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HUGUES DE SAINT-VICTOR


c’est le cas des Quxstiones — des diverfiences de détail, les doctrines de Hugues, et souvent ses expressions et des pages entières des œuvres aulheiiliques. Les plus importants sont le Spéculum de. mtjslniis Hcclesiæ, les Excerplio/U’s, les Allegoriæ in Novum Tedamentum, et, hors rang, en supposant qu’elle ne soit pas de Hugues, la Summa senienlinrum. Le De sacramento conjufjii de Gautier de Mortagne, qui forme le tr. VJI de la Summa sententiarum, dépend manifestement du De sacramentis de yugues. VX il y a toute une série de recueils inédits de Senlencrs qui dépendent de la Summa senienlinrum, et quelquefois aussi, non seulement indirectement par l’intermédiaire de la Summa, mais directement, du De sacramentis. Cf. M. Grabmann, Die Geschichle dcr scholastisclien Melhode, t. ii, p. 301309. D’autres écrits, sans rapports avec laSununa senteniiarum, appartiennent à la littérature théologique issue de l’école de Hugues : tel le manuscrit B. IX, 6 de la bibliothèque de l’université de Bâle, De sancta Triniiate, qui cite fréquemment le De sacramentis et quelquefois divers autres ouvrages de Hugues. Cf. M. Grabmann, op. cit., p. 321-323.

L’influence de Hugues s’exerce bien au delà de l’école victorine, dans’toutes les branches du savoir, dans tous les pays, même là ou l’on s’y attendrait le moins, par exemple, dans l’école rivale d’Abélard. Voir t. I, col. 51-52. En droit canon : il est mis à contribution par Rufin de Bologne, Etienne de Tournai, Huguecio de Ferrare, etc. Cf. G. de Ghellinck, t. v, col. 1234, 1257, 1263-1264, et Le mouvement Ihéologique du j//e siècle, p. 340, 365-369. En histoire : sa Chronique a été souvent copiée, continuée et citée au moyen âge. Cl. A. Molinier, Les sources de l’histoire de France, Paris, 1902, t. ii, p. 313. En pédagogie : le Didascation, ou Eruditio didascalica, partiellement reproduit dans les Excerptionum priorum, t. I, col. 193-204, est utilisé, en même temps que le De sacramentis, par l’auteur anonyme d’une introduction à la philosophie et à la théologie, dont M. Grabmann, op. cit., t. ii, p. 36-40, a publié un fragment, et par Conrad de Hiischau, Dialogus super auctores siue Didascation, écrit vers 1150, publié par G. Schepss, Wurzbourg, 1889. En liturgie : les œuvres attribuées douteusement ou faussement à Hugues s’occupent fréquemment de liturgie ; cf., en particulier, les Miscellanea, 1. "VII, P. L., t. CLXxvii, col. 867-900 ; le De cœremoniis, sacramentis, officiis et observationibus ecclesiaslicis, P. L., t. CLXxvii, col. 381-456, probaldement de Robert Paululus d’Amiens, et le Libellas de canone mijstici libaminis, P. L., t. clxxvii, col. 455-470, probablement de Riclmrd de Wedinghausen, près de Cologne. II serait désirable que le rôle liturgique de Hugues lût déterminé ; un manuscrit de Prévostin de Crémone, conservé à la bibliothèque du chapitre de Saint-Pierre de Salzbourg, et intitulé Df officili, porte, en marge, écrits postérieurement, les noms de ceux qui tractavcranl de officiis divinis, et celui de Hugues figure dans la liste. Cf. M. Grabmann, op. cit., p. 554. Un ouvrage fameux, à la fois liturgique et dogmatique, le De sacro allaris mijsierio d’Innocent III, composé avant 1198, fait à Hugues « des emprunts qui s’appelleraient aujourd’hui de vrais plagiats ». Cf. J. de GheUlnck, t. v, col. 1267, et Le mouvement théologique du JIle siècle, p. 117, 357, n. 2. L’Exposilio cannnis misirc, attribuée inexactement à ; aint Pierre Damien, voir t. IV, . col. 50, 51, et qui se place vers 1200, a copié, dans le De sacro allaris mqsterio, des passages de Hugues. Cf. J. de Ghellinclc, Le mouvement thèologique du XIIe siècle, p. 355-3, 59. Des explications et des phrases du De sacramentis, 1. IL part. III-IX. se retrouvent dans le Rationale divinornm ofpciorum de Du.