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HUGUES ETHERIANUS — HUMBERT

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l’empereur, leur séjour fut marqué, comme toujours, par des discussions théolof » iques, auxquelles Hugues prit une part active ; il nous rappelle lui-même cette circonstance dans la préface à son De hæresibus grsecorum. Les ouvrages qu’il nous a laissés, sans être (l’une importance capitale, sont d’intéressants monuments de la science théologique de l’époque : le style en est lleuri à l’excès, voire boursouflé, mais les éditions n’en ont pas été faites avec assez de soin. 1° Son premier ouvrage a pour titre : Liber de onima cnrporc jam exiila sive de régressa animarum ab injeris, ad clcrum Pisaimm. C’est un traité, ou plutôt un plaidoyer en faveur de l’utilité de la prière et des suffrages pour les morts, dirigé contre ceux qui prétendent ncque oraliones neque sacrificia conferre. (’omme il a été écrit à la demande du clergé de Pise, il se réfère sans doute à une controverse purement locale. Publié pour la première fois à Cologne en 1540, in-8°, il est entré dans le recueil des Orthodoxographa de Bàle en 1569, puis dans les diverses éditions de la Bibliothèque des Pères, et enfin dans Migne, P. L., t. ccii, col. 167-226. Une traduction allemande a paru à Hambourg en 1579, in-4 ». — 20 Son second ouvrage est mitè : De hæresibus quas r/rseci in lalinos devohninl libri très, sive quod Spirilus Sanctus ex ulroque. Pâtre seilicet et Filio, procédai, contra græcos. Cet énoncé en indique clairement la nature et l’objet. Conformément au goût du temps, l’auteur accumule les textes patristiques favorables à sa thèse ; il prend surtout à partie Pholius, Georges de Nicomédie, Nicolas de Métlione, Nicétas de Byzance et Théophylacte de Bulgarie. Traduit aussitôt en grec, l’opuscule exerça une très heureuse influence sur les esprits non prévenus, et le patriarche Jean Beccos lui est en grande partie redevable de.sa conversion. L’ouvrage a dû être composé aux entours (le 1176, car le pape Alexandre III. à qui il est dédié, en remercia l’auteur par une lettre datée de Troia le 13 novembre 1177. En outre, on voit par la dédicace du t. II, qu’au moment où elle fut écrite, Léon, frère de 1 lugues, venait de })asser en Asie avec l’empereur, allusion évidente à l’expédition de 1176 dirigée par Manuel en personne contre le sultan d’Iconium. Les termes dont Hugues se sert dans une lettre d’envoi au patriarche latin d’Antioche Aimory ou Amaury, cdilum n me utrnqne lingiiu librum accipite, permettent de supposer cpje la traduction grecque de l’ouvrage est due à l’auteur lui-même. Publié pour la première fois à Bâle, en 154.3, dans la i"’édition des Orlhodoxographa, puis dans la Hibliotheca Patrum de Paris, de Cologne et de Lyon, le traité De hæresibus græcorum se trouve, en h-tin seulement, dans Migne, P. L., loc. cit., col. 227-3 ! t(). —.30 C’est encore à Hugues qu’appartient la seconde partie du Tractaliis contra grœcos, publié pour la première fois par Pierre Stcvart, au t. vu des Antiquie lectioncs de Canisius, puis par les éditeurs de la Biblinlhrca l’utrum, et enfin, d’une façon jjIus correcte, par.lacques Basnape dans son Thésaurus monumentorum ecclesiasiicorum et historicorum, Anvers, 1725, t. iv, p. 29-80 ; la partie provenant de Hugues est contenue dans les p. G2-79, mais il faudrait rechercher dans f[aelle mesure le texte même du controversisle pisan a été respecté dans ce traité, œuvre des Pères dominicains (le Constanlinople. Ivn effet, les passages cités ne se retrouvent pas dans les œuvres de Hugues ; mais cela prouverait slniplenient que noire auteur a écrit contre les grecs d’autres ouvrages qui paraissent perdus. D’après Trithemius, c. cficxcviii, Hugues aurait encore composé un opuscule De immurltili Dco, qui n’est pas autrement connu.

l’. Clioviilior, à re mot, pl lliirirr, Snmrnrlntnr lilrrn rius, t. Ji, col. 171. Sur In valeur doctrinale de noti-e auteur, qui est considérable, malgré quelques imperfections, voir J. Hergenrœther, Photii ConstantinopoUtani liber de Spiritiix Sancti wystagogia, Ratisbonne, 1857, p. 138-139 ; on y observe que l’accusation lancée contre Mugues par Petau, De Trinitate, 1. VII. c.ii.n 4, d’avoir tronqué les textes de Photius, porte entièrement à faux.

t L. Petit.

