Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée
231
232
HIGIKS DK SAINT-CHKR


manuscrits d’après les anciens, en sui)priniant les leçons récentes cjui, pur la faute des copistes, avaient pénétré dans le texte, empruntées qu’elles étaient aux gloses et aux postilles des conunentateurs. Il voulait aussi retrancher les altérations qu’avaient produites des correcteurs maladroits, et le faire, non de son autorité personnelle, mais d’après celle des anciens.

(l. Sa méthode a consisté à noter très brièvement les leçons douteuses et les additions à supprimer. Ainsi, pour le texte des livres de l’Ancien Testament qui sont au canon juif, il plaçait au-dessus d’un mot, d’une syllabe, ou entre deux mots, un point rouge qui indiquait que ces mots étaient approuvés par beaucoup de commentateurs et par les anciens manuscrits et se lisaient dans le texte hébreu. Si un mot ou une ligne entière étaient soulignés par un trait rouge, ce trait indiquait que les termes soulignés ne se trouvaient ni chez les commentateurs ni dans les manuscrits anciens, et l’omission était d’autant plus certaine lorsqu’un point rouge superposé marquait que les termes n'étaient pas dans le texte hébreu. Dans les livres de la Sagesse et de l’Ecclésiastique, que seul Raban Maur a expliqués, le point rouge superposé indiquait que Raban approuvait le mot ainsi noté. Pour les livres des Machabées, les parties deutérocanoniques de Daniel et le Nouveau Testament tout entier, le point rouge en haut signifiait que les grecs admettaient les mots ponctués. Cependant Hugues avait laissé dans le texte sans les souligner des termes qui se lisaient dans les manuscrits les plus anciens et dans les cor. ;  : nentaires, bien qu’ils aient été empruntés à diverses versions.

Cette introduction, évidemment écrite pour une bible complète, dans laquelle les mots ou les lignes étaient marqués d’un point rouge ou soulignés d’un trait rouge, ne rend pas compte de toutes les particularités du correctoire. Le ms. 2~40 de la Bibliothèque nationale en donne seul la suite, qui indique la signification des lettres différentes qui étaient inscrites en rouge au-dessus du texte : h désignait le texte hébreu, a, les anciens (manuscrits), J, saint Jérôme, R, Raban, G, le grec, iii, les modernes (manuscrits). I^arfois, ces lettres étaient répétées à l’encre noire dans la note marginale. Les noms des saints étaient indiqués parfois ; Aug., Gre., Be., Isid., Aimo, Origenis, etc., ou ceux des versions : LXX, Theodocio, Syma(chus). G ou G' signifiait le texte grec, GG, les grecs. Les points placés entre deux mots, comme pour les séparer, séparaient les versets ou marquaient une interrogation. Lîne lettre placée audessus d’un point indiquait une diversité dans la ponctuation. Des lettres inscrites sans point entre deux mots signifiaient que, selon le témoignage de ceux que ces lettres désignaient, il ne fallait rien intercaler entre ces deux mots. Parfois, il y avait deux choses indiquées sur des syllabes, un mot ou une phrase : si les syllabes, le mot ou la phrase étaient en même temps soulignés à l’encre rouge, cela signifiait qu’au témoignage de ceux dont les lettres indicatives étaient jointes, les parties soulignées n’appartenaient pas au texte, quoique d’autres, inscrits audessus, les aient acceptées. En face d’un passage souligné en rouge, qui devait être omis, on l’avait répété à la marge en le soulignant à l’encre noire pour signifier que les postilles de ceux dont les noms étaient indiqués contenaient ce passage ; ce n'était donc pas un indice d’approbation ni de désapprobation. Parfois enfin on notait qu’un mot était au singulier ou au pluriel : par exemple, an us en saint Jérôme et annos dans l’hébreu.

