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HUGUES DE SAINT-VICTOR


festiusque traclando extendunl. De sacramentis, t. I, pro]., c. vir, col. 186.

Autant ces préliminaires sont défectueux, autant l’herméneutique de Hugues est sage. Il insiste, à juste titre, sur le sens littéral, expositio hislorica, et sur la nécessité d’y appuyer l’expositio allegorica, science des choses divines, contenu doctrinal des Écritures. De Scripluris, c. iii-v, col. 11-15 ; iirHrf ! tio didascalica, t. V, c. ii-iii ; t. VI, c. iii-iv, col. 789791, 799-805.

Et, qu’on y prenne garde, il n’appartient pas à chacun d’interpréter l'Écriture à son gré. Dans un long et très beau chapitre, Erudilio didascalica, t. VI, c. iv, col. 802-805, Hugues veut que, pour construire l'édifice de la » divinité », comme on appelait alors la théologie — Inec est Iota divinilas, hœc est illaspiiitualis jabrica qiiæ tôt conlinet sacramenta, toi quasi ordinibus constnicla, in allum exlollitur — une fols posé le fondement de l’historia ou sens littéral, on aligne les divers ordres de vérités à l’aide d’un ccrdeau, d’une règle, qui est la règle de foi, linea prolensa rectæ fidei trames est. Il en est qui tombent dans des erreurs diverses quia fundamentum veritatis non habent, tandis que ceux-là ne se trompent point qui savent quid a sacra fide discordet oui quid conveniat judicnre… Hœc veto non ut quibuslibel ad voluntatsm suam intcrprctandi Scripturas occasionem præbcam… Ct ergo secure possis jadicaie litteram. non de luo sensu preesumere sed rrudiri prius et in/ormari nportet… Neque a tfipso crudiri priesumns, ne forte dum te introducere pales, magis seducas : a doctoribus et sapientibus bwe introductio quxrenda est, quæ et auctoritalibus sanctorum Patrum et testimoniis Scripturarum ram tibi, prout opus est, et facere et aperiie passant. Pour son compte, Hugues cite rarement les Pères dans le De sacramentis, sauf, nous l’avons dit, quand il traite de la Trinité et des fins dernières. Mais il est nourri de leurs doctrines. En deux passages, t. il, part. I, c. iv ; part. VI, c. II, col. 376-381, 446, il indifiue leurs solutions, parce qu’il se méfie de ses propres lumières. Voirl. I.jiart. I, c. II, col. 187-188, Ce qu’il dit du respect et de la prudence qui s’imposent lorscpi’ils sont en désaccord. Avant les Pères, Hugues nomme les conciles, d’abord les quatre grands conciles quæ totam prineipaliter fidem compirctuntur quasi Evangelia, ensuite les conciles si qua sunt ronrilia quæ sancii Patres Spirilu Dci p’eni sanxerunt. Hruditio didascalica, t. IV, c. xii, col. 785, 78(). Notons en (in qu’il mentionne l’autorité infaillible du consentement universel de l'Église, Erudilio didasc<dica. I. VI, c. iv, col. 804 : doctores si consuhuris, et maxime quid fidrs universalis, quæ. nun<juam falsa e.^se potest, inde jubeid senti ri agnoveris.

d) fji foi. — Humies inscrit une date importante dans la formation du traité de la foi : il est moins sonjinaire que saint.Anselme et les sententiaires orthodoxes (Senlenccs flites de (luillaume de ( ; iiampeaux et d'. sclme de Laon). pliis pénétrant et exact qu'.bélard et Gilbert de la Porrée. Cf. De sacramentis, t. I, part. X, col. 327-344 ; De sacramentis legis naturatis et scriplæ, I'. L., t. r.i.xxvi, col..35-38. Son programme est vaste : définition de la foi, éléments constitutifs, vérités fjiii appartiennent à la foi, vérités absolument nécessaires à croire, accroissement <le la foi dans l’individu et dans l’Iiumanité, le sacrement de la foi » ou la foi avant-goùt de la vision béalifiqiie, c. i, col. 327. Sa définition de la foi, c. n. <ol. 331, est célèbre, mais imparfaite, car elle convient à la foi en général, non à la foi théologale : fides est crrlitudo (dans le I)c sarramentis Irqis naturatis, col. 35 ; cf. Summa sententiarum. tr. 1, c. i. col. 13, il ajoute : l’olnntaria) rerum nbsentium supra npinionem (contre Abélard) et infra srirniiam conslitutu. Sur sa psychologie de la foi, cf… Mignon, Les origines de

