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HUGUES DE SAINT-VICTOR

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des expressions, des phrases, des pages entières. Cf., pour toute cette étude des emprunts ou des plagiats de Pierre Lombard, J. de Ghellinck, Le mouvement Ihéologique du JIIe siècle, p. 126-150, siU’tout p. 142, et Le traité de Pierre Lombard sur les sept ordres ecclésiastiques : ses sources, ses copistes, dans r Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, 1909-1910, t. x, p. 290302, 720-728, surtout 722, 725 ; t. xi, p. 29-40 ; M. Grabinann, op. cit., yi. 371-391. Pierre Lomljard a « 3te le maître de théologie du moyen âge : en l’écoutant, des multitudes scolaires entendirent souvent Hugues de Saint— Victor, et les théologiens qui lurent ses disciples, tel un Pierre de Poitiers, ou qui dépendirent de lui, comme il est prouvé que ce l’ut le cas pour Gandulphe de Bologne, voir J. de Ghellinck, t. vi, col. 1146-1149, et Le mouvement théologique du xil’e siècle, p. 191-213, se rattachèrent par là même au tlocteur victorin. « Singulière destinée de ce mystique qui, en théologie, en histoire, en droit canon, en pédagogie, en ascétisme, etc., se place parmi les esprits les plus ouverts et les plus féconds de son siècle, au point, dit J. de Ghelhnck, p. 3(55, d’alimenter pendant plusieurs générations, à Paris et à Bologne, les écrits des dialecticiens, des canonistes et des théologiens. » 2. Après le XIIe siècle. — Avec le cours du temps l’inlluence directe de Hugues s’amoindrit. Pierre Lombard et ensuite les grands théologiens du xiii’e siècle, et, en première ligne, saint Thomas, dirigèrent le mouvement Intellectuel. Hucïues ne fut, cependant, pas oublié. Les manuscrits des Sentences de Pierre Lombard continuèrent de recevoir des annotations marginales où la part du victorin dans la codification dogmatique tut indiquée. Cf. J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du JIle siècle, p. 228, 230, 234, 236, 237. Il figure parmi les autorités théologiques dans la Summa de sacramentis conservée manuscrite à Munich et, d’une façon générale, ’dans la scolastitjue du xiii<e siècle. Cf. M. Grabmann, op. cit., p. 489, 502. Vers le commencement du siècle, dans un traité contre les partisans d’Amaury de Bène, (jarnier de Rochefort, évoque de Langres, transcrit un passage de Hugues. Voir t. v, col. 1277. Dans la première moitié du siècle, Guillaume d’Auvergne s’inspire, maladroitement du reste, du De claustro (inimir, qu’il lui attribue, sinon dans l’édition des deux traités De clauslro anime que J. Clichtove donna chez Henri Esliennc, Paris, 1507, du moins dans un manuscrit de la Bibliothèque nationale. Cf. N. Valois, Guillaume d’Auvergne, évêque de Paris, Paris, 1880, p. 170, 204, 218219. Voiraussi K.Werner, Wilhrlms von Auvergne Vcrhûllniss zu den Plaionikrm des xii Jahrlmnderts, Vienne, 1873, p. 50-53. Saint Thomas le cite souvent ; cf., par exemple. In IV S nt.. t. IV, dist. XV, ([. iv. Hugues fut goûté dans l’école franciscaine :.Mexaiidre de Halès s’attache volontiers à son enseignement. Voir t. I, col. 779, 782. De même et plus encore, saint iionaventurr, dont on a lu phis haut le jugement admiratif sur Hugues ; de même aussi Mathieu d’Aquasparta, qui cependant s’écarte parfois de ses conclusions. Cf. .M. Grabmann, op. cit., p. 262, 265, 272, 280. Le saintsiège canonise, en quelque sorte, sa doctrine sur les rapports du pouvoir spiriluel et du pouvoir temporel par l’insertion dans la bulle Unam sanctam du texte qui la formule.’n autre passage du Dr sacramentis, I. I, part. IX, c. III, col. 319-322, sur les motifs de l’institution des sacrements, obtint une consécration scmioffirielle de l’Église, en ce sens que l’explication de Hugues, après avoir passé dans la Summn sententlarum, tr. IV, c. i, col. 117-118, dans Pierre Lombard, Sent., I. IV. dist. I, dans saint Thomas, Sum. Iheol., III’, q. Lxi, a. 1, et dans une foule de scolastiques, a été introduite dans le catéchisme du concile de Trente. Desarrnmrniis, Venise, 1-575.^). 150 152. Thomas Netter (Waldensis). dans le gros ouvrage que, avec l’approbation de Martin V, il publia contre les hussites et Wiclif, allégua souvent l’autorité de Hugues. Cf., en particulier, Doctrinalis antiquitatum Ecclesiæ Jesu Chrisii, t. ii. De sacramentis, c. Lxxxii, Paris, 1521. fol. 85-86 a, sa uiscussion d’un passage de Wiclif, De eucharistia, c. iii, disant que les affirmations de Hugues sur les accidents eucharistiques. De sacramentis, t. ii, part. VIII, c. ix, P. L., t. CLXxvi, col. 468, incusserunt mihi Jurmidinem. Dans ses commentaires sur Pierre Lombard et dans tous ses ouvrages, Denys le Chartreux recourt si fréquemment à l’autorité de Hugues que les tables des matières de la récente édition de ses œuvres complètes donnent, ;  ! chaque volume, deux ou trois références et englobent le reste dans un etc. éloquent.

