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HUGUES DE SAINT-CHER


le chapitre général de 1256 désapprouva. Les frères prêcheurs qui eu furent les auteurs habitaient le couvent de Sens. Hugues de Saint-Cher n’avait fait que les charger de cette entreprise.

Le correctoire dont il fut l’auteur en est bien différent. — a) Ses manuscrits. — Le manuscrit de la Bible sur lequel il a exécuté lui-même ou a fait exécuter la correction du texte de la Bible latine, ne nous est pas parvenu. Son correctoire, en effet, n’est pas, comme on l’a souvent dit depuis Echard, celui de la célèbre bible des Jacobins de Paris, Bibliothèque nationale de Paris, ms. lat. 16719-16722, œuvre des frères prêcheurs du couvent de Saint-Jacques. Nous ne le connaissons que par des résumés, qui reproduisent seulement, plus ou moins fidèlement, les notes marginales du manuscrit original. Le Père Denifle en avait retrouvé huit, qui contiennent le texte entier des corrections, et deux qui, au correctoire de Guillaume de Mara sur les livres protocanoniques de l’Ancien Testament, joignent celui de Hugues de Saint-Cher sur les deutérocanoniques de l’ancienne alliance. Les huit manuscrits du texte complet sont le Vaticanus 293, du xive siècle, le ms. lat. 3218 de la Bibliothèque nationale de Paris, du xiiis le ms. 94 de la bibliothèque de l’Arsenal à Paris, aussi du xiiie siècle celui de la bibUothèque de l’université de Turin, I.r.2, du xiiie siècle, celui qui, à la bibliothèque de la ville de Nuremberg, est côté Cent. I, 47, fol. 110-126, de la fin du xive siècle, un sixième est à la bibliothèque de l’université de Leipzig, n. 105, de la seconde moitié du xiiie siècle, le septième appartient à l’hospice de Cues à Bcrnkestel sur la iMoselle, n. 12, et il est daté de 1446, le Imitième enfin se trouve à la bibliothèque impériale de Vienne, ms. lat. 1217, daté de 1434. Les deux manuscrits qui n’ont que le correctoire des deutérocanoniques de l’Ancien Testament, sont le Vaticanus, lat. 3466, du xiiie siècle, et le ms. de la bibliothèque Laurentienne à Florence, Plut. XXV, sin. cod. 4, du xiii » siècle. H. Denific, Die Handschriften der Bibel-Correctorien des 13. Jalirliunderts, dans Archiv fur Lilcralur— und Kirchengesciiichle des Mitielalters, 1888, t. iv, p. 264, 265. Grâce aux notes manuscrites que Paulin Martin a recueillies sur les correctoires de la Bible et qui sont conservées à la bibliothèque de l’Institut catholique de Paris, nous pouvons ajouter deux autres manuscrits, qui contiennent seulement une partie du correctoire : le ms de la bibUothèque Laurentienne de Florence, Plut. XXIX, sin. cod. 4, fol. 1476-156, qui est de la fin du xiv » siècle et dont le texte s’arrête au c. xxi du Ile livre des Paralipomèncs, et le ms. lat. 2740 de la Bibliothèque nationale de Paris, qui est du xive siècle et qui reproduit seul le texte intégral de l’introduction de Hugues de Saint-Cher avec quelques extraits seulement du correctoire, fol. 31-36.

Ces manuscrits ne reproduisent pas tous parfaitement le texte du correctoire. Le P. Denifle a établi la valeur respective des principaux. Loc. cit., p. 546. note 2. Il a pris pour base de son édition des Proverbes le ms. 3218 de la Bibliothèque nationale, dont le Vaticanus 293 et le ms. de Turin s’écartent à peine. Par contre, le ms. de l’Arsenal et ceux de Leipzig, de Nuremberg et de Cues ont été copiés avec beau : oup de négligence et contiennent beaucoup de fautes ! t des additions. Le ms. 1217 de Vienne, bien que )lus récent, est plus complet ; son texte a été corrigé, ndirectement au moins, sur la bible originale de Hugues de Saint-Cher.

