Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/116

Cette page n’a pas encore été corrigée

2j ;

HUGUES DE BALM/V

218

(connaissance) d’eniron 70 codices, y compris les Iragments et les traductions, sept italiennes et deux espagnoles. Un bon nombre de ces mss sont anonymes ; trois seulement portent le nom de (saint) Bonaventure, deux portent celui de Jean de Balma (ou des frères prêcheurs, ou (['excellent professeur) ; une quinzaine au moins sont favorables à un chartreux, appelé parfois Henri ou Hugues de Balma. Enfin, il faut aussi noter que jamais, à ce dernier nom, on n’a ajouté la mention qu’il avait été frère mineur. » Grâce à une bienveillante communication des mêmes religieux, nous savons que le P. Fidèle avait noté six traductions italiennes mss : Florence, bibliothèque Laurentienne.n. 19 « de la bibliothèque Leopoldi Biscionianse, sur papier, in-8°, du xiv ; xe siècle ; Udine, bibliothèque de l’archevêché, Q. 26, VI, 2 S, parchemin, in-4°, vers la fin du xive siècle ou au commencement du xv<' ; Gênes, bibliothèque de 1 université. A. III, 30, sur papier, in-4°, xve siècle : Venise, bibliothèque de Saint-Marc, l^ catég., LVIII, sur papier, in-16, xve siècle ; Vérone, bibliothèque de la ville, n. progressif 498-503, sur papier, in-4°, du xiv « -xve siècle ; Naples, bibliothèque nationale, /). 7. £. 29. Enfin, il paraît que la bibliothèque de la ville de Sienne possédait autrefois une autre traduction italienne du xve siècle, indiquée au catalogue par les lettres F. V. 20, petit in-fol., sur papier. En 1852, le P. Barthélémy Sorio, de l’Oratoire, publia à Vérone une traduction italienne de la Theologia mystica avec plusieurs autres opuscules de saint Bonaventure traduits ncl Irccento, c’est-à-dire au xive siècle. La Theologia mystica occupe la première jilace dans le volume et porte ce titre : La Teologia mistica nttribaita a S. Bonaventure gia volgarizzata prima del 1367 da jrate Domenico da Montechiello Gcsualo. Testo di Lingua eitalo dagli Accademici délia Crusca. etc. Dans la dissertation préliminaire, le savant éditeur revendique l’ouvrage pour I chartreux Hugues de Balma. Ainsi, de tous côtés, la critique contemporaine, appuyée par l’autorité des manuscrits et par le texte même de l’ouvrage, exclut tout autre candidat à la paternité de la Theologia mystica et l’attriljue à son véritable auteur, Hugues de Balma, fils de saint Bruno.

Mais à quelle époque et dans quel monastère vivait Hugues de Balma ? Jusqu'à ces derniers temps, on était porté à suivre la conjecture de dom (lliarles Le Couteulx, qui. Annales ord. cartus., an. 1205, t. iir, p. 313, avait cru que Hugues de Balma, chartreux de Meyriat, dans la Bresse, pouvait bien être l’auteur de la Theologia mystica. Cf. Opéra S. Bonaventurx, Quaracchi, t. x, p. 24. Mais si cette conjecture est une réalité pour ce qui regarde le monastère où vécut Hugues de Balma, il n’en est pas de même pour l’auteur de la Theologia mystica. Deux citations faites dans cet ouvrage du commentaire du célèbre Thomas Gallo, abbé de Saint-André de Verceil, sur la Théologie mystique du pseudo-Denys l’Aréopagile, démontrent que le chartreux Hugues de Balma, ancien chevalier et veuf, entré à MejTiat vers l’an 1100 (cf. dom Le Couteulx. op. cit., t. I, p. 215, an. IIIG) et mort vers l’an 1205. ne peut pas être le véritable auteur recherché. En efîet. Thomas Gallo, victorln, fut d’abord prieur de Saintvndré de Verceil, de 1223 à 1226. Au mois de février de cette dernière année 1220, un diplôme de Frédéric 1 1 lui donne déjà le titre d’abbé. En 1243, il vivait encore, et ce n’est qu’en 1246 qu’il eut un successeur en la personne de l’abbé.ufossus, qui gouverna le monastère jusqu’en 1282. Il est donc probablement décédé ver> 1240. Cf. Puyol, L’auteur du livre D. ; Imitationr Christi. etc., p. 106-105. Bien rjue l’on ignore l'époque où Thomas Gallo composa le commentaire, la qualité de commentator Vrrcettensis que lui donne le texte du chartreux prouve que celui-ci ne connaissait pas Tho mas autrement que comme abbé de Verceil. La grande

