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H UMBERT — HUMILIES


constantinopolitain contre Cérulaire et Léon d’Acride est aussi ibid., p. 93-120. Après avoir lancé une setitence d’excommunication contre le patriarche Michel, les légats, qui avaient appris la mort de Léon IX, revinrent à Rome. Des faits qui se passèrent dans les dernières semaines de leur légation, le cardinal Humbert a laissé un court récit : Brevis et succincla commemoralio eoriim quee gesserunt apocrisiarii sanctæ romanæ et apostolicæ sedis in régla urbe et qualiter anathemalizati siint Michæl cum sequacibus suis. P.L., t. cxLiii, col. 1001 ; C. Will, op. cit., p. 150152. Sous les successeurs de Léon IX, le cardinal Humbert conserva toute son influence et devint chancelier et bibliothécaire de la sainte Église romaine. Au concile de Rome en 1059, il fut chargé de dresser la profession de foi queRérenger dut souscrire. R.Franck a édité une lettre ad Berengarium. dans laquelle le cardinal exhorte chaleureusement l’hérétique à revenir à résipiscence. Neues Archiv der Gesellschajt fur altère deutschte Geschichiskunde, Hanovre, 1882, t. VII, p. 614 sq. On a encore du cardinal Humbert trois livres contre les simoniaques. Il composa cet écrit vers 1057 pour réfuter un ouvrage dans lequel un écrivain du nom de Spinosule se prononçait en faveur des ordinations faites par simonie ou par des prélats eux-mêmes simoniaques. Comme plusieurs de ses contemporains, Humbert n’hésite pas à les considérer non seulement comme illicites, mais encore comme invalides. Voir L. Saltet, Les réordinations. Paris, 1907, p. 193-196 ; cf. p. 186-187. Il prétendait aussi que leur messe était nulle. Il cherche à inspirer une horreur profonde pour la simonie, en montrant les suites pernicieuses et les grands maux cju’elle a causés à l’Église. Ce traité Adversus simoniacos libri très a été publié par dom Martène, dans Thésaurus novus anecdotorum. in-fol., Paris, 1717, t. v, col. 6’29 ; P. L.. t. cxnii, col. 1005. Il manque les neuf derniers chapitres. Thaner en a donné une édition complète et plus soignée. Monumenta Germanise historica. De lite impcralorum et pontiftcum, Hanovre, 1891, t. I, p. 95-253.

Ziegelbauer, Hisloria liierariæ ordinis sancti Benedicti, t. I, p. 54-61 ; t. II, p. 132 ; t. iv, p. 73, 82, 126, 210, 272, 327, 652 ; [dom François], Bibliothèque générale des écrivains de l’ordre de Saint-Benoit, t. i, p. 521 ; dom Ceillier, Histoire générale des auteurs ecclésiastiques, t. xx, p. 305-437 ; Histoire littéraire de la France, t. vii, p. 527 ; Fabricius, Bibliotheca latina média : et infimse œtatis, in-S", Florence, 1858, t. iii, p. 284 ; Bibliotheca grseca, m-A", Hambourg, 1737, t. X, p. 443 ; Mabillon, Annales ordinis S. Benedicti, in-fol., Lacques, 1739, t. iv, p. 226, 421, 464, 501, 562 ; Humbert Belhomme, Historia Mediani Monasterii, in-4°’, Strasbourg, 1724, p. 237, 239, 244, etc. ; L.Jérôme, L’abbaye de Moyenmoutier, ln-8°, Paris, 1902, p. 213-229 ; R.Francke, Zur Cliarakteristik des Cardinals Humbert von Silva Candida, dans Neues Arcliiv, Hanovre, 1882, t. vii, p. 613 sq. ; H. Halfmann, Cardinal Humbert, sein Leben, und seine Werke, mit besonderer Beriicksichtigung seines Traktates

« libri très adversus simoniacos », in-8°>, Gœttingue, 1883 ;

Hurler, Nomenclator, Inspruck, 1903, t. i, col. 992-994 ; A. Fliche, Le cardinal Humbert de Moyenmoutier, dans la Revue historique, 1915, t. lxix, p. 64 ; Études sur la polémique religieuse à l’époque de Grégoire VIL Les prégrégoriens, Paris, 1916 ; R. Parisot, Histoire de Lorraine, Paris, 1919, t. i, p. 265, 289.

R. Heurtebize.

    1. HUMILIÉS##


HUMILIÉS. — I. Histoire. H. Doctrines.

