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HUGUES DE SAIiNT-VlCTOR


en tant qu’lioninie, n’est pas quelque chose. » Voir t. i, col. 413-41 cS. Huaues de Saint-Viclor rejeta l’adoiitianisnic en général, De sacnimentis, t. II, part. I, c. ix, col. 399 ; Di' Vrrbo incamato, coll. III, col. 322, et expliqua l’union de l’humanité avec le Verbe en des termes qui excluent le néo-adoptianisme, c. ix, col. 393-394. Il aurait, qui plus est, combattu ex professa le nihilisme christologique s’il était l’auteur de VApologia (le Verbo incarnalo contincns objedioncs contra cas qui dicunt ChrisUim non esse iiliquid secundum quod est liomo, P. L., t. clxxvii, col. 295-324 ; mais cette attribution est invraisemblable. Sur l’usafie qui en fut fait, au cours de la controverse néo-adoptianiste, par Folmar de Triefenstein, d’une part, et, d’autre part, par Gerhoch de Reichersberg et par son frère Arnon, ces derniers inclinant vers l’ubiquisme, celui-là partisan de l’adoptianisme, cf. J. Bach, Die Dogmengeschichte des Mitlelallers, t. ii, p. 690-694 ; C. Werner, Geschichie der apologetischen und polemischen Literatur der chrisilichen Théologie, 2°= édit., Ratisbonne, 1889, t. ii, p. 455.

La sotériologie de Hugues est d’inspiration anselmienne. Cf., J. Rivière, Le dogme de la rédemption. Essai d'étude historique, Paris, 1905, p. 440-442. Mais, à la différence de saint Anselme, Hugues enseigne que Dieu aurait pu nous racheter autrement que par l’incarnation du Verbe. De sacramentis, t. I, part. VIII, c. X. col. 311-312. Sur la question épineuse des droits du démon à la suite du péché d'.dam, Hugues concilie les explications traditionnelles avec un sage progrès, De sacramentis, t. I, part. VIII, c. iv ; t. II, part. I, c. ii, col. 307-308, 372 ; De sacramentis legis naturalis et scriptæ, col. 29 ; s’il réclame inutilement un avocat qui puisse convaincre le démon de son tort, il a bien compris que le démon n’a aucun droit sur l’homme et que » le principal de la rédemption se passe entre l’homme et Dieu ». J. Rivière, op. cit.. p. 475. Mentionnons une belle page sur le Christ médiateur. De sacramentis, 1. If, part. I, c. xii, col. 412. On a cité parfois Hugues de Saint-Victor parmi les précurseurs de la dévotion au Sacré-Cœur : un texte dévot, qui lui a été attribué et qui se trouve dans le De anima, t. IV, c. x, P. L., t. CLXXVII, col. 181-182, est, en réalité, tiré du Manwde publié sous le nom de saint Augustin, c. xxi-xxiii, P. L., t. XL, col. 960-961, compilation, postérieure à saint Bernard, du3 probablement, au moins pour la partie qui nous intéresse ici, à Jean de Fécamp, t 1198. Cf. J.-V. Bainvel, La dévotion au Sacré-Cœur de.Jésus, A" édit., Paris, 1917, p. 610-612.

Hugues a parlé souvent et pieusement de la sainte Vierge. Son De assumptione B. Mariæ sermo, P. L., t. CLXXVII, col. 1209-1222, passe sous silence l’assomption de Marie (il en est question dans les M iscellanea, t. V, tit. cxxv, P. L., t. CLXXVII, col. 807-808, de provenance incertaine), mais ofïre un très beau commentaire des passages du Cantique des cantiques chantés à l’office de la fête. Ce serait trop dire que de prétendre que l’immaculée conception y est énoncée : du moins est-elle pressentie et toute proche dans les textes suivants. Col. 1211-1212, à propos du Tota pulchra es : Tolus pulcher totam pulchram sibi social… Ego lotus pulchcr, et tu tola pulchra. Ego per nnluram, et tu per gratiam… Ta tota pulchra quia nihil quod lurpe est in te est… Tota pulchra es, nihil enim in te pulchritudo reliquit quod non possideat… Tnnc, pnstquam dixerat nullam in ea maculam inueniri, mundam et sinccram et ab omni quod displicere paierai alienam…, adjecit insuper et prosecutus estostendens nonsolumimmunemct liberam esse a malo, scd ine/fabilibus bonis plénum. Col. 1214, sur VOdor unguentorum tuoruni super omnia aromata : Anliqua illa Maria nominis tantum non lepras te reliquit hæredem, qux nec maculam ncc rugam

