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HUGUES DE SAINT-VICTOR

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inteUifjitiir corriiplio sive vilium qiwd nasccndo truhimus per iynorantiam in mente, per concupiscendnm in carne, c. xxviii, col. 299. Cf. J. Tunnel, Revue d’Iiisioire et de litlérnlure religieuses, Paris, 1902. t. iiv p. 520-521. Sa transmission n’est donc autre chose que la transmission de la concupiscence et de l’ignorance. Quid igitur caro humana a parenlibus cum inortalilc ^le semincdur, in en ipso quod seminata subjacel mortalilati, vivificata postmodum carnalis coneupiscenlise subjeela invenitur necessiledi, quia ipsa morlulilalis infinnitas causa est quam consequihir concupiscendi nécessitas… Ignorantia uutem non proptcreu vitium est in eis quia cum nascuntur reritutem non agnoscunt quandn non debent, scd quia tune cum nascuntur vilium in eis est quo postea impediuntur ne veritatem agnoscant quando debent, c. xxxi, iixxx col. 301-302. Après cette explication défectueuse, Hugues se demande comment l’àme, créée pure et sans vice, participe au vice qui est amené par la chair seule, c. xxxv, col. 303 : dignum inquisitione essel. (lit-il, si aliqua lioc diligentia investignri pnsset. Nunc uiltem quia scienliæ humanx exposilum non est ad cognilionem, fide a nobis crcdendum est, non curiosita’.e inquirendum… Nos tandem id quod verum est profiler i oportet juslitiam divinam in hoc irreprehensibilem quidem esse, sed comprehensibilem non esse.

/) Le Verbe incarné et rédempteur. — On s’était beaucoup occupé du dogme de l’incarnation au commencement du XII'e siècle. Hugues le fit à son tour ^ diverses reprises, tant dans le De sacramentis, t. I, part. VHI, c. i-ii : 1. H, part. I, col. 305-312, 371-415 ; cf. De sacramentis legis n(duralis et scriptæ col. 28-33, que dans des traites spéciaux, le De Verbo incarnato collationes sdi disputatinnes très, P. L., t. cLxxvii, col. 315-324 : le De quatuor voluntatibus in Christo, P. L., t. cLxxvi, col. 841-846 ; le De sapienlia anima-Christi, P. L., t. clxxvi, col. 845-856, pour ne rien dire de l’Apologin de Verbo incarnato, P. L., l. clxxvii, col. 295-316, d’une authenticité suspecte. Ce qu’il écrivit est, en dépit de certaines imperfections et lacunes, d’une richesse d’aperçus et d’une solidité doctrinale qui lui valurent d’être utilisé larg.’inenl par les théologiens ses successeurs.

