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selon leurs préférences ijersonnelles. Les voiJv ainsi partagées, l'élcclion ne juit avoir lieu ce jour-là. Le lendemain, Hayniond de Pennafort oljlinl, au premier tour de scrulin, l’unanimité des sulTrages. Ce qu’il y a de certain, c’est que Hugues fut un des dél)utés envoyés à Barcelone pour annoncer à Raymond son élection et, au besoin, vaincre ses résistances, liaymond, en effet, mit tout en avant pour refuser la charge, et on attribua son acceptation aux instances de Hugues de Saint-Cher. P. Mortier, Histoire des mailres (jénéraux de l’ordre des frères prêclieiirs, Paris, 1903, t. i, p. 256-258. I.e premier acte que saint Raymond signa à Barcelone, comme niaitre général, fut la ratification d’un contrat passé entre les moines de l’abbaye d’Ainay, d’une part, et, de l’autre, Humbert de Romano, » rieur des frères prêcheurs de Lyon, et Hugues, provincial de France. Danzas, Éludes sur les premiers lemps de l’ordre de Saint-Doininique, Saint Raymond de Pennafort et son époque, Paris, 1885, t. i, p. 302.

En 1240, tandis qu’il faisait la visite du couvent de son ordre à Liège, Hugues fut consulté sur le projet qu’on avait d’honorer le sacrement de l’autel par une fête nouvelle. L’idée avait été émise par sainte Julienne du Monl-Cornillon, mais n’avait pas encore reçu d’exécution. Klle était approuvée par les uns et contredite par d’autres ; Guiard, évêque de Cambrai et ancien chancelier de l’université de Paris, y était favorable. Consulté par les chanoines de l'église Saint-Martin de Liège, Hugues, après un examen sérieux de la question, répondit qu’il lui paraissait fort juste, et utile à l'Église, que l’institution de la sainte eucharistie fût célébrée par une fête particulière et avec solennité. Les raisons qu’il présenta, jointes à la réputation de son savoir théologique, donnèrent du crédit à la proposition, qu’il réalisa plus tard, nous le verrons, comme légat pontifical.

Au chapitre tenu à Bologne en 1240, saint Raymond donna sa démission de maitre général. Hugues de Saint-Cher y assistait, comme provincial de France. Ce fut seulement le 20 mai 1241 que Jean le Teutonique fut élu pour succéder à saint Raymond. Pendant toute l’année de la vacance, l’ordre entier fut gouverné par Hugues de Saint-Cher au titre de vicaire général. Aux soins du gouvernement de sa province et de son ordre, il joignait la continuation de ses travaux scripturaires, dont nous parlerons plus loin.

Le pape Innocent IV, qui connaissait sa science et son habileté administrative, le chargea par des brefs, en date du 13 décembre 1243, du 15 et du 16 avril 1244, de régler trois afl’aires délicates et difficiles. Élie Berger, Les registres d’Innocent IV, Paris, 1884, n. 319, 612, 603, t. i, p. 67, 104, 105 ; Bullarium ordinis prædicatorum, t. i, p. 129, 141. Par une bulle du 2 avril 1244, il le chargea de porter le pallium à l’archevêque de Cantorbéry. Il fit davantage. Le 28 mai 1244, il le créait cardinal-prêtre du titre de SainteSabine. Eubel. Hierarchia catholiea medii wvi, 'i' édit., Munich, 1893, t. i, p. 7. Ce fut le premier cardinal dominicain. Prévenu de son élévation à cette dignité, Hugues s’empressa de rejoindre le pape en Italie. Celui-ci venait en France chercher un refuge. Hugues le rencontra à Suse, ville du Piémont, au mois de novembre. C’est là qu’il aurait reçu les insignes du cardinalat. Après une pénible traversée du Mont-Cenis, par un froid vif, dans les défilés encombrés de neige, le cortège pontifical parvint à Lyon. Peu après, le pape convoqua, le 3 janvier 1245. un concile à Lyon pour la fête de saint Jean-Baptiste, 24 juin. Ce fut le XHIe concile œcuménique. On s’y occupa des affaires des Grecs, de la croisade contre les Turcs et

surtout de la cause de l’empereur Frédéric IL Les. historiens de l’ordre de saint Dominique disent que Hugues de Saint-Cher y joua un grand rôle. Si. en 1233 et 1231, il avait été réellement le chef des quatre nonces apostoliques envoyés à Nicée, il eût pu. en 1245, exercer une grande influence dans les conversations préliminaires avec les envoyés grecs. Malheureusement, les rares documents que nous possédons sur le concile de Lyon ne nous apprennent rien sur l’activité du cardinal Hugues.

