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l’année suivante ii iniuiiiurait brillamment à l’université d’Inspruck, dont il fut la gloire, cette magnifique carrière de l’enseignement théologique qu’il devait poursuivre avec un succès croissant durant plus d’un demi-siècle.

Un discours prononcé en 1863, aux fêtes de l’université, sur les droits de la raison et de la foi, Ucber die Rechic der Vrrnunlt und des Glaubens, Inspruck, 1863, le mit d’emblée, jusque dans la lointaine Espagne, au l)remier rang des penseurs sages et des théologiens orthodoxes. Cf. Los dcrcchos de la razon g de la je, par D. G. Alas y Urena, Madrid, 1873. Tout en s’occupant activement d’œuvres de jeunes gens, le P. Hurter s’adonnait avec une sorte de passion contenue, mais l)rofonde, à l’étude de la patristique, dont il savait communiquer i ses élèves le goût, parfois l’enthousiasme. C’est dans ce but qu’il commença en 1868 la publication de ces petits, mais précieux opuscules, qui constituent pour les débutants une judicieuse et attrayante anthologie des Pères : Sanclorum Palnim opusculd selecta ad usum prgesertim studiosorum theologiæ, Inspruck, 1868-1894, en 56 volumes.

En 1870, après avoir donné une édition nouvelle de l’ouvrage de Lessius : De summo bono et eelerna beatiludine homiiiis, Fribourg-en-Brisgau, 1869, le P. Hurler résumait pour ses élèves les principes de son enseignement théologique dans la Medulla Iheologias dogmalicee, Inspruck, 1870, « [ui fut bientôt un manuel répandu dans les grands séminaires et qui arrivait en 1902 à la 1e édition. Il commença en 1876, pour l’achever en 1878, la ijublication d’un cours complet, dont l’éloge n’est plus à faire, le célèbre Theologiiv dogmaticæ compendiiim, Inspruck, 1876-1878, qui est un petit chef-d’ceuvre de méthode, de clarté, de sagesse et de solidité. D’année en année, les éditions succèdent aux éditions, sorte de bréviaire de la théologie. On doit aussi au P. Hurter une édition des sermons de saint Thomas d’Aquin : Divi Thomse Aquinnlis doctoris angelici srrmoncs pro dominicis (liebus et pto sanctorum solemniledibus, Inspruck, 1874. Mais l’ouvrage fpii aura le plus fait pour sa gloire et qui rend le plus<le services dans le domaine des sciences Ihéologiques est sans contredit le Nomenclator literarius Iheologia ; catholicæ, 3 in-S", Inspruck, 1871-1886 ; 3e édit., .5 in-8°, 1903-1913. Les deux premières éditions ne partaient que du concile de Trente, mais la troisième remonte jusqu’au début du christianisme et joint aux écrivains ecclésiastiques des temps modernes ceux de l’âge patristique et du moyen âge. L’ensemble constitue une œuvre d’un immense labeur et d’une érudition prodigieuse, dont sont heureux de proriter tous ceux qui aiment à faire revivre dans le cadre historique de leur évolution les questions théologiques et pour qui le Nomenclator est un guide fidèle et sûr, plusieurs, ici même, diront un vieil ami. Le P. Hurter est mort à Inspruck en 1914, laissant le souvenir d’un saint religieux, d’un infatigable travailleur et du plus aimable des savants.

Cf. Zeitschrift liir katliol. Tlxcologir, t. xi. p. l.’<2s((. ; Revue du clerqPjrançah, t. xvii. p.’t.Sl-.jO : î :.1. Hillciikamp, P. Hurler. S. J. Ein dinraklcr— und Lebensbtid. Inspnick, 1 ! M7.

P. Bernard.

HUS (suivant la graphie slave aujourd’hui naturalisée ) Jean. — I..leuncsse et études. II. Milieu théologique, ecclésiastique, national bohémien en 1400. III. Hus en face de l’Église romaine et de la papauté. IV. Erreurs de Hus d’après ses livres. V. Le concile de Constance et la mort de Hus.’VI. Conclusion.

