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HUGUES D’AMIENS

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ries. Chronique, t. i, p. 238. A Rouen, on peut se de-i mander quelle était leur occupation ; on a conjecturé qu’ils collaborèrent à la construction de la tour SaintRomain, qui est l’une des plus belles pièces du portail, ou même à la construction de la cathédrale.

Nous avons dit que Hugues d’Amiens avait établi à Reading la fête de l’Ininiaculée Conception. C’est à lui encore, ce semble, qu’est due la fondation de la même solennité à Rouen. On n’en trouve pas trace avant lui, et elle était sùremant en usage sous son successeur Rotrou. Cf. Clarté de Gautier, dans P. L.. t. cvii, col. 1179. D’après doïii Pommeraye, Histoire des archevêques de Rouen, p. 340, Hugues aurait rangé l’Immaculée Conception parmi les l'êtes les plus solennelles de sa cathédrale ou plus similem^nt parmi celles où il faisait à ses chanoines une distribution de pain et de vin.

Le culte des reliques était alors en grand honneur. Il ne sem')Ie pas que les reliques qui, d’après une charte cju’on lui attribue, datée de 1161 (sic). Chronique de Robert de Torigny, édit. Delisle, t. i, p. xvii ; cf. Du Moustier, Ncustria christiana. fol. 199, auraient été découvertes à Gasny, sous l’autel de saint Xicaise, notamment une ceinture de la sainte Vierge et la mitre de saint Nicaise, soient bien authentiques. Notons du moins que Hugues assista en 1156 à l’exposition de la sainte Tunique d'.rgenteuil et qu’il accorda à cette occasion une série graduée d’indulgences aux fidèles de son diocèse qui feraient le pèlerinage d'..rgentcuil et vénéreraient la relique sacrée. Robert de Torigny, Chronique, t. i, p. 299 ; P. L., t. iixcii, col. 1136 ; Histoire littéraire de la France, t. xii, p. 6()3 ; ]'eustria christiana, fol. 196.

Hugues mourut chargé d’ans et de mjrites, vraisemblablement dans la nuit du 10 au 11 novembre 1164. Robert de Torigny, Clironique, t. i, p. 354 ; cf. ibid., note de Delisle. Arnulphe de Lisieux, avec qui il était lié d’une étroite amitié, composa sonépitaphe : hiler pinlifices speciali diynus nonore, etc. Cf. Gatlia christiana, t. XI, p. 48.

II. Écrits.

Hugues composa divers ouvrages, historiques, parénéliques, exégétiques, dogmatiques et polémiques. Dans le genre historique, nous avons sa Vie de saint Adjutcur ou Aioutre, né à Vernon, et moine de Tiron, dont il recueillit le dernier soupir en 1132. /'. L., t. cxcii, col. 1315-1353. Peuvent se rattacher au genre parénétique son traité De memnria en trois livres, cjui a d’ailleurs pour objet des c|ucstions purement théologiqups, col. 1299-1324, et son traité De fide catholica et oi dione dominica, ibid., col. 13241315, simple commentaire du symt)ole des apôtres et de l’oraison dhninicale. dédié à son archidiacre Gilles, plus tard évêque d'Évreu.x. De son Tractatus in Hcxameron, dédie « à son fils très cher, .rnulphe, évêque de Lisieux », il ne nous reste que quelques pages, ibid., col. 1217-1250 ; le commentaire s’arrête j’i Gen., i, 2 :.Spirilus Domini ferebatur super (iqua>. Restent enfin s ?s deux princijjaux ouvrages : Dialo(jnrum libri VU, ibid., col. 1 141-1248, et Co/i/ra hæreticos libri très, ibid., col. 1255-1298, dédiés le premier à son ami Mathieu, évoque d'.Mbano, le second à Albéric. évêque d’Ostic, légat du saint-siège.