Celui-ci. qui avait quitté l’ordre des frères))rOcheurs, fut fréquemment associé aux actes du souverain pontife Innocent IV. Du 23 janvier 1245 au 22 juillet 1254, Potthast a signalé 53 bulles de ce pape que le cardinal de Sainte-Sabine a souscrites. Regesta pontificum romanorum, Berlin. 1875, t. ii p. 1284-1285. Georges Guigue a publié une lettre, datée du 4 juin 1249 et conservée aux archives du Rhône, fonds de Savigny, dans laquelle le cardinal règle la situation des moines bénédictins de l’abbaye de Savigny. que l’archevêque de Ljon, Aymeric, avait excommuniés ; il lève l’excommunication, mais il établit la discipline qui devra être suivie désormais pour obvier aux abus précédents. Une lettre du cardinal Hugues de Saint-Cher (extrait du Bulletin historique et philologique, 1904), Paris, 1905. Le même archiviste et son frère avaient publié déjà une bulle d’Innocent IV, du 21 mars 1251, accordant des indulgences à ceux qui contribueraient à l’achèvement de l'église Saint-Jean de Lyon, et que Hugues avait vidimée, le 4 avril suivant. Le sceau du cardinal, à peu près intact, y est encore appendu. Archives du Rhône, fonds de Saint-Jean. Bibliothèque historique du Lyonnais, Lyon, 1886, t. i, p. 384-386.

Un peu après le concile de Lyon, saint Simon Stock, général des carmes, en un chapitre tenu en Angleterre, fut prié par des religieux de résoudre quelques difficultés que présentait leur règle. Il en référa au jiape Innocent IV, qui chargea Hugues de SaintCher et un autre dominicain d’examiner la règle du Carmel. Les deux commissaires déclarèrent que certains articles devaient être adoucis, parce qu’ils étaient trop austères. Alexandre IV confirma plus tard cette décision, le 3 février 1256, et la règle ainsi adoucie fut dès lors observée par les carmes déchaussés et elle fut remise en vigueur par sainte Thérèse dans sa réforme du Carmel.

En 1247, Hugues s’occupe de l’abbaye de son bourg natal. Il fait conclure l’acte d’union des prieurés de Jailleu, de Saint-Alban, de La Tour-du-Pin et de Crémieu à Saint-Chef. Semaine religieuse du diocèse de Grenoble, 1871-1872, t. iv, p. 568. Il n’oubliait pas non plus sa famille. Deux ans plus tard, le 23 mars 1249, Innocent IV mandait à l’abbé de Sainte-Geneviève de Paris de fournir des revenus à l'écolier Martin, neveu du cardinal Hugues de Saint-Cher. pendant les trois années de ses études. H. Denifle et Et. Châtelain, Chartularium universitatis Parisiensis, t. I, p. 190. Cf. E. Berger, Les registres d’Innocent IV, 1243-1254. Paris. 1887, n. 4590, t. ii, p. 93.

Innocent IV confia au cardinal Hugues une mission très imiiortante. Aj^rès la mort de Frédéric II en 1250. il l’envoya, avant de retourner à Rome, en Allemagne en qualité de légat, afin de soutenir dans cette contrée les droits et les intérêts de l'Église et la candidature de Guillaume de Hollande à l’empire. Le 15 avril 1251, Hugues souscrit encore à Lyon un privilège papal ; le 21 du même mois, il quitte Lyon et se rend en Allemagne avec Henri de Spire. On peut suivre, dans J. F. Bôhmer, J. Ficker et E. Winkelmann, Regesta imperii, Inspruck, 1892, t. v b. p. 1556-1566, les principales étapes de sa légation et les actes qu’il y accomplit et ciu’il serait trop long