I. Histoire.

Sur les origines des liumiliés des récits eurent cours et furent longtemps admis de tous, dont voici les lignes essentielles. Un empereur allemand avait pris la ville de Milan, soulevée contre lui. Il emmena en captivité quelques nobles milanais qui avaient dirige la lutte. Ceux-ci, dans leur exil, s’adonnèrent en commun à la pénitence. Instruit du fait, l’empereur les fit venir et, les voyant prosternés

à ses pieds, leur dit : « Vous voilà donc— enfin humiliés. » Puis, .sur leur promesse que désormais ils seraient fidèles, l’empereur les renvoya chez eux. Ils y continuèrent leur genre de vie religieuse, et leurs proches l’adoptèrent à leur exemple. A cause du mol de l’empereur, ils s’appelèrent humihés. Quant au temps où l’événement se serait produit, les opinions o.scillaient entre les années 1017 et 1198. Dans un ouvrage mémorable, les Vctcra humiliatorum monumenta, Milan, 1766-1768, le jésuite Tiraboschi consacra la première de ses sept Disserlationes prodromse à l’examen de ces opinions et opta pour la date de 1017 ; l’empereur était alors Henri II. Quand saint Rernard vint à Milan (1135), il organisa le tiers-ordre des humiliés, composé d’hommes et de femmes restant dans le monde. Puis il y eut un deuxième ordre et un premier ordre, — le premier en dignité, le dernier chronologiquement. Le premier ordre fut fondé par saint Jean Oldrado de Meda, lequel mourut en 1159 et est honoré le 26 septembre.

Or, il semble bien que tout cela est du domaine légendaire. Le rôle de l’empereur d’Allemagne et les commencements de l’ordre qu’on y rattache apparaissent pour la première fois, au xve siècle, dans trois chroniques de l’ordre des années 1419, 1421 et 1493, donc très tardives et, en outre, dépourvues de critique, sans compter que les deux dernières présentent ces origines comme enveloppées d’incertitudes : Qualiter nobiles illi Lombardi (et primi fuere Mediolancnses ) in Alamania per qnemdam imperatorem fuerunt confinati, ut componens a suis patronis audivil vocifcrari, sed propter longanimitatem (sic) temporis nomen ignorabant. dit Jean de Rrera, auteur de la chronique de 1421, c. i, dans L. Zanoni, Gli umiliati nei loro rapporti con l’eresia, Vindustria délia lana ed i communi nei secoli xile xili, Milan, 1911, p. 336, et l’auteur de la chronique de 1493, Marc Rossi, dit à son tour : Quia… multi conati sunt originis nostra’humiliatorum historiam diversimode texere, dédicace au général des humiliés, dans L. Zanoni, op. cit., p. 345. Les rapports entre saint Rernard et les humiliés ont pour plus ancien répondant le crédule compilateur frà Galvano Fiamma (t après 1344), Manipulas florum, dans Muratori, Rerum Italicarum scriptores, t. XI, col. 632, dont le témoignage se heur ! e aux plus graves difficultés. Cf. L. Zanoni, op. cit.. p. 14-17. Quant à saint Jean de Meda, ce serait sans doute excessif de prétendre, avec A. de Stefano, Le origini deW ordine degli umiliati, dans la Rivista siorico-critica dclle scieiize icologict.e, Rome, 1900, t. II, p. 858, qu’il " n’a peut-être pas même existé » ; mais assurément la biographie du saint qui a été publiée par les bollandistes, Ac/asa/ ! f^, Paris, 1867, septembris t. VII, p. 334-335, et de laquelle dérivent les biograpliies postérieures, est, selon l’expression du docte Fumagalli, Délie antichità longobardico-milanesi. Milan, 1792, t. iv, p. 159, « un tissu de fables et d’anachronismes ». Ni 1159 n’est la date de sa mort ni Ton n’est autorisé à affirmer l’existence du premier ordre des humiliés avant le xiii’e siècle.

Les documents de bon aloi relatifs aux origines des liumiliés sont les suivants : 1° l’excommunication promulguée par Lucius III au concile de Vérone (1184) : et cas qui se humilialos vclpauperes de Lugduno falso nomine mentiuntur… perpétua decernimus anathemati subjacere, dans Labbe, Sacrosancta concilia, Paris, 1671, t. X, col. 1737 ; 2° les bulles d’Innocent 111 et de ses successeurs, dans Tiraboschi, op. cit., t. ii, p. 128 sq. ; cf. L. Zanoni, op. cit., p. 257 ; 3° neuf documents publiés par L. Zanoni, op. cit., p. 56-57, note, 267-275, qui vont de 1186 à 1236 ; 4° un document de 1203, publié par C. Cipolla..Slatuli rurali veroncsi, dans VArchivio veneto, Venise, 1889, t. xxxvii.