Hugues montre exactement en quoi consiste le mystère de l’incarnation. Sur l’unité de personne et la dualité de natures dans le Christ, De Verbo incarm.to, collatio II, col. 318-320 ; sur a léalité de l’àme et son mérite, De sacramentis, t. II, part. I, c. vi, col. 383389 ; sur la réalité du corps soumis à la douleur, c. iiv col. 389-391, il s’exprime fort bien. Mais les règles de la communication des idiomes n’avaient pas été encore tracées avec une netteté irréprochable ; de là, des t.’^tonneuients. des obscurités, et parfois des formules qui, alors même que l’idée est juste, ne sont pas satisfaisantes. Cf..1. Hach, Die Dogmengescluchle des M illelallers vom rhristologischen St(Uiilpunt ; le, Vienne, 1875, t. II, p. 344-355. (^est le cas, jiar exemple, de l’expression : Verbum liominem assumpsit. De Verbo incarnato. coll. II, col. 318-319, cfu’on rencontrait déjà chez les Pères. Cf. S. Thomas, Sum, theol.. lil », q. iv, a. 1, ad ! "">. On c’est encore celui de cette affirmation ffUf, pendant les trois jours qui suivirent sa inorl. le Christ fut Dieu et homme, De sacramentis, I, H, part. I, c. XI, col. 101-411 ; dire que le Christ fut simplement et absolument un homme durant ces trois jours est une erreur, à moins de [iréeixer quil fut un homme mort, observe aint Thomas, Sum.lheol., III », q. i, a. 1, qui ajoute sagement : Quidam tamen confessi sunt Christum in triduo hominem fuisse, diccnles quidem verba erronea, sed sensum erniris non Ivibenles in fide, nicul Hugo de Snnrlo Viclorr qui ea ratione dixit Christum in triditn mnrtis fuisse hominem quia direhol animam exse hominem, quod Inmen est falsum. Sur la for mule Christus est divina natura, qui se lit dans les Quæstiones in Epistolam ad Romanos, q. iv, P. L., t. cLxxv, col. 433, cf. Petau, De incarnalione, t. III, c. XV, n. 3, édit. J. B. Fournials, Paris, 18<36, t. v, p. 455-456. Au fond c’est également la méconnaissance des lois de la communication des idiomes qui a fait faire fausse route à Hugues dans la question de la science île l’àme du Christ. Une discussion s’étant élevée entre Gautier de Mortagne et Arnulphe, archidiacre de Sécz, sur l’égalité de science entre la divinité et l’âme que la divinité s’unit dans la personne du Christ, Arnulphe en entretint Hugues, qui se prononça pour l’égalité. Gautier défendit l’opinion contraire dans une lettre adressée à Hugues où il donnait ses raisons et sollicitait, si elles ne paraissaient pas sulFisantes, des éclaircissements nouveaux, ralionibus et (iiictorilalihus me inslrucndo. P. L., t. ci.} : xxvi, col. 1052-1054. Hugues répondit par le traité De sapienlia anima’Christi an asqualis cum divina fuerit, résumé <lans le De sacramentis, t. II, part. I, c. VI, col. 383-384, en ces termes : Ex quo humanilati divinilas conjuncla est, ex ipsa div^nitate humanilas accepit per gratiam totum quod diiKnitas hdbuil per naturam… Sic ergo humanit(dem Verbi in anima rationuli, a prima conceplione sua, ex ineffabili nnione divinilalis, plénum et perjectam sapientiam. et potentiam. et virtutem, et boni’alem acc.rpisse credimus. Point de comparaison à établir dans le Christ entre la sagesse de l’homme et la sagesse de Dieu : point de comparaison où il n’y a que l’unité, quid facil eomparalio ubi unus solus est ? De sapienlia animée Christi, col. 853. Sagesse, puissance, vertu, bonté, tout est <livin dans le Christ : c’est la sagesse. la puissance, la vertu, la bonté de Dieu. On voit le vice de l’argumentation, et comment, pour attribuer à l’àme du Christ la même science qu’à la divinité, elle achemine vers l’apoUinarisme. Si l’àme du Christ a par grâce tout ce que Dieu est par nature, faudrat-il admettre que l’àme du Christ est éternelle, immense, etc. ? La logique le demande, et Hugues n’y contredit pas : esto dicatur. Mais en quel sens ? Quomod(. tamen liabd ? Habet personaliler unila. non naturaliler insita ; habet totum, non quod creatura œterna aul immensa esse possit, sed quod a-terno et immenso unila sit, col. 855. Dire que l’àme du Christ a l’omniscience, l’immensité, l’éternité, serait donc non pas exprimer une perfection véritable de l’àme, mais signifier simplement ((ue le Christ, dans sa divinité, est omniscienl. immense, éternel. Allons plus loin : puisque l’humanité du Christ a par grâce ce que la divinité est par nature, la logicpie exige qu’on accorde l’immensité au corps du Clirist comme à son âme. Cette fois Hugues recule. De sacramentis, t. II, part. I, c, xiii, col. 413-416. Son cnim est conscqucns. dit-il, ut quod in Deo est itasit ubique sicut Deus…, una enim persona est Deus et homo et ulrumque unus est Jésus Christus, ubique per id quod Deus est, in eœlo autem per id quod est homo…, in loeo aliquo cseli propler veri corporis modum. Parole de bon sens, qui s’applique aussi à l’àme : le Christ, en tant qu’homme, en raison de la nature de son âme, a une science réelle, mais limitée. Toute cette doctrine se trouve contenue dans cette règle de la communication des idiomes : les noms abstraits (anima Christi, corpus Christi) ne se (lisent pas des noms concrets de l’autre nature (tiabil srien’liam divinam, immensitatem, a’iernitatem). Rigoureusement la thèse de Hugues sur les attributs de l’àme du Christ aboutissait a nier leur réalité et, par contrecoup, la réalité de l’âme elle-même.

Le néo-adoptianisme du xiie siècle ne contesta pas la réalité de l’âme ou du corps du Christ, mais nia l’union substantielle qui pcrniel d’allirmer que le Verbe est réellement homme et professa un « nihilisme » christologi que, condense dam » cette iiroposit ion : Le Chris I.