la scolastique, t. ii, p. 86-89 ; M. Grabmann, Die Geschichte der scholastischen Mettiode, t. ii, p. 263, 270272 ; sur les progrès de la foi, .. Mignon, t. ii, p. 80-94 ; M. Grabmann, t. ii, p. 270-276 ; sur le salut des infidèles L. Capéran, Le problème du salut des infidèles, Paris, 1912, p. 170-171, 177, et, 177-178, sur la position de l’auteur des Quæslioncs in epistolas D. Pauli, Di Epist. ad Rom., q. xxxviii-xl, P. L., t. clxxv, col. 440-441, qui est, sinon Hugues, du moins de son école. Signalons un passage intéressant, De arca Nue morali, t. III, c. iv, col. 649, sur les infidèles, sur ceux qui ne croient pas à l’Evangile du Christ, à l’existence de Dieu, à la vie future, et sur ceux qui doutent de ces vérités.

e) Dieu un. — Les deux grands problèmes de la science et de la volonté divines ont attiré l’attention de Hugues. Il traite trop brièvement de la prescience et de la prédeslinalion. De sacramentis, t. I, part. II, c. ix-xxii, col. 210-216. En revanche, il est le premier théologien qui expose intégralement la question de la volonté divine. De sacrcmicnlis. 1. 1, part. IV, col. 233-246 : cf. Libellas de potestate et voluntate Dci utra major sit, P. L., t. clxxvi, col. 839-842 ; mais il ne le fait ni sans longueurs ni sans obscurités. Il est de ceux qui admettent que Dieu, tout en ne voulant pas le mal comme le bien, veut que le mal soit parce que c’est un bien qu’il soit. c. xiii. col. 239 : et tamen vull esse medum, et in eo nonnisi bonum vull. quia bonum est malum es.se. Cf. S. Thomas, Sam. tircol., 1^, q. xix, a. 9, ad 1°'".

/) Dieu trine. — Dans le De sacramentis, t. I, part. H, c. iv-ix ; part. III, c. xix-xxxi : 1. II. part. III, c. ii-iii, col. 208-210, 224-234, 371-381, et V Erudilio didascalica, t. VII, c. I, xxi-xxiii, col. 811-813, 831-833, Hugues ne prélude qua do loin au merveilleux De Trinitate de Richard de Saint-Victor. Ce qu’il a de meilleur, c’est l’explication île la Trinité par les analogies qui existent entre elle et l'âme humaine. Il présente clairement, mais en abrégé, la doctrine de l’apjjropriation. De sacramentis, t. I, part. H, c. vii-viii ; part. III, c. XXVI, col. 209-210, 277-228. Il s’exprime en bons termes sur les missions divines, 1. H. part. I, c. ii, col. 371-373. Sur les personnes divines, leurs relations, leurs oppositions, il est insullisant.

g) La crcation. — Rien de très saillant dans l’Hexamcron de Hugues. De sacramentis. t. I, part. I. col. 187206 ; De sacramentis legis naturalis et scriplæ, P. L., t. CLXXVI, col. 17-21 ; Adnolalinnes rlucidatoriæ in PentatiUclwn, c. iii-vii, P. L., t. ci.xxv, col. 32-38 ; Allegoriæ in Vêtus Testamentum (ouvrage douteux), 1. It c. i-vi, P. L., t. CLXXV, col. 635-638. C’est le premier en date cpii soit à ])cu près complet (celui d'.bélard est postcrieur). Hugues s affirnie théologien méthodicpie. modéré, judicieux ; il s’inspire naturellement des données scientifiques du temps. Voir t. iii, col. 2082, 2114, 2143, 2170, 2181. 219(1 : t. vi, Col.2339.

Il) Les anges. — Le premier, Hugues a réuni flans un seul cadre. De sacrimvntis. t. I, part. V, col. 215264 ; cf. Commrntariorum in Ilicrarcliiam cœlestem libri X, P. /, ., t. CLXXV, col. 923-115 1, et avec une grande clarté d’exposition, les éléments épars avant lui. Le premier des scolastiques, il a bien établi la thèse de l’inégalité des anges. Dans un sujet oii tant de choses nous sont inconnues, il a le mérite d'être prudent et de ne pas trancher des cpiestions insolubles..Vo.s oportel. dit-il, de mulliludine rerum lalenlium secundum noslr(mi possibililntem doctrinam formare, et non promiliere quod ronsrqiii non po.< ; sumus, c. I. col. 217 : cf. c. iv, xii. xix, xxxi, xxxiii-xxxiv, col. 249, 251, 254, 261, 262-264. Voir t. i, col. 12231227 ; t. IV, col. 388-389.

/') L'élévation de l’homme à l'état surnaturel et la clnite. — Hugues aborde. De sacramentis, I. I, part. VI,