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HUGUES DE SAINT-VICTOR


sensuel du mariage. Le eonsenteinent, dit-il, De B. Marix viigijiilalc, c. i. col. 859 ; ci. De saciaim-ntis, c. iv-v, col. 483-488, est ce qui lait le mariage, et le mariage est la société établie par un tel consentement, en raison de laquelle les deux époux s’ai)partiennent l’un à l’autre. » En conséquence, dès lors que des personnes aptes au mariage disent, l’iiouinie : Eyo le (iccipio in meam, ni deinceps et lu nxur mea ais, et ego marilus Inus, la femme : Eijo le accipio in menm, ui deincrps et ct/ouxorlua simct tu marilus nieus, ou quelque chose d'équivalent, ou, à défaut de ces paroles, font des actes qui ont la même signilication, qu’ils expriment ce consentement devant des témoins sicut (lebeni, ou sans témoins qualilcr non debent, le mariage a lieu, omninn conjuyes sunt , c. v, col. 488. Avec la formule en ii, âge nous avons, dans ce texte, la parfaite distinction du mariage valide et du niariag j licite en un temps où l’empêchement de clandestinité n’existait pas encore. Ce rôle capital donné au consentement amena des théologiens à prêter la même valeur aux fiançailles de prmsenti ; ils pensèrent qu’elles avaient des efl’ets irrévocables, pendant cjue les fiançailles de fuluro n’engageaient pas l’avenir. SehUng, Die Unlcrscheidung der Verlobnisse im kctnonischen Rechi, Leipzig, 1877, p. 71, met gratuitement sur le compte de Hugues cette distinction qui est en germe dans les Sentences dites de Guillaume de Cliampeaux. Cf. P. Fournier, Revue d’hisloire et de liltérature religieuses, Paris, 1898, t. iii, p. 115, et voir Hugues, c. v, col. 485-486. Hugues a des expressions au moins équivoques sur l’indissolubilité du mariage, c. xi, col. 407-409 : quidam conjugium omnino esse negani quod aliquundo dissidium admitlil… ; pulamus quædam conjugia vere dici posse, quamdiu secundum judicium Ecclesise râla habentur, quæ lamen posimodum, emcrgenlibus causis legilimis, recte solvuntur, et, si poslea, contra Ecclesiee prohibilionem, perlinaci præsumptione tenrnfnr, illiritæ et illegilimn' copulationes judieantur. 11 entend, semble-t-il, cf. col. 409, qu’un mariage conchi avec certains empèchenients, tel que celui de consanguinité au septième, au sixième, peut-être même au cinquième degré, est valide tant que l’empêchement est ignoré et cesse de l'être quand l’empêchement est connu. Du reste, il ne différencie pas suflisamment la dissolution, la nullité et les empêchements simplement prohibants du mariage. Toutefois il n’a pas été, sur la question du mariage, une des sources de Luther, comme l’a prétendu A. "V. MuUer, Luthcrs Iheologische Qællen, Giessen, 1911. Cf. H. Grisar, Luther, Fribourg-en-Brisgau, 1912, t. iii, p. 1013.

n) Les fins dernières. — Nous devons à Hugues de Saint-'Victor le premier traité d’eschatologie. De sacramentis, t. II, part. XVI-XVHI, col. 579-618. Contrairement à son habitude de faire avant tout appel à la raison, il s’y réfère constamment à l'Écriture, cf. J. Tarmel, Histoire de la théologie positive depuis l’origine jusqu’au concile de Trente, Paris, 1904, p. 356357, et aux Pères. Voir, sur ce qu’il dit de la fin du monde, t. v, col. 2535 ; du feu du purgatoire, t. v, col. 2259 ; de l’enfer, t. v, col. 83, 102, 108, 2209 ; des corps glorieux, t. iii, col. 1898 ; contre le délai de la béatitude, t. ii, col. 661, 689 ; de la béatitude, t. ii, col. 510, et du ciel, t. ii, col. 2503-2504. Il accepte la thèse du petit nombre des élus. De sacramentis, t. I, part. 'V, c. XXXI, col. 261 ; cf. De arca Noe mijstica, c. V, P. L., t. cLxxvi, col. 690.

