Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée
235
236
HUGUES DE SAINT-CHER


n réalisa ainsi la pieinière Concordance verbale de la Bible. Les mots, ranges selon l’ordre alphabétique, n'étaient écrits qu’une seule fois et servaient de titre. Au-dessous étaient indiqués en abrégé le livre, le chapitre et la partie du chapitre où ces mots étaient employés. La division en chapitres et les subdivisions en sept parties à peu près égales dont nous avons parlé plus haut, servaient à cette fin. Ainsi Aaa, Jer., I, b ; XIV, d ; Ezech., iv, 1' ; Joël, i, f ; Unigenilus, Gen., XII, a, d, f ; Prov., iv, a ; Jer., vi, g ; Amos, viii, f. Ordinairement, les mots étaient isolés et formaient chacun un article. Cependant, pour faciliter les recherches dans la Bible, deux mots présentant un sens particulier étaient parfois réunis : ainsi Tempus natiuitatis, Tempus seneclulis, etc. ; Terra Juda, Terra aliéna, etc. ; Velal arena, Velut somnium, Velut nubes, etc. Les mots indéclinables n’y avaient pas tous leur place ; on y trouvait toutefois olim, quasi, sicut, propter, absque, etc. Le P. Echard, Scriptores onlinis prsedicatorum, t. i, p. 203, signalait différents manuscrits qu’il connaissait. Ces Concordances n’ont jamais été imprimées, parce qu’elles avaient été remplacées par d’autres, plus complètes et plus utiles, qui ont eu les honneurs de l’impression.

Elles étaient, en efïet, imparfaites, et les références ne permettaient pas de trouver au premier regard le texte que l’on cherchait. Ainsi, pour savoir dans quel livre de la Bible se lisait cette phrase, par exemple : Quoniam sicut vacca lasciviens declinavil, la concordance au mot vacca ne suffisait pas ; elle obligeait à recourir successivement à tous les livres bibliques où ce mot était usité, avant d’arriver à Osée, IV, où se trouve la phrase cherchée. Il était donc utile de fournir aux chercheurs un moyen plus expéditif d’aboutir. Les dominicains du couvent de Saint-Jacques à Paris s’y employèrent, vraisemblablement à l’instigation de Hugues de Saint-Cher. Dans ce dessein, ils joignirent aux indications des livres, des chapitres et des subdivisions de chapitres, les phrases où chaque mot était employé. Ainsi, pour reprendre le premier exemple Aaa, la nouvelle Concordance se présenta sous cette forme :

Aaa

Jer., i, b. Aaa, domine Deus, ecce nescio loqui, quia puer ergo sum.

Jer., XIV, d. Aaa, domine Deus, prophétie dicunt eis : Non videbitls gladium et famés in vobis non erit.

Ezech., iv, 1. Aaa, domine Deus, anima mea non est poUuta.

Joël, 1, i. Aaa diei, quia prope est dies Domini.

Ces grandes Concordances, Concordaniiae majores, furent achevées vers 1250. Elles avaient été faites par trois dominicains anglais, ce qui leur fit donner le nom de Concordaniiae anjZ/canêe. Elles furent imprimées à Nuremberg en 1485, sous le titre de Concordanlise magnæ.

Aux xive et XVe siècles, d’autres dominicains modifièrent encore les premières Concordances bibliques, soit en abrégeant la longueur des phrases citées, soit en y ajoutant toutes les particules indéclinables. Ces nouvelles formes ne rentreraient pas dans notre sujet, si les imprimeurs, en les publiant, n’avaient inséré dans le titre le nom de Hugues de Saint-Cher, faisant ainsi à l’initiateur de ce genre d’ouvrages l’honneur de tous les développements qu’avait pris son œuvre primitive. Pour plus de détails, voir Echard, op. cit., .t. I, p. 203-209 ; Daunou, dans VHisloire lilléraire de la France, t. xix, p. 43-47 ; mon article Concordances de la Bible, dans le Dictionnaire de la Bible de M. Vigouroux, t. ii, col. 895 sq. ; le Catalogue des ouvrages imprimés de la Bibliothèque nationale, au mot Hugues de Saint-Cher.

