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HOBBES — HOCHSTRATEN
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IIOCHSTRATEN


sous le nom de poètes triomphaient ; dans le courant de l’annte 1515 commencèrent aussi de paraître les Lilterse virorum obscurorum, qui clTcrchaient à jeter le discrédit sur les reli^’ieux et à les tourner en ridicule. Sur ces Litlcrw, voir F. Grifïin Stokes, Epistohe obscurorum virorum, The Latin text ivitii un English rendering, notes and a historieal intruduelion, Londres, 1909. A Rome, on avait nommé une commission de vingt membres pour examiner et juger l’afïaire. Dans la séance du 2 juillet 151C, presque tous les membres se montrèrent favorables au livre de Reucliliii ; on n’avait plus qu’à passer au vole, lorsque, par ordre du pape, la sentence fut ajournée. Hochstraten demeura encore quelque temps à Rome, dans l’espérance de voir se terminer le procès. Il ne fut de retour à Cologne que dans le courant de l’été 1517. Après l’ajournement du procès, étant encore à Rome, Hochstraten s’était offert à défendre, devant le synode du Latran alors assemblé, toute une suite de thèses contre le livre de Reuchlin ; sa demande fut rejetée. Les thèses n’en parurent pas moins sous ce titre : Erroneæ assertiones in oculari Speculo I. Reuchlin vcrbedim posite et conclusiones per magislrum Johannem de alta platea, in-4°, 1517. Cet écrit inconnu à Cremans, à Geiger et à Bôcking se trouve au British Muséum {3836). A Cologne, où il venait de rentrer après une absence de près de trois ans, Hochstraten retrouvait les partisans de Reuchlin tout disposés à triompher du silence de Rome. Au mois de septembre 1517, le prévôt, Hermann de Neuenahr, fit paraître un dialogue entre un savant italien et l’archevêque de Nazareth, Georges Benignus, un des membres de la commission romaine. Reuchlin y était glorifié et sa cause représentée comme celle de la justice et de la vérité. Hochstraten répondit par une longue apologie, qui parut en février 1518, sous ce titre : Ad sanctissimum dominum nosirum Leonem decimum ac divum Maximilianum imperatorem semper augustum Apologia reverendi Pairis lacobi Hochstraten, Cologne,

1518. Geiger, Reucidin, p. 404-412. Reuchhn et ses partisans exhalèrent leur mauvaise humeur contre Hochstraten en des lettres adressées au comte de Neuenahr, qui n’eut rien de plus pressé que de les faire paraître avec une préface et l’une des deux apologies romaines de Reuchlin. Force fut donc à Hochstraten de répondre ; il le fit dans une seconde apologie, qui, bien que terminée en août 1518, ne vit le jour qu’au commencement de 1519 : Apologia secunda, Cologne,

1519. Geiger, op. cit., p. 421-427.

Vers ce temps le terrain de la lutte se déplaça. En 1517, Reuchlin avait fait paraître son traité De arte cabalistica libri III, Leoni Xdicati, Haguenau. Ce livre offrait certainement des dangers pour la foi : aussi Hochstraten, au mois d’avril 1519, publia-t-il sa Destructio Cabale, Cologne, dédiée au pape Léon X ; il montrait que la doctrine secrète des juifs, loin de fournir des arguments à la foi catholique, ne pouvait que devenir une source d’erreurs. Geiger, op. cit., p. 199201. Érasme intervint alors auprès de Hochstraten, par un écrit du 11 août 1519, pour lui demander de ne plus inquiéter ReuchUn ; peu auparavant, Franz von Sickingen, le 26 juillet, était intervenu dans le même dessein. Cette intervention était accompagnée de menaces ; aussi, dans une conférence tenue à Francfort au mois de mai 1520, il fut décidé que le provincial des dominicains solliciterait du pape la solution du conflit, qu’on prononcerait l’annulation du jugement de Spire et que l’on imposerait silence aux deux partis. Entre temps, le chapitre provincial des dominicains, réuni à Francfort, relevait de sa charge de prieur de Cologne Hochstraten, qui par le fait même cessait d’être inquisiteur, et on lui imposait silence.