réputation dont Thomas Gallo jouissait et le titre de magister in Ilierarchia de saint Denys, que lui décernèrent ses contemporains, cf. Puyol, op. cit., p. 176184, étaient la juste récompense de vingt années employées à composer V Extractio super quatuor libros magni Dionysii. Or cet ouvrage paraît avoit été fait à Verceil, où, jusqu’au xvie siècle, on conserva le manuscrit autographe, qui fut ensuite donné au duc de Savoie. Cf. Puyol, op. cit., p. 175. Il en résulte donc que le chartreux Hugues de Balma proposé par dom Le Couteulx comme l’auteur de la Theologia mystica ne pouvait pas, en 1205, citer le commentaire de Thomas Gallo, qui ne fut abbé qu’une vingtaine d’années après. Une autre preuve non moins frappante ressort des deux seuls auteurs récents que Hugues de Balma cite expressément dans son livre, à savoir, Richard de Saint-Victor († 1173) et Thomas Gallo (f vers 1216). Or, au moyen âge, les écrivains empruntaient sans scrupule des textes aux ouvrages de leurs contemporains sans indiquer les sources auxquelles ils avaient puisé leur doctrine, à moins que les citation^ ne fussent empruntées aux Pères et aux docteurs les plus célèbres. Cf. Puyol, op. cit., p. 420-422. En citant ces deux auteurs, Hugues de Balma décèle lui-même l'époque où il écrivait, à savoir, la seconde moitié du xiii'e siècle. Il semble avoir ignoré les œuvres de saint Bonaventure, comme le saint doctexu' paraît ne pas avoir connu son traité. En efîet, Gerson, De elucidatione scholaslica Mysticæ theologiæ, dit que, sur une question fort importante de la vie intérieure : quod amor est absqnc cognitione, saint Bonaventure, dans son Itinerarium, est du même sentiment que Hugues de Bahna dans son De triplici via, et pourtant dans aucun de ces deux traités on ne rencontre le nom de leurs auteurs.

Suivant une étude faite réccnunent par un religieux anonyme de la chartreuse de Parkminster (. gleteire). Hugues de Balma, auteur de la Theologia mystica, est le chartreux Hugues de Dorchiis, de la noble faniille de Balmey ou de Balma, qui, après quelques années de vie religieuse à Meyriat, fut jugé digne d'être prieur de ce monastère vers la fin du xiii<e siècle. Cf. dom Le Couteulx, op. c ; 7., 1. 1, an. 1116, p. 214. Le rapprochement des divers textes de cet historien paraît avoir dissipé tous les doutes sur le nom et sur l'époque où vivait l’auteur de la Theologia mystica et huulneuscment éclairci la question. La famille de Bidmey, aulrement de Balma, de la Baulusc, de Balmelo, ]iendanl plusieurs siècles, a eu des relations très intimes avec l’ordre des chartreux, et plusieurs de ses membres embrassèrent cet institut. Le vénérable Ponce de Balmey, écolàtre et chanoine pénitencier de l'église métroi)<)litaine de Lyon, fonda, en 1116, la chartreuse de Meyriat, dans la Bresse. L’ainiée suivante, il se fit chartreux à la Grande-Charlreusc et, en 1118, il fut nommé prieur de Mexriat, qu’il gouverna justpi'à sa promotion a l'évêché de Helley (1121). En ll.'JS (ou 1135), il se démit de son évêché et rentra à Meyriat, où il mourut le 13 décembre 1140, en odeur de sainteté. Sa fondation de Meyriat fut approuvée par ses frères. Garnerius de Balmeto et Wilhelmus dominas Dorchia : nuliL’s, prsedicti l’ontii jratres, prædictam donalionem approbaverunt et laudaverunt in præsentia nosira, dit le chapitre de l'église métropolitaine de Lyon dans l’acte de fondation. Cf. dom Le Couteulx, op. cit.. t. i, p. 212213. Garnicr, après la mort de sa femme, entra aussi à Mejriat, en qualité de frère convers. Guillaume de Balmey, seigneur de Dorrhe. continua sa race, et c’est de cette branche des Balmey de Dorche qu’est issu, au xiiie siècle, dom Hugues de Balma de Dorche, luieur de Me>riat et auteur de la Theologia mystica. Il sérail difllcile de trouver un autre chartreux homonyn »e cl contemporain, à qui on puisse avec autant de probabilité attribuer cet ouvrage. C’est pourquoi il semble