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que la (lucsUoii de ridenUlé de l’auleur, ainsi que ceUe de la qualité de chartreux, ont été suflisammcut et dérmilivement résolues.

L’honneur qu’on a fait plusieurs fois à ce traité de l’attribuer à saint JionaveTilure, de dire que ni le style ni la doctrine n'étaienL indignes de ce grand docteur, cf. Puyol, La doctrine du livre De Imitalione Clirisli, Paris, 1898, p. 5C1, de le propager en manuscrits et de le publier en latin et en langue vulgaire sous son nom, démontre clairenient que la Thi’i>lo(jia nujslicu ou le De Iriplici via ad sapimtiam « est le produll d’une haute et ferme intelligence » (cf. l-'uyol, op. cit., p. 558) ou, comme s’exprime le P. Sorio, éditeur de la traducti(m italienne, « c’est un traité de métaphysique chrétienne aussi sublime que solide ». Op. cit., p. 8. Denys le Charti’cux avoue que, par la doctrine de son livre, L’auteur se révèle comme un homme très expérimenté dans la vie spirituelle, doué d’un esprit profond et contemplatif à un haut degré. Cf. De cnntemplutione, t. iii, a. 16, p. 437, du recueil intitulé : Dionysii carliisiani opuscula aliquot qiiæ ad Ihcorium myslicam I gregie instiluiinl, Montreuil-sur-Mer, 1894. Hugues de Balma avait étudié la scolastique. Il se montre habitué à traiter les questions les plus difficiles « avec une vigueur de raisonnement et une abondance de preuves » qui frappent. Cf. Puyol, op. cit., p. 558-562, et Denys le (Chartreux, op. cit., a. 14, 15, p. 426-437. Il connaissait à fond les œuvres du pseudo-Denys, et ses doctrines ont attiré l’attention des grands maîtres de la mystique venus après lui. Cf. Dionysii carlusiani Opéra omnia. Tournai, 1902, t. xvi, p. 492, et Gerson cité plus haut. Il a excellemment défini la théologie mystique et sa définition fait autorité encore aujourd’hui. Cf. Puyol, op. cit., p 448, note 1. Il y a une dizaine d’années, le T. R. P. Frédien Gianorini, des frères mineurs, custode de Terre Sainte, élevé depuis à la dignité archiépiscopale, fit paraître son livre intitulé : Studi sulla scuola francescana, Sienne, 1895, dont le dernier chapitre est consacré à l'étude du mysticisme de saint Bonaventure. Certes, le pieux et savant auteur aurait pu tirer des œuvres mêmes du docteur séraphique la définition du mysticisme et la description générique de ses principaux phénomènes ; il aurait pu aussi consulter les nombreux maîtres de son école avec grand avantage ; mais la précision des termes employés par dom Hugues de Balma pour définir cette science divine est tellement remarquable que le Père, tout en avouant que la Theologin mystica n'était pas une œuvre de saint Bonaventure, néanmoins emprunte à ce traité la définition du mysticisme pour en faire la hase de son étude !

S’il est vrai que Thomas Gallo est le premier écrivain de spiritualité où l’on rencontre l’usage des termes purgatio et illuminalio dans le sens des modernes, cf. Puyol, L’auleur, etc., i" section, Paris, 1899. p. 189, ' note 1, il faut dire que Hugues de Balma a réalisé dans son livre la précision faite par Mgr Puyol dans ces tel mes : « Ce n’est pas encore la formule devenue vulgaire de vie purgative, illuminalive et unitive, mais on pressent qu’elle ne tardera pas à se produire. Ibid. En effet, le titre même de l’ouvrage de Hugues de Balma De Iriplici via ad sapicnliam manifeste l’heureuse distinction qu’il a établie dans la doctrine spirituelle pour bien préciser les mystérieuses ascensions de l'âme vers Dieu. Mais Hugues de Balma a-t-il été le premier écrivain d’un ouvrage méthodique sur les voies intérieures ? Il est diflicile de trancher cette question délicate. C’est au xiiie siècle que les mystiques ont commencé à faire usage de cette distinction fondée sur la nature des choses et déjà indiouée par le pseudoDens. Cf. Puyol, op. cit., p. 189-190 ; Cpeia S. Bonavenlura.Quanicchi.t. u (1885', p. 127, note'2 ; p. 267, note 4. Dom Hugues de Balma est sans conteste un des

Ijremiers écrivains ascétiques où la vie intérieure est légulièrenient décrite selon la formule des troLs voies progressives, purgative, illunnnative et unitive.

