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HUGUES DE SAINT-VICTOR

bout à bout, /i/71/7 adjicienles, dit-il, uLpole qui nec sufficientes invenimur ad ca quie dicta sunt ab illis. Cf. aussi t. II, part. VI, c. ii, col. 446. Plus loin, dans les traités du mariage et des fins dernières, les Pères sont cités fréqueinnient. Ce n’est pas encore à la façon d’Atélard, qui sera imitée dans la Summa sententiarum, et qui consiste à exposer d’abord les autorités pour et contre dans chaque question, quitte à les concilier, si c’est possible, et à se ranger à l’opinion oui paraît la meilleure. Déjà, et de plus en plus à mesure qu’il s’achemine vers le terme de son œuvre, fugues est impressionné par l’importance de l’argument patristique. Il n’est pas téméraire de penser qu’Abélard est pour quelque chose dans cette orientation nouvelle.

2. Les sources de la Sammn sententiarum.

Autant le De sncramentis est sobre, sauf les exceptions indiquées, en références patristiqucs, autant la Summa senteniiarum les multiplie. Le but de l’auteur l’exige. 11 veut « rendre compte de sa foi et de son espérance > avec la modestie et la réserve qui s’imposent : aussi annonce-t-il, prcef., col. 41-42, que, partout où il le pourra, il suivra les autorités, que, là où manquent les autorités certaines, il sera avec ceux qui s’approchent le plus des autorités existantes. Il est lidèle à sa résolution : l’argument d’autorité triomphe dans la Somme, et si, d’aventure, à son défaut, une opinion a été émise, ce correctif arri e, tr. V, c. vi, col. 133 : Sed, quia non habemus inde auctoritalem, divir.o judicio relinquamus.

Il serait très dilTicile, sinon impossible, de dresser une liste parfaite des auteurs employés. L’édition de la Summa sententianim est trop défectueuse et un trop grand nombre des sources qu’elle utilise sont mal éditées ou inédites pour qu’on puisse aller à coup sûr. Puis, elle n’avertit pas toujours de ses emprunts : elle reproduit sans le dire la pensée et parfois les expressions non seulement des œuvres de Hugues de Saint— Victor, mais encore d’autres auteurs ; par exemple, cette phrase : Judxi, quamvis manu Christum non occiderunl, linynis suis iamen occiderunt, tr. IV, c. IV, col. 122, est manifestement inspirée de saint Auguslin. Enarrationcs in psalmos. jis. i, iixi n. 4, P. L., t. xxxvi, col. 762-763. Ou bien la Summa allègue des autorités sous des formes tièi vagues : lefiimus, lef/iiur, ita santli soluunl, sancti cxponunl. auctoritas diril, quædam auctoritaics dicnnt, etc. L’identification est parfois aisée, par exemple, tr. I, c. xi, col. 58 : habetur in illn auctoritate : in essenliauniiaset in personis proprietas (préface de la Trinité) ; c. xv, col. 71 (symbole de saint Athanase). Elle ne l’est pas toujours. En outre, la Summa ne désigne jamais que de la sorte les théologiens qu’elle attaque : quidam dicunl. Dans plus d’un cas on voit vite qu’il s’agit, par exemple, d’un Bérenger de Tours, tr. VI, c. v, col. 141-142, ou d’un Abélard, tr. I, c. viii, col. 54 : quidam tamen de ingénia suo prwsumenies dicunl… ; cf. Abélard, Inlroduclio cul theologiam, . III, c. xiii, P. f.., t. cLxxviii, col. 1001. Mais souvent on ne sait qui elle vise. De même dans les nombreux passages où elle dil : soient quidam opponcrr, solet quuri.cic. Là où elle donne le ? noms des écrivains, ridentificatioii des textes n’est pas sans difficultés, soit qu’ils soient pris dans des ajjocryphes, soit (jne la citation ne soit pas textuelle, mais se borne à rendre l’idée de l’auteur. Cf. domA. Beaugendrc.P. L., t. clxxi, col. 1067-1068. Sous le bénéfice de ces observations, voici le compte, nu nif)ins approximatif, et, croyons-nous, plus exact que celui qui est fourni par M. Grabmann, Die Getchichle der scholastisclien Méthode, t. ii, p. 91, d’après Ifs notes marcinales d’un manuscrit de la bbliothèquc de l’université d’Erlangen, dts textes mis en avant. Saint Augustin est cité 201 fols, saint Gré goke 29, saint Ambroise 28 (y conipris les citations du De sacramentis qu’avec tout le moyen âge Hugues attribue à saint Ambroise), saint Jérôme 23, saint Isidore 14, saint Bède 8, Origène 4, saint Cyprien 3 fois (deux à travers saint Augustin, une à travers Haynion d’Halberstadt), Boèce 3 (il n’est nommé qu’une fois, et deux fois est reproduite sa définition de la personne), le pseudo-Denys, saint Léon et Haymon d’Halljerstadt chacun deux fois. Ont une citation unique Platon, Cicéron, sept papes (quelques textes apocryphes ; une huitième citation se présente ainsi, tr. V, c. viii, col. 133 : romanus ponlijcv, et une neuvième, c. x, col. 136 : aliorum décréta), deux conciles, saint Prosper, Paul Orose, saint Fulgence, le pseudo Eusèbe d’Émè.se (en réalité P’auste de Biez la Vie de saint Basile, Raban Maur, saint Anselme et Gilbert de là Porrée. En tout 340 textes, parfois assez longs, dans un tuvrage qui occupe 113 colonnes de l’édition de Migne. Ces chiffres coïncident à peu pi es avec ceux des citations faites par Pierre Lombard au I V" livre des Sentences, cf. J..

