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HUGUES DE SAINT-VICTOR


gite est antérieur à 1137. Le De arca Noe mnslica, l)Ostérieur an De Iribiis diebus et au De arca Noe morali, et antérieur au De. vunikUe mnndi, a été écrit entre 1124 et 1130. Le De sacramciUis, qui fut précédé par les InslituUones in Decalogiim, le De qtiinquc septenis et la Chronique, n’est pas anlérieur à 1133. Si l’on voyait, avec J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du XIIe siècle, p. 11, 5, n. 4 ; cf. Revue d’histoire eccléiidsliqnc, Louvain, 1909, t. x, p. 723, n. 4. « dans les parties de la fin du traité, la preuve que Hugues na pu leur donner la dernière main, » on conclurait que le De sacramentis, écrit entre 1133 et 1141, a été achevé vers la dernière plutôt que vers la nremière de ees d.iles. IV. LA SUMilA. SEXTEXTI.inUM. — 1° Étal de la

que lin. — Parmi les écris publiés sius le nom de Hugues, un des plus importants est a coup sur la Summa sententiarum, vraie somme de théolo^'ie. plus brève nue le De sacramentis, mais très substantielle. L’eschatologie manque, ainsi que les traités de l’ordre et du mariage. Certains manuscrits oflrent ces derniers traités, empruntant celui de l’ordre à Yves de Chartres, De excellentia sacrorum ordinum et de lila ordinundorum, P. L., t. clxii, col. 513-519, et celui du mariage à Gautier de Mortagiie ; le texte de Gautier de Mortagne est reproduit dans l'édition de la Summa sententiarum, P. L., t. clxxvi, col. 153174. Cf. G. Robert, Les écoles et l’enseignement de la théologie pendant la première moitié du XIIe siècle, p. 226 ; M. Grabmann, Die Geschichte der scholastischen Me^/io^c, Fribourg-en-Brisgau, 1911, t. a, p. 300, u. 1 ; J. de Ghellinck, Le mouvement thénlnqique du XIIe siècle, p. 118.

En 1708, dans son édition d’Hildebert de Lavardin, dom Beaugendre attribua à Hildebert un Tractatus theologicus, qu’il mettait eu tête des sommes de théologie médiévales. P. L., t. clxxi, col. 1065-1069. Il ne s'était pas rendu compte que le Tractatus theologicus était tout bonnement une partie uotable de la Summa sententiarum (1. I-IV, c. iii), connue et publiée dès longtemps. Mercier, Mémoires de Trévoux, avril 1766, p. 865-868, releva la méprise, ce qui n’a pas empêché J.-J. Bourassé de rééditer le Tractatus sous le nom d’Hiklebert. P. L., t. ci-xxi, col. 1067-1150 ; cf. col. 33-34. Voir t. vi, col. 2467.

Naguère, A. Mignon, Revue des sciences ecclésiastiques, Arras, 1890, 7° série, t. ii, p. 514-547, émit l’idée que la Summa serait de Pierre Lombard. La comparant aux Sententix de celui-ci, il tut frapjié des similitudes de fond et de forme qui existent entre les deux ouvrages. A constater que la Summa a passé presque tout entière dans l'œuvre de Pierre Lombard, pour ne pas accuser l’illustre maître de plagiat, il crut que Somme et Sentences avaient Pierre Lombard pour auteur, que les Sentences furent comme une deuxième édition, revue et complétée, de la Somme. Une étude plus approfondie des œuvres de Hugues l’amena à modifier ce sentiuænt. L'étroite ressemblance qui l’avait frappé entre les Sentences et la Somme lui apparut pareillement, et plus encore, entre la Summa sententiarum et le De sacramentis, qui est certainement de Hugues. Il faut en prendre son parti, en toute hypothèse Pierre Lombard a mis à contribution le victorin dans une large mesure. Du reste, les mœurs du moyen âge comportaient ces emprunts que nous qualifions de fraude et qui étaient tenus pour légitimes. Renonçant à donner à Pierre Lombard la paternité de la Summa sententiarum, A. Mignon, Les origines de la scolastique, t. ii, p. 32, admet que « cet ouvrage est bien de Hugues de Saint-Victor »,