Hugues avait entrepris les Dialoques, (-lunt encore ai)bé (le Reading, à la demande de son parent Mathieu, prie.ir de Saint-.Martln-des-( ; ham ;)s ; les six premiers livres furent composés en.Angleterre. Plus tard, ayant été élevé sur le siège métropolilain de Rouen, Hugues rclouclia son ouvrage et y ajouta un seplièm : ' livre. Les Dialogues ne procèdent que par interrogations et par réponses, sans aucun nom d’interlocuteur. Le I" livre a pour objet le souverain Rien, c’est-à-dire Dieu et ses allribuls absolus ou relatifs ; le II « traite 'les créatures ; le III » est consacré au libre arbitre ; la

chute de l’ange et celle de l’homm ? formant le sujet du IV^ livre ; les rem>des du péché, c’est-à-dire les sacrements font la mitière du V"^ (l’auteur ne parle, du reste, que du baptêms et de l’eucharistie) ; le 'VI* livre roule sur l'état des moines et la béatitude éternelle ; entre le VI'= et le Vil" livre se trouve, P. L., t. cxcii, col. 1227-1230, une lettre qui fournit l’explication et la justification d’une proposition milsonnante reprochée à Hugues touchant le pouvoir des prêtres déposés ou excommuniés ; enfin le VII » livre est consacré à l’exposition du mystère de la Trinité, dont Hugues, suivant le goût du siècle, montre les vestiges dans les choses créées.

En dédiant son Contra heereticos au légat Albéric, Hugues lui rappelle qu'étant ensem’jle à Nantes pour une fête de translation des corps de saint Donatien et de saint Rogatien, ils observèrent une comité qui se précipitait dans la mjr : « Présage assuré, disait le légat, de la ruine prochaine de l’hérésie qui dominait alors en.rm irique. Le peuple, l’em rque Hugues, ne put tenir contre la force de vos prédications. La crainte s’empara même tellement de l’hérésiarque, qu’il n’osa se préienter. Vous avez jugé à propos que j'écrivisse quelque chose sur ces héréùes naissantes. C’est ce que j’accomplis aujourd’hui pour vous obéir. » P. L., t. cxcir, col. 1250.

Quel était l’auteur des hérésies bretoanes ? On ne saurait le dire avec certitude. Mabillon pense. Annales benedict., t. vi, p. 421, que l’hérésiarque n’est autre que le famîux Éon de l'Étoile. Sans prétendre rejeter al3solum ; nt cette opinion, écrivent les auteurs de V Histoire littéraire de la France, t. xii, p. vii, a plusieurs raisons nous empêchent d’y souscrire : 1° nul des anciens n’attribue à ce fanatique les erreurs que l’archevêque de Rouen entreprend de réfuter (voir I-^om DE l'Étoile) ; 2° ignorant et extravagant connu j l’histoire nous le représente, Éon ne paraît guère avoir été capable d’imaginer les objections et les raisonnements subtils que le prélat met dans la bouche de ses adversaires ; 3° Hugues ne dit mot de l’insigne folie d'Éon adoptée par ses disciples, folie-qui le portait>à se croire le fils de Dieu, sur une allusion grossière de so i nom avec le mot iJum, employé dans cette conclusion des exorcismjs : per Eam qui venturus est, etc. II est vrai toutefois que Robert du Mont rapporte qu'Éon se présenta devant le légat.lbéric et ne craignit pas de le braver dans la mission que ce prélat fit en Bretagne. Mais cela même semble prouver qu’il n'était pas le chef des hérétiques qu'.Mljéric allait combattre, puisc|ue Hugues, dans le prologue de son ouvrage, atteste que ce chef n’osa se montrer. »

En sommi, les hérétiques que l’archevêque de Rouen combat paraissent avoir été de ; disciples de Henri ou de Pierre de Rruys, qui iirofessaient à peu près les m "mes doctrines. Cf. Vacaudarel, Vie de saint Bernard, t. ii, c. xxv.

Pour les réfuter, Hugues passe en revue à peu jirès tout le dogme catholique. Dans un ! livre divisé en quatorze chapitres, il eplique les mystères de la sainte trinité et de l’incarnation, l’unité, la sainteté et l’autorité de l'Église, la nécessité du baptêm-pour lou, les hommes, l’excçllence de l’enrlnrisllf-et l’obligation où sont tous les lidéics de participer ù cet ineffable sacrement ; il insiste particulièrement sur le bantêm ; ^ des enfants. Les sept ordres ecclésiastiques sont l’objet du H' livre. Dans le III' sont discutées les erreurs des Bretons sur la résurrection, sur le m.iriage, sur le V(ru de continence des ecclésiastiques et des moines, sur la divinité de l'Église et les services qu’elle rend au peuple fidèle.

Toutes CCS considérations formant un véritable traité de théologie ; nous nous bornerons à en signaler les traits les plus saillants.