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HUGUES DE SAINT-VICTOR

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col. 1000-1002 ; cf M. Grabmanii, CeschichU der scholuilischen Méthode, t. ii, p. 258. Bossuet, De/ensio declarationis cleri gallicani, part. I, t. III, c. xvii. Œuvres, édit. F. Lâchât, Paris, 1879, t. xxi, p. 439441, a voulu eu atténuer la portée, sous prétexte qu’il est question, dans la suite, de l’institution du sacerdoce par Dieu et de l’institution de la royauté par Samuel sur l’ordre de Dieu ; il en a conclu que la phrase : spiriliialis potestas l’rrenam potestatem iiisliltiere habvt se rapporte non au i)Ouvoir ordinah’c du pape, mais au pouvoir extraordinaire du prophète Samuel. Ce n’est pas exact ; le nam rattache cette » hrase à la précédente : quanio cnt^m vila spiTiliKdis dii/nicr est quain terrena, et spiritus quam corpus, tanlo spiritualis pciestas tcrrenam sive siecalarem pntesldtem lionore ac dignitate præccdit. Il s’agit donc, d’après Hu.^ues, d’un pouvoir ordinaire de la puissance spirituelle. Au pouvoir temporel appartient ce qui concerne la vie terrestre et l’exercice de la justice en matière temporelle ; Icyum institiita scquens et nihil prxter justitiam et vcrilalem approbuns in iudicando, c. vii, col. 422. Dans cette querelle des investitures, qui s’apaise à peine, Hugues refuse au pouvoir séculier le droit de toucher à la juridiction spirituelle ; il lui reconnaît les droits d’ordre temporel, et, au premier rang, celui de recevoir l’hommage des gens d'Église pour les biens qu’ils tiennent du pouvoir séculier, c. vi-vii, col. 419-420.

La hiérarchie, ecclésiastique est parfaitement décrite. De særamentis, t. II, part. III, col. 421-434. Au sommet préside le souverain pontife, qiiem papam, id est palrem patrum, consiietudo ecclesiastica nominare Institiiit. Hic est principalis et maximus sedis apostolicie in Ecclesia romana siicccssor, iinde et ipsum specialiter apostolicum sancta Ecclesia nominare consi : euit. Cui vice Pétri principis apostolorum præsidenti omnis ecclesiasticus ordo obtempcrare débet, qui solus prœrogativa dignitatis claves habet ligandi omnia et solvendi super terram, t. II, part. III, c. v, col. 423 ; cf. c. XV, col. 430-431. On ne saurait mieux dire. Sur les devoirs de ceux qui ont la charge du gouvernement ecclésiastique, cf. De arca Noe morali, t. II, c. iii, col. 637.

La théologie de l'Église a un complément dans son histoire. h’Eruditio didascaliea, t. VI, c. iii, vi, col. 799-802, 805-806, expose l’importance de l’histoire. La Chronique fut un manuel destiné à faciliter aux étudiants la connaissance historique de la rehgion chrétienne. Si les Exarptiones priorcs étaient authentiques, Hugues aurait poursuivi deux fois cette grande entreprise ; mais il est difficile de l’admettre. Du moins, en dehors de la Chronique, Hugues a-t-il, dans le De vanitate mundi, 1. Ill-IV, col. 723-739. un résumé très vivant de l’Ancien et du Nouveau Testament et des origines du christianisme. Remarquons, enfin, que plusieurs écrits faussement attribués à Hugues, mais inspirés de lui, reviennent sou eut sur le thème de l'Église, notamment à l’occasion de la liturgie de la dédicace des églises, du symbolisme de la mer, du cellier, du candélabre, de Jérusalem et du peuple juif, etc. Cf. Spéculum de mtjsteriis Ecclesiæ, c. i-n, P. L., t. CLXxvii, col. 335-340 ; Miscellanca, t. VII, tit. i-viii, P. L., t. cLXXVii, col. 867-872 ; Sernwnes,

II-IV, XLIV-XLV, LXXV-LXXXIV, P. L., t. CLXXVII, col.