nat. Pierre Lombard

cl ses sources patristiqucs, dans le Bulletin de littérature ecclésiastique, Paris, 1906, p. 86 ; par Gautier de Mortagne dans le De sacramento conjugii, devenu le tr. VII de a Summa senteniiarum, et par Hugues dans le De sacramentis. La principale autorité est saint Augustin. Cf. M. Grabmann, op. cit., p. 88-90. Giégoire le Grand, Ambroise et Jérôme viennent ensuite, presque au même rang, et, après eux, saint Isidore ; puis saint Bède. Les autres Pères apparaissent rarement ; les Pères grecs tout particulièrement restent dans l’ombre. Un bon nombre de ces textes sont fournis par les recueils canoniques. Tous ne sont pas authentiques ; cL, pour la Summa sententiarum, , J. Turmel, Histoire de la théologie posilirc depuis l’origine jusqu’au concile de Trente, p. 413.418, 421, 428, 436, 445. La Summa senteniiarum ne nomme pas, selon l’usage, les contemporains dont elle combat la doctrine, pas même Bérenger, mort depuis longtemps, ni les bércngariens du s.u'e siècle, tr. VI. c. V, col. 141 ; mais, contrairement aux habitudes, elle se réclame de l’autorité d’un quasi-contemiiorain, saint Anselme, tr. V, c. v, col. 132 ; cf. sur ce texte. J. Annat, loc. cit., p. 89, et même d’un contemporain, Gilbert de la Porrée, tr. I, c. xii, col. 64. Hugues, le premier, dans le De sacramentis, t. II, part. XIV, c. i, col. 552, avait demandé à la tradition des renseignements au sujet de la confession ; la Siimma senteniiarum, tr. VI, c. X, col. 147, enrichit d’ini texte d’ « un très grand évêque », qui est saint Ambroise, ce do.ssier patristique. Cf., 1. Turmel, op. cit., p. 453. Quand elle ne puise pas directement aux sources traditionnelles, la Summa emprunte ses textes non seulement at’collections des canons, mais encore au De sacramentis et aux écrits dvb : -Iard. Cf. J. Turmel, op. cit., p..381382 ; P. Clæys-Bouuairt, Revue d’histoire ecclésiastique, t. X, ]). 710-714. Avec des textes la Summa doit à Abélard des idées. Non qu’elle adopte toute la dogmatique abclardienne ; un peu parlout Abélard est combattu. Mais un luni jiartout aussi des emprunts lui sont faits. Les principaux portent sur la doctrine trinitaire, la foi, l’espérance, la charité, la reviviscence des péchés. Cf. E. Kaiser, Pierre Abélard critique, p. 286-308.

2 » Les témoignages sur Hugues. — Les victorins qui publièrent, en 1648, les œuvres <le Hugues réunirent, selon une coutume alors générale, une gerbe d’anciens /fs/ ; mo/i ; V ; sur leur auteur. Cf. P.L., t.ci.xxv. col. r.T.xiii-ci.wiii. Si riche qu’elle soit, elle est loin d’avoir tout recueilli, et il sera facile, sans viser à être complet, d’ajouter bon nombre de témoignages expressifs.

Très admiré, Hugues n’échappa point à la contradiction. L’n anonyme du xve siècle, probablement ini