Imbuisti quam unguenta tergerent. Col. 1202, sur le Vox dilecti mei : Secura enim curris, quia venis de Libano, quia candida venis et munda. Venis casta et immacuUita. Cf. De Verbo incarnato, collatio III, col. 321 : Talis ergo Agnus qualis mater Agni : ex munda mundus, ex virgine incorruptus, et col. 321324. h’Explanatio in canticum B. Mariæ dit l’effusion des grâces sur Marie au moment de l’incarnation du Verbe : awlaclcr pronuntio quod nec ipsa plent explicare potuit quod capere potuit, col. 415 ; le Magnifuut manifeste qu’elle jouissait de la vision béatifique, col. 417. Le De B. Mariée virginitate libellas epistolaris, P. L., t. clxxvi, col. 857-876, défend la réalité du mariage de Marie et sa virginité perpétuelle, vouée avant son mariage, col. 866. Signalons la comparaison entre Marie et l'Église, De assumptione B.Marise, col. 1211 ; cf. Spéculum de mijsteriis Ecclesiae (de l'école de Hugues), c. i, P. L., t. clxxvii, col. 338.

k) La grâce. — Hugues n’a pas un traité complet de la grâce — Pierre Lombard fut le premier à composer un vrai traité de la grâce, séparé des questions connexes, S 71L, t. II, dist.XXIV-XXIX — mais un chapitre sur la grâce et le libre arbitre, De sacramentis, 1. 1, part. VI, c. XVI, col. 272-273 ; un autre sur les vertus naturelles et surnaturelles, c. xvii, col. 273-275 ; un troisième sur la grâce donnée par le Christ, 1. 1 1, part. II, c. I, col. 415-416, et des notions éparses un peu partout. Sur sa notion du libre arbitre, cf. Petau, De opiflcio sex dierum, t. V, c. viii, n. 4-10, Dogmalu theologica, édit. J.-B. Fournials, Paris, 1866, t. iv, p. 480-483. Sont particulièrement remarquables ses vues sur les dons du Saint-Esprit. Voir t. iv, col. 1768, 1770, 1774. L’Histoire littéraire de la France, t. xii, p. 33, 64-65, s’appuie, pour affirmer le désaccord entre Hugues et saint Augustin, principalement sur les Qæstiones in Epistolas D. Pauli, qui ne sont pas de Hugues. Cf. A. Mignon, Les origines de la scolastique, t. i, p. 251.

/) Les sacrements en général. — La théologie sacramentaire doit beaucoup à l'école de Saint-Victor. Cf. P. Pourrai, La théologie sacramentaire, Paris, 1907, p. x-xi. Hugues, qui entend par « sacrement » les choses saintes signifiées par l'Écriture, c’est-à-dire la théologie entière, tola diuinitas, cf. Eruditio didascalica, t. VI, c. iv, P. L., t. clxxvi, col. 803, d’où le titre de ses deux ouvrages, le De sacramentis christianse fidei et le De sacramentis legis naturalis et scriptæ, sait aussi le restreindre aux choses saintes qui servent directement à lasanctiricationdel'âme. Cf. De sacramentis, t. I, part. IX, col. 317-328 ; De sacramentis legis naturcdis et scriptæ, col. 33-35. Il perfectionne la définition du sacrement esquissée parBérenger, les canonistes, Abélard, cf. J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du XIIe siècle, p. 44-45, 341-342, et la doctrine de l’efficacité sacramentelle ; mais il a le tort de ne prendre qu’une partie du sacrement pour le tout et d’appeler « sacrement » ce que nous appelons aujourd’hui la < matière » du sacrement. De sacramentis, t. I, part. IX, c. ii, iv, col. 317-319, 322-323. Cf. S. Thomas, Sum.lheoL, III », q. lxvi, a. 1 ; P. Pourrai, op. cit., p. 34-37. Aussi n’arrive-t-il ni à expliquer parfaitement la composition du rite sacramentel, cf. P. Pourrat, p. 60-62, ni à fournir une énumératiou parfaite des sacrements. Ce n’est pas que sur ce dernier point son effort ait été stérile. En distinguant, t. I, part. IX, c. vu ; t. II, part. IX, c. i, col. 327, 471, les sacrements principaux, in quibus principaliter scdus constat et percipitur, sicutaqua baptismatis et pcrccptio corporis et sanguinis Domini, et les sacrements « moindres », il préparait la différenciation entre les sacrements proprement dits et les " sacramentaux ». Le sicut aqua baptismatis et perceptio corporis et sanguinis Domini indiquait qu’il y avait d’autres sacrements majeurs. La place assignée à la