La théologie scolastique n’est pas seule à se servir des écrits du victorin. La disposition parallèle de la chronologie des papes et de celle des empereurs, qui caractérise sa Chronique, est adoptée par divers catalogues des papes et des empereurs et finalement par la Chronique de Martin Polonus. Cf. E. Michæl, Geschichte des deutschen Volkes vont dreizclmten Jahrhundert bis zum Ausgang des JMiltelallcrs, Fribourg-en-Brisgau, 1903, t. iii, p..384-385. Dans les prédications véliémeiiles qu’il prononce à Strasbourg, eu 1498, sur la Stultifera navis de Sébastien Brr.ndl, Geiler de Kaisersberg glisse un passage de ÏEruditio didascalica, l. III, c. v, col. 769, contre les faux savants, avicula sive spéculum jatuorum, serin, xxxi (prêché le 29 mars), Strasbourg, ir^lO [fol. 55]. Cf. M. Grabmann, op. cit., p. 243-244, note. L’Apparatus ad vulgarem Rabani Allegoriarnm edilionem, publié par l.-B. Pitra, Spicilegium Solesmensc, Paris, 1855, I. III, p. 436-445, et qui pourrait appartenir au xiv<e siècle, n’est guère qu’un conton de textes de Hugues sur l’étude de l’Écriture. La pluparl des auteurs mystic|ucs sont plus ou moins ses disciples, ou directement ou à travers Richard de Saint-Victor, qui fut un peu, dans le mysticisme du moyen âge, l’équivalent de Pierre Lombard dans le dogme. L’hypothèse d’après laquelle les frères du libre esprit seraient « un sauvage rejeton de la inyslique monacale des victorins » est dénuée de fondement. Voir t. VI, col. 803-804. La mystique orthodoxe, au contraire, a un solide point d’attache à Saint— Victor. Saint Bonaventure, dont le rôle fut capital, lui doit beaucoup ; son Soliloquium est une imitation du Soliloquium de arrha luiinuv de Hugues, voir t. ii, col. 972, et son Ilinentriuni mentis in Deum rappelle Richard. Le poète allemand qui amplifie, dans Le petit livre de la fille de Sion, au xiii'e siècle, le traité latin d’un anonyme portant ce même titre ; La fille de.Sion, procède de Hugues et de saint Bernard. C-f. E. Michæl, Geschichte des deutschen Volkes, t. iii, p. 150. Au monastère d’HeIfta, sainte Gcrtrude et ses compagnes lisent, avec saint.ugustin et saint Grégoire, saint Bernard et Hugues de Saint— Victor. Cf. L. Eaure-Goyau, L’école d’Helfta : les deux Gcrtrude, les dcu.v Mechtilde, dans Christianisme et culture féminine, Paris, 1914, p. 200. D’après A. Loth, L’auteur de l’Imitation. Nouvelles recherches sue l’époque et le lieu où l’Imitation fui composée, dans la Revue des questions liistoriques, Paris, 1874, t. xv, p. 98, < avec saint Bernard. Hugues (le.Saint-Victor, le docteur du inyslicisine français, … a souvent inspiré le suave auteur. >’I— ; i L. Moland et ( ;. d’IIéricault, Le livre de l’éternelle consolacion, première version française de l Imitation de Jésus-Christ, Paris, LSôf), p. xxxxv, pensent que le Soliloquium de arrha animæ, dans sa traduction française (lu xiv siècle, " est véritablement un des précurseurs de V Inlernelle ronsolnrion ». Il serait, croyons-nous, dilTlcilo d’établir une filiation « lirocto enre]’Imilntinn