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HUGUES DE SAINT-VICTOR


c. XII, V. 133, Hugues en compagnie de saint Bonaventure et d’autres bienheureux :

Ugo da San Villore è qui con clli.

Saint Bonaventure a vanté souvent Hugues de Saint-Victor, jamais avec autant d’éclat que dans le De reduclioneartiumadtheologiam, dan^]es Opcraomnia, Quaracchi, 1890, t. v, p. 321 : il dit que la science sacrée comprend trois parties, le dogme, la morale, la mystique, représentées principalement la première par saint Augustin, la deuxième par saint Grégoire, la troisième par saint Denvs : Anselmus srquiliir AugusUnum, Bernardus scquitur Grer/oriiim, Richardiis sequiinr Dionyaium, quia Anselmus in ndiocinutione, Bernardus in prsedicationc, Richardus in conlemplatione. Hugo vero omniahœc. Saint Thomas, Sum. UieoL, H » lise, q. v, a. 1, ad 1°™, à l’occasion d’un passage de Hugues qu’on objecte, a ce mot qui va loin : quamvis dicta Hugonis de S. Viclore magislralia siiil et robur auctorilatis habcant. Faisons, cependant, làdessus deux observations. D’aljord. il ne faut pas conclure que <’saint Thomas, c’est tout dire, le regardait comme son maître », Histoire littéraire de la France, t. xii, p. 4 ; cf. U. Baltus, Revue bénédictine, t. XV, p. 109, mais seulement comme l’un des maîtres ayant autorité dans les écoles. Puis, il n’est pas très sûr que ce texte soit bien celui de saint Thomas. P. Rousselot, dans les Études, Paris, 1914, t. cxxxix, p. 418, observe que l’édition léonine delaSumma theologica porte, à cet endroit : quamvis dicta Hugonis de S. Viclore magistralia sint, robur auctorilatis non habent. Appuyée par plusieurs manuscrits, cette leçon fournirait ce sens plus naturel : Hugues n’est qu’un professeur, un maître, et non un saint Père, non un de ces doctorcs autlicnlici dont la parole s’impose : et tamen potestdici, on peut toutefois sauver sa formule. Quoi qu’il en soit de ce dernier point, saint Thomas, s’il n’est pas à proprement parler, le disciple de Hugues — il discute plus d’une de ses opinions, et de l’une d’elles, De sacramentis. I. 1. part. VI, c. xxxvi, col. 284, il dit carrément, //i/V’Sc/iL. 1. H r, dist.XVHI. q. I : hoc non videtur intelligibile — —le tient en grande estime, le cite volontiers et s’applique à montrer que leurs pensées ne sont pas en désaccord. Enfin, au concile de Latran, Innocent 111, à ce que rapporte Jean de Paris, approuva solennellement les ouvrages de Hugues, en compagnie de ceux de saint Anselme. de saint Bernard, d’.Vdam et de Richard de Saint-Victor, de Pierre Lombard et de Pierre le Mangeur. Cf. Fouricr BonnartI, Histoire de l’abbaije royale de Saint— Victor de Paris, t. i, p. 292.

Dans les temps modernes, les témoignages d’admiration envers Hugues sont innombrables. Passant sous silence ceux, en prose et en vers, qui parurent dans l’édition des œuvres de Hugues en 152f), cf. P. L., t. cLxxv, col. CM-CLX, allons tout droit à Bossuct, ((ui nomme Hugues, Instruction sur les ét(it<i d’oraison, traité I, Additions et corrections, n. viii. Œuvres, édit. Lâchât, Paris. 18(il, t. xviii, p. 670-671, grand et pieux docteur ", un des plus grands théologiens et des plus sublimes con temjjlat ifs du xii"e siècle ». Thomassin, Dogmata theologica. De Dca. I. VII, c. XIII, n. H, le rapproche de saint Thomas et les réunit l’un et l’autre dans ce commun éloge : magni nominis theologos et cœtirorum facile principes. Parmi les protestants. Zôrkler, Rcalencyklopâdie, t. viii, p. 436, voit en lui — une apparition essentiellement johannique », et A. llarnark, I.elirbuch der Doqmengeschictde, F’ribourg-en-Brisgau, 1897, S"" édit., t. iii, p. 346, « le théologien le))his influent du xiie siècle ».

3°.Son influence. —— Dans l’état actuel des publications de textes, il n’est pas possible de mesurer toute l’influtncc de Hugues ; nous savons qu’elle

fut très grande et ses directions principales sont connues.