A la suite d’E. Portalié, voir t. i, col. 54, G. Robert, Les écoles et l’enseignement de la théologie pendant la première moitié du xiie siècle, p. 236, incline à ajouter foi aux manuscrits qui attribiient la Summa à un

certain maitre Odon ou Othon, et est impressionné par cette mention de l’un d’eux : Sententie magistri Otlonis ex diclis magistri Hugonis. i Ce serait alors ce maître Othon qui aurait tiré du Dc sacramentis, et aussi sans doute d’autres écrits de Hugues de Saint-Victor, la Summa sententiarum : mais il l’aurait fait d’une manière assez personnelle. > Cf. A. Tanquerey, Siinopsistheolo{jiœdogmaticxspecialis, édi.., Rome, 1913, t. i, p. 20. L’hypothèse serait séduisante ; mais les manuscrits qui nomment Othon sont peu nombreux, et le plus ancien n’est c|ue du xive siècle. Cf. M. Gral>mann, Die Geschichte der scholastischen Metliode, Fribourg-en-Brisgau, 1911, t. ii, p. 295.

Il n’y a donc à songer ni à Hildebert, ni à Pierre Lombard, ni, pensons-nous, à maître Othon. Quant à l’attribution de la Summa à Hugues, elle a été fortement ébranlée. H. Denifle, Archiv fur Litleraturund Kircliengesehichte des Miltelalters, Berhn, 1887. t. III, p. 634-640, conclut, de l’anonymat des manuscrits et d’un te> : te inédit de Robert de Melun, qu’il y avait heu de douter de la paternité de Hugues, déclarant, du reste, que cette conclusion avait besoin d'être confirmée. E. Portalié, dans ce Dictionnaire, t. I, col. 53-54, alla plus loin : entre le De sacramentis et la Summa sententiarum il signala des différences doctrinales qui lui parurent transformer le doute de Denifle en certitude. La thèse de Portalié a fait époque. < Aujourd’hui l’attribution des Sentences à Hugues n’est plus possible, » disait J. Tunnel, Revue d’histoire et de littérature religieuses, Paris, 1900, t. v, p. 405, n. 3. Voir aussi M. de Wulf, Histoire de la philosophie médiévale, 2^ édit., Louvain, 1905, p. 212 ; J. Rivière, Le dogme de la rédemption, Paris, 1905, p. 342-343 ; P. Pourrat, La théologie sacramentaire, Paris, 1907, p. xi, 37, n. 2 ; L. Capéran, Le problème du salut des infidèles, Paris, 1912, p. 178. Non seulement, pour dénier à Hugues la paternité de la Somme, on s’est référé aux conclusions d’E. PortaUé, mais on a encore complété et renforcé ses arguments. Voir B. Geyer, Die Sententiæ divlnitatis, ein Sentenzenbuch der gilbertschen Schule, ÏSIunster, 1909, p. 56-57 ; G. Robert, Les écoles et l’enseignement de la théologie pendant la première moitié du xile siècle, p. 212237 ; F. AnJers, dans Der KathoUt^, Mayence, 1909, t. II, p. 99-117 ; P. Clayes Bouiiacrt. dans la Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, 1909, t. x, p. 278-289, 710-719 ; J. de Ghellinck, Le mouvement théologique du xiio siècle, p. 119-120.

Cependant Hugues a continué d’avoir ses partisans, lesquels ont fait valoir des arguments nouveaux. H. Denifle, ultérieurement à son article de V Archiv, a cité la Summa sous lenomde Hugues, Luther et le luthéranisme, trad. J. Paquier, Paris, 1911, t. ii, p. 70, n. 2, p. 90, n. 4. J. Turmel, Revue d’histoire et de littérature religieuses, Paris, 1902, t. vii, p. 518-519, note, a changé d’opinion et admis que la Summa est de Hugues et qu’elle a précédé le De sacramentis, adoptant, sur ce double point, les conclusions dc A. M. Gietl, Die Sentenzen Rolands, nachmals Papstes Alexander IH, Fribourg-en-Brisgau, 1891, p. xxxivXL, et de P. Fournier, dans les Annales de l’université de Grenoble, Grenoble, 1898, t. x, p. 171-181. Voir encore, dans le même sens, P. Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Moyen âge, t. i, p. 9-10 ; E. Kaiser, Pierre Abélard critique, Fribourg (Suisse), 1901, p. 267-286 ; H. Ostler. Die Psychologie des Hugo von St. Viktor, Munster, 1906, p. 7, n. 5 ; P. Fournier, Études sur Joachim de Flore et ses doctrines, Paris, 1909, p. 70-71, note ; P. Mandonnet, dans le Bulletin critique, Paris, 1901. 2° série, t. vii, p. 70 ; T. Heitz, Essai historique sur les rapports entre la philosophie et la foi, de Bérenger de Tours à S. Thomas d’Aquin, Paris, 1909, p. 75, n. 4.