1. Jeunesse et études.-— Né à Hussinetz(Hussinec), petite bourgade située prè.s de Prachatilz, dans la Bohf’me du sud-oncsf, non loin des frontières de la

Bavière. Jean devait joindre à son prénom le nom de sa ville natale. Il s’appela dès les débuts et signa Johannes de Hussynecz, en abrégé Johannes Husz, comme il l’écrivit lui-même, dès qu’il fut devenu magister.

Le jour et l’année de sa naissance n’ont rien de certain. La date de 1369 est gratuite. Il faudrait plutôt la reculer de quelques années. Quant au 6 juillet, les hussites le célèbrent comme une fête, mais c’est la date de sa mort. Tchèque de pure race, Jean Hus appartenait à une famille peu aisée, et qui resta pauvre. Dans les dernières années de sa vie, il désirait pour les fils de ses frères qu’ils apprissent un métier. Lui-même mena toute sa vie une existence besogneuse. Et pourtant, d’après ses aveux, c’était sur des espoirs de vie commode et non par vocation intérieure qu’il s’était senti attiré vers le clergé.

Jean Hus fit ses études supérieures à Prague, dont l’université venait d’être fondée par Charles IV de Luxembourg en 1348. Elles ne marquèrent pas ; il fut un étudiant ordinaire. Les citations savantes dont il fait parade dans ses écrits sont, presque sans exception, un pur plagiat des écrits de Wiclif. Au dire de Stanislas de Znaim, qui fut longtemps le chaud ami de Hus, avant de devenir son adversaire déclaré, le maî.re Albert Ranconis aurait eu alors sur son élève la plus large influence. D’ailleurs, des patriotes comme Andréas von Brod, Stephan von Palecz, que Hus fréquentait à l’université, l’exaltaient encore dans son amour du peuple tchèque. Mais déjà l’emportement et la prétention téméraire formaient le fond de son être. Chicaneur et finassier pendant ses années d’études, quelque temps avant sa mort, il blâmait encore son esprit de vanité.

Bachelier es arts libéraux en 1393, il était, en 1394, bachelier en théologie, pour devenir, en 1390, maître es arts libéraux. Il n’atteignit jamais la dignité de docteur. Mais son autorité dans l’université ne devait pas s’en ressentir. Ordonné prêtre en 1400, il était doyen de la faculté de philosophie en 1401 ; l’année suivante, les fonctions de recteur lui étaient confiées. Il les exerça du mois d’octobre 1402 au mois d’avril 1403. Il obtenait en même temps la chaire de prédicateur dans la grande église de Bethléem, fondée en 1391 pour la prédication en langue slave dans le vieux Prague. De cette sorte d’ « université populaire », par ses discours en langue’tchèque, enflammant une foule immense, il devenait l’apôtre des revendications bohémieimes.

II. Milieu théologique, ecclésiastique, national BOHÉMIEN EN 1400. — l^n confluent de doctrines d’ordre général et d’ordre régional s’était produit sur les rives de la Moldau au début du xve siècle. Elles avaient leurs causes particulières, et toutes réagissaient les unes sur les autres. Portées à leur paroxysme par des tempéraments slaves, elles ne rencontrèrent ni le calme du milieu, ni la sérénité des âmes, ni la distinction des esprits qu’aurait exigés leur examen pacifique. Les erreurs théologiques du XIII » siècle avaient laissé leurs traces en Bohême. Le volcan caché dont le mouvement vaudois avait été la première manifestation, et que le fanatisme des spirituels et des joachimites avait longtemps alimenté au sein de l’Église, avait fait inuption en Angleterre, quand Jean Wiclif, avec une violence jusque-là inouïe, avait attaqué la papauté, comme étant l’antichristianisme même, et rejeté ouvertement toute une série de dogmes, dérivant toute vérité de là seule Écriture, et tout salut de la prédestination absolue. Mais c’était en Bohême que le père des vaudois. Pierre Vaido, avait trouvé un refuge pour y mourir. Répa ; ulus, pour 1250, sur les confins de l’Autriche, ses disciiiles montrèrent sur