HUM BERT, cardinal et bénédictin, né au commencement du xie siècle, peut-être en Bourgogne, mort vers 1063. En 1015, ses parents le conduisirent à l’abbaye de Moyenmoutier, au diocèse de Toul, où il embrassa la vie monastique. Dès son entrée au cloître, Humbert, sans négliger aucun de ses devoirs religieux, s’appliqua sérieusement à l’étude. Donnant un soin particulier au grec, il fut bientôt en état de traduire les écrits de cette langue. De lui, le B. Lanfranc a pu dire qu’il était très versé dans les lettres divines et profanes. On lui doit le Libellas de sancti Hidulfi saccessoribus in Mediano munasterio. Le pape Léon IX, cjui, étant évêquc de Toul, avait pu l’apprécier, voulut l’avoir près de lui, et, après le concile de Reims en 1049, l’emmena à Rome. Il le créa aussitôt archevêque de toute la Sicile ; mais Humbert ne put pénétrer dans ce pays, à cause des incursions des Normands, maîtres de la Pouille et de la Calabre. Le souverain pontife le nomma alors cardinal et cvêque de Sainte-Rufinc. i : n 1053, se trouvant à Trani, Jean, évoque de cette ville, lui communiqua une lettre de Michel Cérulai e, patriarche de Constanlinople, et de Léon, évêque d’Acride et métropolitain de Bulgarie : ces prélats y énuméraient à nouveau tous leurs griefs contre l’Église romaine. Le cardinal Humbert la traduisit en latin pour en donner connaissance à Léon I.X, qui y répondit aussitôt. Puis désirant rétablir l’union entre les grecs et les latins, le pape se décida à envoyer trois légats à Constantinople. Pour cette délicate mission, il choisit Humbert, évêque de Sainte-Ru fine, Frédéric, archidiacre et chanceher de l’Église romaine, et Pierre, archevêque d’.malphi. Aprèî être passés au Mont-Cassin pour mettre leur mission sous la protection de saint Bcuoîl, les légats arrivèreuL à Constanlinople au commencement de 1054, et ils y furent reçus avec de grands honneurs par l’empereur Constantin MoTiomaque. Humbert travailla aussilùl à réfuter la lettre de Miche) Cérulaire et de l’évcque d’Acride. Il remit son écrit à l’empereur, qui le fit traduire en grec. Le légat y repousse les calomnies des grecs reprochant aux Occidentaux d’user de ; iain azyme, (le jeûner le samedi, de manger du sang et de la chair des animaux suffoques, d’interrompre le chant de V Alléluia pendant le carême, et il justifie les usages des latins. Cette réponse n’eut aucun résultat. Elle a été publiée pijur la première fois en 1604 par Baronius, au t. xi, p. 513, de ses Annales ecclesiastici, in-fol., ’Venise ; édit. in-4°, Bar-le-Duc. 1869, t. xvii, p. 613 ; et à la même date par Henri Canisius, dans ses Antiqaæ lecliones, in-4°, Ingolstadt, 1604, t. v, ]). 111, reproduite par Basnage, dans Thésaurus monumentorum ccclesiasticorum, in-fol., Anvers, 1725, t. iii, p. 277. Ces mêmes auteurs publièrent en même temps l’écrit de Nicélas Pectoratus, moine de Stude, contre les coutumes des latins, avec la réponse du cardinal Humbert. Dans son lu-tit ouvrage, le moine grec avait montré beaucoup de hauteur et de vivacité ; le légat du pape répliqua sur le même ton et fut assez heureux pour amener Nicétas à se rétracter et à condamner son propre écrit. / ». ( ;., t. cxx, col. 1009 et 1021 ; P. L., t. cxxiii. col. 929 et 983. Voir aussi C. Will, Acta et srripin quir de contronersia Ecclesiiv gnvae et lalina’sipculi undecimi composita cxtunl. in-4°, Lei))Zig, 186L p— 13fi-150. Le Dinlogns entre un romain et un