c) Le miinuscrit original et les résumés. — L’introduction rend compte de la disposition du manuscrit

original. Les points, les mots et phrases soulignés étaient dans le texte et ils étaient accompagnés des lettres, dont la signification est donnée dans l’introduction. Seules, quelques notules étaient inscrites à la marge. Qu’ont fait les copistes des résumés qui nous sont parvenus ? Ils ont transcrit les mots et les passages notés ou soulignés à l’encre rouge avec leurs signes explicatifs, et les notes marginales écrites à l’encre noire. Ils ont ainsi reproduit toute la substance du travail critique opéré par Hugues de SaintCher et ses collaborateurs, mais avec beaucoup de négligence. Cependant, lorscjue certains passages, qui contenaient des listes de noms propres, avaient exigé un trop grand nombre de corrections orthographiques, les copistes des résumés ont omis de transcrire ces annotations moins iinportantes et ont renvoyé leurs lecteurs à la bible originale, où les corrections étaient plus complètes ; autrement ils auraient dû, remarquent-ils, transcrire le texte entier. Ainsi en est-il, dans le manuscrit 2 ; j3 de la bibliothèque Vaticane à partir du c. xii du livre de Josué jusqu’au c. xxii. Au début du le' livre des Paralipomènes, le scribe note encore : Quoniam infinita sunt in hoc libro nomina hominum et locorum, que melius in lexlu conlinuo corrirjuntur, quedam iamen hic ponimus. Les autres copistes font de même ; ils transcrivent peutêtre tous un même type de résumé'. Le correctoire du Illf livre d’Esdras n’a pas été poussé jusqu’au terme ; l’auteur a reculé devant la longue liste des noms propres et des chiffres : Nomina et numéros omnium qui sequuntur in hoc libro non ponimus ut a studiosioribus melius corrigantur. ]Is. 3218 de la Bibliothèque nationale de Paris, fol. 160-16L

Nous ne pouvons donner ici qu’un aperçu sommaire de ces résumés et du correctoire lui-même. Le Psautier n’a pas de correctoire. Le ms. 3218 a le correctoire du III'- livre d’Esdras. Les Livres saints sont inégalement corrigés : les premiers livres de l’Ancien Testament ont donné lieu à un plus grand nombre de notes et de remarques. A partir du IVe livre des Rois, leur nombre diminue, et le Nouveau Testament est en général peu corrigé. Pour donner une idée du travail critique, nous transcrivons, sans tenir compte des abréviations, le début de la Genèse, tel qu’il est dans les résumés.

In principio..quila transtulit : in capitulo primo. Et ténèbre erani (avec un point rouge sure et un trait rouge sous le mot, trait qui signifie que le mot souligné n’est pas dans l’iiébreu) super taciem abyssi. Et splritus Dei ferebatur, Hebrcus liabetvai ruha elohim. id est, et spiritus Dei. Si esset in textu Spiritus Domini. hebreus Iiaberet ruha adonaï. llistoria [de Pierre Comestor] etiam dicit et helireus quod usqucquo lionio crcatus est, Deus non est appeifatus Dominas sed Deus et lioc liabent antiqui. Ms. 3218, fof. 137 r », col. 1.

Hugues de Saint-Cher indique les différences qui existent entre le texte hébreu et la Vulgate ; il cite aussi les versions anciennes, quelquefois la syriaque, plus souvent les Septante, Aquila, Synimaque et Théodotion. La transcription des mots hébreux montre qu’il connaissait cette langue, ou qu’un de ses collaborateurs la connaissait. Dans le Nouveau Testament, il recourt aussi au texte grec. Son érudition patristique était assez étendue ; il cite aussi des auteurs récents : Raban Maur, André de Saint-Victor, Remy (d’Auxerre), Etienne Langton. Le P. Vercellone a publié toutes les annotations des premiers livres de l’Ancien Testament, de la Genèse aux quatre livres des Rois d’après le Vaiicanus 293, sous la lettre M, dans Variæ lectiones Vulgatæ latinse Bibliorum editionis, 2 in-4 », Rome, 1860, 1864, et le Père Denifle, le correctoire des Proverbes, dans Archiv, t. iv, p. 546-552. Des fragments avaient été