-and de Mende. Des extraits de Hugues enrichis sent les Homiliæ dominicales et jestioales de Godefroy d’.dmont en Styrie, P. L., t. clxxiv. Jean de Salisbury, De seplem septenis, c. vi, ]>. L., t. cxcix, col. 960, termine un chapitre sur la contemplation par ces mots : hœc, magislrum nostrum sequentes, pro viribus succincte diximus : le maître ainsi désigné c’est Hugues. En Angleterre l’abbaye de Saint-Alban recherchait partout les écrits de Hugues et envoyait un de ses religieux à Richard de Saint— Victor, avec mission d’en oljtenir une copie des ouvrages manquants. Cf. P. L., t. cxcvi, col. 1228-1229. Une méthode catéchistique, qui consiste à exposer le dogme et la morale en les rapportant à sept parties tantôt opposées tantôt assimilées à sept autres : sept demandes du Pater, sept dons du Saint-Esprit, sept péchés capitaux, etc., est mise en vogue par Hugues, et se retrouve dans le De.seplem septenis de Jean de Salisburj’, dans les œuvres de Hugues d’Amiens, archevêque de Rouen, dans celles de saint Thomas, etc. Voir t. ii, col. 1899-1900. Werner de Kùssenberg, Deflorationes sanctorum Patrum, I. II, P. L., t. CLVii, col. 1066 1072, ne se contente pas d’adopter là méthode ; il reproduit à peu près tel quel Hugues, De quinque septenis P. L., t. clxxv, col. 415-444 ; Exposilio in Abdiam, col. 4.00 406. Par le De sacramentis et, que ce soit directement ou indirectement, par la Summa senienlinrum, Hugues défraie un grand nombre de théologiens. Faut-il compter, parmi eux, Hugues d’Amiens, cf. M. de Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, 2e édit., Louvain, 1905, p. 214, n. 4, et Robert PuUeyn ? Ce n’est pas improbable en ce qui regarde Hugues, en dépit de la date de composition de ses œuvres dogmatiques (vers 1130-1135), et c’est probable en ce qui concerne Robert Pulleyn. Cf. les notes de son éditeur, doni Hugues Mathoud, P. L., t. clxxxvi. col. 1022, 1023. 1031, 1033, etc., surtout 1065, 1080, 1129, 1149, 985. Certainement sont triimtaires de notre victorin Robert de Melun, qui se montre « constamment fidèle, parfois avec servilité, aux idées et aux divisions du De sacramentis », J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du.xile siècle, p. 111 ; cf. M. Grabmann, op. cit., p. 327-338 ; l’auteur des Sententiæ divinilatis, cf. l’édition de B. Geyer, p. 56-58, et passim l’indication des sources ; Othon de Freising, cf. J. Hastagen, Otto von Freising als Geschichlsphilosoph und Kirchenpolitiker, Leipzig, 1900, p. 18, et A. Hofmeister, Studien ûber Otto von Freising, dans le Neues Archiv, Hanovre, 1912, t. xxxvii, p. 650-654 ; Arnon de Reichersberg, Apologeticus contra Folmarum, édit. Weichert, Leipzig, 1888, p. 97-98 ; cf. J. Bach, Die. Dogmengeschichle des Mitlelalters, t. ii, p. 690-694 ; Jean de Cornouailles, Eulogium, c. iv, xvii, P. L., t. CXCIX, col. 1054, 1077-1078, etc. La définition de la foi de Hugues influence toute l’ancienne et la haute scolastique. Cf. M. Grabmann, op. cit., p. 268270, 546-547. Les manuscrits du De sacramentis et de la Summa sententiarum se multiplient rapidement ; des abrégés en sont faits, en prose et en vers ; des extraits enrichissent les recueils des— autorités » théologiques. Cf. J. de Ghellinck, op. cit., ]^. 117, 121 ; M. Grabmann, op. cit., p. 63, 82, n. 2. 87, n. 3. En marge des manuscrits de Pierre Lombard des références fréquentes renvoient à Hugues. Cf. J. de Ghellinck, Les notes marginales du Liber sententiarum, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, 1913, t. xiv, p. 518, 525, etc. ; M. Grabmann, op. cit., |). 57-58. Nous venons de nommer Pierre Lombard ; par lui principalement Hugues agit sur toute la scolastique. S’il n’a pas emprunté seulement à Hugues, mais aussi à Abéiard et à Gratien, Pierre Lombard a puisé abondamment dans le De sacramentis et plus encore dans la Summa sententiarum, prenant des textes, des idées.