1. Le xile siècle. — Hugues rayonne, d’abord, sur l’école victorine. Le nom le plus glorieux est celui de Richard de Saint-Victor. " Richard, dit X. Rousselot, Études sur la philosophie dans le moyen âge, Paris, 1840, t. I, p. 330, est le disciple de Hugues, il est sa continuation ; c’est l’idée de Hugues élevée à sa plus haute puissance. » Richard s’inspire de Hugues, non seulement là où il le désigne no<jimément. De spiritu blasphemiæ, P. L., t. cxcvi, col. llS9, oupar une périphrase équivalente à son nom, Benjamin minor, t. I, c. IV, col. 67, mais encore dans toute son œuvre dogmatique ; il le suit jusque dans ses erreurs, par exemple, sur la nature du pouvoir sacerdotal dans la remise des péchés, Tractatus de potestate ligandi et solvendi, col. 1159-1178. Cf. A. Mignon, Les origines de la scolastique, t. ii, p. 195-199. Surtout Richard systématise les doctrines mystiques de Hugues. Ce qui était épars dans les œuvres de celui-ci, insuffisamment lié et trop bref, il le groupe, le développe et le présente didactiqueinent. Tout ce qu’il a d’essentiel, Hugues l’offrait au moins en germe. Un autre victorin, Godefroid, dont le Microcosmus, resté inédit, contient des vues mystiques fort remarquables, s’inscrit parmi les disciples de Hugues. Cf. Fourier Bonnard, Histoire de l’abbaye royale de Saint-Victor de Paris, t. i, p. 112, 115. Jusqu’à quel point Hugues marqua son empreinte sur André et Achard de Saint— Victor, c’est ce qu’on ne pourrait préciser, les ouvrages de ces écrivains étant presque entièrement inédits. Malgré certaines ressemblances, il n’est pas sûr que la filiation des péchés capitaux établie par Garnier de Saint-Victor, dans son Gregorianum, ]. IV, c. x, P. L., t. cxciii, col. 153. dépende de la classification de Hugues, De sacramentis, 1. H, part. XIII, c. i, P. L., t. clxxvi, col, 525-526, et De quinquc scptenis, c. ii, P. L., t. clxxv, col. 405407. Cf. Fourier Bonnard, t. i, p. 111. Adam de Saint-Victor n’est l’auteur ni des traités en prose qui lui ont été attribués au xive siècle, cf. P. Lejay, Les traités attribués à Adam de Saint-Victor, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, Paris, 1899, t. IV, p. 161-166, 288, ni de bon nombre de pièces liturgiques publiées sous son nom par L. Gautier, Œuvres poétiques d’Adam de Saint-Victor, Paris, 1858 (en rapprocher la 3 édition publiée en 1894), voir t, i, col. 388 ; SCS poésies authentiques ne révèlent pas, autant que l’a (lit J, Bach, Die Dogmengeschichte des Millelulters, t. ii, p. 379, " au premier coup d’œil, un disciple de Hugues », mais elles s’harmonisent avec la théologie de Hugues et avec son symbolisme. D’après L. Gautier, Oùivres j)néliques d’Adam de Saint-Victor, I^ari>>, 1858, t. I, p. 159, il est à croire qu’Adam a emprunté à Hugues de Saint— Victor, dont il avait suivi les cours, tout le symbolisme de ses proses, » et il allègueen preuve la prose Quam dilecln tabernacula de la Dédicace, dont toutes les « figures » se rencontrent » dans les Allégories du fameux victorin » ; or, il n’est siir ni qu’.^dam ail été l’élève de Hugues, ni que la prose Quam dilecta tabernacula soit d’Adam, ni que les Allegoriæ soient de Hugues. Le fougueux Gautier de Saint-Victor cite Hugues dans son Contra qualuir labyrinthos Franciar, P. L., t. cxc.ix, col. 1132 ; cf. les Sententitv divinitatis. édit, B. Geyer, p, 60 ; il serait l’un de ses principaux disciples si rhy)iothèse était fondée cpii voit en lui l’auteur des Quivstioncs et decisioncs in Epistolas D. Pauti. Cf. IL Denifle, D/c abendliindischen Schriflausleger bis Luther liber Justilia Dri (Rom., i, 17) und.lustificatio, Mayence. 1906, p. 66, Avec les Qutestiones se rattachent à l’école de Hugues, quel qu’en soit l’auteur, victorin ou non, la plupart des ouvrages qui lui ont été attribués et que nous avons classés loinine douteux ; ils reproduisent, sauf parfois —