déposition, qu’il n’acceptait d’ailleurs pas. Conservant son titre de roi de Bohême, jusqu'à sa mort il devait rester sans prestige, sans autorité, sans valeur en face de Robert de Bavière (1400-1410), son successeur légal à la tète de l’empire, jusqu’au moment où il abditjuait délinitivement son titre impérial entre les mains de son frère Sigismond (1410). Proie de la haute noblesse et du haut clergé allemands, le peuple de Bohême et celui de Prague, en particulier, pouvaient s’exaspérer. Le Slave est prompt à la rêverie ; o|)primé, il a toujours cru au libérateur, avec une facilité qui n’avait d'égale d’ailleurs que son manque de discernement. En 1402,.Jean Hus lui apparaissait comme son homme, son défenseur, son théologien, son prêtre, son héros national..Jean Hus voyait en lui son disciple, son fidèle, son frère opprimé, (-'est à ce triple litre qu’il va commencer son apostolat,

III. Hus EN FACE DE l'ÉglISE HOMAINE ET DE

i, PAPAUTÉ. — Il a été dit que le hussitisme, dans ies dix premières années du xve siècle, n'était rien autre que le wiclifisme, transplanté sur le sol de Bohême, et c’est bien sur la question wicliriste que les premiers coincements se produisirent entre Hus et l’autorité ecclésiasticpie.

Le 2.S mai 1403, devant les projiorlions [irises par les erreurs de Wiclif, l’université de Prague, pendant la vacance du siège archiépiscopal, avait fait extraire des œuvres du maître d’Oxford 4.5 propositions, dont 21 déjà censurées par le concile de Londres de 1382, dit du c Tremblement de terre », et les 21 autres rassemblées par le maître Hiibner..Jean Hus protesta. Pour lui, les 21 propositions, libellées dans un résumé qui défigurait la doctrine de Wiclif, étaient présentées d’une façon mensongère. Les plus anciens wicii listes, disait-il, s’offraient même à démontrer qu’aucune des 4.5 propositions n'était erronée. La grande majorité de l’université passa outre : elle

décida, que, sous peine de parjure, personne ne pouvait soutenir ces articles, publiquement ou en privé, les enseigner où les prêcher. Hus n’en traduisit pas moins le Trialogas en langue tchèque. C'était l'œuvre maîtresse de Wiclif mise à la portée des la’iques de Prague.

Il est très intéressant de remarquer que le nouvel archevêque Sbinko von Hasenbourg inaugura ses fonctions en 1403, avec un tact tout particulier visà-vis de Hus. 'Voulant atténuer la crise et calmer les esprits, il crut nécessaire de faire quelques avances à l’ancien recteur, pour bien lui montrer qu’il n'était l)as question de personnes. De 1405 à 1407, Jean Hus, jouissant de la plus haute considération, fut appelé, comme prédicateur synodal, à tenir au clergé de Prague l’exhortation habituelle, et quand il étendit son blâme aux évêques, aux cardinaux, au pape, sans excepter personne, l’approbation épiscopale ne lui manqua même pas. L’affaire de Wilsnack montra la bonne entente de Hus et de l’archevêque. Rendu attentif, par son prédicateur synodal, aux abus qu’on faisait de la relique du précieux Sang conservé dans cette localité, Sbinko von Hasenbourg y défendit les pèlerinages. Pour justifier lu mesure, Hus, sur le désir de l’archevêque, écrivit son mémoire De omni sanguine Clirisli gloriftcalo. Il demande au chrétien (le ne pas chercher signes et miracles et de s’en tenir à la sainte Écriture.

Pourtant ses sermons sur l’avidité et la vie désordonnée du clergé avaient excité du scandale. Il fut dénoncé à Rome, en même temps qu’on rendait compte à la curie des progrès de l’hérésie wiclifiste en Bohême. Innocent 'Il ordonna à l’archevêque d’agir. Sbinko von Hasenbourg, après avoir entendu quelques wiclifistes, qui usèrent d’ailleurs de subterfuges, se contenta de décider que personne ne devait plus tenir du haut de la chaire des discours déclamatoires pour susciter des esclandres parmi le peuple. En même temps, il cassait Hus de ses lonctions de prédicateur synodal (1107). Il est vraisemblable que c’est à ce moment que Hus composa son traité De « riliiendo dero pro concionc jiour justifier sa conduite. Il entrait alors dans le plein de ses doctrines. La question de la neutralité soulevée par le concile de Pise (1409), celle des indulgences posée en 1412 à propos de la croisade prêchée par.Jean XXIII, contre I-adislas de Naples, devaient faire de Hus un hérétique formel, en l’engageant à iond dans la crise wicliliste. La première allait le séparer définitivement de l’autorité épiscopale et pontificale ; la seconde devait lui susciter les haines les plus âpres de l’université, où ses amis les plus fervents allaient ilevenir ses ennemis déclarés.

l » Jm question de la neutralité el la (/iiestion wicli liste. — L’empereur Wenceslas ne s'était point fait à la déposition qui lui avait été imiiosée par ses pairs en 1 100. Par tous les moyens, il espérait bien arriver à reprendre rang sur son rival et remplavant, Robert lie Bavière. Il compta d’abord sur le pape de Rome, Grégoire XII, qui avait gardé l’obédience allemande, pour réaliser ses projets. V.n 1308, Grégoire XII reprochait à l’archevêcpie Sbinko que l’erreur de Wiclif sur l’eucharistie se répandit dans la Bohêinc, el que le roi iirotégeàl ceux <]ui la répandaient. Wenceslas ordonna la saisie de tous les écrits wiclifistes et leur remise immédiate à la curie archiépiscopale. Mais, en 1409, le concile de Pise, pensant faire cesser le schisme ponlilical par la démission des deux titulaires, élisait pape l’archevêque de Milan, sous le nom d'.Mexandre '. Grégoire Xll. fort de ses amitiés allemandes, refusa d’abdicpicr. Le roi de Bohême, qui n’avait pas obtenu de lui ce qu’il désirait, ordonna à ses prélais la neutralité la jibis complète à son