901-911, 1015-1024, 1136-1169.

c) Les lieux théologiques. — Hugues esquisse les grandes lignes de ce traité, qui n’aura qu’après le moyen âge une place à part dans les cours de théologie. Nous connaissons déjà ses vues sur les rapports de la foi et de la raison et sur le secours que cette dernière apporte à la foi. Il s'étend davantage sur l'Écriture. En plus de ses commentaires, que R. Cornely, Historien et critica inlroductio in utriusque Testamenti

libros, 'l-' édit., Paris, 1894, t. i, p. 667, classe parmi les meilleurs, il a toute une introduction générale à l'élude des Livres saints et des notions sur leur emploi dans la science religieuse. Cf. De Scripturis et scriiitoribus xnrris pnfnotatiunculæ, t. cl.x.xv, col. 9-28 ; Eruditio didasndiea, 1. IV-VI, P. L., t. CLXxvi, col. 777-8Ï2 ; Excirptionum priorum, I. II, P. /, ., t. clxxvii, col. 203-210 (ouvrage douteux). Il utilise abondamment les ouvrages classiques en la matière, surtout le De doetrina ehristiana de saint Augustin, et, dans V Eruditio didascaliea, il adapte à l’enseignement les règles tracées par les écrits antérieurs : « là est la cause de la supériorité de ce dernier ouvrage aux yeux des gens du moyen âge, et c’est ce qui constitue pour nous sa véritable originalité ». G. Robert, Les écoles et l’enseignement de la théologie pendant la première moitié du JlW siècle, p. 101.

.Malheureusement il est confus ou inexact sur la définition et le canon des Écritures. Si, dans le De Scripturis, c. I, P. L., t. ci.xxv, col. 10, il dit fort bien : Sala ( utem illa Scriptura jure divina appellatur quae Spirilum Dei aspirala est et per eos qui Spiritn Dei loculi sunt adminislrata, si, dduaV Erudido didascaliea, 1. 1 V, c. t, P. L., t. CLXxvi, col. 778, il dit encore : Scripturse divinse sunt quas, a catholicæ fidei cultcribus éditas, cuctoritas iiniversalis Ecclesiæ adejusdem fidei corroborationem in numéro divinorum computandas recepit et legendas retinuit, ce qui est excellent, Hugues a de= paroles fâcheuses d’où il résulterait que le caractère de divinité est conféré et non reconnu seulement par l'Église, c. I, col. 778 : Sunt præterea alla quamplurima opuscula a religiosis viris et sapientibus diversis temporibus conscripta quæ, licet auctoritate universalis Ecclesia ; probata non sinl, tctmen, quia a fuie catholica non discrepantet rjonnulla etiam uiilia docenl, inter divina computnntur eloquin. Conformément à cette théorie, Hugues divise l'Écriture en deux Testaments, distingués l’un et l’autre en trois ordres : Vêtus Testament tum continet legem, prophetas, agiographos ; Novum culem, Evangelium, apostolos. Patres. De Scripturis, c. VI, col. 1 5 ; Eruditio didascaliea, t. IV, c. ii, col. 778. Éclaircissant ce mot final, il ajoute, col. 779 : In tertio ordine primum habent locum d< ; cretalia, quos (sic) canones id est régulas appcllamus, deinde sanctorum Patrum et doctorum scripta, Hieronymi, Augustini, Gregoiii, Ambrosii, Isidori, Origenis, Bedæ, et aliorum multorum orthocloxorum, quie tara inflnita sunt ut numerari non possint. Cf. c. xi-xiv, col. 785-787, et le Spéculum de nvjsteriis Ecclesiæ, d’inspiration hugolienne, c. viii, P. L., t. ci.xxvii, col. 374. C’est élargir d’une façon malencontreuse la définition de l'Écriture. Westcott, On the canon of New Testament, Londres, 1866, p. 518-519 ; Ch. Trochon, Essai sur l’histoire de la Bible dans la France chiéiiennc au moijen âge, Paris, 1878, p. 28-31. Sans doute, en fait, Hugues fait la différence entre la valeur divine de l'Écriture et celle des ouvrages des Pères ; la défaillance en est atténuée, mais non suffisamment corrigée. Dans le De Scripturis, c. vi, col. 1(", le passage que nous venons de citer se continue ainsi : Bedæ, et aliorum doctorum, quæ infmita sunt. Hac lamen scripta Patrum in textu divine rum Scriplurarum non computantur. On croirait d’abord que Hugues amende son langage. Point du tout : à l’instar de beaucoup de ses contemporains et de ses prédécesseurs, voir t. H. col. 1576-1582, Hugues ne met pas sur le même plan les écrits canoniques et les deutérocanoniques de l’Ancien Testament ; comme les deutérocanoniques ne sont pas au canon, mais sont lus et servent de commentaire à l’Ancien Testament, ainsi les écrits des Pères in corpore textus non computantur quia non aliud adjiciunl, sed idipsum quod in supradictis continetur explanando et latius mani-