b) Son introduction. — i : ile est copiée, au moins )artiellement, dans tous les manuscrits précités et eule dans d’autres manuscrits : D. V. 32, à la bibliohèque royale de l’université de Turin, 120 de Flordire et NI de Venise. Elle a été éditée par Dœder lein, Lilerarisches Muséum, Altorf, 1777, 1. 1, p. 20-21, d’après le ms. de Nuremberg, et par le P. Denifle, Archiv, t. iv. p. 293-294. Le ms. 2740 de la Bibliothèque nationale a un texte plus complet. Cette introduction nous fait connaître le but, les ressources, les principes critiques et la méthode de l’auteur.

a. Son but était d’appuyer fortement sur le fondement de la vérité tous les mots du texte sacré de l’Écriture entière, pour que les études théologiques fussent bâties avec plus de sécurité sur un texte plus certain de la lettre. Le P. Denifle a démontré très pertinemment que laBible était, au xiiie siècle, à l’université de Paris, le texte de la faculté de théologie, que le bachelier lisait et expliquait à ses élèves, avant qu’ils abordassent, aux leçons du maître, le livre des Sentences. Revue thomiste, mai 1894. p. 149-161, Hugues de Saint-Cher. comme bachelier, avait commenté la Bible, et ce fut, nous le verrons, le point de départ de ses Postilles. Il savait donc, par l’expérience de l’enseignement, que la Bible était la base de la théologie. Ses prédécesseurs l’avaient compris comme lui. Or, vers 1226, au rapport de Roger Bacon, ils avaient constitué un texte que ce célèbre franciscain nomme le lextus J’arisius et qu’il déclare « horriblement corrompu ». Voir t. ii, col. 23-24. Il paraît bien que les théologiens ne firent pas eux-mêmes une recension du texte biblique ; ils choisirent seulement une de ces mauvaises bibles qui avaient cours de leur temps, qui était plus complète que les autres en raison de ses additions, et qu’ils préférèrent peut-être pour ses’iterpolations ; ils la livrèrent aux libraires et stationn aires, qui étaient nombreux autour des écoles et qui en multiplièrent les copies. La nouvelle Bible, qui contenait la division en chapitres d’Etienne Langton, se répandit parmi les étudiants. Les baccalaurei biblici la commentèrent d’abord sans remarquer la mauvaise qualité de son texte. Comme les copistes corrigeaient arbitrairement le texte qu’ils transcrivaient et augmentaient la confusion, les professeurs finirent par s’en préoccuper, et ils se proposèrent de le corriger, surtout dans les deux ordres religieux des dominicains et des franciscains. Tels furent le point de départ et la raison d’être des correctoires bibliques. Hugues de Saint-Cher, ancien baccalaureus biblicus, fut un de ceux qui, dans l’ordre de saint Dominique, entreprit de rendre au texte biblique, qui était à la base de l’enseignement théologique, une certitude plus grande par l’examen de chacun des mots de la lettre sacrée. Il avait eu, dans son ordre, des précurseurs, par exemple, les auteurs de la correctio Senonenis ; il eut des émules, les correcteurs de la bible des Jacobins. Son but était d’expurger de toute faute le texte sacré qu’expliquaient les théologiens. Il n’avait donc que très indirectement en vue les discussions théologiques soit avec les juifs soit avec les grecs, que lui attribue le P. Mortier, op. cit., t. I, p. 366-367. Il n’était pas allé à Constantinople. faire une tentative d’union entre les Églises grecque et romaine, et il n’envisage pas la controverse juive.

b. Ses ressources, il les énuinère : ce sont, .suivant l’ordre de son énumération, les gloses de saint.Jérôme et des autres docteurs, les livres des Hébreux, c’està dire la Bible hébraïque, les 1res anciens manuscrits de la Vulgate latine, dont quelques-uns même avaient été transcrits avant l’époque de Cliaricmagne.

c. Ses principes critiques étaient de comparer ces documents anciens avec les bibles nouvelles qui divergeaient entre elles et de noter brièvemenl. par cette comparaison, ce qui dans les manuscrits récents lui paraissait douteux et superflu en raison mfime de la diversité des leçons. Ainsi, à l’exemple de saint.Jérôme, il voulait corriger 1rs nouveaux