Le codex ms. du xiiie siècle conservé à la biblioth.l’que de Trêves et la traduction italienne faite avant 1367 et publiée en 1852 prouvent la grande estime cjue le moyen âge fit de son ouvrage. Le chartreux dom Henri Eger, de Calcar (t M08), dans son Exercilatorium monachalc, reproduisit plusieurs passages de la doctrine de son confrère sur la vie purgative, sans indiquer, selon l’usage de son temps, l’ouvrage où il les avait puisés. Ce silence et l’obscurité qui a si lonfjlemps entouré l’origine de la Theologia mystica ont élé la cause de la fausse opinion qui prétendait que l’opuscule de dom Eger était antérieur au De Iriplici uia. De conlemplalione, t. I, c. xxi, de Denys se trouve également dans l’ouvrage de Hugues de Balma et dans l’opuscule de Eger de Calcar. Mais l’emprunt le plus important que Denys a fait au De Iriplici via, ce sont les industries qu’il propose, t. I, a. 24, pour aider l'âme à s'élever jusqu’au sommet de la contemplation. Les dix industries indiquées sont le résumé exact des huit industries énuméfées par Hugues de Balma, sauf l’ordre de l’exposition qui a été interverti par Denys. Les écrivains mystiques ont souvent cité l’ouvrage de dom Hugues de Baima, l’attribuant tantôt à saint Bonaventure, tantôt au confesseur de sainte Colette, ou à quelque autre religieux franciscain. Nommons le cardinal Bona, le P. Honoré de Sainte-Marie, le P. Scaramelli, le P. Schram.

La Theologia mystica a été publiée parmi les œuvres de saint Bonaventure, à Strasbourg, 1495 ; Venise, 1504, 1564 et 1751 ; à Rome, 1588 ; à Mayence, 1609 ; à Lyon, 1668 ; à Paris, dans le t. vu de l'édition Vives, 1866-1874. L'édition faite en 1534 par les chartreux de Cologne fut réimprimée à Munich, en 1603, in-16. Hugo de Palma, ord. carth., Theologia mystica scu Trivium sacrum quod agit de Iriplici via animée, puryutiva, illuminativd, unitiva. Edidit Franciscus de Monte, in-16, Amsterdam, 1647. Le chartreux Gérard Kalckbrenner, prieur de la maison de Cologne († 1566), dans son Horlulus dcvolionis, inséra VExercilium viæ purgalivse ex libello De Iriplici via Hugonis carlusiani, in-12, Cologne, 1541, 1577 et 1579. Cette publication a fait attribuer tout le recueil Horlulus à dom Hugues de lialma. Cf. Petrejus, Bibliolheca cartusiana, 1609, p. 147, 145 et 103. Une traduction espagnole de la Theologia mystica faite par le P. Jérôme Gratien, carme, fut imprimée à Madrid, en 1607, par l’imprimerie royale. Opère ascetiche di San Bonaventura volgarizzate nel trccento contenute in questo volume : La Teologia mislica, L’Albero delta croce, L’csposizione délia Salve Regina, I.o specchio dclla vita spirituale, La leggenda del B. Santo Franccsco, in-4°, Vérone, 1852. Traduction allemande, in-8°, Amsterdam, 1696.

S. AUTORE.

    1. HUGUES DE BRETEUIL##


3. HUGUES DE BRETEUIL, évêquedeLangres, mort en 1051. Fils de Gilduin, comte de Breteuil, et restaurateur de l’abbaye de ce nom au diocèse de Beauvais, il fut clerc ou chanoine de l'église de CharIres. Au commencement de 1031, le roi Robert le nomma à l'évêché de Langres. Arrivé à lépiscopat, Hugues se laissa aller à tous les désordres, traitant tyranniquement le clergé et les fidèles de son diocèse, lin 1049, le pape Léon IX avait convoqué un concile

i Reims : l'évêque de Langres s’y trouva et fit tout

d’abord déposer l’abbé de Pouthières, convaincu de plusieurs ci’imes. Mais à son tour lui-même fut accusé, et, désespérant de se justifier, prit la fuite et fut excommunié. Après le concile, touché de repentir, il se rendit l)rès du pape auquel il confessa publiquement ses crimes, se soumettant à la pénitence qu’on voudrait lui imnoser. Il suivit Léon IX â Rome et se présenta devant un