o) La morale. — Entrée après le dogme dans le grand courant de la théologie scolastiquc, la morale y apparaît à son tour au xii'e siècle : elle figure honorablement dans l'œuvre de Hugues de Saint-'Victor. Toute la matière morale est traitée et, sinon toujours approfondie, du moins esquissée par lui : la fin de l’homme, £)c sacramen^/s, i. I, part. II, c. i ; part. VI, c. i,

col. 205-20(1, 263-264 ; les préceptes, le décalogue, I. I, part. XH, c. v-ix. col. 352-362 : histitutiones in deealogum ligis dominicæ, P. L., t. clxxvi, col. 9-14 ; les vertus et les vi<es, De sacramentis, t. II, part. Xlli, col. 525-550 ; De subslanlia dilectionis et charilate urdinuta, P. L., t. clxxvi, col. 15-18 ; De luude charilalis, P. L., t. clxxvi, col. 969-976 ; De quinque septenis seu seplvnariis, P. L., t. cu.xxv. col. 105-414 ; la prière et parliculièivment l’oraison dominicale, De modo orandi, P. L., t. clxxv. <o !. 977-988 ; De quinque septenis, c. iii-iv, col. 407-410 = A'-rposi^/o in Abdiani (ouvrage douteux), P. L., t. clxxv, col. 402406 ; Ondionis dominicie expnsitio (authentique), P. L., t. clxxv, col. 774-789 ; Allegoriee in Novum Testamentum (ouvr.ige douteux), t. II, c. ii, P. L., t. clxxv, col. 7()7-774 ; le vœu. De sacramentis, t. II, part. XII, col. 519-524, etc. Cette partie des écrits de Hugues a été moins étudiée que le reste et mériterait une bonne monographie. Cf. d’utiles indications dans A. Mignon, Les origines de la scolastiquc, t. ii, p. 289-324.

2. La Suimna srnlenliarum.

Le plan de la Summu sententiarum dillère de celui du De sacramentis. On a loué celui-ci, beaucoup moins celui-là. Cf. P. ClæysBouiJært, dans la Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, 1909, t. x, p. 286-288. Il est vrai que l’idée directrice du De sacramentis est grande et belle : l’histoire du monde y est retracée sous son aspect surnaturel, divisée en deux périodes, entre lesquelles l’incarnatiou occupe le point culminant ; le premier livre englobe tout l’Ancien Testament, le second part du Christ et poursuit rœuTe de)a restauration jusqu'à son accomphssement suprême. Mais ce plan ne se déroule pas dans un ordre parfait : le De Dco uno et De Deo trino se mêlent, non sans quelques confusions et redites, au De Deo créante actuel, et le De fide s’intercale maladroitement entre le De sacramentis in génère et le traité des sacrements de la loi ancienne. Le plan de la Summa sententiarum n’est pas annoncé ; il se dessine nettement au fur et à mesure de la marche. L’auteur traite, d’abord, de la foi (tr. I), quoniam fide tanquam mensura rectiludinis umnia moderanda sunt , c. i, col. 43 ; de la foi en général, c. i-iii, col. 43-47, et, en particulier, des vérités de foi qui concernent Dieu, miislerium divinilalis, c. iv-xiv, col. 47-70, et l’incarnatiop. sacramentum incarnalionis, c. xv-xix, col. 70-80. En Second lieu vient la création avec cette division : les anges (tr. H), et, au dessous des anges (tr. III), la créature matérielle, c, i, col. 89-91, et l’homme, c. ii-iii, col. 91-94 ; ce qui amène les questions suivantes : état primitif de l’homme, c. iv-v, col. 94-96 ; chute, c. vi-ix, col. 90-105 : péché originel dans l’humanité, c. x-xii, col. 105-110 ; péchés actuels, c. xiiiXVI, col. 110-114 ; vertus et dons du Saint-ISsprit, c. XVII, col. 114-116. Troisièmement l’auteur étudie le remède du péché, originel et actuel, à savoir les sacrements, tr. IV, c. i, col. 117 : il considère successivement (tr. IV) les sacrements en général et ceux de la loi naturelle, obscura sacramenta, c. i, col. 117120 ; ceux de la loi écrite, laquelle prépare popntum rudem legalibus flguris ad futuram veritalem, c. ii, col. 120, et répare la loi naturelle, par le décalogue. c. iii-viii, col. 120-126 ; ceux de la loi nouvelle (tr. VVI). L’ouvrage s’achève brusquement avec le traite de l’extrême-onction, qu’ont précédé ceux du baptême, de la confirmation, de l’eucharistie, de la pénitence. Le chajiitre final, tr. ll. c. xv, col. 154, nomme le sacrement de l’ordre. Manifestement l'œuvre est inachevée. P. (^læysBouiiært, Revue d’histoire ecclésiastique, t. x, p. 710, après E. Kaiser, Pierre AbéUird critique, p. 266, pense que ce plan est d’origine abélardienne. Ce n’est pas vraisemblable. Cf.