4. Postules.

Bachelier biblique en 1230, Hugues eut à lire la Bible à ses élèves. Chargé de cet ensei gnement pendant une année seulement, il ne put expliquer qu’une faible partie de l'Écriture sainte. Il prit goût à cette interprétation, qui formait alors la première base de la théologie et, au rapport de ses historiens, il travailla durant toute sa vie à l'étude et au commentaire des Livres saints. Cette application continuelle aboutit à lui faire expliquer, sous forme de Postules, selon la méthode du temps, tous les livres de la sainte Écriture, depuis la Genèse jusqu'à l’Apocalypse, secundum quadruplicem sensum, historicum, allegoricum, moralem et anagogicum. Les trois premiers sens sont régulièrement donnés sur chaque péricope biblique ; le sens anagogique ne vient qu'à l’occasion. Le nom de Postille convient au genre adopté, qui consiste à faire suivre chaque mot du texte de quelques notes courtes et précises. Tous les livres de la Bible n’ont pas reçu les mêmes développements. Si, par exemple, le commentaire du Pentateuque est très développé, celui des livres historiques, qui suivent jusqu’au livre de Job, l’est beaucoup moins. Les prophètes, petits et grands, les Évangiles, les Épîtres de saint Paul et les Épîtres canoniques ont reçu aussi de plus longues explications.

Echard signalait quelques manuscrits et quelques éditions du xvie siècle. Il y a eu un grand nombre d'éditions des Postules d’Hugues de Saint-Cher. Beaucoup sont des incunables. 'Voir les n. 8972-8975 de Hain, Repertorium bibliographicum, 1831, t. ii a ; Copinger, Supplément to Hain’s Repertorium bibliographicum, Londres, 1895, part. I, p. 268 ; Græsse, Trésor des livres rares et précieux, Dresde et Londres, 1867, t. ui, p. 385. On en trouvera d’autres dans le Catalogue des livres imprimés de la Bibliothèque nationale de Paris, à l’article Hugues de Saint-Cher. Les éditions complètes forment cinq parties en 6 ou 8 in-fol. Le t. i «  s'étend de la Genèse au livre de Job ; le ii= est pour le Psautier seul ; le me contient Isaïe, les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique et la Sagesse, ou les Prophètes ; le iv », les quatre Évangiles ; le v », les Épîtres de saint Paul, les Actes, les Épîtres catholiques et l’Apocalypse ; le dernier contient l’Index des matières des cinq ou sept premiers volumes. La Postula super Psalteriuni, imprimée à Venise, en 1491. était attribuée à Alexandre de Halès. La vogue des Postules a duré longtemps et des éditions complètes ont été publiées encore au xvie et au xvii » siècle. Aujourd’hui, on ne les consulte plus. Léopold Delisle signale, d’après le catalogue de la bibliothèque de la Sorbonne. de 1338, un manuscrit de la Postilla super historias domini Hugonis cardinalis, ex legato magisiri Guerondi de Abbatisvilla. La clef des manuscrits de la Bibliothèque nationale, Paris, 1884, t. iii, p. 23.

Quoique Hugues de Saint-Cher note parfois, dans ses Postules, des manuscrits corrects qui ont un texte différent de celui qu’il commente, ainsi, Prov., xxx. 19, d’après Luc de Bruges, Notationes in sacra Biblia. p. 193, il ne se préoccupe pas, d’ordinaire, de la critique du texte. Bien plus, le texte qu’il explique n’est pas celui de son correctoire. Il contient les mauvaises leçons que le correctoire rejette en partie. C’est au moins ce qui apparaît pour les Postilles du livre des Proverbes. Le commentaire biblique a donc précédé le correctoire, et c’est un argument de plus pour reporter le correctoire à une date relativement tardive de la vie du cardinal de Sainte-Sabine.

Aux commentaires bibliques de Hugues de Saint-Cher on peut joindre les courtes explications de l’Histoire scolastique de Pierre le Mangeur, que mentionne le Père Echard.

Sermons.

 Les sermons de Hugues de SaintCher doivent être rapprochés aussi de ses ouvrages

sur l'Écriture sainte, car ce sont des homélies sur