Pourtant cette soluLion ne fut pas goûtée à Rome. L’éclat que venait de faire Lutlicr avait enfin ouvert

les yeux au pape ; on pouvait voir maintenant que l’opposition à Rome venait précisément du groupe de ceux qui s’étaient montrés le plus cliaudement partisans de Reuchlin. De ce chef, Hochstraten venait de trouver dans les événements, qui allaient changer la face des choses en Allemagne, un secours inespéré. Aussi, le 23 juin 1520, le pape cassait la sentence de Spire, condamnait VAugenspiel de Reuclilin et son auteur aux frais du procès. En même temps, Hochstraten, par autorité du pape, était rétabli dans toutes ses charges. Il sortait enfin vainqueur de la lutte.

Cet épisode de la lutte contre l’humanisme a été souvent exploité contre l’Église en général, et contre les ordres rehgieux en particulier, surtout les mendiants, pour montrer leur intransigeance et aussi leur mépris de tout progrès intellectuel. Qu’il y ait eu, de la part de Hochstraten aussi bien que du côté de ses adversaires, un excès dans l’attaque et la riposte, que trop souvent on soit allé chercher ses arguments dans des allusions personnelles, blessantes, c’est certain. Pourtant, on ne peut nier, et les événements l’ont prouvé, que la vérité était du côté de Hochstraten. Voir N. Paulus, op. cit., p. 99 sq.

Hochstraten et le protestantisme.

Dès le commencement,

Hochstraten avait attiré l’attention eu pape sur les dangers que faisaient courir à la foi les doctrines des novateurs. Même dans son traité Destructio Cabale, il avait dès le mois d’avril 1519 signalé le danger des doctrines de Luther, sans pourtant le nommer. Celui-ci néanmoins s’y était vite reconnu et il avait répondu d’une façon très violente dans un placard : Scheda adversus lacobum Hochstraten, 1519. Il représentait Hochstraten comme un homme de sang et le pire des hérétiques. Voir N. Paulus, op. cit., p. 102. Vers le même temps, la faculté de théologie de Louvain présenta à celle de Cologne, pour y être examinée, toute une série d’écrits de Luther. Voir de Jongh, L’ancienne faculté de théologie de Louvain, p. 207-208. Peu de jours après, la faculté de Cologne députa à Louvain Jacques Hoclistraten pour y porter la condamnation prononcée à Cologne contre les écrits de Luther. De Jongh, op. cit., p. 208 et 45*. Érasme veut que ce soit Hochstraten qui ait surtout excité ses collègues contre Luther. Opéra, 1703, t. iii, col. 1361 ; de Jongh, op. cit., p. 216. Le 30 août 1519, la faculté de théologie de Cologne condamna les écrits de Luther et celui-ci fut invité à une rétractation publique. Après la sentence d’excommunication lancée contre Luther, juin 1520, Hochstraten fit, au mois de novembre suivant, brûler publiquement les écrits du novateur. De plus, il composa contre les erreurs de Luther tout un traité, qui dans sa pensée devait présenter quatre parties, mais dont deux seulement parurent. Il est conçu sous forme de dialogue, où saint Augustin lui-même prend à tâche de réfuter les doctrines nouvelles. La seconde partie parut la première sous ce titre : Ad illustrissimum ac screnissimum principem Carolum cesarem… cum divo Augustino colloquia contra énormes atque perversos Martini Lutheri errores. Pars secunda, Cologne, 1521. Puis, l’année suivante, il donna la première partie : Ad sanctissimum dominum rwstrum pontificem modernum cujus nomen pontificale nondum innotuit… cum divo Augustino colloquia… Pars prima cui compendium quoddam générale premittitur, Cologne, 1522. Dans cet ouvrage Hochstraten se proposait surtout de répondre à l’apologie qu’avait faite Luther de ses thèses de Leipzig en 1519 ; ce n’est qu’en passant qu’il est fait allusion aux autres écrits de Luther. L’année précédente, Hochstraten avait publié un ouvrage de philosophie morale plus important, intitulé : Margarita moralis philosophie in duodecim redacta libros, omnia ejusdem principia maximeque